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légende la première lettre du nom de la ville où la pièce avait été monnayée: ainsi les monnaies d'Orléans portaient un O, celles de Chinon un C, celles de Loches un L, celles de Bourges un B. Les pièces sorties de ce dernier atelier sont surtout remarquables, en ce que l'une d'elles porte BITVR en toutes lettres. C'était le fameux Jacques Cœur qui dirigeait alors l'atelier monétaire de Bourges, et l'on appela de son nom, gros de Jacques Coeur, les pièces ainsi marquées. Puisque nous avons parlé des lettres que Charles VII introduisit dans la légende pour distinguer les ateliers monétaires, nous dirons aussi en passant que c'est sous le règne de ce prince, ou sous celui de son père, que s'introduisit la coutume de placer sous les lettres de la légende des points nommés points secrets, servant à faire reconnaître de quel hôtel des monnaies sortait telle ou telle pièce. (Voyez, au surplus, l'art. MARQUES MONÉTAIRES.) Les malheurs qui affligèrent le royaume pendant la régence de Charles VII le forcèrent plus d'une fois à altérer les monnaies; ce furent ces circonstances qui, nous l'avons dit, déterminèrent aussi Charles VI et le roi d'Angleterre, Henri VIII, à faire frapper des saluts d'or; mais dès 1422, lorsque Charles VII monta sur le trône, if revint à la forte monnaie, et depuis cette époque il n'altéra plus les espèces.

CHARLES VIII, fils de Louis XI et de Charlotte de Savoie, né à Amboise le 30 juin 1470, succéda à son père le 30 août 1483. Sa sœur, Anne de Beaujeu, gouverna le royaume pendant sa minorité, et elle prouva, par sa fermeté et son énergie, qu'elle était digne d'être la fille de Louis XI. Le jeune roi commença seulement à l'âge de vingt ans à régner par lui-même.

Nourri de la lecture des romans de chevalerie, Charles VIII n'aspirait qu'à imiter les prouesses de Roland, de l'Amadis des Gaules et des paladins de Charlemagne. Une occasion se présenta. Louis le Maure, menacé par le roi de Naples, appelait les Français en Italie. Charles VIII résolut de profiter

de cette circonstance pour faire revivre les droits de la maison d'Anjou sur le royaume de Naples, dont il se prétendait l'héritier légitime. Déjà même il rêvait la conquête de Constantinople, l'expulsion des Turcs et le rétablissement de l'empire romain d'Orient.

Avant de quitter la France, il se hâta de signer avec ses voisins des traités funestes, pour acheter leur neutralité. Qu'importait au futur conquérant de Naples et de Constantinople la possession de quelques provinces telles que le Roussillon ou la Franche-Comté? Une fois assuré de n'être pas inquiété pendant son absence, il passe les Alpes à la tête d'une armée peu nombreuse, mais bien disciplinée, et dont l'artillerie était la meilleure qu'il y eût en Europe. II marche à l'aventure, sans argent, sans vivres, sans réserve. Le froid Comines ne peut s'empêcher de faire la remarque que cette guerre fut toute providentielle. Dès son arrivée à Asti, il manque d'argent pour solder ses troupes, et oblige la duchesse de Savoie d'engager ses diamants pour lui fournir les sommes dont il a besoin. Cependant tout lui réussit. Le duc de Milan l'accueille comme un allié; Pise se soulève à son approche et se donne à la France; à Florence, le gouvernement des Médicis s'écroule, et Charles VIII entre dans cette ville en triomphateur; à Rome, aucune résistance n'est organisée; le pape Alexandre VI se réfugie dans le château Saint-Ange, et livre aux Français le frère du sultan Bajazet, Gem, mais il le livre empoisonné; puis Naples se soulève contre ses rois, et Charles VIII y entre sans coup férir, le diadème au front et revêtu du manteau impérial. Déjà les Grecs se soulevaient de l'autre côté de l'Adriatique, à la nouvelle de l'approche des Français, lorsqu'une ligue générale contraignit Charles VIII à renoncer à ses projets de conquête et à quitter l'Italie. Le roi d'Espagne, Ferdinand le Catholique, l'empereur Maximilien, le pape, Venise, Milan même, s'étaient réunis contre lui. Ils s'oppo

sèrent à son retour; mais une brillante charge de la gendarmerie française mit en fuite les troupes mal disciplinées des Italiens. 8,000 Français triomphèrent, à Fornovo, de 40,000 Italiens, et Charles VIII revint en France, après avoir justifié toutes ses imprudences par une victoire. Il mourut au moment où il faisait des préparatifs pour une seconde expédition en Italie (1498). Ses débauches avaient háté sa mort.

