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Bulletin détaillé de la Défaite des Corps de Davoust et de Ney, par le Prince de Smolensko.

Le général prince Kutusow Smolensko a fait passer à S. M. I. la suite du rapport des opérations des armées depuis le 15 au 19 Novembre.

Le 15 Novembre, un corps de l'ennemi de plus de 300 hommes parut en front du bois qui est auprès de la ville de Kobysow. Le régiment d'uhlans polonais et ceux d'infanterie de Kixholm et Polokka l'attaquerent sur trois points, firent 220 prisonniers et taillerent le reste en pieces.

Le général Miloradowitch mande qu'il a attaqué avec ses deux corps l'ennemi fort de 15,000 hommes, composé en grande partie des gardes, sur le grand chemin de Smo lensk à Krasnoi, et qu'il a remporté une victoire complete, fait grand nombre de prisonniers, et pris du canon. Le colonel prince Kudaschew en a pris un, les hussards de Sumuka deux, et les chasseurs deux, le colonel Gapile le reste. Une colonne ennemie avec son général s'est rendue prisonniere. Le 16 Novembre, il est arrivé un rapport du général Platow, où l'on voit, qu'en poursuivant l'ennemi il a fait 400 prisonniers, et que le général Grekow a pris deux

canons.

L'Empereur Napoléon qui était a Krasnoi avec les gardes, dans la nuit du 15, a fait attaquer le détachement de l'adjudant-général Osharowski par une division des gardes sous le commandement du général Ronguet, forte de 7,000 hommes. Mais cette petite troupe a reçu le nombre supérieur de l'ennemi avec la valeur inhérente aux Russes et l'a mis en déroute; après quoi les hussards ont chargé, et l'infanterie l'a attaqué à la baïonnette, ce qui lui a causé une perte sévere. Un lieutenant des gardes françaises a été fait prisonnier. Delà, le comte Osharowski s'est rendu à Palkino, et l'ennemi s'est retiré à Krasnoi. Du 17 No

vembre, le comte Orlow Denissow mande que, le 15, il a attaqué l'ennemi sur différents points, qu'il lui a pris 4 canons, cinquante chariots de bagage, et qu'il a fait 3 généraux prisonniers, savoir le général de division Almera, le brigadier-général baron Burt, et le général Dufour, avec plus de 20 officiers et 420 hommes. Le major-général Barosden mande que, durant les opérations du 16, il a pris 4 canons et fait prisonniers le général Matuschulvilsch, un officier et cent hommes. Le général Miloradowitsch rapporte que le corps du viceroi d'Italie fut attaqué, le 15, par le lieutenant-général Kagadsky, pendant que le lieutenant-général le prince Dolgorveldi le prenait en flanc. Alors l'ennemi réunit toutes ses forces contre l'aile droite du général Rajewski; mais le lieutenant-général Usvarrow qui soutenait celui-ci avec de la cavalerie, attaqua l'ennemi formé en carrés avec les régiments de dragons de Moscou et Kargopol, et le rompit entierement. Le colonel Dawydow, commandant du régiment de Moscou, prit luimême le général Cor Heiliger qui commandait les deux carrés, prenant aussi deux drapeaux. Le général Chaguesty prit deux canons et un drapeau. L'ennemi a perdu 40 officiers et 1500 prisonniers en tout.

Le prince Kudaschow fut envoyé à l'ennemi pour le sommer de se rendre; celui-ci différant de répondre, l'attaque recommença. Le général Raguesty chassa l'ennemi du grand chemin et le mit en fuite. La nuit suspendit les opérations. Notre corps s'empara des villes de Merlena et Meruleno. Du 12, le général Platow mande que l'arriere-garde du viceroi d'Italie était poursuivie sur la route de Duschwtschina à Swaneka par le régiment d'Attaman, les chasseurs du colonel Kaissarrow et une partie de l'artillerie à cheval, et qu'en route elle a perdu deux canons et mille hommes tués ou blessés. Le lieutenant-général Schepelus mande, du 16, qu'en allant à Moltislawl, il avait appris qu'une troupe de 150 ennemis s'était sauvée de Mohilow, et qu'ayant détaché contre elle un parti de cosaques, ceux-ci en avaient tué 100 et fait 11 prisonniers.

