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pas pris part à la bataille, était parti de Leipsick pour se porter sur Zwemkau, où il était arrivé. Le duc de Raguse avait passé l'Elster au village de Liutzkowitz, et le comte Bertrand l'avait passé au village de Gredel. Le prince de la Moskowa était resté en position sur le champ de bataille. Le duc de Reggio de Naumbourg devait se porter sur Zeist.

L'empereur de Russie et le roi de Prusse avaient passé par Pegau dans la soirée du 2, et étaient arrivés au village de Loberstedt à onze heures du soir. Ils s'y étaient reposés quatre heures et en étaient partis le 3 à trois heures du matin se dirigeant sur Borna.

L'ennemi ne revenait pas de son étonnement de se trouver battu dans une si grande plaine par une armée ayant une si grande infériorité de cavalerie. Plusieurs colonels et officiers supérieurs faits prisonniers assurent qu'au quartier général ennemi on n'avait appris la présence de l'Empereur à l'armée que lorsque la bataille était engagée; ils croyaient tous l'Empereur à Erfurt.

Comme cela arrive toujours dans de pareilles circonstances, les Prussiens accusent les Russes de ne les avoir pas soutenus; les Russes accusent les Prussiens de ne s'être pas bien battus. La plus grande confusion règne dans leur retraite : plusieurs de ces prétendus volontaires qu'on lève en Prusse ont été faits prisonniers; ils font pitié. Tous déclarent qu'ils ont été enrôlés de force et sous peine de voir les biens de leurs familles confisqués.

Les gens du pays disent qu'un prince de Hesse-Hombourg a été tué, que plusieurs généraux russes et prussiens ont été tués ou blessés; le prince de Meklembourg-Strelitz aurait également été tué; mais toutes ces nouvelles ne sont encore que des bruits du pays.

La joie de ces contrées d'être délivrées des Cosaques ne peut se décrire. Les habitants parlent avec mépris de toutes les proclamations et de toutes les tentatives qu'on a faites pour les engager à s'insurger.

L'armée russe et prussienne était composée du corps des généraux prussiens York, Blucher et Bulow, de deux des généraux russes Wittgenstein, Wintzingerode, Miloradowitch et

Tormazow. Les gardes russes et prussiennes y étaient. L'empereur de Russie, le roi de Prusse, le prince royal de Prusse, tous les princes de la maison de Prusse étaient à la bataille. L'armée combinée russe et prussienne est évaluée de cent cinquante à deux cent mille hommes.

5 mai, au soir.

Le quartier général de l'Empereur était à Colditz, celui du vice-roi à Harta, celui du duc de Raguse derrière Colditz, celui du général Lauriston à Wurtzen, du prince de la Moskowa à Leipsick, du duc de Reggio à Altenbourg et du général Bertrand à Rochlitz.

Le vice-roi arriva devant Colditz le 5 à neuf heures du matin. Le pont était coupé, et des colonnes d'infanterie, de cavalerie avec de l'artillerie défendaient le passage. Le vice-roi se porta avec une division à un gué qui est sur la gauche, passa la rivière et gagna le village de Komichau, où il fit placer une batterie de vingt pièces de canon. L'ennemi évacua alors la ville de Colditz dans le plus grand désordre et en défilant sous la mitraille de nos vingt pièces.

Le vice-roi poursuivit vivement l'ennemi; c'était le reste de l'armée prussienne, forte de vingt à vingt-cinq mille hommes, qui se dirigea partie sur Leissnig, et partie sur Gersdorff.

Arrivées à Gersdorff, les troupes prussiennes passèrent à travers une réserve qui occupait cette position; c'était le corps russe de Miloradowitch, composé de deux divisions formant à peu près huit mille hommes sous les armes, les régiments russes n'étant que de deux bataillons de quatre compagnies chaque, et les compagnies n'étant que de cent cinquante hommes. Mais n'ayant que cent hommes présents sous les armes, ce qui ne fait que sept à huit cents hommes par régiment, ces deux divisions de Miloradowitch étaient arrivées à la bataille au moment où elle finissait, et n'avaient pas pu y prendre part.

Aussitôt que la 36e division eut rejoint le 35o, le vice-roi donna ordre au duc de Tarente de former les deux divisions en trois colonnes et de déposter l'ennemi. L'attaque fut vive; nos braves se précipitèrent sur les Russes, les enfoncèrent et les

poursuivirent sur Hasta. Dans ce combat nous avons eu cinq à six cents hommes blessés, et nous avons fait mille prisonniers. L'ennemi a perdu dans cette journée deux mille hommes.

Le général Bertrand, arrivé à Rochlitz, y a pris quelques convois de blessés, de malades et de bagages, et fait quelques prisonniers plus de douze cents voitures de blessés avaient passé par cette route.

Le roi de Prusse et l'empereur Alexandre avaient couché à Rochlitz.

Un adjudant sous-officier du 17° provisoire, qui avait été fait prisonnier à la bataille du 2, s'est échappé, et a raconté que l'ennemi a fait de grandes pertes et se retire dans le plus grand désordre; que, pendant la bataille, les Russes et les Prussiens tenaient leurs drapeaux en réserve, ce qui fait que nous n'en avons pas pu prendre ; qu'ils nous ont fait cent prisonniers, dont quatre officiers; que ces prisonniers étaient conduits en arrière sous la garde d'un détachement laissé avec les drapeaux ; que les Prussiens ont fait éprouver de mauvais traitements aux prisonniers; que deux principalement ne pouvant pas marcher par extrême fatigue, il leur ont passé le sabre au travers du corps; que l'étonnement des Prussiens et des Russes d'avoir trouvé une armée aussi nombreuse, aussi bien exercée et munie de tout était à son comble; qu'il y avait de la mésintelligence entre eux, et qu'ils s'accusaient respectivement de leurs pertes.

