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l'incendie pour le poursuivre. Nous avons fait une centaine de prisonniers.

Du 22 au 23 l'Empereur a eu son quartier général au petit bourg de Châtres.

Le 23 le prince Wenzel-Lichtenstein est arrivé au quartier général. Ce nouveau parlementaire était envoyé par le prince Schwartzenberg pour proposer un armistice.

Le général Milhaud, commandant la cavalerie du cinquième corps, a fait prisonniers deux cents hommes à cheval entre Pavillon et Troyes.

Le général Gérard, parti de Sens, et marchant par Villeneuvel'Archevêque, Villemont et Saint-Liebaut, a rencontré l'arrièregarde du prince Maurice de Lichtenstein, lui a pris six pièces de canon et six cents hommes montés, qui ont été entourés par la brave division de cavalerie du général Roussel.

Le 23 nos troupes investissaient Troyes de tous côtés. Un aide de camp russe est venu aux avant-postes pour demander le temps d'évacuer la ville, sans quoi elle serait brûlée. Cette considération a arrêté les mouvements de l'Empereur.

La ville a été évacuée dans la nuit, et nous y sommes entrés ce matin.

Il est impossible de se faire une idée des vexations auxquelles les habitants ont été en proie pendant les dix-sept jours de l'occupation de l'ennemi. On se peindrait aussi difficilement l'enthousiasme et l'exaltation des sentiments qu'ils ont montrés à l'arrivée de l'Empereur. Une mère qui voit ses enfants arrachés à la mort, des esclaves qui voient briser leurs fers après la captivité la plus cruelle n'éprouvent pas une joie plus vive que celle que les habitants de Troyes ont manifestée. Leur conduite a été honorable et digne d'éloges. Le théâtre a été ouvert tous les soirs; mais aucun homme, aucune femme, même des classes inférieures, n'a voulu y paraître.

Le sieur Gau, ancien émigré, et le sieur Viderange, ancien garde du corps, se sont prononcés en faveur de l'ennemi et ont porté la croix de Saint-Louis. Ils ont été traduits devant une commission prévôtale et condamnés à mort. Le premier a subi son jugement; le deuxième a été condamné par contumace.

La population entière demande à marcher. « Vous aviez bien raison, s'écriaient les habitants en entourant l'Empereur, de nous dire de nous lever en masse. La mort est préférable aux vexations, aux mauvais traitements, aux cruautés que nous avons éprouvés pendant dix-sept jours. »

Dans tous les villages les habitants sont en armes; ils font partout main-basse sur les ennemis qu'ils rencontrent. Les hommes isolés, les prisonniers se présentent d'eux-mêmes aux gendarmes, qu'ils ne regardent plus comme des gardiens, mais comme des protecteurs.

Le général Vincent écrit de Château-Thierry, le 22, que, l'ennemi ayant voulu frapper des réquisitions sur les communes de Bazzy, Passi et Vincelle, les gardes nationaux se sont réunis et ont repoussé l'ennemi après lui avoir pris et blessé plusieurs hommes. Le même général écrit à la même date qu'un parti de cavalerie russe et prussienne s'étant approché de ChâteauThierry i l'a fait attaquer par un détachement du troisième régiment des gardes d'honneur, commandé par le chef d'escadron d'Andlaw et soutenu par les gardes nationales de ChâteauThierry et des communes de Blesmes et Cruzensi. L'ennemi a été chassé et mis en déroute; douze Cosaques et quatorze chevaux ont été pris. Les gardes nationaux étaient à la recherche du reste de cette troupe, qui s'est sauvée dans les bois. S. M. a accordé trois décorations de la Légion-d'honneur au détachement du troisième régiment des gardes d'honneur et un pareil nombre aux gardes nationaux.

Le comte de Valmy s'est dirigé, aujourd'hui 24, sur Bar-surSeine. Arrivé à Saint-Paar, il a trouvé l'arrière-garde du général Giulay, l'a fait charger, l'a mise en déroute et lui a fait douzecents prisonniers. Il est probable que le comte de Valmy sera ce soir à Bar-sur-Seine.

Le général Gérard est parti du pont de la Guillotière, soutenu par le duc de Reggio; il s'est porté sur Lusigny, et a passé la Barce. Le général Duhesme a pris position à Montieramey, près de Vandoeuvre.

Le comte Flahaut, aide-de-camp de l'empereur Napoléon, le comte Ducca, aide-de-camp de l'empereur d'Autriche, le comte

Schouvaloff, aide-de-camp de l'empereur de Russie, et le général de Rauch, chef du corps du génie du roi de Prusse, sont réunis à Lusigny pour traiter des conditions d'une suspension d'armes.

Ainsi, dans la journée du 24, la capitale de la Champagne a été délivrée, et nous avons fait environ deux mille prisonniers, dont un bon nombre d'officiers. On a de plus trouvé dans les hôpitaux de la ville un millier de blessés, officiers et soldats, abandonnés par l'ennemi.

Le 27 février 1814.

A S. M. l'Impératrice reine et régente.

Le 26 le quartier général était à Troyes.

