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dirent terre en France et gâtèrent leur cause en s'associant à l'étranger. Condé à la tête des Espagnols. 1655, Alliance de la France avec Cromwell contre l'Espagne. Turenne échoue devant Valenciennes; 1656, s'empare de Mardick. 1657-1658, Batailles des Dunes. Prises de Dunkerque, Gravelines, Oudenarde, Ypres, etc. 1659, Traité des Pyrénées ; la France garde le Roussillon, l'Artois et plusieurs villes dans la Flandre, le Hainaut et le Luxembourg. Le duc de Lorraine rétabli. Louis XIV épouse l'infante Marie-Thérèse.

II. 1667-1678, Lorsque Louis XIV commença à gouverner par luimême, l'épuisement des autres peuples favorisait l'ambition de la France : l'Espagne était occupée par la guerre de Portugal, l'Autriche par celle des Turcs, la Hollande sans stathouder, et tout entière à ses intérêts maritimes; le roi d'Angleterre impopulaire et vénal, etc. Au contraire, la France s'enrichissait par le rapide essor de son industrie et de son commerce; Colbert dirigeait les finances, et Louvois (depuis 1666) préparait les victoires de Turenne et de Condé. Louis XIV fit sans peine reconnaître la prééminence de la France en Europe: il acheta Dunkerque et Mardick à l'Angleterre (1662), et donna des secours au Portugal, à l'Empereur, aux Provinces-Unies (1663-4-5).

Quoique Louis XIV, en épousant Marie-Thérèse d'Autriche, fille de Philippe IV, eût renoncé formellement à la succession du roi d'Espagne, il demanda, à la mort de son beau-père, les Pays-Bas espagnols, sous prétexte qu'en vertu du droit de dévolution, établi dans ces provinces, les filles aînées héritaient de préférence aux fils cadets.

Les Français entrèrent en Flaudre sans rencontrer de résistance. Mais l'Angleterre et la Hollande alarmées se liguèrent avec la Suède, et l'on vit le spectacle nouveau de trois états protestans favorisant l'Espagne contre la France. Louis, contraint par la triple alliance (de La Haye) de poser les armes, rendit la Franche-Comté, mais garda ses conquêtes en Flandre (paix d'Aix-la-Chapelle, 1668). Le Roi n'attendit plus que l'occasion de se venger de la Hollande, qui l'avait arrêté dans le cours de ses succès.

Un coup de tonnerre qui éclate tout-à-coup dans un ciel sans nuages n'est pas plus effrayant, suivant l'expression du chevalier Temple, que ne le fut l'invasion des Français dans les Provinces-Unies, quatre ans après la paix d'Aix-la-Chapelle. A la tête d'une armée de quatre-vingt mille hommes, ils prirent en un mois plus de quarante places fortes, envahirent les pays de généralité, les provinces de Gueldre, d'Utrecht, d'Over-Yssel, et avancérent jusqu'aux environs d'Amsterdam. Charles II, accoutumé à tromper tour à tour son parlement, ses ministres et ses alliés, annonça le projet de délivrer les Anglais de la concurrence commerciale des Hollandais, voulant justifier ainsi aux yeux de ses sujets ses liaisons avec Louis XIV.

La Hollande à cette époque n'avait point d'alliance avec la maison d'Autriche, et ne pouvait attendre du secours de la Suède, qui s'était rapprochée de la France. Les magistrats des Sept-Provinces ne savaient quel parti prendre; les peuples se plaignaient hautement; l'armée demandait à grands cris un général capable de la commander. Le parti d'Orange acquit de nouvelles forces, il rétablit Guillaume III dans le possession du

stathoudérat, et rendit cette charge héréditaire pour ses descendans mâles. Guillaume d'Orange parvint à relever le courage des Hollandais et à ranimer leur activité; il arrêta les progrès de l'ennemi et réussit à armer contre Louis XIV la moitié de l'Europe : il fit comprendre aux Anglais qu'il était contraire à leurs intérêts de faire la guerre à un peuple protestant en faveur du roi de France, et le Parlement força Charles II à conclure une paix séparée avec la Hollande, et à lui offrir sa médiation. Les deux branches de la maison d'Autriche prirent les armes pour soutenir la cause de la liberté hollandaise ; et Frédéric-Guillaume le Grand, électeur de Brandebourg, marcha le premier au secours du jeune stathouder, neveu de sa femme et ami de son fils.

