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Léon et de Castille; ce dernier, qui prenait le titre d'empereur des Espagnes, étala une grande pompe, lorsque le roi de France vint en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Mais Constance, que Louis épousa en 1154, ne lui apporta rien qui pût l'indemniser des Etats qu'il avait perdus en divorçant avec Eléonore: elle ne lui donna qu'une fille, et mourut en

1160.

Quarante années plus tard, un second mariage eut lieu entre les deux familles royales de France et de Castille. Par le traité conclu en 1200, entre Philippe-Auguste et Jean sans Terre, il fut convenu que Louis, fils de Philippe, épouserait Blanche de Castille, fille d'Alphonse VIII et d'Eléonore, sœur du roi d'Angleterre ; et Jean, pour doter sa nièce, accorda en fief au prince français Issoudun, Gracay, et tout ce qu'il possédait dans le Berri, avec une somme de vingt mille marcs d'argent, au prix de treize scus quatre deniers sterling le marc.

Pendant le cours du treizième siècle, les relations de la France avec la Castille devinrent encore plus actives. Le célèbre legat Arnaud Amauri, qui s'était signalé par son fanatisme cruel dans les guerres contre les Albigeois, fut chargé, en 1212, par Innocent III, de prêcher en France une croisade contre les Maures d'Espagne. Il passa les Pyrénées avec l'archevêque de Bordeaux, l'évêque de Nantes, et un grand nombre de barons et de pèlerins d'Aquitaine, de France et d'Italie. Mais ces bandes indisciplinées et rendues féroces par les guerres de religion ne se signalèrent que par le massacre des juifs de Tolède, et revinrent en France sans même avoir assisté à la grande bataille de Navas de Tolosa qui sauva l'indépendance de l'Espagne.

Saint Louis, fidèle à la politique de ses prédécesseurs, appuya de tout son crédit l'élection à laquelle Alphonse X, roi de Castille et de Léon, dut le titre d'empereur d'Allemagne, élection qui, du reste, n'eut pas de résultats. Philippe le Hardi, dès son avénement au trône, dirigea toute

son attention vers l'Espagne, et entretint des relations avec les seigneurs influents de Castille, d'Aragon et de Navarre. En 1176, sous le prétexte de faire valoir les droits des fils de Blanche sa sœur, les infants de Cerda, que les Castillans repoussaient du trône, à cause de leur bas âge, il envoya au delà des Pyrénées, sous les ordres de Robert d'Artois, une nombreuse armée qui prit et pilla Pampelune. Il se mit lui-même à la tête d'une seconde armée; mais le manque de vivres le força bientôt de renoncer à son entreprise. Ce fut en vain que le pape, pour terminer la guerre, indiqua à Toulouse un congrès entre les ambassadeurs de France et de Castille; les premiers seuls s'y rendirent. Cependant, l'année suivante, sur les instances réitérées du pontife, eut lieu à Bordeaux une conférence qui n'amena aucun résultat; et, malgré la puissante diversion des deux grands seigneurs castillans auxquels Philippe faisait payer annuellement vingt-deux mille livres pour entrenir la guerre en Castille, il ne put jamais tenter rien d'important contre ce royaume. La paix ne fut faite qu'après sa mort. Par le traité de Lyon (12 juillet 1288), Philippe le Bel renonça pour les infants de Cerda à la couronne de Castille, sous la condition que l'aîné de ces princes, qui tous deux étaient alors prisonniers du roi d'Aragon, recevrait en fief le royaume de Murcie, et que don Sanche, roi de Castille, attaquerait l'Aragon pour en faciliter la conquête à Charles de Valois, frère du roi de France. Cette alliance fut resserrée en 1290, par la renonciation de Philippe le Bel aux droits qu'il prétendait avoir sur la Castille, du fait de Blanche, son aïeule. En retour, don Sanche repoussa toutes les avances que lui fit Édouard I, roi d'Angleterre, pour l'engager dans une guerre contre la France.