L'adjudant-général baron Korff écrit, en date du 16, que le régiment des dragons de Pskow a attaqué l'ennemi trois fois, l'a battu et lui a fait prisonniers sept officiers et 500 soldats.

Les cosaques ont aussi fait des prisonniers dont le nombre en tout est de 912 hommes. Quand l'ennemi traversait le Dnieper, le major-général Karpow attaqua plu

sieurs régiments de sa cavalerie, sur la route de Krasnoi, fui fit 300 prisonniers et prit trois étendards. L'armée marche, par le chemin le plus court, à Krasnoi pour cou per l'ennemi de la route: et, le 17, elle a quitté sa position à Schilowo pour attaquer son arriere-garde. Du 16, le général Ostermann mande qu'il a attaqué, près de Kolysi, les colonnes de l'ennemi qui débouchaient des bois, et qu'il leur a fait 824 prisonniers.

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Le général, Miloradowitch, avec le 2e et le 7e corps d'infanterie et le 1er de cavalerie, se tenant caché près du grand chemin qui mene à la ville de Merlino, a permis au corps du maréchal Davoust de menacer Krasnoi. En même temps, le Se corps et la 2de division des cuirassiers, formant le centre de l'armée, sous les ordres du prince Golitzyn, se sont aussi avancés du même côté. L'ennemi, voyant ces troupes, a fait halte hors de la ville, et s'est disposé à la bataille. Alors notre artillerie a fait feu de tous côtés, Notre corps d'armée était composé du 6e, 8e et 5ẹ corps et de la lere division des cuirassiers; et notre avantgarde, des troupes légeres du major-général Berosdin, des cuirassiers de la garde de V. M. I. de trois bataillons des gardes du corps de Finlande, sous les ordres du major général baron Rosen. Tout cela s'est mis en mouvement sous le général Tonnassow pour tourner la ville de Krasnoi, quand on a été sur le grand chemin d'Orscheska, malgré les défilés, on s'est formé derriere la ville de Dobroga, afin d'y couper la retraite à l'armée ennemie composée du corps du maréchal Davoust et de celui du viceroi d'Italie, avec une partie des gardes, sous le commandement de l'Empereur Napoléon en persoune. Dans ce moment, le général Mi loradowitsh a serré l'arriere-garde de l'ennemi, pendant que le prince Galitzin lui donnait de l'occupation au centre; le général Tonnassow qui lui avait coupé le chemin l'inquiétait à l'issue de la ville de Krasnoi. Cette fâcheuse situation de l'ennemi l'a forcé à un parti désespéré. Il s'est formé en colonnes serrées, cherchant à se faire jour au travers de l'avant-garde, sous le baron Rosen; mais il a été battu à plate couture par les chasseurs des gardes et les gardes de Finlande, soutenus de deux escadrons du corps de cuirassiers de Votre Majesté. La seconde colonne de l'ennemi, voulant enlever l'artillerie du prince Galitzin, a été battue par la seconde division des cuirassiers et l'infanterie royale. Le premier régiment de voltigeurs des gardes françaises a été entierement détruit, Le général Miloradowitsch a fait