Louis XIV abandonna alors ses conquêtes sur la Hollande pour tourner ses principales forces contre l'Espagne et les puissances germaniques : il conquit la Franche-Comté au printemps de l'année 1674, dans le cours de laquelle le prince de Condé gagna la bataille de Sénef. Turenne attaqua l'hiver suivant les quartiers des Impériaux en Alsace, et les chassa de cette province malgré leur grande supériorité. Ce grand homme fat tué à l'entrée de la campagne de 1675, lorsqu'il était sur le point de livrer bataille à Montécuculli. Les Suédois, en conformité des articles secrets de leur alliance avec la France, étaient entrés (décembre 1674) dans l'électorat de Brandebourg, pour rappeler dans son pays l'électeur Frédéric-Guillaume, qui commandait l'armée impériale sur le Rhin; l'électeur les surprit par des marches forcées et mit toute leur armée en déroute auprès de Fehrbellin. L'Empire déclara alors la guerre à la Suède, et l'électeur, de concert avec les princes de Brunswick, l'évêque de Munster et le roi de Danemark, dépouilla les Suédois de la plupart de leurs possessions d'Empire. Ces revers des alliés de la France, la mort de Turenne, la retraite de Condé ne furent que faiblement balancés par les succès de Créqui en Allemagne, de Luxembourg dans les Pays-Bas, de Duquesne dans les parages de Sicile. (Mort de Ruiter; occupation de Messine).

Cependant la France garda son ascendant à la paix, de Nimègue (1678). Elle rendit ce qu'elle avait pris à la Hollande, mais retint à l'Espagne la Franche-Comté et douze places fortes des Pays-Bas ; l'Empire lui abandonna Fribourg à la place de Philipsbourg. Le Danemark et l'électeur de Brandebourg furent obligés de rendre à la Suède, alliée de la France, une partie de ses conquêtes. Louis XIV se vit l'arbitre de l'Europe.

III. 1678-1698, Il commença alors une nouvelle suite de conquêtes, d'autant plus odieuses qu'elles étaient colorées d'une légalité apparente. Il établit à Metz et à Brisach des Chambres de réunion destinées à faire revivre de prétendus droits attachés aux diverses provinces qui lui avaient été cédées par le traité de Westphalie (1680). Il alarma l'Empire par ses injustes réclamations, et offensa la fierté espagnole, en exigeant que les vaisseaux de cette nation baissassent pavillon devant les siens. Au milieu de la paix, il s'empara par surprise de Strasbourg (1682), acquit la ville de Casal, capitale du Montferrat, et bombarda Luxembourg. Il donna de justes inquiétudes aux Suisses par la construction du fort de Huningue aux portes de Bâle, humilia la république de Gênes, se rendit odieux au saint Siége (voy. plus bas), et mécontenta les Hollandais en

gênant leur commerce. La révocation de l'édit de Nantes (1683) ôta aux Protestans français la liberté de conscience; elle priva Louis XIV de huit cent mille sujets qui portèrent leurs richesses, leur industrie et leurs talens en Hollande, dans le Brandebourg et dans d'autres pays protestans, et qui firent détester partout le nom de leur persécuteur.

Non content de se faire des ennemis de tous ses voisins, le roi de France indisposa encore contre lui l'empereur Léopold Ier, en fomentant/ les troubles de la Hongrie, qui faillirent devenir funestes à la monarchie autrichienne. Le comte de Teckély, chef des Hongrois mécontens, appela les Turcs à son secours. Mahomet IV leva une armée de deux cent mille hommes avec laquelle le grand-visir Kara-Mustapha fondit sur l'Autriche et mit le siége devant Vienne.

Dès que Léopold fut délivré de ce danger par le secours du vaillant Sobieski, roi de Pologne, il accéda à la ligue d'Augsbourg, dans laquelle le prince d'Orange avait fait entrer successivement les rois d'Espagne et de Suède, les électeurs de Saxe, de Bavière, de Brandebourg, la maison de Brunswick et la plupart des princes protestans de l'Empire. La Savoie et le Danemark s'associèrent encore à cette ligue, et le pape Innocent XI la seconda de tous ses moyens. Jacques II, l'allié de Louis XIV, ayant été renversé du trône par son gendre le prince d'Orange, l'Angleterre devint l'âme de la ligue.

