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ligieuse préserva seule de ce malheur. Aussi Catherine de Médicis, qui avait été le gage de ce retour vers la papauté, manifesta-t-elle dans le principe autant de ferveur pour les devoirs du catholicisme que pour les plaisirs de la chasse, amusement favori de François Ier.

Cependant sa position à la cour était d'autant plus précaire que son époux infidele ne tarda pas à lui donner une rivale, et qu'elle-même resta stérile pendant dix ans. Que de ménage ments, que de ruses ne lui faliut-il pas pour éviter le divorce, surtout après que la mort du dauphin, empoisonné par elle, dit-on, eut placé Henri sur le premier degré du trône! Flatter Francois Ier, s'associer à tous ses plaisirs, l'entretenir dans l'amour des lettres et des beaux-arts, pour lesquels il avait eu un penchant si vif, le charmer par les agréments d'une conversation non moins profonde que brillante, témoigner la plus vive affection à la duchesse d'Etampes, sa maîtresse; tel fut le systeme qu'elle adopta pour désarmer le père. Elle ne fut pas moins adroite avec le fils. Fermant les yeux sur toutes ses galanteries, elle redoubla pour lui de prévenances et de marques d'amour; elle vécut en bonne intelligence avec Diane de Poitiers; elle feignit d'aimer la maîtresse de son mari. Sans doute, elle n'oublia pas non plus de rappeler au roi et à celui qui devait lui succéder, que, dans la famille des Médicis, les femmes tardaient ordinairement à être mères, mais qu'elles finissaient par avoir une nombreuse postérité, et qu'ainsi sa stérilité n'était qu'apparente, comme celle des autres femmes de sa famille. Dans tous les cas, elle fit si bien qu'elle évita le divorce, dont elle fut longtemps menacée.

Lorsque, trois ans après l'avénement de Henri II à la couronne, elle eut mis un fils au monde, elle s'occupa du soin de son éducation, de manière à ne jamais lui permettre de s'affranchir de la tutelle maternelle. Elle se conduisit de même à l'égard des deux autres fils et des deux filles

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qu'elle eut plus tard. On ne saurait croire jusqu'où, dans l'intérêt de son ambition, cette femme poussait la rigidité envers ses enfants, et quel empire elle avait pris sur eux. Le passage qui suit, extrait des mémoires de la reine Marguerite, femme de Henri IV, en fera juger. Voici comment son frère, le duc d'Anjou, peu avant la bataille de Moncontour, la pria de le maintenir, pendant son absence, en faveur auprès de la reine mère. «Ma sœur, dit le duc d'Anjou, je vous connais assez d'esprit et de jugement pour me pouvoir servir auprès de la reyne ma mère, et pour << me maintenir en la faveur où je « suis. Or, mon principal appuy est « d'estre conservé en sa bonne grâce. « Je crains que l'absence n'y nuise; «<et, toutes fois, la guerre et la charge « que j'ay me contraignent d'être pres« que toujours esloigné. Cependant « le roy_mon frère est toujours au« près d'elle, la flatte, et lui complaist « sans cesse. Je crains qu'à la longue « cela ne me porte préjudice. En cette appréhension, songeant les moyens « pour y remédier, je trouve qu'il est « nécessaire d'avoir quelques person<< nes très-fidèles, qui tiennent mon

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party près de la reyne ma mère. Je « n'en connois point de si propre «< comme vous, que je tiens comme « un second moy-même. Pourveu que « vous me vouliez tant obliger que d'y apporter de la subjection (vous «< priant d'être toujours à son lever, « à son cabinet et à son coucher, bref a tout le jour); cela l'obligera de communiquer à vous. Parlez-luy avec << assurance, comme vous faites à « moy, et croyez qu'elle vous aura agréable; ce vous sera un grand<< heur et bonheur d'estre aimée d'elle. « Vous ferez beaucoup pour vous et « pour moy; et moy je vous tiendrai, « après Dieu, pour la conservation de « ma bonne fortune. »> Ce langage « me fust fort nouveau, pour avoir jusques alors vécu sans dessein, et « avoir été nourrie avec telle con« trainte auprès de la reine ma mère, « que non-seulement je ne lui osois