Le duc de Reggio était à Bar-sur-Aube, avec le général Gérard et le second corps de cavalerie, commandé par le comte de Valmy.

Le duc de Tarente avait son quartier général à Mussy-l'Évêque et ses avant-postes à Châtillon; il marchait sur l'Aube et sur Clairvaux.

Le duc de Castiglione, qui a sous ses ordres une armée de quarante mille hommes, dont une grande partie se compose de troupes d'élite, était en mouvement.

Le général Marchand était à Chambéry, le général Dessaix sous les murs de Genève, et le général Musnier était entré à Mâcon.

Bourg et Nantua étaient également en notre pouvoir; le général autrichien Bubna, qui avait menacé Lyon, était en retraite de tous côtés; dès le 20 mars on évaluait sa perte, sur différents points, à quinze cents hommes, dont six cents prisonniers. Le prince de la Moskowa est à Arcis-sur-Aube, le duc de Bellune à Plancy, le duc de Padoue à Nogent; on marchait sur les derrières des corps de Blücher, Sacken, Yorck et Kleist, qui avaient reçu des renforts de Soissons et qui manœuvraient sur corps du duc de Raguse, qui se trouvait à la Ferté-Gaucher. Le général Duhesme a enlevé Bar-sur-Aube à la baïonnette

le

et en faisant des prisonniers, parmi lesquels sont plusieurs officiers bavarois.

Le 3 mars 1814.

A S. M. l'Impératrice reine et régente.

S. M. l'Empereur et roi avait, le 5, son quartier général à Béry-le-Bac, sur l'Aisne.

L'armée ennemie de Blücher, Sacken, Yorck, Witzingerode et de Bulow était en retraite; sans la trahison du commandant de la ville de Soissons, qui a livré ses portes, cette armée était perdue.

Le général Corbineau est entré, le 5, à Reims, à quatre heures du matin.

Nous avons battu l'ennemi aux combats de Lisy-sur-Ourcq et de May.

Le résultat des diverses affaires est quatre mille prisonniers, six cents voitures de bagages, plusieurs pièces de canon et la délivrance de la ville de Reims.

Craonne, le 7 mars 1814.

A S. M. l'Impératrice reine et régente.

Il y a eu aujourd'hui ici une bataille très-glorieuse pour les armées françaises.

S. M. l'Empereur et roi a battu les corps des généraux ennemis Witzingerode, Woronzoff et Langeron, réunis aux débris du corps du général Sacken.

Nous avons déjà deux mille prisonniers et plusieurs pièces de

canon.

Notre armée est à la poursuite de l'ennemi sur la route de Laon.

Le 9 mars 1814.

AS. M. l'Impératrice reine et régente.

L'armée du général Blücher, composée des débris des corps des généraux Sacken, Kleist et Yorck, se retira, après les ba

tailles de Montmirail et de Vauchamp, par Reims, sur Châlons. Elle y reçut les deux dernières divisions du corps du général Langeron, qui étaient encore restées devant Mayence, et elle y reforma ses cadres. Sa perte avait été telle qu'elle fut obligée de les réduire à moitié, quoiqu'il lui fût arrivé plusieurs convois de recrues de ses réserves.

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L'armée dite du nord, composée de quatre divisions russes sous les ordres des généraux Witzingerode, Woronzoff et Strogonow, et d'une division prussienne, sous les ordres du général Bulow, remplaçait, à Châlons et à Reims, l'armée de Silésie. Celle-ci passa l'Aube à Arcis, pendant que le prince de Schwartzenberg bordait la droite de la Seine et par suite des combats de Nangis et de Montereau, évacuait tout le pays entre la Seine et l'Yonne.

Le 22 février le général Blücher se présenta devant Méry. Il avait déjà passé le pont lorsque le général de division Boyer marcha sur lui à la baïonnette, le culbuta et le rejeta de l'autre côté de la rivière; mais l'ennemi mit le feu au pont et à la petite ville de Méry, et l'incendie fut si violent que pendant quarantehuit heures il fut impossible de passer..

Le 24 le corps du duc de Reggio se porta sur Vandœuvre, et celui du duc de Tarente sur Bar-sur-Seine.

Il paraît que l'armée de Silésie s'était portée sur la gauche de l'Aube pour se réunir à l'armée autrichienne et donner une bataille générale; mais, l'ennemi ayant renoncé à ce projet, le général Blücher repassa l'Aube le 24, et se porta sur Sézanne.

Le duc de Raguse observa ce corps, retarda sa marche, et se retira devant lui sans éprouver aucune perte. Il arriva le 25 à la Ferté-Gaucher, et fit le 26, à la Ferté-sous-Jouarre, sa jonction avec le duc de Trévise, qui observait la droite de la Marne et les corps de l'armée dite du nord qui étaient à Châlons et à Reims.

Le 27 le général Sacken se porta sur Meaux et se présenta au pont placé à la sortie de Meaux sur le chemin de Nangis, qui avait été coupé. Il fut reçu avec de la mitraille. Quelques-uns de ses coureurs s'avancèrent jusqu'au pont de Lagny.

Cependant l'Empereur partit de Troyes le 27, coucha le même

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