Louis XIV étonna ses ennemis en déclarant en même temps la guerre à l'Empire, à l'Espagne, à la Hollande, à l'Angleterre, au pape. Il mit un désert entre lui et ses ennemis par une nouvelle dévastation du Pa. latinat, qui indigna l'Europe. Les villes impériales de Spire et de Worms, les capitales du Palatinat et des margraviats de Bade, plus de quarante autres villes, une foule de villages farent brûlés; le soldat n'épargna n i les tombeaux des électeurs palatins à Heidelberg, ni les cendres des empereurs déposées à Spire.

A cette époque, la plupart des généraux et des ministres d'état auxquels Louis XIV devait le surnom de Grand, n'existaient plus; le roi lui-même se laissait gouverner par madame de Maintenon qu'il avait épousée secrètement, et qui lui recommandait des hommes médiocres pour les emplois les plus importans. Colbert ne dirigeait plus les finances, et l'État se trouvait accablé de dettes. La marine française éprouva un échec funeşte à la bataille de la Hogne, qui dura trois jours. De tous les alliés ordinaires de la France, les Turcs pouvaient seuls faire diversion en sa faveur; les Suisses redoutaient Louis XIV; le roi de Suède était devenu son ennemi en qualité de membre du corps germanique.

Les armes de la France furent cependant encore illustrées par Luxembourg dans les Pays-Bas, par Catinat dans le Piémont; le premier gagna les batailles de Fleurus, de Steinkerque et de Nerwinden (1690-92-93); le second, celles de Staffarde et de Marsaille (1690-93). L'habileté de Guillaume empêcha les Français de profiter des victoires de Luxembourg. Celles de Catinat décidèrent le duc de Savoie à négocier. Il se sépara de la coalition, recouvra tous ses états, maria sa fille au duc de Bourgogne, et promit de faire garantir la neutralité d'Italie (Turin, 1696). Enfin Louis XIV affaibli, et prévoyant les embarras prochains de la succession d'Espagne, reconnut Guillaume III, rendit à l'Angleterre, à la

Hollande, à l'Espagne et à l'Empire toutes ses conquêtes, excepté le Roussillon, l'Artois, la Franche-Comté et Strasbourg. Enfin il rétablit le duc de Lorraine (paix de Ryswick, 1598).

IV. 1698-1715. On avait négligé au congrès de Ryswick de régler la succession de l'Espagne, que la mort prochaine de Charles II allait ouvrir. Louis XIV, l'empereur Léopold Jer, le prince électoral de Bavière, et le duc Victor-Amédée de Savoie y prétendaient également. Tous fondaient leurs prétentions sur leur mariage ou sur celui de leurs ancêtres avec des princesses d'Espagne. Pour prévenir une guerre générale, Guillaume III, peu de temps après la paix de Ryswick, conclut un traité par lequel les puissances contractantes promettaient de reconnaître pour héritier universel du roi d'Espagne le prince électoral de Bavière. La France et *l'Autriche devaient être indemnisées de leurs prétentions par la cession de quelques provinces détachées de la monarchie espagnole. La mort inattendue du jeune prince dérangea ce projet, et nécessita une nouvelle convention. L'Angleterre, la Hollande et la France s'accordèrent à déclarer Charles d'Autriche, second fils de l'empereur Léopold, ritier présomptif du trône d'Espagne, sous la condition expresse qu'il ne pourrait jamais réunir l'Autriche, la Bohème et la Hongrie à là monarchie espagnole. La France devait avoir pour sa part le royaume des Deux-Siciles et le duché de Lorraine.