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« Charles VIII, loin d'être un grand roi, était, dit M. de Sismondi (*), dépourvu de toute capacité pour le gouvernement; aussi ses succès avaientils été regardés par ses contemporains comme une sorte de miracle. On voyait bien, disaient-ils, que c'était Dieu seul qui avait conduit son entreprise; car lui-même n'aurait pu le faire. Toutefois, Charles avait une vertu rare chez les rois, et plus remarquable en lui, quand on songe aux exemples qu'il avait reçus et au père qui l'avait élevé c'était la bonté. « La plus hu«maine et douce parole d'homme qui jamais fut, étoit la sienne, dit Comine; car je crois que jamais « homme ne dit chose qui put lui déplaire..... et je crois que j'ai été « l'homme du monde à qui il a fait le « plus de rudesse; mais connaissant «que ce fut en sa jeunesse, et qu'il ne « venoit point de lui, ne lui en sus ja« mais mauvais gré. » Cette douceur, cette bonté, avaient été appréciées, et quoique Charles VIII eût fait peu de bien au peuple, on lui sut gré de celui qu'il avait voulu faire, et il ne fut pas moins pleuré par la masse des Français que par la noblesse et les courtisans. Deux de ses domestiques moururent, dit-on, de douleur en apprenant la nouvelle de sa mort. CHARLES VIII (monnaies de).- Les monnaies d'or frappées en France sous le règne de Charles VIII sont des écus au soleil et à la couronne; leur type est à peu près le même que celui des pièces dont nous avons parlé à l'article monnaies de CHARLES VII; seulement

(*) Histoire des Français, t. XV, p. 259.

l'écu sol ou au soleil diffère des écus d'or de Charles VII, en ce que la couronne y est remplacée par un petit soleil. Au commencement du règne de Charles VIII, l'écu à la couronne était estimé 30 sous, et l'écu au soleil 31; mais la valeur intrinsèque de ces monnaies dépassant leur valeur nominale, on s'aperçut bientôt qu'on en exportait une quantité considérable. Une ordonnance du 30 juillet 1487 fixa alors la valeur de l'écu à la couronne à 35 sous, et celle de l'écu au soleil à 36 sous 3 deniers.

Les monnaies d'argent et de billon frappées sous Charles VIII sont assez nombreuses; parmi elles on distingue des gros, des demi-gros, des blancs au soleil et à la couronne, des carolus, des liards, des tournois, doubles tournois, etc. Les gros valaient 2 sous 10 deniers; ils étaient à 4 deniers 12 gr. de fin, et à la taille de 70 au marc. Les blancs étaient au même titre, et à la taille de 86 au marc; ils valaient 12 grains. Ces pièces ne diffèrent des blancs de Charles VII que par un petit soleil introduit par Louis XI, au-dessus de l'écusson, ou par l'hermine de Bretagne. Quant aux carolus marqués d'un K, initiale du nom de Charles VIII, ils ont été inventés sous le règne de ce prince. (Voy. CAROLUS.) Les autres monnaies de Charles VIII étant entièrement semblables à celles de Charles VII, nous ne les décrirons pas. Le roi prenait, sur celles de Provence, le titre de comte. On possède de magnifiques grands blancs frappés dans cette province, et présentant d'un côté les armes de France, penchées et surmontées d'un heaume orné de lambrequins, avec la légende: KAROLVS DEI GRACIA FRANCORVM REX; le revers présente une croix fleurdelisée cantonnée d'A, initiale d'Anne de Bretagne, et de couronnes; ou un K couronné accosté de deux A. La légende qui fait suite à celle du droit se compose des mots suivants: ET FORQVALQVERII COMES PROVINCIE.