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parler; mais quand elle me regar« doit, je transissois de peur d'avoir « fait quelque chose qui lui dépleust. << Peu s'en fallut que je ne luy répon« dise comme Moïse à Dieu, en la vi«sion du buisson: Que suis-je, moy? envoye celuy que tu dois envoyer. « Toutes fois, trouvant en moy ce que « je ne pensois pas qui y fust, ces pa« roles me pleurent, et me sembla à « l'instant que j'estois transformée, « et que j'estois devenue quelque chose « de plus que je n'avois esté jusques « alors. Tellement que je commençay « à prendre confiance en moy-même, « et luy dis: « Mon frère, si Dieu me << donne la capacité et la hardiesse de parler à la reyne ma mère, comme «j'ay la volonté de vous servir en ce << que vous désirez de moy, ne doutez point que vous n'en retiriez l'utilité << et le contentement que vous vous en « estes proposé.

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Ce duc d'Anjou, qui parlait si timidement de sa mère, devint roi plus tard, sous le nom de Henri III, et osa se soustraire à son joug. Comme il l'avait prévu, Catherine de Médicis, trop heureuse de pouvoir se servir des confidences de ses enfants, pour les tenir toujours désunis, autorisa Marguerite à rester près d'elle et à lui parler librement. « Ces paroles, ajoute Marguerite dans ses Mémoires, « firent ressentir à mon âme ce qu'elle n'avoit jamais ressenti, un « contentement si démesuré, qu'il me « sembloit que tous les contentements « que j'avois eus jusqu'alors n'estoient « que l'ombre de ce bien. J'obéis à cet agréable commandement, ne man« quant un seul jour d'estre des pre<< mières à son lever et des dernières « à son coucher. Elle me faisoit cet << honneur de me parler quelquefois << deux ou trois heures, et Dieu me « faisoit cette grâce, qu'elle restoit si << satisfaite de moy, qu'elle ne s'en « pouvoit assez louer à ses femmes. »>

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L'ascendant maternel s'exerça-t-il jamais avec plus de tyrannie? Lorsque le duc d'Anjou, devenu roi, re

fusa d'imiter la condescendance de Charles IX, Catherine de Médicis le

fit trembler sur le trône, en lui opposant la princesse Claude, son autre sœur, mariée au duc de Lorraine, et en le menaçant de la faire couronner à sa place, s'il persévérait dans ses sentiments d'indépendance.

On devine ce que devait être à l'égard des personnages politiques qui lui portaient ombrage, la conduite d'une femme qui comprenait ainsi les devoirs de la maternité. Entouree d'une troupe d'empoisonneurs et de sicaires qu'elle avait fait venir d'Italie, et d'un essaim de jolies femmes qui composaient son entourage, Catherine de Médicis se défaisait de ceux que la séduction ne pouvait atteindre. Elle flattait, promettait, menaçait, suivant le besoin des circonstances, savait même se prêter à des amours qu'elle croyait nécessaires.

et

Sous le règne de Henri II, elle eut des rapports d'intimité avec le cardinal de Lorraine, dont la protection lui fut extrêmement utile. Elle était fort belle, galante comme toutes les grandes dames de ce temps, mais audessus de ses passions, elle s'en servait plutôt qu'elle ne leur obéissait. Le portrait qu'en a tracé Varillas est trop ressemblant pour que nous le passions sous silence. « Catherine, dit-il, avait la taille admirable; la majesté de son visage n'en diminuait pas la douceur; elle surpassait les autres dames de son siècle par la blancheur du teint, par la vivacité des yeux; quoiqu'elle changeât souvent d'habits, toutes sortes de parures lui seyaient si bien, qu'on ne pouvait discerner celle qui lui était la plus avantageuse. Le beau tour de ses jambes lui faisait prendre plaisir à porter des bas de soie bien tirés; et ce fut pour les montrer, qu'elle inventa la mode de monter nu-jambes sur le pommeau de la selle, en allant sur les haquenées, au lieu d'aller, comme on disait, à la planchette (*). Elle inventait de temps en

