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de la trahison de Fouché par des preuves authentiques, Napoléon voulut d'abord le faire fusiller; mais on l'en dissuada, et il se borna à le surveiller de plus près. Faute d'avoir embrassé une politique vraiment nationale, il était réduit à user de ménagements envers un pareil homme. Les rois coalisés auraient été moins dédaigneux envers lui, ils se seraient hâtés de répondre à sa lettre, s'il avait franchement accepté le concours du peuple qui s'offrait bénévolement à lui. Mais, fidèle à son ancien système, il espérait triompher de tous les obstacles avec le seul secours de l'armée. C'était bien mal comprendre la situation de la France! Pour faire de grandes choses avec l'armée, il fallait de nouveau revenir au régime du despotisme, ce qui était complétement impossible; tandis qu'en s'appuyant sur la démocratie, qui était décidée aux plus grands efforts, on pouvait du même coup régénérer la France au dedans et la relever au dehors. L'exemple de la Convention était là pour lui rappeler ce que la démocratie avait pu faire alors même qu'il n'existait pas d'unité dans le pouvoir. En rendant à l'armée son ancienne prépondérance, il fournissait un prétexte aux rois coalisés pour révoquer en doute ses intentions pacifiques, et il s'aliénait à la fois la bourgeoisie, passionnée pour les idées libérales, et le peuple, toujours imbu de principes démocratiques et de sentiments d'égalité.

Du reste, l'empereur, qui ne s'était jamais fait illusion sur le résultat des négociations entamées, se préparait activement à la guerre. La France entière présentait une activité extraordinaire. Sept armées se formaient sous les anciens noms d'armées du Nord, de la Moselle, du Rhin, du Jura, des Alpes, des Pyrénées. Une armée de réserve se réunissait à Paris et à Laon; cent cinquante batteries étaient dressées; quatre cents bouches à feu allaient être placées sur les hauteurs de Paris; dix mille soldats d'élite entrèrent dans les vieux cadres de la garde impériale; les braves marins, immortalisés à Lut

zen et à Bautzen, formèrent un corps de dix-huit mille hommes; trente mille officiers, sous-officiers et soldats en retraite ou en réforme s'offrirent pour les garnisons des places fortes; les corps francs et les partisans s'enrégimentaient; enfin la garde nationale organisée présentait une masse de deux millions deux cent cinquante mille hommes; et quinze cents compagnies de grenadiers et de chasseurs de cette garde, formant cent quatre-vingt mille hommes, furent mis à la disposition du ministre de la guerre. Paris seul fabriqua par jour jusqu'à trois mille fusils. On fortifiait toutes les villes, toutes les positions importantes jusque dans le centre du pays. L'armée, qui n'était d'abord que de quatre-vingt mille hommes, en compta bientôt deux cent mille.

Les sept départements frontières du nord et de l'est avaient commencé à se lever en masse; toute la nation voulait les imiter. Mais l'empereur s'effraya de cet élan général, et, au lieu de le diriger, il s'attacha à le comprimer. Les faubourgs de Paris, qui s'étaient organisés en fédérations, virent leurs services refusés. Il en fut de même des fédérations de la Bretagne, de la Bourgogne, du Lyonnais, de l'Anjou, formées au bruit des chants populaires et cimentées par les serments les plus solennels. Tout ce qui n'était que militaire convenait à l'empereur; il ne négligeait aucune ressource matérielle; mais les forces vives de la nation lui faisaient peur; il craignait ces fédérés qui seuls auraient pu le mettre à l'abri des intrigues devant lesquelles il allait succomber.

