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RAPPORT

SUR LES OBJETS les plus rEMARQUABLES OFFERTS AU MUSÉE D'AMIENS, DEPUIS LE 5 JUILLET 1837, Jusqu'au 30 JUIN 1838.

PAR M. H. DUSEVEL, MEMBRE RÉSIDANT.

MESSIEURS,

Nous venons pour la seconde fois vous entretenir du Musée d'antiquité's formé, sous vos auspices, dans l'ancienne capitale de la Picardie. Grâce au zèle du conseil municipal d'Amiens, 'grâce aussi à la générosité des personnes dont nous allons signaler les noms à la reconnaissance publique,

cet établissement semble devoir prospérer de jour en jour, et nous avons conçu l'espoir que bientôt il méritera de fixer l'attention des vrais antiquaires, des hommes laborieux et instruits, qui savent combien de pareilles collections sont difficiles à former.

Parmi les antiques les plus remarquables qui sont venues enrichir le Musée d'Amiens, pendant l'année 1837-1838, nous devons mentionner surtout les fragments de mosaïque découverts dans le jardin du couvent des Dames Ursulines de cette ville. Le conseil municipal d'Amiens n'a point hésité un instant à vous procurer ces précieux restes d'une opulente villa romaine (1), et pour les obtenir il a voté avec empressement les fonds nécessaires à l'acquisition d'un autel en marbre que désiraient ces religieuses. C'est ainsi, Messieurs, que cette fois encore on a vu les restes des pompeux monuments de Rome, servir à la décoration d'un temple élevé en l'honneur du vrai Dieu.

Deux tronçons de colonnes ornés de pampres et de la figure de Bacchus, provenant sans doute de la même villa, vous ont été remis par M. Cheussey; ils sont maintenant déposés dans le pavillon de la Bibliothèque, où ils attirent les regards de tous les connaisseurs.

Un homme appartenant à une famille illustre, célèbre dans les annales de Picardie, M. le comte de Mailly, ancien pair de France, a voulu aussi faire son offrande au Musée d'Amiens; en attendant l'occasion de se montrer plus géné

(1) Les médailles de Gordien, Gallus et Gallien, trouvées sous la mosaïque en question, semblent indiquer que cette villa remontait au IIIe siècle.

reux encore envers cet établissement, il vous a fait remettre, par M. Dusevel, une élégante figurine en bronze de Mercure, une autre figurine représentant Vénus que nous ne croyons pas antique, et un vase romain en terre rouge, bien conservé, remarquable par la châsse en relief qui en décore le tour.

Nous ne vous parlerons pas de quelques autres objets, tels que médailles, pièces de monnaie, etc., envoyés au Musée par M. de Mailly; ceux que nous venons de vous signaler vous paraîtront suffire pour lui donner droit à notre reconnaissance et à celle de la ville qui possède cet établissement.

M. Armand Desprez, propriétaire à Amiens, vous a fait présenter par M. Fernand Mallet, un de nos collègues, plusieurs restes d'armes anciennes, découvertes entre Montières et Etouvy. Quoique ces restes soient de peu de valeur, tant ils sont frustes, nous n'en devons pas moins des remercîments publics à M. Desprez. A plusieurs reprises, en effet, il a montré un zèle fort louable pour l'accroissement du Musée, et a généreusement mis à votre disposition tout ce qu'il avait pu recueillir.

Nous devons exprimer à l'ingénieux et spirituel auteur du Glossaire administratif, au savant président de la Société royale d'Emulation d'Abbeville, M. Boucher de Perthes, les mêmes remercîments pour le soin qu'il a pris de vous faire parvenir, par l'intermédiaire de M. le Maire d'Amiens, divers tessons de tuiles romaines et plusieurs médailles antiques, trouvés dans les fouilles exécutées à Noyelle, aux frais de la Société, qu'il préside avec tant de distinction. Vous avez vu dans cet envoi plus qu'un simple don, la preuve d'une heureuse sympathie entre des hommes qui, livrés aux mêmes

recherches, savent apprécier leurs travaux et s'estimer mutuellement.

M. le docteur Barbier, membre de l'Académie d'Amiens, vous a également témoigné l'intérêt qu'il porte à la Société d'Archéologie, en vous faisant remettre par notre confrère, M. Rigollot, une agraffe en bronze d'un travail assez curieux, trouvée à Henri-Ville.

Entre les antiquités du moyen-âge et de la renaissance, qui vous ont été offertes cette année, nous devons citer en première ligne et pour suivre l'ordre chronologique que nous nous sommes imposé, les chapiteaux romans recueillis parmi les ruines de l'ancienne église des Célestins d'Amiens. Les sculptures dont ils sont couverts peuvent, malgré leur bizarrerie, faire connaître mieux que de froides descriptions quel était l'état de l'art à Amiens, au XI° siècle.

Une sorte de magnificence, vous le savez, Messieurs, régnait jadis dans la décoration des manoirs féodaux. Souvent les salles des châteaux-forts étaient ornées de pavés formés de carreaux représentant des fleurs, des oiseaux, ou des emblêmes chevaleresques : c'était un reste du goût des Romains pour ces belles mosaïques, dont leurs appartements étaient enrichis. Deux de vos collègues, MM. l'abbé Déroussen, curé de Domart, et Tillette d'Acheux, vous ont procuré plusieurs carreaux en terre vernissée, provenant d'anciens châteaux de nos environs, notamment de celui de Domarten-Ponthieu, et ces carreaux sont maintenant réunis aux antiquités qui se trouvent dans la salle d'hiver de la Bibliothèque d'Amiens.

Vous devez à M. Lemerchier, maire de cette ville, plusieurs morceaux en marbre blanc, sculptés avec assez de dé

licatesse. La forme ogivale de la plupart des compartiments qu'on y remarque, doit les faire reporter au XIV° siècle, époque fatale aux arts et aux artistes, par les dissensions civiles qui désolèrent alors notre malheureuse patrie. Possédant peu d'objets de ce temps, dans le Musée, sachons gré à M. Lemerchier du don qu'il a bien voulu faire à cet établis

sement.

Vous avez reçu de M. Guerard, l'un des membres de la société, un groupe fort curieux qui semble être aussi du XIVe siècle. Ce groupe qui vient de l'abbaye du Gard, a été rétrouvé, on ne sait trop comment, dans une tourbière à Fontaine-sur-Somme; il est en marbre, représente l'Annonciation, sous des formes particulières, et mérite au moins sous ce rapport de fixer l'attention des ecclésiastiques et des antiquaires.

La ville d'Amiens vous a fait remettre par M. Cheussey un bas-relief en pierre, divisé en trois compartiments, qui ne sont pas non plus sans intérêt. Ce bas-relief était caché sous une épaisse couche de mortier dans un mur de l'ancienne église St.-Jacques, de sorte que son existence n'était pas même soupçonnée; il ne fallait rien moins que la démolition de ce vieil édifice, pour rendre au jour un bas-relief valant mille fois mieux que l'insignifiant enduit dont on l'avait couvert!

M. Ravin, médecin à St.-Valery, vous a de son côté envoyé des empreintes en cire du Scel aux causes de la ville et banlieue de St.-Valery-sur-Somme, de l'ancien sceau et du contre-scel de la même ville. Ces empreintes vous ont paru offrir d'autant plus d'intérêt que les sceaux eux-mêmes existent encore à la mairie de St.-Valery.

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