(*) La planchette était un large étrier d'or ou d'argent sur lequel les dames posaient les deux pieds; elles se trouvaient ainsi assises de còté sur le cheval. Aujourd'hui encore cet

CAT

FRANCE.

temps des modes également galantes et superbes; et comme on ne vit jamais un si grand nombre de belles dames qu'elle en eut à sa suite, on ne la vit jamais plus brillante. Il semblait que la nature lui eût donné toutes les vertus et tous les vices de ses ancêtres. Elle avait l'attachement de Côme le Vieux pour l'argent; mais elle ne le ménageait pas mieux que Pierre Jer, fils de Côme, son trisaïeul. Elle était magnifique au delà de ce qu'on avait vu dans les siècles précédents, comme Laurent, son bisaïeul, et n'était pas moins raffinée en politique; mais elle n'avait ni la droiture de ses sentiments, ni sa libéralité pour les beaux esprits. Son ambition ne cédait point à celle de Pierre II, son aïeul; et, pour régner, elle ne mettait pas plus de différence que lui entre les moyens légitimes et ceux qui sont défendus. Les divertissements avaient des charmes pour elle; mais elle ne les aimait, à l'exemple de Laurent, sou père, qu'à proportion de la dépense dont ils étaient accompagnés. »

Elle était quelquefois fort leste dans ses façons et dans ses propos, s'il faut s'en rapporter au passage suivant de Brantôme: « Elle prenoit grand goût aux paulalons, et y rioit son saoûl car elle rioit volontiers, et de son naturel. elle étoit joviale et aimoit à dire le mot. »

Henri II, dominé par Diane de Poitiers, tint d'abord Catherine de Médicis éloignée du pouvoir; cependant il paraît qu'elle finit par gagner sa confiance, car il lui remit l'administration du royaume en 1552, lorsqu'il partit pour l'expédition de Lorraine. A la vérité, il lui adjoignit un conseil de régence; mais elle n'en ramena pas moins à elle toute l'autorité.

Dans ce premier passage aux affaires, elle ébaucha le système qu'elle devait développer plus tard avec tant d'impunité. En trompant tous les

usage s'est conservé dans quelques provin-
ces, notamment en Picardie, où les paysan-
nes posent les pieds sur une véritable plan-
chette.

princes qui s'étaient ligués contre
elle, elle eut l'adresse de les diviser.
Henri II étant mort peu de temps
après son retour, Catherine s'efforça
de garder les rênes du gouvernement,
que ne pouvait tenir la main débile
de son fils François II. Le succes
trompa son attente. Elle n'eut la main
heureuse que contre le faible Antoine
de Bourbon, roi de Navarre, qui, en
sa qualité de chef des huguenots,
voulait s'emparer de la direction des
affaires. Connaissant l'ascendant des
femmes sur ce prince et sur son
frère le prince de Condé, elle confia
le soin de les séduire à deux de ses
confidentes, mesdemoiselles de Li-
meuil et de Rouet, dont la beauté en
effet triompha de tous les obstacles.
Mais elle-même fut bientôt le jouet des
Guises, qui, après avoir fait cause
commune avec elle contre les hugue-
nots, devinrent assez redoutables pour
entreprendre de porter la main sur la
couronne. Alors elle passa du côté des
protestants et s'allia avec les Châtil-
lons, qui reconnaissaient pour chefs le
roi de Navarre et le prince de Condé,
l'un et l'autre vaincus par les Guises
et emprisonnés. Sur ces entrefaites,
François II, bien qu'il eût subi l'as-
cendant de Marie Stuart, sa jeune et
belle épouse, qui elle-même subissait
l'ascendant des Guises, mourut em-
poisonné par un valet qui avait été au
service de cette famille, plus ambi-
tieuse encore que catholique. Cette
mort soudaine rendit la liberté au roi
de Navarre et au prince de Condé dont
la vie était menacée, et la lutte pour
la possession du pouvoir recommença
de plus belle.