Mais la faute la plus grande qu'il commit, celle qui fut la véritable cause de sa perte, ce fut la promulgation de l'acte additionnel aux constitutions de l'empire, qui parut le 22 avril. Au lieu de faire nommer une nouvelle assemblée constituante par la réunion générale des électeurs du champ de mai, ainsi que l'avait promis ou laissé croire son décret du 13 mars, il se chargea lui-même de tout le travail. Il eut l'imprudence d'imiter Louis XVIII, en

donnant à la France une espèce de charte octroyée, au lieu de satisfaire aux vœux de la nation, qui voulait une constitution sérieuse, librement consentie. Si encore il avait ainsi usurpé le rôle de législateur suprême pour produire une œuvre parfaite, digne de son génie; mais loin d'avoir inventé une constitution modèle, il se montra inférieur à lui-même; lui qui s'était toujours prétendu le défenseur de l'égalité, il ne sut qu'imiter la restauration, et instituer comme elle une chambre héréditaire, pour contre-balancer l'influence de la chambre élective. Aussi, bien que l'acte additionnel renfermât plusieurs dispositions conformes aux besoins de l'époque, l'esprit public en reçut une impression désagréable. Les libéraux ne trouvèrent aucune garantie dans cet acte additionnel, qu'un nouvel acte additionnel pouvait remplacer d'un jour à l'autre. La bourgeoisie, déçue dans son attente, craignit le retour de l'ancien despotisme. Les républicains et le peuple ne furent pas plus satisfaits. « Quoi, disaient-ils, loin de s'apercevoir que c'est le rétablissement « de la noblesse héréditaire qui a préci« pité la fin de son premier règne, il ne << voit rien de mieux à faire, pour signaa ler son retour, que de constituer sur « des bases solides cette nouvelle aristo« cratie de naissance : les Bourbons ne << demandaient pas autre chose. » Tout le monde fut mécontent, peuple et bourgeoisie. L'empereur avait été d'autant plus coupable, que les avis ne lui avaient pas manqué. Un grand nombre de ses conseillers l'avaient supplié de ne pas tromper ainsi l'espoir de la France. Carnot s'était opposé de toutes ses forces à la publication d'un acte qui sanctionnait l'institution de la pairie héréditaire. Dans l'espoir de le détourner de son funeste dessein, il s'était servi des expressions même qui avaient été employées sous le consulat pour justifier l'institution de la Légion d'honneur. Il avait conjuré l'empereur de ne pas confondre « la gloire acquise avec la gloire héritée,» de distinguer « les grands hommes des descendants

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des grands hommes. » Rien n'avait pu l'ébranler. On trouvera à l'article ACTE ADDITIONNEL le texte de ce document curieux et une analyse raisonnée de ses principales dispositions; ici, nous avons du nous borner à dire en peu de mots ce qu'il avait de choquant pour la nation. Dès lors, Napoléon ne dut plus compter que sur l'armée. C'était en effet son point d'appui de prédilection. « Le cabinet d'un roi doit être une tente et non un oratoire, >> avait-il dit en faisant enlever les livres qui couvraient la table où travaillait Louis XVIII. II y a dans ce peu de mots une condamnation de l'empire et de la restauration; les soldats dominaient à la cour impériale, comme les prêtres à la cour des Bourbons. Or, la France ne veut être dominée ni par les prêtres ni par les soldats.

La fameuse assemblée du champ de mai, promise avec tant de pompe par le décret du 13 mars, avait perdu aux yeux de la nation une grande partie de son importance, depuis la promulgation de l'acte additionnel. Cependant une grande fédération eut lieu, non pas le 26 mai, comme il avait d'abord été dit, mais le 1er juin, dans le Champ de Mars. L'empereur fit tous ses efforts pour lui donner un caractère national. A la veille de partir pour la frontière, il voulut montrer à l'Europe coalisée quelles forces redoutables il laissait derrière lui. C'est dans ce sens qu'il faut interpréter les paroles qu'il adressa aux fédérés des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau dans la plaine du Champ de Mars.

« Soldats fédérés des faubourgs Saint<«< Antoine et Saint-Marceau, je suis « venu seul, parce que je comptais sur << le peuple des villes, les habitants des « campagnes et les soldats de l'armée, « dont je connaissais l'attachement à « l'honneur national. Vous avez tous justifié ma confiance. J'accepte votre « offre. Je vous donnerai des armes; « je vous donnerai pour vous guider « des officiers couverts d'honorables « blessures et accoutumés à voir fuir « l'ennemi devant eux.

