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du Latium, ils continuèrent la guerre comme mercenaires au service de l'Etrurie; ils furent défaits, avec les Etrusques et les Samnites, dans ces terribles batailles qui assurèrent à Rome la domination de l'Italie, et par suite celle du monde.

Après l'invasion kymrique, la Gaule avait subi celle des Belges ou Bolgs, qui, traversant toute la Gaule jusqu'en Languedoc, s'y étaient établis sous le nom d'Arécomiques et de Tectosages. Ces Bolgs, mêlés d'autres Gaulois et de Germains, descendirent la vallée du Danube, envahirent avec succès la Thrace et la Macédoine, et vinrent échouer contre la roche sacrée de Delphes. D'autres Gaulois passèrent le Bosphore. Le roi de Bythinie et les villes grecques achetèrent leur secours contre les Séleucides, secours intéressé et funeste; les barbares se partagèrent l'Asie-Mineure à piller et à rançonner [270-190 ].

A cette époque, les Gaulois allaient partout cherchant fortune. Ils eurent grande part à la première guerre punique et à cette horrible guerre des mercenaires d'Afrique. Rome profita des embarras de Carthage et de l'entr'acte des deux guerres puniques pour accabler les Ligures et les Gaulois d'Italie [239-222]. Irrités par les précautions vexatoires des Romains, les Boies et les Insubriens (Bologne et Milan) avaient appelé d'au-delà des Alpes des bandes barbares qui se mirent à la solde des riches tribus cisalpines. Mais toute la population de l'Italie centrale et méridionale se leva pour arrêter l'invasion, et arma, dit-on, sept cent soixantedix mille soldats. Les Gaulois s'avançaient vers Rome, lorsqu'une armée romaine débarqua par hasard sur leurs flancs, et ils se trouvèrent pris entre trois armées. Les Boies furent accablés. Flaminius alla chercher les Insubriens au-delà du Pô, et remporta une éclatante victoire. Son successeur, Marcellus, tua en combat singulier le brenn, ou chef Virdumar, et consacra à Jupiter Férétrien les secondes dépouilles opimes (depuis Romulus). Les Insubriens furent réduits [222], et la domination des Romains s'étendit sur toute l'Italie jusqu'aux Alpes.

Tandis que Rome croit tenir sous elle les Gaulois d'Italie

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terrassés, Hannibal arrive et les relève; il gagne avec leur sang ses grandes batailles de Trasymène et de Cannes. Ils résistent trente ans encore après le départ d'Hannibal [201170].- -En même temps les Romains renversaient la puissance des Gaulois ou Galates de l'Asie-Mineure. Quoique la plupart eussent refusé de secourir Antiochus, le préteur Manlius attaqua leurs trois tribus (Trocmes, Tolistoboies, Tectosages), et les força dans leurs montagnes [190].

Après avoir abattu les Gaulois dans l'Italie et dans l'Asie, il restait à pénétrer dans la Gaule, au foyer même des invasions barbares. Les Romains y furent appelés d'abord par leurs alliés, les Grecs de Marseille, et fondèrent Aquæ-Sextiæ (Aix) [126]. Deux vastes confédérations partageaient les tribus gauloises d'une part les Edues (Autun), peuple que nous verrons plus loin étroitement uni avec les tribus des Carnutes, des Parisii, des Senones (Chartres, Paris, Sens); d'autre part les Arvernes et les Allobroges (Auvergne, Savoie). Les Edues virent avec plaisir l'invasion romaine. Les Marseillais s'entremirent et leur obtinrent le titre d'Alliés et Amis du peuple romain. Marseille avait introduit les Romains dans le midi des Gaules; les Edues leur ouvrirent la Celtique ou Gaule centrale, et plus tard les Remi la Belgique.