Les monnaies frappées en Italie par l'ordre de Charles VIII sont fort remarquables: l'une d'elles, un gros de Pise,

présente, comme les monnaies de cette ville, la Vierge tenant l'enfant Jésus, avec la légende: PROTEGE VIRGO PISAS; mais au revers on voit l'écu de France, couronné, flanqué d'un K et d'un L, avec la légende: KAROLVS REX PISA NORV. LIB [erator]. A Naples, Charles VIII avait fait frapper des écus d'or, des ducats, les grands blancs et d'autres espèces où l'on remarque d'un côté les armes de France, de l'autre celles de Sicile, avec les croisettes de Jérusalem. La ville d'Aquila, dans l'Abruzze, fut la première du royaume de Naples qui se déclara pour les Français. Cette circonstance lui valut de nombreux priviléges, et entre autres celui de battre monnaie. Quelquesunes des pièces frappées alors dans cette ville présentent cette particularité remarquable, que leur légende est en français, tandis que celle de toutes les monnaies frappées en France à la même époque étaient encore en latin. On y voit, au droit, l'écu de France couronné avec la légende: CHARles, roi DE FRE, et au revers un aigle les ailes déployées, avec ces mots: CITÉ DE LEIGLE. On connaît d'ailleurs d'autres pièces frappées à Aquila pendant l'occupation française, et dont la légende est en latin.

CHARLES IX, fils de Henri II et de Catherine de Médicis, né à Saint-Germain en Laye, le 27 juin 1550, monta sur le trône le 15 décembre 1560, après la mort de François II, son frère, et fut sacré à Reims, le 15 mars 1561. C'était un prince d'un esprit vif et pénétrant et d'un courage remarquable; il avait de l'éloquence et du talent pour la poésie. On sait qu'il admirait Ronsard, et qu'il lui adressa ces beaux vers:

Tous deux également nous portons des couronnes, Mais, roi, je les reçois, poëte, tu les donnes. Malheureusement, son heureux naturel fut perverti par les soins de sa mère, Catherine de Médicis, qui voulait se maintenir au pouvoir en rendant son fils incapable de gouverner. La tenue des états d'Orléans, la mise en liberté des Bourbons, les édits de janvier et de juillet, le colloque de

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Poissy, le massacre de Vassy et la première guerre civile qui en fut la suite, appartiennent à l'histoire de cette reine plutôt qu'à celle de son fils encore enfant. Charles IX n'atteignit sa quinzième année qu'en 1563. Habitué par sa mère à dissimuler et à faire plier son humeur emportée devant les exigences d'une position qui se compliquait tous les jours, le jeune prince n'avait pas encore opté d'une manière décisive entre les deux partis religieux et politiques qui divisaient la France. Sa fameuse entrevue avec le duc d'Albe à Bayonne le rattacha au parti catholique. Il avait vu de près, pendant son voyage dans le midi de la France, ces gentilshommes protestants qui préparaient une nouvelle guerre civile, et un jour on l'entendit dire: « Le duc d'Albe a raison; des << têtes si hautes sont dangereuses dans « un État; l'adresse n'y sert plus de Irien, il faut en venir à la force. » La tentative du prince de Condé pour l'enlever pendant un voyage qu'il fit à Meaux acheva de l'aigrir contre les protestants, et la guerre recommença. Elle fut heureuse pour les catholiques, qui remportèrent la victoire à Jarnac et à Moncontour, sous la conduite du duc d'Anjou, frère de Charles IX; et cependant la paix de Saint-Germain (1570) fut toute favorable aux protestants vaincus. Jaloux du pouvoir de sa mère et impatient de secouer son joug, se défiant d'ailleurs des Guises qui aspiraient secrètement au trône, Charles IX ap pela à sa cour les chefs des protéstants. Il accueillit Coligny comme un père et lui dit en l'embrassant : « Nous << vous tenons maintenant, vous ne « nous échapperez plus. » Il donna sa sœur Marguerite en mariage au jeune Henri de Bourbon. Lui-même épousa une fille de l'empereur Maximilien, contrairement au vœu de l'Espagne, et on ne parlait que d'aller secourir les protestants des Pays-Bas en rẻvolte contre Philippe II. Au milieu des fêtes qui accompagnèrent cette réconciliation, le peuple de Paris avait de la peine à contenir sa rage contre