«

« Soldats fédérés, s'il est des hom

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mes dans les hautes classes de la société qui aient déshonoré le nom français, l'amour de la patrie et le ⚫ sentiment de l'honneur national se * sont conservés tout entiers dans le < peuple des villes, les habitants des a campagnes et les soldats de l'armée. « Je suis content de vous voir. J'ai ⚫ confiance en vous. Vive la nation! »> C'était une manière adroite de détruire la mauvaise impression qu'avait produite l'acte additionnel. En effet, l'enthousiasme national reparut un instant; mais c'étaient des actes et non pas des paroles qui pouvaient entretenir cet enthousiasme renaissant. Dans la même solennité, une députation des électeurs réunis à Paris présenta à l'empereur le résultat du dépouillement des votes sur l'acte additionnel. D'après leur calcul, treize millions de citoyens avaient accepté la nouvelle charte; quatre mille l'avaient repoussée. L'empereur essaya de faire oublier à la nation la déception qu'elle venait d'éprouver en répondant de belles paroles au président de la députation : « Mesa sieurs, dit-il, empereur, consul, soldat, je tiens tout du peuple. Dans la prospérité, dans l'adversité, sur le champ de bataille, au conseil, sur le « trône, dans l'exil, la France a été «l'objet unique et constant de mes pensées et de mes actions.

Vous allez retourner dans vos dé«partements. Dites aux citoyens que les circonstances sont grandes! qu'avec ⚫ de l'union, de l'énergie et de la persévérance, nous sortirons victorieux de cette lutte d'un grand peuple contre ses oppresseurs; que les gé«nérations à venir scruteront sévère⚫ment notre conduite; qu'une nation a tout perdu quand elle a perdu l'indépendance. Dites-leur que les rois étrangers que j'ai élevés sur le trône, ou qui me doivent la conservation de leur couronne, qui tous, au temps ⚫ de ma prospérité, ont brigué mon alliance et la protection du peuple français, dirigent aujourd'hui tous leurs coups contre ma personne. Si « je ne voyais que c'est à la patrie qu'ils « en veulent, je mettrais à leur merci

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« cette existence contre laquelle ils se a montrent si acharnés. Mais dites << aussi aux citoyens, que tant que les « Francais me conserveront les senti«ments d'amour dont ils me donnent << tant de preuves, cette rage de nos <«< ennemis sera impuissante.

«< Français ! ma volonté est celle du « peuple, mes droits sont tous siens; « mon honneur, ma gloire, mon bon« heur, ne peuvent être autres que « l'honneur, la gloire et le bonheur de << la France. »>

Malgré ces deux discours, la cérémonie du champ de mai n'eut pas l'heureuse influence que l'empereur s'en était promise. La première émotion passée, les partis revinrent à leurs idées de défiance; d'ailleurs, si l'impression avait été vive, il s'en fallait de beaucoup qu'elle eût été unanime. La bourgeoisie trouvait que l'empereur penchait trop ouvertement vers le peuple; le peuple l'accusait de compter trop exclusivement sur l'armée. Les intrigants feignaient aussi d'avoir été trompés; ils disaient ouvertement que l'empereur avait manqué à sa promesse d'abdiquer au champ de mai en faveur de son fils. C'était un bruit qu'ils s'efforçaient d'accréditer, et auquel plusieurs paroles de découragement échappées à l'empereur semblaient donner quelque consistance. Les électeurs euxmêmes, qui s'étaient attendus à toute autre chose, manifestaient leur désappointement. [Voyez CHAMP DE MAI (assemblée du)].

Espérant réchauffer l'esprit public, l'empereur conçut alors l'idée d'une grande fête de famille, qui eut lieu le 4 juin dans le sein même de son palais. Dix mille personnes furent réunies dans les galeries du Louvre, dont un côté était occupé par les députations de l'armée, et l'autre par les représentants et les électeurs de l'empire. En présence de cette assemblée, Napoléon remit ses aigles aux électeurs et aux régiments. Enfin, le 7 juin, il fit lui-même l'ouverture des chambres, par un discours dans lequel il leur demanda leur concours pour faire triompher la cause sainte du peuple. » Il croyait n'avoir