Nos relations avec la Castille languirent ensuite pendant trois quarts de siècle; et l'on vit même la Castille s'allier intimement avec l'Angleterre. Aussi Charles le Sage saisit-il avec

empressement l'occasion que lui offrit la lutte de Pierre le Cruel et de Henri de Transtamare, pour s'immiscer dans leurs affaires et rendre à l'influence française toute sa prépondérance. Dès le mois de juillet 1361, Henri de Transtamare et de nombreux Castillans qui s'étaient dévoués à sa fortune et avaient été proscrits par Pierre le Cruel, arrivèrent en Languedoc. Ils y vécurent pendant deux années aux dépens des malheureux habitants, sur lesquels ils exercèrent beaucoup de brigandages; puis ils repassèrent les Pyrénées, et, en 1365, ils furent rejoints par Jean de Bourbon, comte de la Marche, et Bertrand du Guesclin, conduisant avec eux ces fameuses compagnies qui avaient aussi dévasté si longtemps la France. Cette expédition devant être racontée ailleurs en détail (voyez DU GUESCLIN et GRANDES COMPAGNIES), nous nous bornerous ici à dire qu'à la suite de plusieurs échecs elle réussit complétement, et que Henri de Transtamare monta sur le trône de son frère après l'avoir tué de sa propre main.

La France ne tarda pas à retirer un grand avantage des secours qu'elle avait prêtés au nouveau roi. En effet, loin de le reconnaître, Édouard III avait fait épouser à ses propres fils, Jean de Gand et Edmond, les deux filles de Pierre, Constance et Isabelle, et il avait fait prendre à Jean, au nom de sa femme, le titre de roi de Castille. Henri se voyant alors directement menacé, embrassa avec ardeur la cause de Charles V, à la disposition duquel il mit toutes ses flottes, pour l'aider à chasser les Anglais de l'Aquitaine. Le 23 juin 1372, devant le port de la Rochelle, le grand amiral de Castille, Ambrosio Boccanegra, à la tête de quarante gros vaisseaux, détruisit complétement, après deux jours de combat, la flotte anglaise, commandée par le comte de Pembroke pas un navire, pas un chevalier ne s'échappa. Tout fut pris, coulé à fond ou tué.

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Quelques années après, le roi de Castille fit encore, en faveur de la

France, une puissante diversion dans le royaume de Navarre, dont le roi, Charles le Mauvais, fut obligé de se retirer en Angleterre pour implorer le secours de Richard II. Après la mort de Henri de Transtamare et de Charles le Sage, leurs successeurs, Jean de Castille et Charles VI, s'empressèrent de renouveler une alliance qui avait été si profitable aux deux pays. Lorsque Jean de Gand, duc de Lancastre, et Jean d'Avis, roi de Portugal, firent valoir, à main armée, leurs pretentions au trône de Castille, la France secourut avec vigueur le fils de Henri. Le sire de Coucy, le Barrois des Barres, Tristan de Roye, Robert de Braguemar, furent successivement envoyés en Espagne, et y précédèrent de nombreux renforts que l'amour du pillage entraînait au delà des Pyrénées.

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Quand les nouvelles, dit Froissard, en furent venues aux pauvres compagnons,chevaliers et écuyers,en Beauce, en Berri, en Auvergne, en Poitou et en Bretagne, comment leurs gens étoient enrichis en Castille, si furent plus diligens, et âpres assez de partir de leurs maisons et d'aller en Espagne, puisque renommée couroit que on pilloit aussi bien sur terre d'amis comme d'ennemis. Enfin, en 1387, des négociations ayant été ouvertes entre les trois compétiteurs, Olivier du Guesclin, qui avait succédé à son frère Bertrand dans sa charge de connétable de Castille, renvoya en France trois ou quatre mille lances auxiliaires, et n'en garda guère que trois. cents qui lui suffirent néanmoins pour reconquérir complétement la Galice, tombée au pouvoir du duc de Lancastre. Le successeur de Jean Ier, Henri III, renouvela l'alliance avec la France.

