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la Motte et Coconas. De Luynes fut vainqueur en présence du roi et de toute la cour. Le dernier champ clos fut celui que Henri III permit en 1578, dans la rue Saint-Antoine à Paris, pour le combat qui fut livré entre Caylus, Maugiron et Livarot, contre Balzac d'Antraguet, Aidie de Riberac et Schomberg. Voyez COMBAT JUDICIAIRE, DUEL, JUGEMENT de Dieu.

CHAMP DE MAI. - Les assemblées nationales étaient désignées, sous la première race, par le nom de champ de mars; sous la seconde, elles furent appelées champ de mai. Le continuateur de Frédégaire à l'année 766 nous apprend que Pepin le Bref changea l'époque de ces assemblées et qu'il les mit au mois de mai. C'était le moment des expéditions militaires; les rois consultaient alors les chefs et passaient l'armée en revue. Outre ce changement dans l'époque de leur réunion, les comices nationaux en subirent un plus important dans le mode de leur composition. Les prélats y furent appelés et y obtinrent,surtout sous Pepin, une influence qui en écarta bientôt les chefs militaires. Tous les actes de ces nouveaux champs de mai émanent de l'esprit ecclésiastique; et, en effet, la dynastie carlovingienne fut beaucoup plus soumise à l'influence religieuse que les Mérovingiens (voyez CARLOVINGIENS et MEROVINGIENS). Sous Pepin, les assemblées devinrent des conciles, comme en Espagne, chez les Wisigoths. Les décrets des diètes de Verberie, de Vernon, de Metz, de Compiègne, sont aussi bien des canons de conciles que des capitulaires. Sous Charlemagne, la grandeur du roi était telle, que l'Église se laissa dominer à son tour. D'ailleurs l'esprit belliqueux de ce prince rendit aux assemblées leur ancienne forme, et les guerriers y reparurent. Toutefois, les prélats n'en furent pas exclus, mais aucun des deux partis ne domina l'autre; ils étaient égaux devant l'empereur. Hincmar, archevêque de Reims, à écrit, à la demande de quelques grands du royaume, une lettre pour Finstruction de Carloman, fils de Louis le Bègue, qui contient des détails très

curieux sur les assemblées sous Char lemagne. M. Guizot a cité cette lettre dans sa vingtième leçon et dans ses Essais. Ces grands plaids étaient précédés d'une réunion de conseillers où l'on préparait ce qui devait être proposé à l'assemblée générale. Outre l'initia tive, les rois avaient la sanction. Les décrets de ces assemblées étaient les capitulaires (voy. ce mot). Charlemagne, Louis le Débonnaire, Charles le Chauve, tinrent beaucoup de ces grandes diètes; mais elles disparurent lorsque commença la dissolution de l'empire carlovingien.

CHAMP DE MAI EN 1815 (assemblée du). Nous nous bornerons à donner ici quelques détails sur cette solennité, dont nous avons essayé de montrer le caractère politique dans l'article CENT JOURS. Bien qu'elle ait été loin de répondre à l'attente générale, cependant les paroles énergiques que l'empereur adressa aux fédérés et à la députation des électeurs enflammèrent un moment les esprits. Des invocations patriotiques, une éloquence militaire, étaient la seule ressource qui restât à Napoléon depuis le 22 avril, jour où il avait promulgué de son propre mouvement l'acte additionnel, et trompé l'espoir de la France, à la quelle son décret de Lyon avait annoncé une constitution sérieuse, et non un vain simulacre de charte octroyée. Loin d'avoir à nommer les députés qui devaient composer la nouvelle assemblée constituante, les élec teurs n'eurent plus qu'à constater le résultat des votes sur l'acceptation ou le refus de l'acte additionnel. Encore, ce dépouillement des votes n'était-il qu'une formalité illusoire, puisque l'empereur, n'admettant pas la possibilité d'un refus, avait ordonné, le 30 avril, que quatre jours après la publication de son décret, les colléges électoraux se réuniraient pour procéder à l'élection des représentants du peuple, conformément à l'acte envoyé pour être soumis à son acceptation. C'était toujours la même tactique qu'aux beaux temps du consulat et de l'empire, tactique qui consistait à arranger les choses à sa manière, et à demander ensuite au

