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J'ai supprimé l'impression de votre adresse; elle était incendiaire. Les onze douzièmes du Corps législatif sont composés de bons citoyens, je le reconnais et j'aurai des égards pour eux; mais un autre douzième renferme des factieux, et votre commission est de ce nombre....... Ce n'est pas dans le moment où l'on doit chasser l'ennemi de nos frontières que l'on doit exiger de moi un changement dans la constitution; il faut suivre l'exemple de l'Alsace, de la Franche-Comté et des Vosges. Les habitants s'adressent à moi pour avoir des armes et que je leur donne des partisans; aussi j'ai fait partir des aides de camp. Vous n'êtes point les représentants de la nation, mais les députés des départements. Je vous ai rassemblés pour avoir des consolations; ce n'est pas que je manque de courage, mais j'espérais que le Corps législatif m'en donnerait; au lieu de cela, il m'a trompé ; au lieu du bien que j'attendais, il a fait du mal, peu de mal cependant, parce qu'il n'en pouvait beaucoup faire. Vous cherchez dans votre adresse à séparer le souverain de la nation. Moi seul je suis le représentant du peuple. Et qui de vous pourrait se charger d'un pareil fardeau ? Le trône n'est que du bois recouvert de velours. Si je voulais vous croire, je céderais à l'ennemi plus qu'il ne me demande : vous aurez la paix dans trois mois, ou je périrai. C'est ici qu'il faut montrer de l'énergie ; j'irai chercher les ennemis, et nous les renverrons. Ce n'est pas au moment où Huningue est bombardé, Béfort attaqué qu'il faut se plaindre de la constitution de l'État et de l'abus du pouvoir. Le Corps législatif n'est qu'une partie de l'État qui ne peut pas même entrer en comparaison avec le Sénat et le conseil d'État; au reste je ne suis à la tête de cette nation que parce que la constitution de l'État me convient. Si la France exigeait une autre constitution et qu'elle ne me convînt pas, je lui dirais de chercher un autre souverain.

C'est contre moi que les ennemis s'acharnent plus encore que contre les Français; mais pour cela seul faut-il qu'il me soit permis de démembrer l'État ?

Est-ce que je ne sacrifie pas mon orgueil et ma fierté pour obtenir la paix? Oui, je suis fier parce que je suis courageux; je suis fier parce que j'ai fait de grandes choses pour la

France. L'adresse était indigne de moi et du Corps législatif.

Paris, 23 janvier 1814.

Lettres-patentes signées au palais des Tuileries le 23 janvier 1814 et par lesquelles l'Empereur confère à S. M. l'Impératrice et reine Marie-Louise le titre de régente.

Napoléon, par la grâce de Dieu et les constitutions, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération suisse, etc.

A tous ceux qui ces présentes verront, salut.

Voulant donner à notre bien-aimée épouse l'Impératrice et reine Marie-Louise des marques de la haute confiance que nous avons en elle, attendu que nous sommes dans l'intention d'aller incessamment nous mettre à la tête de nos armées pour délivrer notre territoire de la présence de nos ennemis, nous avons résolu de conférer, comme nous conférons par ces présentes, à notre bien-aimée épouse l'Impératrice et reine le titre de régente, pour en exercer les fonctions en conformité de nos intentions et de nos ordres, tels que nous les aurons fait transcrire sur le livre de l'État; entendant qu'il soit donné connaissance aux princes grands dignitaires et à nos ministres desdits ordres et instructions, et qu'en aucun cas l'Impératrice ne puisse s'écarter de leur teneur dans l'exercice de ses fonctions de régente. Voulons que l'Impératrice régente préside en notre nom le Sénat, le Conseil d'État, le conseil des ministres et le conseil privé, notamment pour l'examen des recours en grâce, sur lesquels nous l'autorisons à prononcer après avoir entendu les membres dudit conseil privé. Toutefois notre intention n'est point que, par suite de la présidence conférée à l'Impératrice régente, elle puisse autoriser par sa signature la présentation d'aucun sénatusconsulte ou proclamer aucune loi de l'État, nous référant à cet égard au contenu des ordres et intentions mentionnés cidessus.

Mandons à notre cousin le prince archichancelier de l'Empire,

de donner communication des présentes lettres-patentes au Sénat, qui les transcrira sur ses registres, et à notre grand juge ministre de la justice de les faire publier au Bulletin des Lois et de les adresser à nos cours impériales pour y être lues, publiées et transcrites sur les registres d'icelles.

NAPOLÉON.

Paris, 24 janvier 1814.

S. M. l'Empereur et roi, devant partir incessamment pour se mettre à la tête de ses armées, a conféré pour le temps de son absence la régence à S. M. l'Impératrice reine, par lettrespatentes datées d'hier 23.

Le même jour S. M. l'Impératrice reine a prêté serment, comme régente, entre les mains de l'Empereur et dans un conseil composé des princes français, des grands dignitaires, des ministres du cabinet et des ministres d'État.

Paris, 25 janvier 1814.

Ce matin, à sept heures, S. M. l'Empereur et roi est parti pour se mettre à la tête de ses armées.

ONZIÈME ÉPOQUE.

CAMPAGNE DE FRANCE.

Saint-Dizler, 28 janvier 1814.

A. S. M. l'Impératrice reine et régente.

L'ennemi était ici depuis deux jours, commettant les plus affreuses vexations: il ne respectait ni l'âge ni le sexe; les femmes et les vieillards étaient en butte à ses violences et à ses outrages. La femme du sieur Canard, riche fermier, âgée de cinquante ans, est morte des mauvais traitements qu'elle a éprouvés : son mari, plus que septuagénaire, est à la mort. Il serait trop douloureux de rapporter la liste des autres victimes. L'arrivée des troupes françaises, entrées hier dans notre ville, a mis un terme à nos malheurs. L'ennemi, ayant voulu opposer quelque résistance, a été bientôt mis en déroute avec une perte considérable. L'entrée de S. M. l'Empereur a donné lieu aux scènes les plus touchantes. Toute la population se pressait autour de lui; tous les maux paraissaient oubliés. Il nous rendait la sécurité pour tout ce que nous avons de plus cher. Un vieux colonel, M. Bouland, âgé de soixante-dix ans, s'est jeté à ses pieds, qu'il baignait de larmes de joie. Il exprimait tout à la fois la douleur qu'un brave soldat avait ressentie en voyant les ennemis souiller le sol natal et le bonheur de les voir fuir devant les aigles impériales.

Nous apprenons que le même enthousiasme qui a éclaté ici s'est manifesté à Bar à l'arrivée de nos troupes. L'ennemi avait déjà pris la fuite.

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