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Le 3 novembre 1813.

A S. M. l'Impératrice reine et régente.

Le 30 octobre, dans le moment où se livrait la bataille de Hanau, le général Lefebvre-Desnouettes, à la tête de sa division de cavalerie et du cinquième corps de cavalerie, commandé par le général Milhaud, flanquait toute la droite de l'armée, du côté de Bruckœbel et de Nieder-Issengheim. Il se trouvait en présence d'un corps de cavalerie russe et alliée de six à sept mille hommes: le combat s'engagea; plusieurs charges eurent lieu, toutes à notre avantage; et ce corps ennemi, formé par la réunion de deux ou trois partisans, fut rompu et vivement poursuivi. Nous lui avons fait cent cinquante prisonniers montés. Notre perte est d'une soixantaine d'hommes blessés.

Le lendemain de la bataille de Hanau l'ennemi était en pleine retraite ; l'Empereur ne voulut point le poursuivre, l'armée se trouvant fatiguée et S. M., bien loin d'y attacher quelque importance, ne pouvant voir qu'avec regret la destruction de quatre à cinq mille Bavarois, qui aurait été le résultat de cette poursuite. S. M. se contenta donc de faire poursuivre légèrement l'arrière-garde ennemie, et laissa le général Bertrand sur la rive droite de la Kintzig.

Vers les trois heures de l'après-midi l'ennemi, sachant que l'armée avait filé, revint sur ses pas, espérant avoir quelque avantage sur le corps du général Bertrand. Les divisions Morand et Guilleminot lui laissèrent faire ses préparatifs pour le passage de la Kintzig, et, quand il l'eut passée, marchèrent à lui à la baïonnette, et le culbutèrent dans la rivière, où la plus grande partie de ses gens se noyèrent. L'ennemi a perdu trois mille hommes dans cette circonstance.

Le général bavarois de Wrède, commandant en chef de cette armée, a été mortellement blessé; et on a remarqué que tous les parents qu'il avait dans l'armée ont péri dans la bataille de Hanau, entre autres son gendre le prince d'Oettingen.

Une division bavaroise-autrichienne est entrée le 30 octobre, à midi, à Francfort; mais à l'approche des coureurs de l'armée

française, elle s'est retirée sur la rive gauche du Mein après avoir coupé le pont.

Le 2 novembre l'arrière-garde française a évacué Francfort, et s'est portée sur la Nidda.

Le même jour, à cinq heures du matin, l'Empereur est entré à Mayence.

On suppose, dans le public, que le général de Wrède a été l'auteur et l'agent principal de la défection de la Bavière. Ce général avait été comblé des bienfaits de l'Empereur.

On croyait que S. M. ne tarderait pas à se rendre à Paris.

S. M. l'Empereur est arrivée le 9, à cinq heures après midi, à Saint-Cloud.

S. M. avait quitté Mayence le 8, à une heure du matin.

Paris, 14 novembre 1813.

Réponse de l'Empereur à une députation du Sénat.

« Sénateurs,

J'agrée les sentiments que vous m'exprimez.

<< Toute l'Europe marchait avec nous il y a un an; toute l'Europe marche aujourd'hui contre nous : c'est que l'opinion du monde est faite par la France ou par l'Angleterre. Nous aurions donc tout à redouter sans l'énergie et la puissance de la nation.

« La postérité dira que, si de grandes et critiques circonstances se sont présentées, elles n'étaient pas au-dessus de la France et de moi.

Paris, 19 décembre 1813.

Discours de l'Empereur à l'ouverture extraordinaire du Corps législatif.

« Sénateurs, conseillers d'État, députés des départements au Corps législatif,

« D'éclatantes victoires ont illustré les armes françaises dans cette campagne. Des défections sans exemple ont rendu ces victoires inutiles. Tout a tourné contre nous. La France même serait en danger sans l'énergie et l'union des Français.

« Dans ces grandes circonstances ma première pensée a été de vous appeler près de moi. Mon cœur a besoin de la présence et de l'affection de mes sujets.

« Je n'ai jamais été séduit par la prospérité : l'adversité me trouverait au-dessus de ses atteintes.

« J'ai plusieurs fois donné la paix aux nations lorsqu'elles avaient tout perdu. D'une part de mes conquêtes j'ai élevé des trônes pour des rois qui m'ont abandonné.

« J'avais conçu et exécuté de grands desseins pour la prospérité et le bonheur du monde!......... Monarque et père, je sens tout ce que la paix ajoute à la sécurité des trônes et à celle des familles. Des négociations ont été entamées avec les puissances coalisées. J'ai adhéré aux bases préliminaires qu'elles ont présentées. J'avais donc l'espoir qu'avant l'ouverture de cette session le congrès de Manheim serait réuni; mais de nouveaux retards, qui ne sont pas attribués à la France, ont différé ce moment, que presse le vœu du monde.

