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tant de brevets d'obscurantisme et d'inconstance politique.

CALVADOS, chaîne de rochers, ainsi nommée, dit-on, du nom d'un vaisseau espagnol qui y fit naufrage. Ce rocher, qui couvre toute la côte de l'arrondissement de Bayeux, est situé à deux kilomètres environ de la terre, et a vingt-trois kilomètres de longueur.

CALVADOS (département du). Ce dé partement, formé de la basse Normandie et des diocèses de Lisieux et d'Évreux, doit son nom au rocher du Calvados, qui s'étend sur une partie de ses côtes. Il est borné au nord par la Manche, à l'est par le département de l'Eure, au sud celui de l'Orne, et par à l'ouest par le département de la Manche. Sa superficie est d'environ cinq cent soixante-deux mille quatrevingt-treize hectares, et sa population de cinq cent un mille sept cent soixantequinze habitants. Il a pour chef-lieu Caen, est partagé en six arrondissements, ou sous-préfectures (Caen, Bayeux, Falaise, Lisieux, Pont-l'Évêque et Vire), et en trente-sept cantons. Il renferme huit cent neuf communes. Son revenu territorial est évaJué à 35 millions 500 mille francs. Il fait partie de la 14 division militaire, de la 15 conservation forestière, ressortit à la cour royale de Caen, et forme le diocèse de Bayeux. Il envoie sept députés à la chambre.

Boisrobert, les frères Boivin, Brébeuf, Alain Chartier, le maréchal de Coigny, Daléchamp, Tannegui-LefèMalvre, Huet, évêque d'Avranches, filastre, Malherbe, Jean Marot, père de Clément, secrétaire de la reine Anne de Bretagne; Mezerai, le jésuite Porée, Sarrazin, Segrais, Touret, le marquis de Laplace, Vauquelin, les généraux Decaen et Lafosse, etc., sont nés dans le département du Calvados.

CALVET (Esprit-Claude François), médecin et antiquaire, né, en 1728, à Avignon, où il étudia la médecine et fut reçu docteur agrégé, en 1745; il passa ensuite un an à l'école de Montpellier et se rendit, en 1750, à Paris, pour y continuer ses études médicales. A son retour à Avignon, il ouvrit à la

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faculté de médecine un cours de phy-
siologie, qui fut très-fréquenté, et fut
nommé, peu de temps après, médecin
en chef des hôpitaux. Sans négliger les
devoirs de son état, il cultivait l'his-
toire naturelle et l'archéologie; un
Mémoire sur les utriculaires de Ca-
vaillon, qu'il présenta, en 1765, à
l'Académie des inscriptions et belles-
lettres, lui valut le titre de correspon-
dant de cette société. Il mourut à Avi-
gnon, en 1810, dans sa quatre-vingt-
deuxième année; il avait conservé
l'usage de toutes ses facultés morales
et avait composé, trois ou quatre ans
auparavant, sa propre biographie; le
10 janvier 1810, six mois avant sa
mort, il écrivit son testament ologra-
phe. Ce dernier acte de Calvet est à la
fois un monument de sa reconnais-
sance envers sa patrie, de ses senti-
ments religieux, de sa modestie, de sa
bienfaisance et de l'originalité de son
caractère. Comme il n'avait que des
collatéraux fort éloignés, il légua à la
ville d'Avignon, pour être mis à la
disposition du public, sa bibliothèque,
sa collection d'histoire naturelle, et
surtout son cabinet d'antiquités, le
plus riche qu'il y ait en France, après
celui de la bibliothèque royale. Pour
subvenir à l'entretien, à l'accroisse-
ment de sa bibliothèque et du musée,
ainsi qu'aux traitements des fonction-
naires chargés de leur conservation,
Calvet donna à la ville tous ses biens-
fonds, rentes et capitaux; il laissa, en
outre, à l'église cathédrale, un bas-
relief en argent et un christ en ivoire;
une pension perpétuelle de soixante
francs par mois au vieillard le plus
àgé d'Avignon, sans distinction d'état
ni de sexe; une rente de deux cents
francs au paysan qui aura le plus
d'enfants vivants; deux cent quarante
francs par an au jardin botanique d'A-
vignon; cent francs pour un prix an-
nuel de dessin, etc., etc. Il demanda à
être enterré sans cérémonie, même
sans cercueil, à être seulement mis
dans un sac et porté par quatre pau-
vres cultivateurs, vêtus de leurs habits
de travail, etc., etc. On doit à Calvet,
outre plusieurs ouvrages de médecine,