peuple s'il donnait son adhésion aux faits accomplis. Quoi qu'il en soit, pendant dix jours, des registres furent ouverts aux secrétariats des municipalités, des administrations, des greffes de tribunaux et de justices de paix, chez les notaires et dans chaque régiment. Comment n'aurait-on pas été sûr d'avance de la majorité, puisqu'on faisait voter l'armée, et que la discipline était là pour éclairer ses votes? En vingtcinq jours, le relevé général de chaque département fut envoyé au ministre. Néanmoins, malgré ces façons expéditives, l'empereur fut obligé d'ajourner au 1er juin l'assemblée du champ de mai, qui avait d'abord été indiquée pour le 26 mai, et dans laquelle devait être relevé le chiffre des votes affirmatifs ou négatifs. Ainsi, pour que la deception fût plus complète, la fameuse assemblée du champ de mai n'eut pas lieu dans le mois dont elle porte le nom. Des grandes proportions d'une nouvelle fédération nationale, elle descendit à celles d'une fête militaire. Le chef de l'Etat n'y parla de constitution et de liberté qu'avec une réserve extrême; en revanche, le grand capitaine y parla de guerre et de gloire avec autant de magie qu'à son ordinaire. Malheureusement Napoléon, en dépit de sa confiance dans son propre génie, allait être moins heureux contre la coalition des rois que contre l'indépendance nationale. La victoire sur l'étranger ne devait plus nous consoler des défaites de la liberté à l'intérieur.

Le 1er juin, tout Paris se porta au Champ de Mars, où vinrent se réunir le gouvernement, les membres de la représentation nationale et de la chambre des pairs, les députations des colléges électoraux, celles des différents corps de l'armée et les fédérés des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau. Le trône de l'empereur s'élevait en avant de l'École militaire, au miheu d'une enceinte demi-circulaire de gradins immenses, où étaient assises six à sept mille personnes d'un côté et autant de l'autre. Pour donner un caractère religieux à la solennité, l'empereur avait fait dresser à côté du trône

un autel où la messe fut célébrée en grande pompe. Avant de recevoir le serment du peuple et de l'armée, le nouveau Charlemagne fit bénir ses armes par le clergé, lequel, avant peu, devait bénir celles des étrangers qui allaient ramener les Bourbons. Pour voler au combat, les bénédictions des prêtres ne sont pas suffisantes, lorsque le guerrier qui les implore n'a pas su mériter les bénédictions du peuple, qui sont la manifestation la plus certaine de la protection divine.

Après la célébration de la messe, la députation des colléges électoraux, composée de cinq cents membres, vint entourer l'empereur sur les marches du trône. Dubois d'Angers parla en leur nom. Quelques-unes des paroles de l'orateur laissèrent voir que les électeurs n'étaient pas complétement satisfaits de l'acte additionnel. Il dit que, confiant dans les promesses de l'empereur, les électeurs lui remettaient, et aux deux chambres, le soin de consolider et de perfectionner sans secousse le système constitutionnel, et que les Français, serrés autour du trône, étaient décidés à tous les sacrifices pour maintenir l'indépendance et l'honneur national. Ensuite Cambacérès, archichancelier de l'empire, proclama que l'acte additionnel aux constitutions de l'empire était accepté à la presque unanimité des votes. En effet, le nombre des votes négatifs n'était que de quatre mille sept cent quatrevingt-douze, tandis que celui des votes affirmatifs s'élevait à un million cinq cent trente mille trois cent cinquante sept, majorité factice, qu'il n'avait pas été fort difficile de se procurer, puisque, comme nous l'avons dit, il y avait eu un registre ouvert dans chaque régiment. Après que les accla mations eurent cessé, l'empereur signa l'acte de promulgation et prononça les harangues éloquentes dont nous avons cité quelques passages dans l'article CENT JOURS. De nouvelles acclamations se firent entendre. Alors l'empereur prêta sur l'Évangile le serment d'observer et de faire observer les constitutions de l'empire. Les grands di