également souffrir une grande perte à l'ennemi. De cette maniere, écrasé sur tous les points, il a eu recours à la fuite, se jetant à travers les bois, dans le plus grand désordre, et espérant y trouver son salut, mais ici les troupes légeres sous Osharowski et Borosdin ont achevé sa déconfiture. Après l'action, l'armée s'est portée auprès de la ville de Dobraja, sur le grand chemin d'Orchaska. Sans parler des tués et blessés, la perte faite par l'ennemi dans cette journée consiste en deux généraux, 58 officiers, 9170 hommes prisonniers, et 70 canons, avec trois drapeaux, trois étendards et un bâton de maréchal. Pendant la mêlée, l'Empereur Napoléon, sans attendre la fin de la bataille, a eu le bonheur de s'évader à travers les bois, et d'arriver à Liody, sur le Dnieper, où plusieurs témoins respectables, entre autres un major et un lieutenant russes qui le même jour, sont parvenus à se délivrer eux-mêmes du nombre des prisonniers, l'ont vu arriver avec une petite suite montée sur des chevaux absolument sur les dents. Une partie de la garnison de Liody s'est aussitôt mise sous les armes. Il est resté ainsi dans cet endroit jusqu'à minuit, et alors il a continué sa route vers Dobrowna, se faisant escorter. Une chose particulierement remarquable dans cette journée mémorable, c'est que Napoléon, ce commandant accoutumé à vaincre depuis vingt ans, et le maréchal Davoust son camarade, se soient retirés Dobrowna, sans s'arrêter à Liody, oubliant entierement le corps du maréchal Ney qui, après avoir ramassé tous les plus petits corps et la garnison de Smolensk, avait encore 30,000 hommes et 100 pieces de canon. Ce corps considérable, coupé par l'armée russe, oublié de cette maniere, a été ainsi laissé à notre discrétion. Près de Liody, le général Borosdin en est venu aux mains avec l'ennemi, l'en a chassé, et lui a pris cinq canons. Le 18 Novembre, dans l'après-midi les Cosaques ont aperçu le corps du général Ney qui, par les opérations de la bataille précédente, était séparé de la grande armée française, marchant de Smolensk sur Krasnoi pour se faire jour au travers de notre armée. Soutenu du Se corps, le général Miloradowitsch, a attendu qu'il s'approchât. Un brouillard épais nous a empêché de reconnaître la force de l'ennemi qui est venu à la portée du canon à mitraille, et s'est jeté en déses sur nos bateries, malgré le feu qu'elles vomissaient. A la distance de 250 pas, il en a essuyé la volée la plus terrible à mitraille. Pendant que cela se passait ainsi, le major-général Paschkeutch, attaquant à la gauche, VOL. XL.

H

tandis que le régiment des grenadiers de Pawlow attaquait à la droite, une autre colonne ennemie qui s'était avancée pour supporter l'autre, s'est jetée dans cette colonne et on y a massacré tout ce qui s'est présenté. Le général Konownizegn, par ordre du feld-maréchal, a formé ses troupes sur le flanc gauche, avec le régiment de cosaques d'Ishernosubow à l'avant-garde, ayant chargé de surveiller les mouvements de l'ennemi venant de Krasnoi, au passage de la riviere à Syrockchenge, et de lui faire tout le mal qu'il pourrait. Le colonel Tschinosubow a exécuté ces ordres avec le plus grand succès. Vers le soir, voyant l'ennemi s'approcher, il est tombé tout-à-coup sur lui, lui a enlevé 10 canons, et lui a fait éprouver une grande perte, taillant en pieces beaucoup de monde; il y a eu beaucoup de gens noyés et prisonniers; le reste s'est dispersé dans les bois. La cavalerie sous les ordres de l'adjudant-général Korff a poursuivi l'ennemi plus loin, sabrant bon nombre de soldats. A cinq heures, d'autres colonnes ennemies sont ar rivées cherchant à se faire jour; mais 24 pieces d'artillerie en ont fait un grand carnage, pendant que notre cavalerie les tournait, et les a forcées à envoyer un drapeau blanc et à demander quartier. A minuit, tout le corps ennemi avait mis bas les armes et était prisonnier. Dans cette action, il a perdu en prisonniers 100 officiers et 12,000 hommes, ainsi que 27 canons, deux drapeaux et deux étendards. Du 15 au 19, nous avons fait prisonniers 8 généraux, dont un est mort de ses blessures; 300 officiers et 21,170 hommes; nous avons pris 200 canons sans parler de ceux que l'ennemi a laissés à Krasnoi, et de 800 caissons que les cosaques ont fait sauter.

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