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répandu de l'arrivée prochaine du prince de Polignac, et de grandes mesures qui se préparaient dans l'ombre, prononçait ces paroles si remarquables « La sagesse de notre monarque, sa «< religieuse fidélité aux serments qui le lient <«<< bien moins encore que son amour pour la << France, éloigneront du Trône de perfides «< conseils. Débris échappés à tant de naufrages, << nous ne voudrons pas encore tenter la Provi«dence. Une funeste expérience ne nous a que << trop bien appris que les peuples aussi ont leurs « coups d'État.... »

Ainsi, de telles rumeurs s'accréditant de toutes parts, l'horizon politique devenait de jour en jour plus sombre, et toujours ce nom fatal de Polignac y apparaissait comme le point noir où se condensait l'orage. Enfin, le 8 août, s'opéra la révolution ministérielle attendue avec tant d'anxiété. Le prince, à peine arrivé de Londres, était nommé Ministre des affaires étrangères, et les autres départements se trouvaient ainsi distribués l'intérieur à M. de Labourdonnaye, la guerre à M. de Bourmont, la justice à M. de Courvoisier, les affaires ecclésiastiques et l'instruction publique à M. de Montbel, la marine à M. de Rigny, et les finances à M. de Chabrol. Ajoutons enfin, comme complément de ces ordonnances, la nomination de M. Mangin à la préfecture de police.

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CHAPITRE VI.

Sensation causée en France par l'avénement du Ministère Polignac. - Refus de M. de Rigny, remplacé par M. d'Haussez. -Démissions de plusieurs Conseillers d'État.

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pour

tions le refus de l'impôt. Procès de presse. quittement du Journal des Débats.

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Associa

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Voyage du général Lafayette. Retraite de M. de Labourdonnaye. Entrée au Ministère de MM. de Montbel et Guernon de Ranville.Convocation des Chambres. - Promotion de Pairs. — Esprit de quelques élections.

Il n'est besoin de dire quelle impression de stupeur et d'effroi accueillit l'avènement de ce Ministère; elle est encore présente à tous les esprits. Jamais aussi Gouvernement avait-il insulté d'une manière plus grave aux sentiments et aux voeux d'une nation? Coblentz, Waterloo, 1815! tels étaient, disait-on, les souvenirs néfastes qu'évoquaient ces trois noms : Polignac, Bourmont, Labourdonnaye; tels étaient les trois principes qui se personnifiaient dans le nouveau cabinet. Un seul de ses membres, le vice-amiral de Rigny, absent au moment de sa nomination, avait trouvé grâce devant les organes du parti libéral; c'est qu'aussi on était sûr qu'il refuserait de prêter à ses collègues l'appui de sa bonne renommée, de couvrir leur impopularité des lauriers de Navarin; et, en effet, à peine arrivé à

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Paris, M. de Rigny avait porté au Roi sa démission; il fut remplacé par M. d'Haussez, préfet de la Gironde.

A cette réprobation presque unanime, dont la presse était l'organe, venaient se joindre d'autres manifestations non moins graves. Ainsi, plusieurs des membres du Conseil d'État, nommés sous le précédent Ministère, et notamment MM. Agier, Bertin de Veaux, de Salvandy, Villemain, n'avaient pas hésité à résigner leurs fonctions, et il en était de même de quelques préfets. Enfin, M. de Châteaubriand, à la première nouvelle du changement opéré dans le cabinet, accourait des Pyrénées, où il voyageait alors, apportant sa démission de l'ambassade de Rome (1).

Surpris et effrayés de si énergiques démonstrations, les Ministres essayèrent de calmer les esprits. Presque tous, par des circulaires rendues publiques, protestaient, mais en vain, de leur dévouement à la Charte et de leur résolution de ne pas s'en écarter. On savait bien qu'à ces conditions le gouvernement leur serait impossible, et la résistance dut s'organiser en vue

(1) Démission « qu'il avait désiré déposer respectueusement aux pieds de Sa Majesté › disait le Journal des Dé-'

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bats, faisant ainsi entendre que l'audience demandée par le noble Pair lui avait été refusée.

même des voies inconstitutionnelles dans lesquelles ils se trouveraient nécessairement entraînés. Dans un article demeuré célèbre par les poursuites auxquelles il donna lieu, le Journal des Débats avait lui-même un des premiers soulevé la question du refus de l'impôt pour le cas où il ne serait pas voté légalement, et bientôt des associations s'étaient formées dans ce but sur plusieurs points de la France. Ainsi parurent d'abord dans une feuille publique (le Journal du Commerce) les statuts de l'association dite Bretonne; le préambule en était surtout remarquable :

« Nous soussignés, habitants de l'un et de <«< l'autre sexe, dans les cinq départements de << l'ancienne Bretagne, sous le ressort et la pro<< tection de la Cour royale de Rennes, liés par << nos propres serments et par ceux de nos chefs « de famille, au devoir de fidélité au Roi et d'at<«<tachement à la Charte; considérant qu'une poignée de brouillons politiques menace d'es<< sayer l'audacieux projet de renverser les bases <<< des garanties constitutionnelles consacrées par <<< la Charte; considérant que, si la Bretagne a << pu trouver dans ces garanties la compensation << de celles que lui assurait son contrat d'union « à la France, il est de son devoir et de son inté<<<rêt de conserver ce reste de ses libertés et de

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«ses franchises; il est dans son caractère et de «son honneur d'imiter la généreuse résistance « de ses ancêtres aux envahissements, aux ca<«< prices et aux abus d'autorité du pouvoir mi<<nistériel; considérant que la résistance par la << force serait une affreuse calamité; qu'elle se<< rait sans motif lorsque les voies restent ou<< vertes à la résistance légale; que le moyen le. << plus certain de faire préférer le recours à <«<l'autorité judiciaire, est d'assurer aux oppri« més une solidarité fraternelle;

« Déclarons, sous les liens de l'honneur et du «droit, souscrire individuellement, etc. ».

Suivait l'exposé des obligations imposées aux souscripteurs, ainsi que des formes sui-. vant lesquelles il serait procédé dans le cas, « soit d'un changement inconstitutionnel dans le système électoral, soit de l'établissement illégal de l'impôt. »

L'effet de cette publication fut immense. Le Ministère, qui s'en était vivement ému, s'empressa de la déférer aux tribunaux en même temps qu'il protestait de nouveau dans le Moniteur contre ce qu'il appelait d'odieuses diffamations. Ainsi on remarquait dans l'article officiel le passage suivant : « La raison publique ne sau<< rait s'y méprendre; ce n'est pas la conviction <«< qui pousse un cri d'alarme; ces terreurs sont

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