gnitaires et toute l'assemblée jurèrent aussi d'être fidèles à ces constitutions. Après le Te Deum, Napoléon quitta son manteau impérial, et s'avança sur les premieres marches du trône, pendant qu'un roulement de tambours attirait sur lui l'attention du peuple entier. Alors, montrant les drapeaux que tenaient les ministres de l'intérieur, de la guerre et de la marine, l'empereur dit aux troupes : « Soldats « de la garde nationale de l'empire, << soldats des troupes de terre et de « mer, je vous confie l'aigle impériale, « aux couleurs nationales. Vous jurez « de la defendre, au prix de votre sang, contre les ennemis de la patrie « et de ce trône? Vous jurez qu'elle « vous servira toujours de signe de ralliement; vous le jurez?...» Nous le jurons! s'écrièrent l'armée et la garde nationale, que des traîtres empêchèrent quelques mois plus tard de tenir leur serment. Heureux de l'enthousiasme qui avait accuelli ses dernières paroles, l'empereur alla se placer avec son cortége sur un trône au milieu du Champ de Mars. Il y distribua les drapeaux aux présidents des colleges électoraux des départements, à la garde nationale de Paris et à la garde impériale; puis les troupes, au nombre de cinquante mille hommes, dont vingtsept mille gardes nationaux, défilerent devant lui aux cris de vive l'empereur! répétés par la foule immense qui couvrait les tertres du Champ de Mars.

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Comme fête nationale, l'assemblée dite du champ de mai fut incomplète, et ne mérite en aucune manière d'être comparée aux deux grandes fédérations de 1790 et de 1793; comme fête militaire, elle eut un brillant succès, et chacun en sortit convaincu que l'aigle impériale allait de nouveau s'élancer à la victoire. C'était tout ce que demandait le plus grand capitaine des temps modernes.

CHAMP DE MARS, assemblée de chefs et de guerriers que les premiers rois francs avaient coutume de convoquer tous les ans au mois de mars et qui se tenait en plein air. Flodoard, historien de l'église de Reims, et l'au

teur de la Vie de saint Remi, pensent que ce nom vient de Mars, dieu de la guerre, adoré par les barbares avant leur conversion. Du Cange préfere l'avis de ceux qui croient que ces assemblées étaient ainsi nommées parce qu'on les convoquait au mois de mars, et assurément il a raison. Dans l'origine, ces assemblées n'étaient que des reunions militaires. Ce fut dans un champ de mars, où il faisait la revue de ses troupes, que Clovis fendit d'un coup de hache la tête de ce guerrier qui l'avait bravé à Soissons; ce fut dans un champ de mars qu'il annonça à ses compagnons qu'il avait résolu d'envahir le territoire des Goths, et qu'il leur tint ce discours si bref et si signficatif rapporté par Grégoire de Tours. Sans perdre ce caractère primitif, les champs de mars furent moins exclusivement militaires quand la race conquérante eut commencé à s'organiser sur le territoire des vaincus. Ainsi les assemblées tenues à Cologne, Trèves, Andernach, sous les petits-fils de Clovis, s'occupèrent de la législation du peuple franc. Le décret de Childebert est l'œuvre de l'une de ces assemblées. Avec la décadence des Mérovingiens, les champs de mars tombèrent en désuétude. Mais la victoire de Testry, en assurant le triomphe du parti aristocratique, remit en vigueur une institution qui donnait aux leudes une part considérable dans le gouvernement. Les guerriers qui avaient vaincu pour Pepin d'Héristail prétendirent être consultés par lui, et il fit revivre les comices généraux de la nation selon les anciennes coutumes. Le roi mérovingien assistait à la première séance, prononçait un discours sur des lieux communs du temps, sur la paix interieure, sur la défense des églises, des veuves, etc.; rendait quelques édits aussi insignifiants que ses paroles, et rentrait ensuite dans sa villa de Maumagne. Pepin présidait après son départ, recevait les ambassades étrangères et réglait tous les intérêts de l'État. Telles furent sous les Mérovingiens les vicissitudes de ces assemblées, que les chroniqueurs ap

CHA

FRANCE.

pellent campus martii, publicum mal-
lum, placitum, conventus genera-
lis, etc.