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Les ennemis de Rome, à leur tête les Arvernes et leur chef Bituit, se hâtèrent avec la précipitation gallique, et furent vaincus séparément sur les bords du Rhône. Les consuls s'acheminèrent vers les Pyrénées, et fondèrent, presque à l'entrée de l'Espagne, une puissante colonie, Narbo-Martius (Narbonne). Ce fut la Rome gauloise et la rivale de Marseille [119].

A la même époque, un nouveau flux de barbares gaulois et germains, les Kymris (ou Cimbres) et les Teutons, fuyant, diton, devant un débordement de la Baltique, se mirent à descendre vers le midi, au nombre de trois cent mille guerriers; leurs familles, vieillards, femmes et enfans, suivaient dans des chariots. Ils dévastèrent la Gaule centrale, passèrent le Rhône, et battirent trois armées romaines. Les Tectosages de Tolosa, unis aux Cimbres par une origine commune, les appelaient

pour

contre Rome, dont ils avaient secoué le joug. Le consul Cépion saccagea Tolosa, puis fut battu, et ses cent vingt mille hommes exterminés. De là les Cimbres allèrent se répandre dans l'Espagne. Rome avait appelé Marius de l'Afrique lui confier sa défense contre ces Barbares. Ce dur soldat s'enferma patiemment dans un camp fortifié, disciplina ses troupes, attendit les Teutons, et leur refusa long-temps la bataille; enfin, il les attaqua lui-même, et leur tua cent mille hommes. Le village de Pourrières rappelle encore aujourd'hui le nom donné auchamp de bataille : Campi Putridi. Cependant les Cimbres, ayant passé les Alpes Noriques, étaient descendus dans la vallée de l'Adige. Marius vint y joindre son collègue Catulus, et donna rendez-vous aux Barbares dans la plaine de Verceil où il les défit. La poussière et le soleil méritèrent le principal honneur de la victoire. Après la défaite, les femmes des Cimbres égorgèrent leurs enfans; puis elles se pendaient, s'attachaient par un noeud coulant aux cornes des bœufs, et les piquaient ensuite pour se faire écraser. Les chiens de la horde défendirent leurs cadavres; il fallut les exterminer à coups de flèches. Marius fit ciseler sur son bouclier la figure d'un Gaulois tirant la langue, image populaire à Rome dès le temps de Torquatus. Le peuple' l'appela le troisième fondateur de Rome après Romulus et Camille [112-104].

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elle

L'empire romain, sauvé par Marius fut étendu par César, qui conquit toute la Caule. Lorsqu'il l'envahit, semblait convaincue d'impuissance pour s'organiser ellemême. Des villes s'étaient formées, espèce d'asiles au milieu de cette vie de guerre. Mais tous les cultivateurs étaient serfs, et César pouvait dire: Il n'y a que deux ordres en Gaule, les druides et les cavaliers (equites). Des deux factions qui partageaient tous les états gaulois, celle des Édues et celle des Arvernes et Séquanes, la dernière appela les tribus germaniques des Suèves. Ils passèrent le Rhin sous la conduite d'un chef nommé Arioviste, et battirent les Edues. Un parti des Edues implora le secours des Romains, un autre celui des Helvètes. Ces montagnards avaient fait depuis trois ans de tels

préparatifs, qu'on voyait bien qu'ils voulaient s'interdire à jamais le retour. Ils avaient brûlé leurs douze villes et leurs quatre cents villages, détruit les meubles et les provisions qu'ils ne pouvaient emporter. En comptant les femmes et les enfans, ils étaient au nombre de trois cent soixante-dix-huit mille. Ce cortège embarrassant leur faisait préférer le chemin de la province romaine. Ils y trouvèrent à l'entrée, vers Genève, César, qui leur barra le chemin, et les amusa assez long-temps pour élever du lac au Jura un mur de dix mille pas et de seize pieds de haut, Il leur fallut donc s'engager par les âpres vallées du Jura, traverser le pays des Séquanes, et remonter la Saône. César les joignit comme ils passaient le fleuve, attaqua une de leurs tribus, isolée des autres, et l'extermina. Puis il atteignit de nouveau le corps principal des Helvètes, dans sa fuite vers le Rhin, les obligea de rendre les armes, et de s'engager à retourner dans leur pays.