une Dissertation sur un monument singulier des utriculaires du Cavail lon, où l'on éclaircit un point important de la navigation des anciens, 1766, in-8°, figures; un Mémoire sur deux inscriptions grecques dans le genre érotique, Magasin encyclopédique, 1802, I, 154; et deux lettres à M. de la Tourette, sur la jambe du cheval de bronze, trouvée dans la Saone en 1766. On conserve, dans son musée, six volumes in-folio manuscrits, contenant tous ses ouvrages sur la médecine, l'histoire naturelle, la philosophie, les antiquités et la numismatique. Millin avait distingué, dans ce recueil, un Spicilegium inscriptionum antiquarum, et il exprime, dans son Voyage dans les départements du Midi, le désir que le gouvernement se charge de la publication de cet ouvrage.

CALVI, l'un des chefs-lieux de souspréfecture du département de la Corse, place de guerre de seconde classe. La fondation de cette ville est due aux guerres civiles qui, dès le treizième siècle, désolaient la Corse. Vers l'an 1268, Giovanninello, de PietraAllerata, faisant la guerre à Giudice della Rocca, seigneur de toute l'île, vint se fortifier sur la hauteur où est aujourd'hui Calvi: il se retira ensuite; mais ce lieu continua d'être habité. Postérieurement, les Avoghari, seigneurs de Nonza, y furent appelés et continuèrent à y dominer jusqu'au moment où les habitants se soumirent aux Génois, aux mêmes conditions que ceux de Bonifacio. Les troupes d'Alphonse, roi d'Aragon, occupèrent momentanément Calvi. Du temps de Henri II, l'armée combinée des Tures et des Français en leva le siége, événement regardé alors comme un prodige opéré par un crucifix qu'on avait, la veille, planté sur les remparts, et qu'on a depuis appelé le crucifix des miracles. La ville de Calvi ne prit jamais part aux mouvements insurrectionnelsde l'intérieur contre les Génois. Pour reconnaître et encourager cette inaction, le gouvernement génois fit placer sur la porte de la citadelle cette ins

cription: CIVITAS CALVI SEMPER

FIDELIS.

Les Anglais assiégèrent Calvi au commencement de juin 1794. La garnison fut puissamment secondée par les citoyens; les femmes même se firent remarquer par leur courage en portant des munitions sur les remparts et en travaillant aux fortifications dans le moment le plus terrible du bombardement. Après une longue et opiniâtre résistance, qui réduisit la garnison à deux cent soixante hommes, et après avoir vu les Anglais occuper le fort Mozello, Calvi se rendit faute de vivres. Les habitants abandonnèrent aux Anglais les restes méconnaissables de leur cité et s'embarquèrent pour Toulouse. En 1795, les conquêtes du général Bonaparte en Italie encouragèrent les Corses à secouer le joug des Anglais; Calvi fut repris et ses habitants rentrèrent dans leur patrie.

Cette ville, dont la population est aujourd'hui de trois mille deux cent quatre-vingt-deux habitants, n'offre d'ailleurs aucun monument remarquable. La caserne, qui est l'ancien palais des gouverneurs génois, et l'église, où l'on voit le tombeau de l'ancienne famille Baglioni, offrent seules quelque intérêt.

CALVI (combat et prise de). Une colonne napolitaine, battue le 6 décem bre 1798, à Otricoli, se retira sur les hauteurs de Calvi, petite ville de la terre de Labour, à 12 kilomètres de Capoue. Championnet fut instruit que le général Mack avait pris position à Cantalupo, pour tenter de couper les communications des divisions françaises. Afin d'arrêter cette entreprise, Championnet donna ordre au général Macdonald de faire porter la brigade du général Mathieu sur Calvi, celle du général polonais Kniazewitz sur le même point par Magliano, tandis que le général Lemoine déboucherait sur Calvi par Contigliano. Ce mouvement, bien combiné, fut exécuté avec une grande précision; toutes les colonnes se mirent en marche dans la nuit du 8 au 9 décembre,

CAL

FRANCE.

et s'avancèrent par des chemins fangeux au milieu d'une pluie horrible. A la pointe du jour, les troupes de Macdonald arriverent devant les hauteurs de Calvi. Après un combat très-vif, l'ennemi fut jeté dans la ville et cerné. On le somma de se rendre, et après quelques pourparlers la garnison, forte de cinq mille hommes, se reconnut prisonnière.