-

-En 1520, CHAMP DU DRAP D'OR. Charles-Quint et François Ier, se préparant la guerre, se disputaient l'amitié de Henri VIII, prince orgueilleux, passionné, et qui avait pris luimême pour devise: « Qui je défends est maître.» Charles avait déjà visité le roi d'Angleterre, quand François voulut à son tour avoir une entrevue avec ce prince. Les deux souverains étaient convenus de cette rencontre par le traité de 1518, en vertu duquel Tournai avait été restitué à la France; mais leurs commissaires avaient perdu beaucoup de temps à régler les dispositions que l'on croyait nécessaires pour ménager la sûreté et le point d'honneur des deux rois. Au commencement de juin, les souverains arrivèrent au lieu du rendez-vous avec leurs courtisans; et, jaloux de se surpasser en magnificence, ils déployèrent un luxe dont on n'avait « Avoit fait pas encore vu d'exemple. le roi de France, dit Fleuranges, les plus belles tentes qui furent jamais vues, et le plus grand nombre et les principales étoient de drap d'or frisé dedans et dehors, tant chambres, salles que galeries; et tout plein d'autres draps d'or ras, et toiles d'or et d'argent. Et avoit dessus lesdites tentes force devises et pommes d'or; et quand elles étoient tendues au soleil, il les faisoit beau voir. Et y avoit sur celle du roi un saint Michel tout d'or, afin qu'elle fust cognue entre les autres, mais il étoit tout creux. Or, quand je vous ai devisé de l'équipage du roi de France, il faut que je vous devise de celui du roi d'Angleterre, lequel ne fit qu'une maison; mais elle étoit trop plus belle que celle des François, et de plus de coutance; et étoit assise ladite maison aux portes de Guines, assez proche du château; et étoit de merveilleuse grandeur en carrure, étoit ladite maison toute de bois, de toile et de verre; et étoit bien la plus belle verrine que jamais l'on vit, car la moitié de la maison étoit toute de verrine; et vous assure qu'il y faisoit

et

CHA

bien clair. Et y avoient quatre corps de maison, dont au moindre vous eussiez logé un prince. Et étoit la cour de bonne grandeur, et au milieu de ladite cour et devant la porte y avoit deux belles fontaines qui jetoient par trois tuyaux, l'un hypocras, l'autre, vin, et l'autre, eau. Et faisoit dedans ladite maison le plus clair logis qu'on sauroit voir, et la chapelle de merveilleuse grandeur et bien étoffée, tant de reliques que de tous autres paremens, et vous assure que si tout cela étoit bien fourni, aussi étoient les caves, car les maisons des deux princes, durant le voyage, ne furent fermées à personne. Ces tentes étaient dressées dans un champ situé entre Guines et Ardres, et qui reçut le nom de champ du drap d'or. Les deux rois s'y rencontrèrent le 7 juin; ils s'embrassèrent, entrèrent dans le palais, et y signèrent un nouveau traité rédigé par Wolsey et par Robertet. Dès le lendemain, François Ier, qui « n'étoit pas homme soupçonneux, et qui étoit fort marry de quoi on n'ajoutoit pas plus de foi les uns aux autres,» laissant de côté tous les règlements établis par les commissaires, alla à Guines voir Henri VIII, sans être attendu. Il entra dans la chambre du roi qui dormait encore, l'éveilla et l'aida à s'habiller. Le lendemain, Henri VIII lui rendit sa visite; et dès lors, pendant trois semaines, les deux cours passèrent leur temps en déduits et choses de plaisir. Par douze ou quinze jours coururent les deux princes l'un contre l'autre, et se trouva audit tournoi grand nombre de bons hommes d'armes, ainsi que vous pouvez estimer, car il est à présumer qu'ils n'amenèrent pas des pires. Je ne m'arresterai à dire les grands triomphes et festins qui se firent là, ni la grande dépense superflue, car il ne se peut estimer; tellement que plusieurs y portèrent leurs moulins, leurs forests et leurs prés sur leurs épaules (*). » Cette entrevue, dont on attendait de si grands résultats, n'en produisit aucun. Le

(*) Mémoires de M. du Bellay.

