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trois temps, était conforme à toutes les règles : elle devait avoir, et eut en effet, toute espèce d'avantages.

2° On a demandé pourquoi la division Serrurier et le quartier-général n'ont pas appuyé la division Guieux, en se dirigeant du champ de bataille du Tagliamento sur Cividale et Caporetto, prétendant que la division Bernadotte seule suffisait pour suivre la gauche de l'ennemi sur Palma-Nova et Goritzia.

De Cividale à Tarwis, en passant par Caporetto, la route n'offre qu'un défilé; la division Guieux, qui comptait 8,000 combattants et de très bonnes troupes, était plus que suffisante pour pousser le corps de Bayalitsch jusqu'à Caporetto; mais comme la direction que l'archiduc donna à ce corps était fautive, et qu'elle entraînait sa ruine, si, arrivé à Caporetto, Bayalitsch persistait à marcher dans la direction de Tarwis, on supposa que l'archiduc se raviserait, et lui enverrait l'ordre, à Caporetto, de descendre sur Gradisca pour revenir sur la Carniole, ce qui décida Napoléon à se diriger sur Palma-Nova et Gradisca, avec les divisions Serrurier et Bernadotte; de Goritzia, il envoya la division Bernadotte dans la Carniole, à la suite de la gauche du prince Charles, et se porta, avec la division Serrurier, sur Caporetto. Si le corps de Baya

litsch, au lieu de remonter l'Isonzo, le descendait pour chercher son salut par Goritzia, il serait attaqué en tête, dans le temps que Guieux en pousserait l'arrière-garde; ce corps était pris. Si, au contraire, sans s'embarrasser de la position de Masséna, qui occupait Tarwis, il s'y portait, ce qui arriva effectivement, la division Serrurier se trouvait en deuxième ligne derrière Guieux; Napoléon avait ainsi pourvu à toutes les suppositions.

3o La division Bernadotte se porta sur Laybach, parce qu'il fallait soumettre la Carniole, se saisir de Trieste et des mines d'ldria, chasser de la Carniole et pousser au-delà de la Drave la gauche du prince Charles; mais immédiatement après, lorsque ces buts furent remplis, cette division se porta, par un à gauche, pour joindre l'armée. Le général français se garda bien de la diriger, comme beaucoup de généraux l'eussent fait, par Cilli et Groetz, sur le Simering, puisque alors cette division ne se fût pas trouvée en mesure de soutenir l'armée dans tous les combats qui eurent ou qui pouvaient avoir lieu à Judembourg, Bruck, etc. La marche de la division Bernadotte sur Groetz, qui, si elle se fùt faite sans inconvénient, pouvait avoir quelque avantage, eût été contre les règles; la marche qu'elle a tenue est au contraire conforme aux

principes de concentration qui sont les vrais principes de la guerre.

4° Napoléon se résolut à conclure le traité de Léoben et à s'arrêter sur le Simering, parce que, comme on l'a vu, une lettre du directoire lui avait fait connaître qu'il ne devait pas compter sur la coopération des armées du Rhin. Si, au lieu de cela, le gouvernement lui eût mandé que cette coopération aurait lieu, ne fût-ce qu'au mois de juin, il eût attendu, et n'eût point conclu la paix; car sa position était bonne; il avait sous sa main, dans la Carinthie, près de 60,000 hommes, et sur l'Adige des réserves plus que suffisantes pour dissiper les insurrections des Vénitiens et contenir les levées du Tyrol; dès-lors, il désirait entrer dans Vienne.

50 L'ordre de mouvement donné à Joubert, après la bataille du Tagliamento, d'entrer dans le Tyrol et de se porter à Villach en Carinthie, par le Pusterthal, fut communiqué à Lallemant, ministre de France auprès de la république de Venise, pour qu'il fût en mesure de prévenir la commotion que l'on redoutait. Aussitôt que les oligarques sauraient que le Tyrol était évacué, ils croiraient les Français battus, et se précipiteraient dans de fausses mesures. Lallemant eut, avec les sages qui lui furent députés, des

conférences à cet effet; il leur montra la copie des instructions données à Joubert. Cela fit quelque effet; mais cette communication était trop tardive : le sénat avait pris secrètement son part depuis trente-six heures, dans la croyance de la destruction du corps de Joubert. Ce retard de trente-six heures a été la principale cause de la ruine de la république de Venise. A quoi tient la destinée des états!!!

6o Des militaires étrangers, mal instruits des faits, ont blâmé Napoléon d'avoir laissé les divisions Victor et Kilmaine dans les Marches et la Romagne pour observer l'armée du pape et Naples, ce qui, disaient-ils, était inutile, puisque la paix était rétablie avec ces puissances.

Le général Kilmaine commandait sur l'Adige; son quartier-général était à Vérone, quand l'insurrection de cette ville et l'arrivée du général Fioravanti le mit dans la nécessité d'ordonner aux commandants des forts de s'enfermer. Il quitta l'Adige et se retira sur le Mincio, avec 6 ou 700 hommes, cavalerie, artillerie et infanterie, ne voulant pas se laisser cerner, voulant protéger Brescia et maintenir ses communications avec Mantoue et Peschiera. La division du général Victor était de 8,000 hommes, dont 3,000 Milanais sous les ordres du général Lahoz. Elle eut ordre de se porter sur l'Adige,

pour former un corps d'observation et contenir les Vénitiens. Victor se fit précéder par le général Lahoz, et retarda sa marche d'une quinzaine de jours avec la brigade française, soit qu'en effet il n'eût pas senti l'importance d'accélérer son mouvement, soit que ce temps lui fût nécessaire pour l'exécution des articles de Tolentino, soit pour toute autre raison indigne de fixer l'attention de l'histoire. Il est de fait que ces quinze jours de retard furent seuls la cause des massacres de Vérone. Peut-être Pesaro et son parti eussent-ils été plus circonspects, s'ils avaient vu la division de ce général cantonnée sur l'Adige, comme cela devait être; cela eût été fort heureux pour le sénat et eût prévenu sa ruine. Le pape avait congédié son armée, elle était sur le pied de paix, et ne donnait plus aucune inquiétude. Le troupes de Bologne étaient plus que suffisantes pour occuper la Romagne et contenir tous les malveillants sur la rive droite du Pô. On n'a donc jamais eu l'idée de laisser un seul homme en observation sur le Rubicon, cependant on ne conteste pas les dates. La paix de Tolentino est du 19 février; la bataille du Tagliamento, du 16 mars; les préliminaires de Léoben, du 14 avril.

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