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rien à redouter de la chambre des pairs qui était son ouvrage; mais celle des représentants, où figuraient la Fayette et Lanjuinais, et qui avait choisi ce dernier pour président, ne lui inspirait pas la même confiance. Aussi lorsque, quelques jours après, Lanjuinais vint, à la tête d'une députation, déposer aux pieds du trône une adresse qui renfermait les vœux de l'assemblée, l'empereur répondit en ces termes : «< La <«< constitution est notre point de ralliement; elle doit être notre étoile « polaire dans ces moments d'orage. « Toute discussion publique qui ten<< drait à diminuer directement ou in<< directement la confiance qu'on doit << avoir dans ses dispositions serait un << malheur pour l'État; nous nous trou« verions au milieu des écueils, sans << boussole et sans direction. N'imitons << pas le Bas-Empire, qui, pressé de << tout côté par les barbares, se rendit « la risée de la postérité, en s'occupant << de discussions abstraites, au moment <«< où le bélier brisait les portes de la « ville.» Ainsi, même avec la toutepuissance qu'il s'était arrogée, il n'avait pas pu se procurer une majorité dans la représentation nationale. Un autre passage de sa réponse montre que l'acte additionnel ne lui paraissait pas à lui-même une constitution définitive. « Premier représentant du peuple, j'ai contracté l'obligation, que « je renouvelle, d'employer, dans des << temps plus tranquilles, toutes les prérogatives de la couronne, et le « peu d'expérience que j'ai acquise, à « vous seconder dans l'amélioration de « nos constitutions. »

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Le 12 juin, il quitta la capitale pour marcher à la rencontre de l'ennemi. En moins de trois mois, il avait levé une armée de quatre cent mille hommes, et s'était mis en état de faire tête à l'Europe conjurée. Cela tenait du prodige. Mais il laissait derrière lui une nation divisée, sans foi dans un vain simulacre de constitution, et à moitié convaincue que l'empereur redeviendrait aussi despote qu'autrefois, dès que la victoire aurait rendu à ses armes leur ancien prestige. D'un autre

côté, il était évident que le moindre échec ne manquerait pas de redoubler l'audace des agents de la coalition, et de cette tourbe de traîtres qui s'acharnaient à la perte du grand homme. On peut voir aux articles FLEURUS, LIGNY et WATERLOO, les prodiges de courage dont les soldats français donnèrent une seconde fois le spectacle au monde. Malheureusement, la trahison l'emporta sur la valeur de l'armée aussi bien que sur le génie de son chef, et l'empereur revint à Paris après une horrible défaite. Dans ces graves circonstances, son énergie sembla l'abandonner. Il pouvait encore se relever par un appel au peuple, qui ne se montra jamais plus décidé à verser son sang pour la patrie. Il n'en fit rien. Le 20 juin, à neuf heures du soir, il rentra dans Paris, qu'il trouva consterné et en proie aux plus vives agitations. Oubliant que ce n'est pas lorsque la patrie est en danger qu'il convient de lier les mains au chef de l'Etat, la chambre des représentants, sur la motion de la Fayette, se constitua en permanence, et déclara traître à la patrie quiconque tenterait de la dissoudre. La chambre des pairs imita celle des représentants. Dès lors, l'empereur se trouva dans la nécessité de faire un coup d'État ou de consentir à cette abdication en faveur de son fils, dont l'intrigue avait toujours fait le but de ses efforts. Un seul homme dans le conseil s'opposa à l'abdication, c'était Carnot, celui qui seul avait combattu aussi l'établissement de l'empire. Voyant son opinion méconnue, il ne put retenir ses larmes. L'empereur lui dit alors: « Je vous ai connu trop tard. » Ce n'était pas lui seulement que l'empereur avait ainsi méconnu, c'était toute cette France démocratique qu'il représentait, et qui sentait son altachement pour Napoléon redoubler, à mesure que la haine des rois le poursuivait avec plus d'acharnement. Lorsqu'il eut abdiqué, à la condition que la couronne passerait à son fils, les représentants, ou plutôt les intrigants qui les menaient, refusèrent de recon