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les seigneurs protestants, qui l'offensaient autant par leur morgue aristocratique que par leur mépris affecté pour toutes les cérémonies du culte catholique. Lorsque Charles IX apprit qu'un coup d'arquebuse avait été tiré sur Coligny, il s'écria avec fureur: « Mort de Dieu! je ne serai donc jamais tranquille! » Puis il alla visiter Coligny blessé, le combla des marques les plus affectueuses de son attachement, et jura de le venger. Quelques jours après, sa mère le faisait consentir à ce massacre qui a flétri sa mémoire. « Qu'on tue donc l'amiral, s'écria-t-il, dans un accès de «rage frénétique, et avec lui tous les huguenots, afin qu'il n'en reste pas « un seul qui me le puisse reprocher « un jour!» On dit qu'il prit luimême une part active au massacre de la Saint-Barthélemy. Mais, depuis cette nuit fatale, Charles IX ne fit plus que languir, et il mourut le 30 mai 1574, en proie à d'affreux remords, sans avoir retiré de son crime les fruits qu'il en avait attendus. « L'ardeur qu'il avoit, dit de Thou, pour les exerci« ces violents, la chasse, le ballon, les « danses outrées, la fabrication des « armes, l'avoit rendu presque insen«sible aux plaisirs de l'amour, et on << ne lui a point su de maîtresses « qu'une jeune fille d'Orléans, dont il « eut un fils nommé Charles, comte d'Auvergne et d'Angoulême. Il mangeoit peu et dormoit peu; et, depuis «la Saint-Barthélemy, son sommeil « étoit souvent interrompu par un << frisson d'horreur qui le saisissoit "tout à coup. Pour le rendormir, on faisoit chanter ses pages. »> Voy. les ANNALES, t. Ier, p. 345 et suiv., et au Dictionnaire les art. BARTHÉLEMY (massacres de la Saint-),CALVINISTES et CATHERINE de Médicis.

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coins employés sous le règne précédent; on continua à s'en servir au commencement du règne de Charles IX, de sorte que bien que Henri II fût mort en 1558, on trouve encore des pièces marquées à son nom et à son effigie, avec le millésime de 1561. Un peu plus tard, cependant, on fit, au nom et à l'effigie de Charles IX, des écus d'or, des testons, des sols tournois, des liards, des doubles et des deniers. Les écus d'or valaient 50 sous en 1561, quand on commença à en frapper; mais le peuple donnant bientôt à ces pièces une valeur supérieure, on fut obligé, en 1570, d'en fixer le cours à 54 sous. Le titre était de 23 carats, et l'on taillait 72 pièces et demie au marc. Le type représentait au droit l'écu de France, monté d'une couronne fermée, avec la légende CAROLVS VIIII DG FRANCO REX et le millésime en chiffres romains; et, au revers, une croix fleurdelisée avec la légende CHRISTVS REGNAT VINCIT ET IMPERAT. Sur les testons, on voyait l'effigie du roi, avec une légende qui différait seulement de celle des écus d'or, en ce que le millésime était en chiffres arabes; la croix du revers était flanquée de deux C couronnés, avec la légende BENEDICTVM SIT NOMEN DOMINI. Ces pièces ne valaient, en 1561, que 9 sous 4 deniers, mais elles furent portées à 13 sous en 1573; elles étaient d'ailleurs de 10 deniers 18 grains trois quarts de fin, et l'on en taillait 25 au marc. Les monnaies les plus remarquables du règne de Charles IX sont les écus d'or et les testons; les autres sont moins importantes; nous nous y arrêterons à peine. Le sol parisis présentait au droit les armes de France couronnées, et au revers une croix formée de quatre c et de quatre fleur de lis; le double sol parisis, au droit 3 fleurs de lis couronnées, et au revers une croix fleurdelisée; le douzain, au droit les armes de France, couronnées et accostées de deux c,et au revers une croix échancrée, contournée de deux couronnes et de deux fleurs de lis; le liard, au droit un c couronné,

et au revers une croix fleurdelisée, ou bien un Laccosté de deux fleurs de lis et une croix; le double tournois, les armes de France couronnées dans un trèfle; au droit et au revers, une croix fleuronnée, dont le centre était occupé par deux centrelacés ; le denier tournois, deux fleurs de lis couronnées, et une croix à branches égales.

