MÉMOIRES D'OUTRE-TOMBE PAR M. LE VICOMTE DE CHATEAUBRIAND TOME PREMIER PARIS EUGÈNE ET VICTOR PENAUD FRÈRES, ÉDITEURS 10, RUE DU FAUBOURG-MONTMARTRE Retiré des affaires publiques depuis 1830, l'auteur du Génie dú christianisme était vivement pressé par ses amis de publier ses Mémoires, auxquels on savait qu'il travaillait depuis longtemps. Mais les combinaisons ordinaires de la librairie n'avaient pu lui convenir, parce qu'en échange d'un prix qu'il aurait reçu, il aurait dù livrer de suite au public cet ouvrage qu'il n'avait écrit d'abord que pour être publié outre-tombe, et qu'il continuait d'enrichir chaque jour de ses réflexions et de ses jugements sur les hommes et sur les choses qui l'entouraient. En 1836, un éditeur se présenta qui sut trouver une combinaison satisfaisante pour les intérêts et les intentions de l'illustre écrivain. Sans pouvoir rien publier tout d'abord, une société fut formée par M. Delloye, ancien officier devenu libraire, pour garantir à M. et à Mme de Chateaubriand une rente viagère honorable, pour lui fournir les sommes dont il avait besoin dans le moment, et qui ajournait à des époques éloignées la publication du Congrès de Vérone, des Mémoires d'Outre-Tombe, et des œuvres auxquelles l'auteur voudrait consacrer les loisirs que les événements lui avaient faits. Les amis, les admirateurs du grand écrivain, les spéculateurs mêmes, vinrent concourir à cette opération, à laquelle chacun, suivant le sentiment qui l'animait, prit une part plus ou moins importante. Les noms de tous les souscripteurs devaient être publiés; c'est cette liste que nous plaçons en tête de la première édition des Mémoires. C'est à eux, comme à M. Delloye, qu'était adressée la lettre ci-jointe de M. Chateaubriand, que nous publions aujourd'hui. Ces quelques lignes de l'auteur doivent être pour l'ancien éditeur un remercîment doublement posthume, dont le nouvel éditeur ne pouvait se dispenser de faire part au public. |