naître Napoléon II. Il comprit alors qu'on avait retourné sa modération contre lui-même; mais il était trop tard, les chambres avaient nommé un gouvernement provisoire composé de cinq membres, parmi lesquels figurait l'infâme Fouché, qui l'avait trahi dès le commencement, et qu'il avait eu l'imprudence de laisser à la police, après avoir eu l'intention de le faire fusiller. Vainement il offrit ses services, non plus comme empereur, mais comme général, on le refusa. Relégué d'abord à l'Élysée, où il entendait les acclamations du peuple qui demandait à courir sous ses ordres au-devant des étrangers, il dut, le 25 juin, se retirer à la Malmaison. Deux jours après, sur une marche imprudente de l'ennemi, qu'il pouvait prendre en défaut, il offre de nouveau de servir la patrie en qualité de soldat; nouveau refus. Fouché le fait garder à vue par le général Becker. Cependant les sympathies de l'armée et des masses étaient encore si prononcées pour lui, qu'il songea un moment à faire un nouveau 18 brumaire. La crainte seule d'allumer la guerre civile l'en empêcha. A partir de ce moment, il est complétement vaincu; repoussé comme souverain, repoussé comme général, le voilà condamné à sortir de cette France, où il venait de rentrer en triomphateur.

En effet, le 29 juin, il quitte la Malmaison et part pour Rochefort, dans l'intention de passer aux ÉtatsUnis. Mais pour son départ comme pour son abdication, il était destiné à être victime de la plus noire perfidie. Arrivé le 3 juillet à Rochefort, il s'embarque le 8, dans l'intention de se rendre aux États-Unis ; mais les saufsconduits qu'on lui avait promis pour le décider au départ n'arrivent pas. Le 14, il était encore à l'île d'Aix, toujours dans l'attente, ne pouvant sans un sauf-conduit échapper à la croisière anglaise qui le cerne de toutes parts. Abandonné, trahi, il accepte l'offre du capitaine Maitland, qui se charge de le conduire en Angleterre. Espérant trouver plus de générosité

dans les Anglais que dans les ennemis qui le poursuivent avec tant d'acharnement en France, il écrit au prince régent d'Angleterre une lettre qui aurait enchaîné tout autre gouvernement que le gouvernement anglais. Vain espoir! jamais l'Angleterre n'a reculé devant un crime, lorsque ce crime était utile à ses desseins. Le 26 juillet, le Bellerophon arriva dans la rade de Plymouth, où le peuple anglais fit à Napoléon un accueil digne de son infortune, mais ne put empêcher le cabinet de Saint-James de l'envoyer mourir en exil à Sainte-Hélène. L'empereur répondit à la perfidie du gouvernement anglais par une admirable protestation, qui restera comme un monument impérissable pour éterniser la honte de l'Angleterre. Le 7 août, Napoléon passa à bord du Northumberland, qui sortit le 11 du canal de la Manche, et mouilla le 15 octobre dans la rade de Sainte-Helène. En passant à la hauteur du cap Hogue, Napoléon put jeter une dernière fois les yeux sur la terre de France. «< Adieu, « terre de braves! dit-il avec effusion, « adieu, chère France! quelques traî<< tres de moins, et tu serais encore la << maîtresse du monde! »>

Quelque blâmable que nous ait paru à nous-même la politique suivie par Napoléon pendant les cent jours, nous ne pouvons approuver la conduite tenue par la représentation française à cette époque orageuse. Sans doute, la génération d'alors avait raison de vouloir la liberté; mais elle a été cruellement punie de son zèle intempestif, et nous savons maintenant ce qu'il en coûte de recevoir un maître d'une main ennemie. La plus grande honte que puisse subir une nation n'est pas d'avoir été conquise, d'avoir vu sa capitale presque mise au pillage, ses provinces dévastées et toutes ses gloires insultées, c'est d'être forcée d'obéir à ceux qu'elle avait durant vingt ans chassés devant ses armées victorieuses. Avec Napoléon, le despotisme était glorieux au moins et passager surtout; avec les Bourbons, il était honteux, et aurait été durable,

T. IV. 24° Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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