CHARLES X (monnaies de). — Le cardinal de Bourbon (voyez VENDÔME [maison de]), après avoir accepté, à la mort de Henri III, le titre de roi de France, et pris le nom de Charles X, décida, par un édit du 15 décembre 1589, que l'on cesserait, à partir du 1er janvier suivant, de frapper des francs et des demi-francs au nom de Henri III, et que l'on commencerait à fabriquer à son nom des écus et des demi-écus au soleil, des quarts d'écu, des demi-quarts d'écu d'argent, et des douzains, aux mêmes conditions que sous le règne précédent. L'écu d'or devait être à peu près du même poids que sous le règne de Charles IX, mais d'un cours un peu plus élevé. Ainsi, il devait valoir 55 sous au lieu de 54. Le franc devait être au titre de 10 deniers 10 grains; de fin, et à la taille de 17 au marc; le quart d'écu était à 11 deniers de fin, et à la taille de 25 à la livre.

L'écu d'or au soleil avait le même type à peu près que celui de Charles IX, et il en était de même du douzain. Quant au double tournois et au franc, ils portaient l'effigie du prince. Les quarts d'écu présentent, d'un côté, les armes de France, accostées du chiffre II; et, de l'autre, une croix fleurdelisée. Ils doivent être rangés, avec les francs de Charles X, parmi les plus belles monnaies de France, et ils sont, en effet, fort recherchés des amateurs. Les poinçons à l'effigie de Charles X furent déposés sur le bureau de la cour des monnaies le 21 janvier 1590; quatre mois après, Henri IV décria ces monnaies par des lettres datées du camp de Chelles, le 21 mai 1590', et adressées à la chambre des comptes séant à Tours. Le cardinal de Bourbon mourut en 1594; mais il paraît qu'on ne

cessa pas pour cela de battre monnaie à son effigie; car on a de lui des quarts d'écu qui portent la date de 1597. Lorsqu'il n'était encore que cardinal légat, il avait fait frapper, en cette qualité, des monnaies à son effigie dans la ville d'Avignon. Nous en parlerons à l'article COMTAT VENAISSIN (monnaies du).

CHARLES X (Charles-Philippe), le second des frères de Louis XVI, naquit à Versailles le 9 octobre 1757, et porta, jusqu'à son avénement au trône, le titre de comte d'Artois. Il épousa, le 16 novembre 1773, Marie-Thérèse de Savoie, sœur de Marie-JoséphineLouise de Savoie, mariée en 1771 au comte de Provence, depuis Louis XVIII. Marie-Thérèse mourut en Angleterre pendant l'émigration, le 2 juin 1805, après avoir donné au comte d'Artois trois enfants: une fille, la princesse Sophie, décédée en bas âge, et deux fils, le duc d'Angoulême et le duc de Berri.

Désespérant de jamais parvenir à la couronne, d'où le séparait effectivement une grande distance, le comte d'Artois chercha de bonne heure des distractions dans le plaisir. Les avantages personnels dont l'avait doué la nature, et la légèreté de son esprit, le livraient sans défense aux séductions d'une cour encore pleine des souvenirs de la régence et du règne de Louis XV. Aussi, pendant que Louis XVI, prince range et modeste, s'essayait à l'art difficile du gouvernement, et cherchait à réparer les fautes de ses prédécesseurs; pendant que le comte de Provence, naturellement studieux et raisonneur, suivait la marche de l'esprit philosophique, le comte d'Artois, peu soucieux d'imiter ses aînés, ne songeait qu'à déployer les grâces de sa taille, et à faire dire qu'il était le chevalier de France le plus re nommé pour ses belles manières et sa tournure à la promenade, à la chasse ou au bal. C'était dans les boudoirs de toutes les femmes galantes de l'époque qu'il allait prendre des leçons de politique et de philoso phie. A la veille d'une révolution

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