Pendant la longue et sanglante guerre qui eut pour résultat d'expulser les Anglais de notre patrie, la France, uniquement occupée de sauver sa nationalité, n'eut aucun rapport avec la Castille. Mais en 1462, à propos d'un soulèvement qui eut lieu en Catalogne, une guerre ayant éclaté entre Jean, roi d'Aragon, et Henri IV,

roi de Castille, le roi de France, Louis XI, fut choisi pour médiateur, et le 23 avril 1463, il prononça à Bayonne, et publia ensuite à Muret une sentence arbitrale entre les deux souverains. Presque aussitôt après il se rendit sur les bords de la Bidassoa, où il devait avoir une entrevue avec Henri IV. Ce prince y déploya une grande magnificence, et chacun de ses courtisans chercha à rivaliser de luxe avec lui, tandis qu'au contraire Louis XI affectait une simplicité exagérée. Son habit était d'un drap commun, de couleur brune, et sa tête était couverte d'un vieux chapeau, orné seulement d'une petite madone de plomb; sa suite s'était conformée à sa simplicité. Les Espagnols, qui avaient regardé cette entrevue comme fête, furent blessés de la conduite de Louis XI. « Les deux rois se séparèrent mécontents l'un de l'autre, dit M. de Sismondi, et les deux nations, à partir de cette époque, semblèrent avoir changé en haine leur ancienne amitié. »

une

Les rapports intimes qui venaient de s'établir entre la France et l'Aragon étaient la principale cause de cette brouille. Il n'y avait pas un an que Louis XI avait eu une entrevue avec don Juan II d'Aragon et avait fourni des secours à ce prince, qui, en retour, avait cédé au roi de France la Cerdagne et le Roussillon pour la somme de deux cent mille écus, à laquelle était évalué l'entretien des sept cents lances mises à sa disposition pour faire rentrer dans le devoir les Navarais et les Catalans révoltés.

A la mort de Henri IV, sa sœur Isabelle ayant été élevée sur le trône au détriment de Jeanne, fille du dernier roi, Louis XI prit le parti de l'héritière légitime, et quelques hostilités eurent lieu entre les Français et les Espagnols. Alphonse V, roi de Portugal et mari de Jeanne, vint même à Paris implorer le secours du roi de France, mais déjà les dispositions de Louis XI n'étaient plus les mêmes; il ne put rien obtenir, et un traité fut signé à Saint-Jean de Luz, le 9 octobre 1478, entre l'Es

pagne et la France. Ferdinand d'Aragon, qui avait épousé Isabelle, rénonça à toute alliance avec l'empereur Maximilien d'Autriche, tandis que, de son côté, Louis XI s'engageait à ne donner aucune assistance à Jeanne et au roi de Portugal. Cette alliance fut confirmée par une ambassade que Ferdinand et Isabelle envoyèrent en France l'année suivante, et à laquelle le roi fit rendre les plus grands honneurs. A cette époque, la réunion de la Castille à l'Aragon, sous le sceptre d'Isabelle et de Ferdinand, élevá au delà des Pyrénées un royaume aussi puissant que la France, et dans lequel s'absorba complétement l'individualité de la Castille.

Ainsi donc, pour résumer ce qui précède, les relations de la France avec la Castille ont presque toujours été amicales. Il en fut ainsi, parce que l'alliance des deux pays reposait sur des intérêts communs. La France eut tour à tour besoin de la Castille pour repousser les Anglais de la Guienne et les rois d'Aragon. La Castille n'avait pas moins besoin de la France pour résister aux attaques des Maures et à celles des Aragonais.

Pour la France, la Castille avait été une barrière naturelle qui la protégeait contre les invasions des Maures. Elle l'avait compris, et lui avait envoyé de nombreux essaims de chevaliers qui contribuèrent puissamment à ses succès contre l'islamisme. De toutes les nations chrétiennes, la France a toujours été celle qui paya le plus généreusement şa dette contre les musulmans. Dans toutes les croisades en Catalogne, en Portugal, dans la Castille, dans l'Aragon, aussi bien qu'en Égypte, en Syrie et dans l'Afrique barbaresque, en Occident comme en Orient, partout on retrouve les chevaliers français au premier rang, Ce n'est que lorsque le mahométisme fut hors d'état de compromettre l'indépendance de l'Europe, que la France s'allia avec les Turcs, dont le concours l'aida à résister aux projets ambitieux de Charles-Quint. Sauf quelques exces inévitables, la Castille n'eut qu'à s'ap

CAS

FRANCE.

plaudir de leur valeur et des auxiliaires que lui envoya la France.