Ces divers arrangemens furent pris sans que les puissances contractantes consultassent ni le vœu de la nation espagnole, ni la volonté de son roi. Charles II, près de descendre au tombeau, était le jouet des intrigues de ses courtisans, et ne savait à quelle résolution s'arrêter. Enfin le parti français l'emporta, et le roi d'Espagne, un mois avant sa mort, signa un testament dans lequel il instituait son héritier universel Philippe d'Anjou, petit-fils de Louis XIV et second fils du Dauphin, en mettant pour unique condition que l'Espagne resterait toujours une monarchie indépendante, et ne serait pas demembrée; si Philippe d'Anjou se refusait à cette clause, l'archiduc Charle devait prendre sa place. Louis XIV, après une longue délibération, accepta le testament de son beau-frère, et commit en même temps l'imprudence magnanime de reconnaître roi d'Angleterre le fils de Jacques II. C'était porter le défi à toute l'Europe. L'Autriche, l'Angleterre et la Hollande conclurent une alliance à La Haye; la Prusse, le Portugal et la Savoie y accédèrent. La mort de Guillaume n'empêcha point la guerre de commencer. Deux généraux illustres, Marlborough et le prince Eugène, qui gouvernaient l'Angleterre et l'Autriche, commandèrent les armées confédérées. Le second battit en Italic le maréchal de Villeroi, fut arrêté par Vendôme, mais remporta la victoire de Turin, et chassa les Français de la Lombardie (1706). Le premier, non moins heureux en Allemagne, défit les Français à la bataille de Hochstedt (ou de Blenheim), et sans Villars il envahissait la France. Alors la Flandre et l'Espagne devinrent le principal théâtre de la guerre. Le nouveau roi d'Espagne, Philippe V, petit-fils de Louis XIV, chassé par les Autrichiens, fut rétabli par la victoire de Berwick à Almanza (1707); tandis que Marlborough, vainqueur à Ramillies et à Oudenarde, s'emparait de toute la Flandre. La Fran demandait la paix ; mais les alliés ne se contentaient plus de dé

pouiller Philippe V, ils voulaient déshonorer Louis XIV; ils exigeaient' qu'il les aidât à chasser d'Espagne son petit-fils. Cependant Villars leur avait tué vingt mille hommes à Malplaquet, Vendôme avait affermi le trône de Philippe V par la victoire de Villaviciosa (1710); la disgrâce de Marlborough rappelé en Angleterre, l'élévation de l'archiduc Charles à l'Empire avaient préparé la paix. La victoire de Viliars à Denain la décida. La paix d'Utrecht et de Rastadt (1712-3) fut conclue aux conditions suivantes : Renonciation réciproque de Philippe V et des princes français aux couronnes de France et d'Espagne; la France reconnaît l'ordre de succession établi en Angleterre, comble le port de Dunkerque, cède l'Acadie, Terre-Neuve, etc. Elle renonce à tout privilége commercial dans les colonies espagnoles, et signe un traité de commerce avec l'Angleterre et la Hollande; elle reconnaît la Prusse comme royaume., L'Espagne cède à l'Angleterre Gibraltar et Minorque, et lui accorde un privilége de commerce avec ses colonies; elle abandonne au duc de Savoie la Sicile; à l'Autriche, le royaume de Naples, le Milanais, la Sardaigne et les Pays-Bas. (Par le traité de la Barrière, conclu en 1715, les Provinces-Unies occupent plusieurs places des Pays-Bas, pour les défendre à frais communs avec l'Autriche.) Quant à l'état de l'Empire, on prend pour base la paix de Ryswick.

1715, Mort de Louis XIV.

§ II. Administration de Louis XIV.

Grandeur de la France sous Louis XIV. Son influence politique sur l'Europe.

Unité du gouvernement. 1655 et 1667, Silence imposé au Parlement.

Finances. Développement de la richesse nationale sous le ministère de Colbert, 1661-1683. Réglemens multipliés. Encouragemens donnés aux manufactures (draps, soieries, tapisseries, glaces, etc.). 1664-80, Canal du Languedoc. Embellissemens de Paris. 1698, Description du royaume.

1660, Entraves mises au commerce des grains. 1664, Retranchement des rentes. Vers 1691, dérangement des finances. 1695, Capitation. 1710, Dixième et autres impôts. 1715, La dette monte à deux milliards six cents millions.

Marine. Nombreuse marine marchande. Cent soixante mille marins. 1672, Cent vaisseaux de guerre; 1681, deux cent trente. 1692, Premier échec, à la Hogue.

Guerre. 1666-1691, Ministère de Louvois. Réforme militaire. Uniformes. 1667, Etablissement des haras. 1671, Usage des baïonnettes. Compagnies de grenadiers. Régimens de bombardiers et de hussards. Corps des ingénieurs. Écoles d'artillerie. 1688, Milices. Service régulier des vivres. - Invalides. 1693, Ordre de Saint-Louis. L'armée monte jusqu'à quatre cent cinquante mille hommes.

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Legislation. 1667, Ordonnance civile. 1670, Ordonnance criminelle. 1673, Code de Commerce. 1685, Code Noir. Vers 1663, répression du duel.

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