CALVIERE (Charles-François, marquis de) naquit à Avignon, en 1693, entra dans la carrière militaire et parvint au grade de lieutenant général; il se retira en 1755, après quarante-quatre ans de service, dans son château de Vezenobre, près d'Alais, où il mourut, en 1777. Il avait été reçu, en 1747, membre honoraire de l'Académie royale de peinture. Il a laissé en manuscrits plusieurs mémoires sur les antiquités d'Arles, de Nîmes et d'Orange. On a publié de lui, après sa mort, un Recueil de fables diverses, 1792, in-18. CALVIÈRES (le baron Jules de), né à Nîmes, vers 1775, ne sortit de l'obscurité qu'à la seconde restauration. Il figura, en 1815, dans l'armée du duc d'Angoulême, et contribua, avec le comte Charles de Vogué, à soulever la population des environs de Beaucaire et de Nîmes en faveur de la cause royale. Entré dans cette dernière ville à la tête de quelques milliers de paysans, il y prit le titre de préfet provisoire. Sous son administration éclata l'horrible réaction populaire qui se perpétua d'une manière si affligeante sous son successeur d'Arbaud Jouques. M. de Calvières fut nommé membre de la chambre des députés par le collége électoral du Gard, séant à Nîmes, deux jours après que cette ville eut été ensanglantée par le massacre de seize personnes, qui furent portées en plein jour à la voirie, sur le fatal tombereau qu'escortaient Traistaillons et Truphémy. Il fut une des têtes ardentes de la chambre introuvable, où il applaudit à la proposition de son compatriote, M. de Trinquelague, réclamant une amnistie pour les assassinats politiques qui avaient pu être commis dans les départements méridionaux ou dans

CAL

quelques contrées de l'Ouest. En dépit
de l'ordonnance du 5 septembre, M. de
Calvières fut élu de nouveau, et vint
reprendre sa place au côté droit, dont
il partagea les défaites jusqu'aux élec
tions de 1818, qui le rendirent à la
vie privée. La nouvelle loi électorale
le ramena encore à la chambre; et,
sous le ministère de MM. de Villèle et
Corbières, il passa successivement à
la préfecture de Vaucluse et à celle de
l'Isère.

CALVIN (Jean). Le laborieux émule
de Luther dans l'accomplissement de
la révolution religieuse du seizième
siècle naquit à Noyon le 10 juillet
1509. Son père, qui était issu de
parents fort pauvres, mais avait
obtenu la charge de procureur fis-
cal du comté, portait le nom de
après
Cauvin, dont le fils forma,
l'avoir latinisé, celui auquel il devait
donner une si grande célébrité. Di-
sons en passant qu'en diverses circons-
tances, Calvin se servit, pour dérober
à ses ennemis ses écrits ou sa per-
sonne, des pseudonymes de Caldarius,
Happeville, Deparçan, etc. Il paraît
qu'il fut redevable à Claude d'Han-
gest, abbé de Saint-Eloi de Noyon,
de ses premières études, et sans doute
des bénéfices ecclésiastiques dont il
fut investi presque au sortir de l'en-
fance. Il n'avait en effet que douze
ans, lorsqu'on lui conféra une chapel-
lenie dans la cathédrale. Quelques an-
nées plus tard, il fut successivement
nommé titulaire des cures de Marte-
ville et de Pont-Lévêque, quoiqu'il ne
fût que simple tonsuré. Sa première
destination était, il est vrai, pour
glise; mais après avoir fait à Paris ses
humanités au collége de la Marche, et
sa philosophie à celui de Montaigu,
il tourna ses vues, d'après le désir de
son père, vers la jurisprudence, qu'il
alla étudier d'abord à Orléans, sous
Pierre de l'Étoile, puis à Bourges,
sous Alciat. Il commença aussi dans
cette dernière ville l'étude du grec et
de l'hébreu avec l'Allemand Melchior
Wolmar, dont les leçons développè-
rent chez lui le goût des textes sacrés,
que lui avaient déjà inspiré à Paris les