Cette fois encore, Catherine de Médicis se débarrassa facilement des prétentions du roi de Navarre, qui se désista de son droit à la régence pour la charge de lieutenant genéral du royaume. Elle eut plus de peine à gagner les états généraux qui avaient été convoqués à Orléans. Eux seuls avaient le droit de conférer la régence, et ils étaient peu disposés à remettre l'exercice du pouvoir à une étrangère. Lorsque Catherine eut ob

tenu le désistement du roi de Navarre, pour lequel penchaient les états généraux, elle mit en usage toutes les ressources de l'intrigue; puis, profitant de la considération qu'avait l'assemblée pour le chancelier de l'Hôpital, elle se présenta aux députés et se fit investir du droit d'exercer la régence pour son fils, le jeune Charles IX, qui n'avait pas encore atteint sa dixième année.

A peine reconnue comme régente, elle entreprit de ruiner la préponderance que la conjuration d'Amboise avait donnée au parti des Guises. Contre-balancer les catholiques et les protestants pour avoir raison de leurs chefs qui, les uns et les autres, nourrissaient une arrière-pensée d'usurpation, tel fut son système politique. C'était le plus conforme à son caractère et aux principes qu'elle avait puisés dans la lecture de Machiavel; mais c'était aussi le plus mauvais. La situation était d'ailleurs devenue extrêmement difficile. Que ce fussent les princes protestants ou les Guises qui prissent le dessus, c'en était fait du pouvoir de Catherine de Médicis, de l'ancienne dynastie, représentée par un roi mineur : la conjuration d'Amboise et la mort de François II ne laissent pas de doute à cet égard. Mais si les chefs du parti novateur et ceux du parti catholique avaient acquis autant d'importance, c'était parce que la nation elle-même se trouvait divisée en deux partis, que les ambitieux exploitaient sans les avoir fait naître. Il ne s'agissait de rien moins que de savoir si l'ancienne religion de l'Etat serait remplacée par une autre, comme Angleterre et dans certains pays de l'Allemagne. Les calvinistes avaient beau ne demander pour leur culte que le bienfait de la tolérance, le bon sens de la nation comprenait parfaitement que ce premier pas ne pourrait manquer d'en amener un autre. Et puis, en supposant même que les calvinistes, une fois reconnus, n'eussent pas voulu étendre plus loin leur triomphe, que serait devenue l'unité nationale? On aurait vu une France catholique et une France protestante;

en

il n'y aurait plus eu de nation française. Le parti vraiment national, qui ne parut sur la scène que deux siècles après, n'était encore représenté que par quelques hommes, vertueux, il est vrai, comme le chancelier de l'Hôpital, mais en si petit nombre qu'ils ne pouvaient rien par eux-mêmes. L'immense majorité du peuple était catholique; le calvinisme ne recrutait guère ses adeptes que dans les rangs de la noblesse, et les progrès de cette doctrine étaient le résultat d'intrigues politiques beaucoup plutôt que d'un mouvement religieux. Le pouvoir monarchique, autant par système que par conviction, devait donc rester fidèle au catholicisme, qui lui avait prêté une si grande force pour commencer l'unité politique de la France, et sans lequel cette unité ne pouvait désormais subsister. C'est ainsi que l'avaient entendu François Ier et son successeur Henri II. Le problème était déjà résolu, et, seule, Catherine de Médicis, sans comprendre la portée de ses actes, avait tout remis en question. Pour l'excuser, on ne peut même pas prétendre qu'elle subissait l'ascendant du parti des tolérants, dont le vénérable l'Hôpital etait le chef, et qui reçut plus tard le nom de parti des politiques. Catherine utilisa, il est vrai, les talents et les vertus du chancelier, tant qu'elle crut en avoir besoin; mais bien loin de nourrir les mêmes illusions que lui, elle l'abandonna du moment qu'elle se sentit capable de se passer de son assistance, et dès lors, elle ne fit plus aucune attention à lui. Il faut avouer aussi que les projets du chancelier, quelque généreux qu'ils fussent, étaient bien prématurés. Ce qui le prouve, même sans parler de l'abjuration de Henri IV, c'est que, longtemps après, ce parti des politiques dont l'Hôpital fut le précurseur, mais dont Richelieu devait être le chef, jugea encore nécessaire de s'aider du catholicisme pour consolider l'unité nationale de la France. Ainsi Catherine de Medicis n'avait aucun motif pour abandonner la politique de François Ier et de Henri II. Si elle s'en sépara, c'est parce que

