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dans sa patrie, reçut en fief les eaux minérales d'Escaldas, et devint ensuite inspecteur général de celles du Roussillon. S'étant alors fixé à Paris, il fut nommé membre de la société de médecine, passa ensuite en Espagne et en Portugal, et mourut à Barcelone en 1802. On a de lui un grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels nous citerons : Bibliothèque littéraire, historique et critique de la médecine ancienne et moderne, dont il n'a paru que deux volumes; Catalogue raisonné des ouvrages qui ont été publiés sur les eaux minérales en général, et sur celles de France en particulier, 1785, in-4°; Tableau de Lisbonne en 1796, suivi de lettres écrites en Portugal sur l'état ancien et moderne de ce royaume, Paris, 1797, in-8°, ouvrage anonyme, où l'auteur, devenu éloquent à force d'indignation, trace un tableau animé de ce peuple et de ce gouvernement tombés au dernier état de dégradation politique. Pendant son séjour en Espagne, Carrère avait recueilli, sur ce royaume, un grand nombre de notes dont M. Alexandre de la Borde s'est servi dans son Itinéraire descriptif (1808.)

CARRET (Michel), chirurgien de Lyon, né vers 1752, se montra d'abord zélé partisan de la liberté, et fut nommé en 1798 au Conseil des Cing-Cents, où l'on fut surpris de lui voir émettre des opinions antinationales; il passa au tribunat après le 18 brumaire et fut placé à la cour des comptes pour prix de ses complaisances; il mourut à Paris, en 1820.

CARRIER (Jean-Baptiste), l'un des hommes qui, par leurs crimes, ont fait le plus de tort à la cause de la révolution, naquit à Yolai, près d'Aurillac, en 1756. Il entra, en 1792, à la Convention, nationale, contribua, le 10 mars 1793, à la formation du tribunal révolutionnaire, vota la mort de Louis XVI, demanda l'arrestation du duc d'Orléans, et prit une part trèsactive à la journée du 31 mai. Envoyé d'abord en Normandie, où il se signala par son exaltation, mais ne commit

aucun acte repréhensible, Carrier parut à Nantes le 8 octobre 1793. La guerre civile embrasait les départements de l'Ouest : il avait ordre de réprimer la révolte par les mesures les plus sévères; mais il dépassa bientôt tout ce que ses instructions renfermaient de rigoureux. Il s'entoura d'hommes féroces, encombra les prisons, et envoya impitoyablement à la guillotine ceux qui lui étaient signalés comme suspects. La déroute des Vendéens, battus à Savenay, donna un nouvel essor à sa rage. Les cachots regorgeaient de détenus, les juges ne pouvaient suffire aux condamnations; il suspendit les procédures, et envoya indistinctement à la mort les malheureux qu'il avait privés de la liberté. Ce moyen même lui parut trop lent, il voulut que les prisonniers fussent exécutés en masse, sans formes, ni procès. Quatre-vingt-quatorze prêtres furent, par ses ordres, jetés sur un bateau à soupape, et coulés à fond dans la nuit du 15 au 16 novembre 1793. Peu de jours après, une seconde exécution pareille de cinquante-huit prêtres eut encore lieu, et elle fut suivie de plusieurs autres. Mais Carrier ne rendit compte à la Convention que de la première; et, dans son rap port, il raconta la mort de ses victimes comme un naufrage heureux et fortuit. Bientôt l'infâme proconsul ne connut plus de frein; une compagnie formée de tout ce que Nantes et la Bretagne renfermaient d'hommes flétris par les lois, fut chargée, sous les ordres de deux scélérats, nommés Fouquet et Lambertye, d'exterminer sans jugement tous les malheureux que l'on faisait incarcérer. Un vaste édifice, nommé l'entrepót, servait à entasser les victimes dévouées à la mort. On y jetait pêle-mêle des hommes, des femmes, des enfants et des vieillards. Chaque soir, on venait les prendre pour les mettre sur les bateaux; là, on les liait deux à deux, et on les précipitait dans l'eau en les poussant à coups de sabre et de baïonnette, car on ne se donnait plus le temps de préparer des bateaux à soupapes.