Ce n'était rien d'avoir repoussé les Helvètes, si les Suèves envahissaient la Gaule. Les migrations de ces derniers étaient continuelles : déjà, cent vingt mille guerriers étaient passés. La Gaule allait devenir Germanie. César pénétra jusqu'au camp des Barbares non loin du Rhin, les força de combattre, quoiqu'ils eussent voulu attendre la nouvelle lune, et les détruisit dans une furieuse bataille: presque tout ce qui échappa, périt dans le Rhin [58].

Les Gaulois du nord, Belges et autres, jugèrent, non sans vraisemblance, que si les Romains avaient chassé les Suèves, ce n'était que pour leur succéder. Ils formèrent une vaste coalition, et César saisit ce prétexte pour pénétrer dans la Belgique. Il emmenait comme guide et interprète un druide Eduen; les Bellovaques et les Suessions (Beauvais, Soissons) s'accommodèrent par son entremise, Mais les Nerviens, (Hainaut), soutenus par les Atrébates et les Veromandui (Arras, Saint-Quentin), surprirent l'armée romaine en marche, au bord de la Sambre, dans la profondeur de leurs forêts, et se crurent au moment de la détruire. César fut obligé de saisir une enseigne et de se porter lui-même en avant. Ce brave peuple fut exterminé. Ne cachant plus alors

le projet de soumettre la Gaule, il entreprit la réduction de toutes les tribus des rivages. Il perça les forêts et les marécages des Ménapes et des Morins (Zélande et Gueldre, Gand, Bruges, Boulogne); un de ses lieutenans soumit les Unelles, Eburoviens et Lexoviens (Coutances, Evreux, Lisieux); un autre, le jeune Crassus, conquit l'Aquitaine. César luimême attaqua les Vénètes, et autres tribus de l'Armorique. Ils communiquaient sans cesse avec la Grande-Bretagne, et en tiraient des secours. Pour les réduire, il fallait être maître de la mer. Rien ne rebutait César. Il fit des vaisseaux, il fit des matelots, leur apprit à fixer les navires bretons en les accrochant avec des mains de fer et fauchant leurs cordages. La petite Bretagne ne pouvait être vaincue que dans la grande. César résolut d'y passer, d'y frapper le parti druidique. Mais auparavant il voulut frapper l'autre parti, celui qui appelait les barbares de la Germanie; il passa le Rhin.

Deux grandes tribus germaniques, les Usipiens et les Tenctères, fatigués par les incursions des Suèves, venaient, d'entrer à leur tour dans la Gaule [55]. César les extermina. Puis en dix jours, il jeta un pont sur le Rhin, non loin de Cologne, malgré la largeur et l'impétuosité de ce fleuve immense. Après avoir fouillé en vain les forêts des Sueves, il repassa le Rhin, traversa toute la Gaule, et la même année s'embarqua pour la Bretagne. La malveillance des Gaulois, les grandes marées de l'équinoxe qui brisèrent sa flotte, faillirent lui être fatales; mais l'année suivante, il mit en fuite les Bretons, et força le roi Caswallawn dans l'enceinte marécageuse où il avait rassemblé ses hommes et ses bestiaux. Il écrivit à Rome qu'il avait imposé un tribut à la Bretagne, et y envoya en grande quantité les perles de peu de valeur qu'on recueillait sur les côtes.

Cependant l'insurrection éclatait partout dans les Gaules. Les Eburons (Liège) massacrent une légion, en assiègent une autre. César, pour délivrer celle-ci, passe avec huit mille hom mes à travers soixante mille Gaulois. L'année suivante [55], il assemble à Lutèce les états de la Gaule. Mais les Nerviens, et les Trévires, les Sénonais et les Carnutes n'y paraissent,

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