I'É

conversations de son allié et condisciple, Robert Olivetan. On rapporte même que, dès 1529, époque de son séjour à Orléans, il s'essayait à la prédication dans quelques assemblées religieuses qui se tenaient chez des particuliers. On le vit ensuite parcourir les campagnes des environs de Bourges pour y catéchiser les enfants; et le seigneur de Lignières, après l'avoir entendu, trouvait que celui-là du moins enseignait quelque chose de

nouveau.

A la mort de son père, qui arriva vers 1532, Calvin se démit de ses bénéfices; puis, quittant l'étude des lois humaines, il employa ses premiers loisirs à l'examen de la morale, et sembla, par son commentaire sur le traité de Sénèque, De Clementia, vouloir rappeler son siècle aux principes d'une tolérance dont plus tard il s'écarta lui-même étrangement. Il ne devait pas rester longtemps simple spectateur des scènes de persécution dont il était entouré. Il était depuis quelque temps à Paris. Ses liaisons avec Michel Cop lè firent soupçonner d'avoir pris part à la composition d'une harangue de ce docteur, dans laquelle le parlement et la Sorbonne avaient cru retrouver les doctrines des réformateurs. Il dut se cacher pour échapper aux poursuites du lieutenant criminel. Du logement qu'il occupait rue Saint-Victor, il se réfugia d'abord au collège du cardinal Lemoine; puis, s'éloignant de Paris, il se retira chez un chanoine d'Angoulême, Pierre du Tillet. Pour subsister, il se mit alors à enseigner le grec. On suppose que, dans cette retraite, il s'occupait déjà à recueillir les matériaux de ses ou vrages contre le catholicisme; il sai sissait du moins toutes les occasions de répandre ses opinions, et il les développa dans d'assez nombreuses réunions, tant à Angoulême et à Poitiers qu'à Nérac, où la reine de Navarre, Marguerite, sœur du roi François Ier, l'accueillit avec distinction. La médiation de cette princesse ayant apaisé la persécution dont Calvin avait failli être victime, il revint en 1534 à Paris,

n'y fit qu'une courte apparition, et alla publier à Orléans son premier ouvrage de théologie pour combattre l'opinion de ceux qui croyaient l'âme abandonnée à un état de sommeil, dans l'intervalle de la mort au juge

ment.

Cependant la persécution se rallumait; Calvin fut forcé d'aller chercher un asile en pays étranger. Il se dirigea vers la frontière de Suisse, et une fois en sûreté à Bâle, il fit paraître, sous le titre d'Institution chrétienne, l'exposé de la doctrine de la réformé telle qu'il la concevait. Il avait d'abord écrit ce livre en latin; mais il en donna, dès la fin de 1533, une traduction française. L'ouvrage était précédé d'une preface en forme de discours au roi très chrétien. Dans ce morceau, l'un des plus éloquents de l'époque, il s'attache à repousser les accusations d'hérésie et de rébellion portées contre les réformés de France, déclarant que leur unique ambition est de ramener à sa primitive pureté la religion du Christ. Mais, dans ce but, il repoussait aussi bien l'autorité des conciles que la puissance du pape; il anéantissait le sacerdoce avec l'épiscopat, et rejetait comme des actes d'idolatrie les prières adressées aux saints et les honneurs rendus aux images. La simplicité du nouveau culte n'était pas, du reste, le moindre attrait qu'il offrît. On était porté à supposer qu'en purifiant la forme extérieure de la religion chrétienne, Calvin n'avait pas négligé d'en purifier aussi le fond. Jaloux de propager lui-même sa doctrine, le nouvel apôtre voulut sans doute aussi juger de plus près l'effet des coups qu'il venait de porter à la cour de Rome, et ce fut peut-être le motif du voyage qu'il fit à Ferrare en 1536; mais, malgré le bienveillant accueil de la duchesse Renée de France, fille de Louis XII, il ne put songer à s'arrêter longtemps en Italie. Le séjour de sa patrie ne lui présentait guère moins de danger. Il ne fit qu'y passer, et se détermina à retourner à Bâle; mais comme la guerre lui fermait les routes de la

Lorraine, il lui fallut prendre par la Savoie.