La France trouvait en outre un avantage politique dans cette satisfaction de son zèle religieux. Elle enchaînait les Castillans par la reconnaissance et se ménageait en eux des alliés contre l'Angleterre. Un rapprochement entre les Castillans et les Anglais du midi de la France aurait eu pour nous les conséquences les plus funestes. Il était donc indispensable de s'assurer l'amitié des premiers, ou au moins leur neutralité à défaut d'un concours actif; c'est à quoi s'appliquèrent saint Louis, Philippe le Bel et Charles le Sage, et ils y réussirent. Philippe le Bel se conduisit avec beaucoup de modération; Philippe le Hardi, son prédécesseur, avait été trop loin, il eut le courage de ne pas imiter son ambition. On a vu aussi avec quelle adresse Charles le Sage tira parti de la lutte de Pierre le Cruel et de Henri de Transtamare, et tourna les forces navales des Castillans contre l'Angle

terre.

Enfin, la Castille et la France avaient un ennemi commun: cet enhemi c'était le royaume d'Aragon qui ne pouvait s'accroître du côté de la Méditerranée qu'à nos dépens, et du côté de l'Espagne qu'aux dépens de la Castille. Aussi la politique de la Castille fut-elle toujours d'accord avec la nôtre pour tout ce qui concernait l'Aragon.

Toutefois, ce concert qui entrava l'essor des Aragonais ne fut pas assez puissant pour les empêcher de porter de terribles coups à notre marine et de nous enlever toute influence sur la Sicile et le royaume de Naples. Il n'empêcha pas non plus la réunion de la Castille et de l'Aragon sous un même sceptre. Mais Louis XI avait su prendre ses précautions; il s'était fait céder la Cerdagne et le Roussillon; acquisition précieuse, pour la conservation de laquelle il ne recula devant aucun sacrifice, et qui diminua pour lui les dangers dont le menaçait la réunion des deux royaumes espagnols. Cette politique était d'au

tant plus habile qu'elle donnait à
la France sa frontière naturelle du
Midi, et lui permettait de disposer de
toutes ses forces vers le Rhin, du côté
où il restait le plus de progrès à faire
pour achever l'unité de son territoire.
Malheureusement le successeur de
Louis XI ne sut pas suivre son
exemple; après avoir consenti à l'a-
bandon de la Cerdagne et du Rous-
sillon, Charles VIII compromit notre
frontière des Pyrénées et celle de la
Flandre pour des expéditions aventu-
reuses en Italie, et il s'écoula bien du
temps avant que cette faute fût répa-
rée. La gloire de rendre à la France
sa frontière naturelle des Pyrénées
n'était réservée qu'au cardinal de Ri-
chelieu, le plus grand des disciples de
Louis XI, disciple au moins égal au

maître.

CASTILLE (le chevalier Édouard de), élève du prytanée français, faisait concevoir les plus belles espérances, lorsqu'il fut tué à la bataille d'Essling, à l'âge de dix-neuf ans. La générosité de son âme s'était manifestée dès l'enfance un de ses camarades, dont le père était mort au service de la patrie, ne pouvant être admis au prytanée, parce qu'il n'avait pas le moyen de fournir le trousseau, le jeune Castille écrivit, sans en parler à personne, au consul Lebrun, et lui exposa la position de son ami; il sollicita sa protection, ajoutant que s'il n'était pas assez heureux pour l'obtenir, il ferait vendre tout ce dont il pouvait disposer pour aider son camarade. Sa demande fut communiquée à Napoléon, qui l'accueillit favorablement, et récompensa le jeune solliciteur, en le mettant au nombre de ses pages.

CASTILLON, petite ville de l'ancienne Guyenne, aujourd'hui département de la Gironde, sur la rive droite de la Dordogne, à deux myriamètres huit kilomètres de Libourne. Cette ville, où l'on compte maintenant deux mille huit cent quatre-vingt-dix-sept habitants, a donné son nom à une bataille célèbre.