Ces moyens ne suffisaient point à la fureur de Carrier; chaque jour, des centaines de prisonniers étaient encore fusillés dans les carrières du Gigan. Toutes ces expéditions étaient faites par ses ordres; les débats de son procès l'ont prouvé jusqu'à l'évidence; mais pour en dérober la connaissance à la Convention, il avait soin de les déguiser, dans ses ordres écrits, par l'expression de translation de détenus, expression qui, dans le langage de ses complices, était devenue synonyme de noyade et de fusillade; enfin, le tribunal révolutionnaire de Nantes n'en continuait pas moins ses procédures, et faisait egalement le procès aux morts et aux vivants. Longtemps la terreur qu'ins piraient toutes ces horreurs, et la croyance où l'on était à Nantes qu'elles étaient approuvées par la Convention, empêchèrent toutes les dénonciations. Cependant les membres du comité de salut public finirent par en être informés, et ils se hâtèrent de rappeler Carrier. Déjà ils se préparaient à sevir contre lui, lorsque la révolution du 9 thermidor vint le sauver, pour quel ques jours du moins, en le délivrant de ses juges. Mais la clameur publique s'élevait contre lui avec trop d'énergie; les auteurs de cette révolution, malgré leur sympathie pour un homme qui venait de courir les mêmes dangers qu'eux, furent forcés de l'abandonner à la rigueur des lois. Décrété d'accusation le 23 novembre 1794, Carrier fut traduit au tribunal révolutionnaire le 25 novembre, et condamné à mort le 16 décembre. On doit consulter, sur ses crimes et sur son procès, l'ouvrage intitulé: le Système de depopulation, ou la vie et les crimes de Carrier, son procès et celui du comité révolutionnaire de Nantes, par Gracchus Babeuf, Paris, an III, in-8°. CARRIÈRES. Voyez FRANCE (productions de la).

CARRIÈRES (le P. Louis de), oratorien, auteur d'un Commentaire littéral de la Bible, qui a été inséré dans les Bibles de Sacy et de Vence; né en 1662, mort en 1717.

CARRON (Didier), maréchal des logis chef au 16 régiment de dragons, né à Saint-Genis-Laval (Rhône), contribua, par son audace, lors de l'affaire de Nonencourt, le 10 vendémiaire an IV, à arrêter les Vendéens, qui, malgré la supériorité de leurs forces, furent obligés d'évacuer la ville; mais il perdit la vie dans cette action.

CARRON (Gui - Toussaint-Julien), un des prêtres les plus vertueux dont puisse s'honorer la France, naquit à Rennes en 1760. Nommé vicaire de la paroisse de Saint-Germain de Rennes, dès 1785, il créa une manufacture de toile à voile, de mouchoirs et de cotonnades, où deux mille pauvres étaient employés. En 1792, il fut déporté à Jersey, comme prêtre non assermenté, fonda dans cette île des écoles, une bibliothèque et une pharmacie pour les émigrés, et transporta, en 1796, ses établissements à Londres où, jusqu'en 1814, il se consacra entièrement à des œuvres de charité. A cette époque il revint en France et fonda, à Paris, l'Institut royal de Marie-Thérèse, établi près du Val de Grâce. Il mourut le 15 mars 1821, ayant continué, jusqu'à son dernier moment, sa vie d'abnégation et de dévouement. L'abbé Carron a laissé un très-grand nombre d'ouvrages de piété, dont nous citerons seulement le plus remarquable les Confesseurs de la foi en France à la fin du dix-huitième siècle, 1820, 4 vol. in-8°.

CARROSSES. Voyez VOITURES. CARROUSELS. Les carrousels étaient des courses de chariots et de chevaux, ou des fêtes magnifiques que se donnaient entre eux des princes ou de grands seigneurs vêtus et équipés à la manière des anciens chevaliers, et divisés en quadrilles.'

Ce mot, suivant quelques écrivains, vient de l'italien carosello, diminutif de carro, chariot; d'autres font remonter l'origine des carrousels au temps de la déesse Circé, laquelle, disent-ils, institua, en l'honneur du soleil dont elle était fille, des jeux qui consistaient principalement en des

T. IV. 14 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.,

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courses de chariots: ces derniers font dériver carrousel de currus solis.