ue comprenant rien aux idées qui agitaient et entraînaient la masse de la nation, elle ne vit que les intrigues des Guises et des princes protestants pour arriver au trône; elle ne vit, en un mot, que la superficie des choses. Les Guises, dira -t-on peut-être, l'avaient devancée, ils s'étaient mis à la tête du parti catholique. Cela est vrai; mais ce qui l'est aussi, c'est que les Guises n'avaient pu se parer du titre de protecteurs de la religion de l'État que parce que Catherine de Médicis, malgré l'exemple de François Ier et de Henri II, s'était rangée du côté des protestants, ou plutôt avait adopté un système de bascule qui leur était favorable. C'est lors de sa première régence, en 1552, qu'elle était ouvertement_entrée dans cette voie funeste. Les Guises avaient habilement profité de la faute qu'elle avait commise; c'est effectivement à partir de cette époque qu'ils commencèrent à acquérir une popularité toujours croissante, et que n'expliqueraient pas suffisamment les succès du duc de Guise, dans l'expédition de Lorraine sous Henri II. Au commencement du règne de Charles IX, Catherine de Médicis aurait encore pu réparer le mal que ses aberrations avaient causé. Si elle s'était, alors, franchement déclarée pour le parti catholique, qui était aussi le parti national, le peuple, oubliant qu'elle était étrangère, se serait bien vite rallié sous le drapeau de la mère du monarque légitime. La révélation des intelligences secrètes entretenues par les Guises avec la cour de Rome et avec l'Espagne aurait fait tomber le masque dont se couvraient ces ambitieux; quant aux princes protestants, le peu de faveur dont ils jouissaient auprès des masses ne leur aurait pas permis de travailler longtemps avec impunité au démembrement de la France, ou, pour le moins, au retour de la monarchie féodale. Lorsque Henri III revint à ce système, et voulut supplanter les Guises en se proclamant lui-même le chef de la ligue, il était déjà bien tard;

et néanmoins, sans le poignard de Jacques Clément, on ne peut pas trop prévoir ce qui serait arrivé.

Mais Catherine de Médicis se proposait de régner bien plus que de suivre les errements de l'ancienne monarchie. Que lui importait l'avenir de la France? Que lui importait l'effusion du sang français ? Elle-même a pris soin de résumer son caractère en un mot Soit, pourvu que je règne. On connaît le scepticisme religieux de la femme qui a ordonné le massacre de la Saint-Barthélemy. A la bataille de Dreux, la victoire qui avait d'abord penché du côté des protestants, fut ramenée, après un nouvel engagement, sous les drapeaux des catholiques par l'audace du duc de Guise. Un courrier étant venu annoncer à la cour la nouvelle de l'avantage remporté par les protestants, Catherine de Médicis s'écria : « Eh bien! nous entendrons la messe en français. Lorsqu'un second courrier vint apprendre la brillante manière dont le duc de Guise avait relevé l'honneur des catholiques, elle changea brusquement de langage, et manifesta la plus grande joie de ce bonheur inespere. Ce trait peint Catherine de Médicis entière.

Quand les calvinistes, grâce au concours qu'elle leur avait prêté, eurent grandi en nombre et en puissance, elle fut la première à conseiller à Charles IX de donner son approbation à l'horrible guet - apens qu'elle avait médité contre eux. En agissant ainsi, elle cédait probablemement aux injonctions de l'Espagne. de la cour de Rome et de la faction des Guises, que toutes ses intrigues n'avaient pu empêcher de se fortifier. Effrayés des progrès accomplis par la secte nouvelle, exaspérés par les cruautés qu'elle avait commises dans plusieurs occasions et par la morgue aristocratique de ses chefs, les catholiques étaient décidés plus que jamais à poursuivre cette lutte avec opiniâtreté. Comme ils étaient les plus nombreux et les plus forts, Catherine revint à eux, dès

T. IV. 19 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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