CASTILLON OU CHATILLON-SUR-DORDOGNF (siéges et combat de). - L'ar

mée de Charles VII assiégeait Castillon, qui devait lui livrer le cours de la Dordogne.Cette place, environnée de lignes de circonvallation et d'un camp retranché, était aux abois, quand le brave Talbot sortit de Bordeaux pour la secourir. Entraîné par un premier succès, il marche aux retranchements français, et donne l'assaut. Pendant deux heures, le héros octogénaire combat avec toute l'ardeur de la jeunesse. Les Anglais reculent; deux fois il les ramène à la charge, deux fois il est repoussé. En vain, couvert de sang et de poussière, il parcourt tous les rangs, animant les siens par ses discours et ses exemples: un coup de coulevrine le renverse, et sa chute décide du sort de la journée. Son fils, lord Lisle, tombe quelques instants après, à ses côtés, en voulant venger sa mort. Les Anglais fuient, et Castillon se rend le lendemain (18 juillet 1453). Après cette victoire, Bordeaux fut forcé de se soumettre à son tour.

- Les faibles murs de Castillon arrêtèrent, en 1586, le duc de Mayenne pendant trois mois entiers, malgré la peste qui y exerçait ses ravages, et les forces considérables que le duc avait réunies. Enfin les habitants accablés se rendirent. Au mépris de la capitulation, la ville fut pillée, et les bourgeois reconnus pour huguenots furent envoyés au parlement de Bordeaux et pendus. Mais aussi le butin fait à Castillon répandit la peste parmi les assiégeants, et Mayenne, atteint lui-même par le fléau, fut forcé de revenir à Paris.

Quelque temps après, le vicomte de Turenne, l'un des chefs des calvinistes, s'empara par surprise de la ville de Castillon; une seule échelle lui suffit pour escalader la muraille dans un endroit mal gardé. Ce succès facile donna lieu de rire des longs et coûteux efforts du duc de Mayenne.

CASTILLON (J. de). Voyez Mou

CHAN.

CASTILLON (J. Fr. A. le Blanc de), procureur général au parlement de Provence, naquit à Aix en 1719. Il fut l'un des magistrats les plus recomman

dables du siècle dernier, soit par ses talents comme orateur, soit par son érudition. Ses réquisitoires de 1765 sur l'étude des lois naturelles, sur les actes de l'assemblée du clergé, et celui de 1768 sur les brefs de Clément XIII, firent grand bruit à cette époque. Il montra le caractère le plus honorable dans la révolution parlementaire de 1771, et protesta vivement contre les actes du chancelier Maupeou. Castillon mourut en 1800.

CASTOIEMENT ou CASTOYEMENT, roman célèbre au douzième siècle, et dont voici l'origine un juif espagnol qui avait abjuré la religion de ses pères et pris le nom de Pierre- Alphonse, vint en France en 1106, à l'âge de quarantequatre ans, apportant avec lui un recueil, dont il fit bientôt après une version latine intitulée Clerica disciplina. La bibliothèque royale possède plusieurs copies manuscrites de cette version, qui servit, à son tour, de texte à plusieurs traductions en vers et en prose. Ce sont ces traductions qui sont connues sous le nom de Castoiement. Cet ouvrage, auquel les fables de Pilpay semblent avoir servi de modèle, est une suite de contes. L'auteur y suppose qu'un jeune homme prêt entrer dans le monde reçoit de son père les conseils nécessaires pour s'y conduire avec prudence, et chaque leçon mise en action est suivie d'apophthegmes, d'historiettes et de bons mots relatifs à ce qui été dit précédemment. Cette manière d'enseigner par apologues, ce mélange de préceptes et de fables vient des Orientaux, et n'est pas le seul emprunt que nous avons fait aux Arabes dans le temps des croisades. M. Méon a publié ce roman dans son nouveau recueil de contes et fabliaux.

CASTOR (Saint), né à Nîmes vers le milieu du quatrième siècle, était marié et avait une fille, lorsque lui et sa femme, cédant à une pieuse exaltation, se séparèrent volontairement, embrassèrent la vie religieuse, et fondèrent dans leurs propriétés, au territoire de Menerbe en Provence, deux monastères entre lesquels ils partagèrent tous

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