traité signé par les deux rois devait unir à jamais l'Angleterre et la France; mais, pendant que le chevaleresque François Ier joutait à Ardres, et y prodiguait follement les sommes qu'il venait d'arracher à la France, sous prétexte des besoins de l'État, Charles-Quint gagnait Wolsey et préparait en secret la ruine des projets de son rival. HenriVIII, en s'en retournant, trouva à Gravelines Charles qui était venu à sa rencontre, et lui renouvela ses promesses d'alliance. Quoi qu'il en soit, les arts ont perpétué le souvenir de cette fête royale, que représentent les bas-reliefs en marbre de l'hôtel de Bourgthéroalde, à Rouen, exécutés au seizième siècle, et d'un fort beau travail.

et

CHAMP DU MENSONGE (*). — Après son expédition contre Pepin, roi d'Aqui taine, l'empereur Louis s'était hâté de regagner son palais d'Aix-la-Chapelle. Il croyait avoir mis fin à la guerre, il espérait, après la lutte honteuse qu'il avait soutenue contre son fils, trouver quelques instants de repos. Mais bientôt il apprit qu'une grande ligue s'était formée; que Lothaire, Pepin et Louis, le roi de Bavière, se disposaient à venir lui demander, à main armée, le maintien des anciens partages. Déjà les trois rois avaient rassemblé leurs guerriers. L'alarme fut grande au palais d'Aix-la-Chapelle. L'empereur Louis convoqua ses fidèles et tous ceux qui s'étaient dévoués aux intérêts de sa femme Judith et de Charles, le plus jeune de ses fils. Beaucoup répondirent à cet appel; c'étaient sans doute des hommes du Nord qui prirent les armes en haine des populations du Midi, qu'entraînaient à leur suite les fils de l'empereur. C'étaient aussi quel ques évêques et quelques abbes, qui n'avaient point cessé d'avoir part aux faveurs impériales; des comtes nouvellement créés, et les officiers enri

(*) Nous empruntons cet article plein d'intérêt et de recherches curieuses aux scènes historiques publiées par M. Jean Yanoski, dans le National du 25 août 1838.

chis par les bénéfices que Louis accor dait avec tant de prodigalité.

Quand l'empereur eut autour de lui une suite nombreuse, il se mit en marche, et il arriva à Worms aux approches du printemps. Il s'arrêta quelque temps dans cette ville, et il y célébra les fêtes de Pâques et de la Pentecôte. Lothaire, Pepin et Louis envoyèrent à leur père plusieurs messages; mais l'empereur rejeta toutes leurs propositions. Cependant il ne savait à quoi se résoudre, et il hésitait encore lorsqu'il apprit que ses fils s'avançaient avec leur armée; alors il résolut de marcher à leur rencontre.

Près de Colmar, entre cette ville, Künsheim et Sigoltsheim, s'étend une vaste plaine qu'on appelait Rothfeld ou le champ rouge; c'est dans cette plaine que les armées se trouvèrent en présence. Des deux côtés on éleva des tentes; et les guerriers, qui avaient des vivres en abondance dans ces riches campagnes du Rhin, purent attendre le résultat des négociations qui venaient de commencer. Mais déjà la partie n'était plus égale; les hommes les plus illustres de l'Empire arrivaient au camp de Lothaire, le chef de la ligue, et au milieu d'eux on voyait l'évêque de Rome, dont la suprématie sur toutes les églises d'Occident, sanctionnée par le roi Pepin et par Charlemagne, était alors fermement établie. Il y eut un moment où le bruit courut dans l'armée de Louis que le pape Grégoire allait l'excommunier, lui et les siens. Un grand tumulte s'éleva, et les évêques qui accompagnaient l'empereur s'écrièrent : « Nous ne reconnais« sons point l'autorité de Grégoire, et « si le pape de Rome nous excommunie, nous l'excommunierons à notre tour.» Bientôt la colère fit place à la réflexion, et la crainte s'empara des plus courageux. Le pape était le chef reconnu de toute la chrétienté, et c'eût été un sacrilége que de combattre contre lui. Le pieux empereur Louis devait avoir lui-même de grands scrupules. Dès lors le découragement gagna son armée, et ceux qui l'entouraient attendirent avec anxiété l'issue de cette lutte.

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