Le général comte Lauriston de Wurtzen s'est mis en marche sur la grande route de Dresde.

Le prince de la Moskowa s'est porté sur l'Elbe pour débloquer le général Thielmann, qui commande à Torgau, prendre position sur ce point et débloquer Wittenberg: il paraît que cette dernière place a fait une belle défense et repoussé plusieurs attaques qui ont coûté fort cher à l'ennemi.

Des prisonniers racontent que l'empereur Alexandre, voyant la bataille perdue, parcourait la ligne russe pour animer le soldat en disant : «< Courage, Dieu est pour nous. »

Ils ajoutent que le général prussien Blucher est blessé, et qu'il y a cinq généraux de division et de brigade prussiens tués ou blessés.

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Paris, le 11 mai.

Lettre de l'Empereur à la maréchale duchesse d'Istrie.

«Ma cousine, votre mari est mort au champ d'honneur. La perte que vous faites et celle de vos enfants est grande sans doute, mais la mienne l'est davantage encore. Le duc d'Istrie « est mort de la plus belle mort et sans souffrir. Il laisse une réputation sans tache; c'est le plus bel héritage qu'il ait pu lé«guer à ses enfants. Ma protection leur est acquise. Ils hériteront « aussi de l'affection que je portais à leur père. Trouvez dans « toutes ces considérations des motifs de consolation pour allé"ger vos peines, et ne doutez jamais de mes sentiments pour « vous. Cette lettre n'étant à autre fin, je prie Dieu qu'il vous ait, << ma cousine, en sa sainte et digne garde. En mon camp impérial de Colditz, ce 6 mai 1813. »

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Situation des armées le 6 mai au soir.

Le quartier général de S. M. l'empereur et roi était à Waldheim, celui du vice-roi à Ertzdorf, celui du général Lauriston était à Oschatz, celui du prince de la Moskowa entre Leipsick et Torgau, celui du comte Bertrand à Mit weydo, celui du duc de Reggio à Penig.

L'ennemi avait brûlé à Wildheim un très-beau pont de bois à une seule arche, ce qui nous avait retardé de quelques heures. Son arrière-garde avait voulu défendre le passage, mais s'était ployée sur Ertzdorf. La position de ce dernier point est fort belle l'ennemi a voulu la tenir. Le pont étant brûlé, le vice-roi fit tourner le village par la droite et par la gauche. L'ennemi était placé derrière des ravins. Une fusillade et une canonnade assez vives s'engagèrent; aussitôt on marcha droit à l'ennemi, et la position fut enlevée. L'ennemi a laissé deux cents morts sur le champ de bataille.

Le général Vandamme avait le 1er mai son quartier général à Harbourg. Nos troupes ont pris un cutter de guerre russe ar

mé de vingt pièces de canon. L'ennemi a repassé l'Elbe avec tant de précipitation qu'il a laissé sur la rive gauche une infinité de barques propres au passage et beaucoup de bagages. Les mouvements de la grande armée étaient déjà connus et causaient une grande consternation à Hambourg. Les traîtres de Hambourg voyaient que le jour de la vengeance était près d'arriver.

9 mai 1815.

Le 7, le quartier général de l'Empereur était à Nossen. Entre Nossen et Wilsdruf, le vice-roi a rencontré l'ennemi placé derrière un torrent et dans une belle position. Il l'en a déposté, lui a tué un millier d'hommes et fait cinq cents prisonniers.

Un Cosaque qui a été arrêté était porteur de l'ordre de brûler les bagages de l'arrière-garde russe. Effectivement huit cents voitures russes ont été brûlées; des bagages et vingt pièces de canon ont été ramassés par nous sur les routes; plusieurs colonnes de Cosaques sont coupées; on les poursuit.

Le 8, à midi, le vice-roi est entré à Dresde. L'ennemi, indépendamment du grand pont qu'il avait établi, avait jeté trois ponts sur l'Elbe. Le vice-roi ayant fait marcher des troupes dans la direction de ces ponts, l'ennemi y a mis le feu sur-lechamp; les trois têtes de pont qui les couvraient ont été enlevées.

Le même jour 8, à neuf heures du matin, le comte Lauriston est arrivé à Messein. Il y a trouvé trois redoutes avec des blockaus que les Prussiens y avaient construites; ils avaient brûlé le pont.

Toute la rive de l'Elbe est libre de l'ennemi. S. M. l'Empereur est arrivé à Dresde le 8, à une heure après midi. L'Empereur, en faisant le tour de la ville, s'est porté sur-le-champ au chantier de construction, à la porte de Pirna, et de là au village de Prielsnitz, où S. M. a ordonné qu'on jetât un pont. S. M. est revenue à sept heures du soir de sa reconnaissance au palais où elle est logée. La vieille garde a fait son entrée à Dresde à huit heures du soir.

Le 9, à trois heures du matin, l'Empereur a fait placer lui

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