Calvin déclara se ranger à ce dernier sentiment. C'est encore à Strasbourg qu'il épousa Idelette de Bure, veuve anabaptiste qu'il avait convertie à sa croyance. Il n'en eut qu'un fils et le perdit fort jeune. Le cardinal Sadolet, évêque de Carpentras, l'un des hommes les plus vertueux qui aient honoré la pourpre, crut voir dans l'éloignement de Calvin de Genève une circonstance favorable au rétablissement de l'autorité pontificale. Ses lettres au peuple génevois, combattues par les habiles répliques du ministre exilé, n'eurent pas le succès que s'était promis le prélat. Ce triomphe du réformateur donna de nouvelles forces à son parti; aussi, tandis qu'il assistait avec l'ami et le disciple de Luther, Mélanchthon, aux conférences de Worms et de Ratisbonne, eut-il la satisfaction d'apprendre que son arrêt de bannissement venait d'être révoqué à l'unanimité dans l'assemblée du peuple de Genève.

Arrivé à Genève, il crut obéir à une injonction du ciel, en cédant aux instances du ministre Guillaume Farel, qui réclamait sa coopération à la culture de cette portion de la vigne du Seigneur, et bientôt il fut luimême proclamé ministre et professeur de théologie. Il avait alors vingtsept ans. L'année suivante, il fit jurer au peuple une abjuration définitive du papisme. Les mœurs lui parurent alors appeler une réforme tout aussi urgente que celle de la croyance et du rite; mais cette partie de sa tâche présentait de graves difficultés. Le rigorisme du reformateur souleva une violente opposition à laquelle prirent part les premiers mêmes de la cité. Le jour de Pâques 1538, non contents de résister à un acte du synode de Lauzanne, qui ordonnait l'emploi des azymes dans la célébration de la cène, ainsi que le rétablissement des fonts baptismaux et des fêtes que Calvin avait fait disparaître, les uns du temple et les autres du calendrier, les miistres déclarèrent qu'en raison du scandale des mœurs, ils ne pouvaient administrer la communion. Cet acte d'autorité détermina leur chute; on ne leur laissa que trois jours pour sortir de la république. Ce fut en vain que le conseil de Berne et le synode de Zurich intervinrent pour demander leur réinstallation; le vote des citoyens confirma l'arrêt des magistrats.

Replacé, en 1541, à la tête de son Église, Calvin songea à y asseoir plus fortement une autorité qui avait été un instant méconnue. Il dressa donc un formulaire de sa confession et de la discipline ecclésiastique. Un consistoire fut établi, qui, investi du droit d'infliger les peines canoniques, jusqu'à l'excommunication inclusivement, devint bientôt un instrument redoutable pour les adversaires du maître. On vit alors ce tribunal nouveau, institué pour la conservation des bonnes mœurs et de la saine doctrine, dicter aux juges temporels les arrêts qu'ils devaient prononcer, et appuyer de la terreur des supplices la sévérité des censures. Calvin travailla ensuite à reviser avec les magistrats la législation civile. Ses anciennes études de jurisprudence le rendaient assurément propre à cette tâche; mais cette réunion des deux pouvoirs entre ses mains semblait donner raison à ceux qui le qualifiaient de pape de Genève. Il sentait bien lui-même, quelque temps avant d'entrer dans l'exercice du pouvoir temporel, que ce n'était pas là le champ le plus digne de son ambition. Aussi, pour propager sa puissante influence religieuse, mettait-il tous ses

A Strasbourg, où se retira Calvin, la réforme luthérienne comptait déjà dix ans d'existence; il y accepta une chaire de théologie au chapitre de Saint-Thomas, et fonda bientôt après une église française pour les réfugiés, dont le nombre était déjà considérable. Pendant son séjour dans cette ville, en 1540, il publia le Traité de la sainte cène, dans lequel il s'efforçait d'établir une opinion intermédiaire entre celle de Luther, qui, prenant dans le sens littéral les paroles du Christ, admettait la présence réelle, et celle du ministre de Zurich, Zwingli, qui ne voyait dans le texte qu'une figure, dans les espèces qu'un symbole. Plus tard du reste,

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