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J'ai ordonné qu'on vous communiquât toutes les pièces originales qui se trouvent au portefeuille de mon département des affaires étrangères. Vous en prendrez connaissance par l'intermédiaire d'une commission. Les orateurs de mon Conseil d'État vous feront connaître ma volonté sur cet objet.

« Rien ne s'oppose de ma part au rétablissement de la paix. Je connais et je partage tous les sentiments des Français; je dis des Français, parce qu'il n'en est aucun qui désirât la paix au prix de l'honneur.

« C'est à regret que je demande à ce peuple généreux de nouveaux sacrifices, mais ils sont commandés par ses plus nobles et ses plus chers intérêts. J'ai dû renforcer mes armées par de nombreuses levées : les nations ne traitent avec sécurité qu'en déployant toutes leurs forces. Un accroissement dans les recettes devient indispensable. Ce que mon ministre des finances vous proposera est conforme au système de finances que j'ai

établi. Nous ferons face à tout sans emprunt, qui consomme l'avenir, et sans papier-monnaie, qui est le plus grand ennemi de l'ordre social.

« Je suis satisfait des sentiments que m'ont montrés dans cette circonstance mes peuples d'Italie.

« Le Danemark et Naples sont seuls restés fidèles à mon alliance.

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La république des États-Unis d'Amérique continue avec succès sa guerre contre l'Angleterre.

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J'ai reconnu la neutralité des dix-neuf cantons suisses. Sénateurs, conseillers d'Etat, députés des départements au Corps législatif,

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« Vous êtes les organes naturels de ce trône : c'est à vous de donner l'exemple d'une énergie qui recommande notre génération aux générations futures. Qu'elles ne disent pas de nous : • Ils ont sacrifié les premiers intérêts du pays! Ils ont reconnu « les lois que l'Angleterre a cherché en vain, pendant quatre « siècles, à imposer à la France!

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«Mes peuples ne peuvent pas craindre que la politique de leur Empereur trahisse jamais la gloire nationale. De mon côté, j'ai la confiance que les Français seront constamment dignes d'eux et de moi!

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Paris, 23 décembre 1813.

Lettre de l'Empereur au président du Corps législatif.

« Monsieur le duc de Massa, président du Corps législatif, nous vous adressons la présente lettre close pour vous faire connaître que notre intention est que vous vous rendiez demain, 24 du courant, heure de midi, chez notre cousin le prince archichancelier de l'Empire, avec la commission nommée hier par le Corps législatif, en exécution de notre décret du 20 de ce mois, laquelle est composée des sieurs Raynouard, Lainé, Gallois, Flaugergue et Biran; et ce à l'effet de prendre connaissance des pièces relatives à la négociation, ainsi que de la déclaration des puissances coalisées, qui seront communiquées par

le comte Regnaud, ministre d'État, et le comte d'Hauterive, conseiller d'État, attaché à l'office des relations extérieures, lequel sera porteur desdites pièces et déclaration.

<< Notre intention est aussi que notre dit cousin préside la commission.

« La présente n'étant à d'autres fins, je prie Dieu qu'il vous ait, monsieur le duc de Massa, en sa sainte garde.

« NAPOLÉON. »

Paris, 30 décembre 1813.

Réponse de l'Empereur à une députation du Sénat.

« Je suis sensible aux sentiments que vous m'exprimez. « Vous avez vu, par les pièces que je vous ait fait communiquer, ce que je fais pour la paix. Les sacrifices que comportent les bases préliminaires que m'ont proposées les ennemis et que j'ai acceptées, je les ferais sans regret; ma vie n'a qu'un but, le bonheur des Français.

. Cependant le Béarn, l'Alsace, la Franche-Comté, le Brabant sont entamés. Les cris de cette partie de ma famille me déchirent l'âme ! J'appelle les Français au secours des Francais! J'appelle les Français de Paris, de la Bretagne, de la Normandie, de la Champagne, de la Bourgogne et d'autres départements au secours de leurs frères ! Les abandonnerons-nous dans leur malheur ? Paix et délivrance de notre territoire doit être notre cri de ralliement. A l'aspect de tout ce peuple en armes, l'étranger fuira ou signera la paix sur les bases qu'il a luimême proposées. Il n'est plus question de recouvrer les conquêtes que nous avions faites. »

Paris, 31 décembre 1813.

Réponse de l'Empereur à une députation envoyée par
le Corps législatif.

Le Corps législatif, ayant ensuite de ce rapport présenté une adresse à l'Empereur, en a reçu une réponse où on remarque ces passages:

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