Les quadrilles étaient en grand usage chez les Goths, chez les Maures et chez les Italiens. Ils ne furent introduits en France que sous Henri IV; le premier carrousel eut lieu, en 1605, à l'hôtel de Bourgogne; le second, en 1606, dans la cour du Louvre. Il y en cut plusieurs très-brillants sous Louis XIV. Un manuscrit précieux, conservé à la bibliothèque de Versailles, représenté les principales scènes dé ces derniers; on y voit, dans leur costume de circonstance, tous les seigneurs de la cour qui prirent part à ces fêtes.

On distinguait plusieurs parties dans les carrousels : 1° la lice, c'est-àdire le lieu où se donnait le carrousel, entouré d'amphithéâtres pour les dames et les principaux spectateurs; 2o le sujet qui était une représentation allégorique de quelque événement pris dans la fable ou dans l'histoire : le carrousel de 1606 représentait les quatre éléments, l'Eau, le Feu, l'Air et la Terre. Les chevaliers étaient habillés en Naïades, en Faunes, en Mercure, en Neptune, en Orphée, etc.; celui qui se donna devant les Tuileries, sous Louis XIV, représentait quatre nations: les Romains commaidés par le roi lui-même, les Persans par Monsieur, les Turcs par M. le prince, et les Moscovites par M. le duc; 3° on donnait le nom de quadrilles aux différentes troupes de combattants, qui se distinguaient par la forme des habits et la diversité des couleurs. Outre les chevaliers qui composaient les quadrilles, il y avait une foule d'officiers qui prenaient part aux carrousels, comme le maître de camp et ses aides, les hérauts, les pages, les estafiers, les parrains et les juges; 4° la comparse était le nom par lequel on désignait l'entrée des quadrilles dans la carrière au son des instruments; 5o enfin, il y avait diverses espèces de combats où les combattants rompaient des lances, soit les uns contre les autres, soit contre la quintane ou figure de bois; où ils couraient la

bague, les têtes (*); où ils faisaient la foule (*), etc. Ces jeux avaient remplacé les joutes et les tournois où avait péri un roi de France. Mais depuis Louis XIV, et même depuis la vieillesse de ce prince, ces divertissements cessèrent aussi d'être de mode.

CARS (Laurent), graveur, naquit à Lyon, en 1703, et fut envoyé par son père à Paris pour étudier la peinture chez Lemoyne. Ce fut par les leçons et d'après les tableaux de ce peintre que Cars forma sa manière. En effet, cet artiste est à la gravure ce que Lemoyne est à la peinture. Ce fut lui qui commença à introduire dans l'art de graver cette facilité de dessin dont Lemoyne avait donné l'exemple dans la peinture. Cependant, malgré ce défaut, qui eut de fâcheuses conséquences pour l'école en général, Cars est l'un de nos plus grands graveurs. Il consacra son talent à reproduire les œuvres de Lemoyne, et ses gravures d'Hercule et Omphale, de l'Allégorie sur la fécondidé de la reine, de la Thèse de Ventadour, sont vraiment des chefs-d'œuvre, bien que la mode les ait fait un peu oublier. Cars était membre de l'Académie de peinture depuis 1733, et conseiller de cette assemblée depuis 1757. Il mourut en 1771. Il fut le chef d'une nombreuse école. Parmi ses élèves on doit citer Beauvarlet, Flipart, Saint- Aubin, Jardinier, etc.

CARTEAUX (Jean-François), né à Allevan, dans le Forez, en 1751, était fils d'un dragon du régiment de Thianges. Il fut élevé dans les garnisons, et suivit aux Invalides son père blessé dans les guerres de Hanovre. Apres avoir voyagé dans les diverses con

(*) La course de bague était un exercice qui consistait à emporter avec une lance et en courant à toute bride une bague suspendue.

Dans la course de tétes on cherchait à enlever une tête de carton avec la lance, ou à la frapper d'un dard.

(**) On appelait faire la foule courir sans interruption les uns après les autres, en formant différentes figures chorégraphi ques.

trées de l'Europe pour se perfectionner dans l'étude de la peinture, qui occupa sa jeunesse, il revint à Paris à l'époque de la révolution, et se distingua à l'affaire du 10 août comme officier de la cavalerie de la garde nationale parisienne. Nommé adjudant commandant à la suite de cette journée, il fut envoyé à l'armée des Alpes, puis promu au grade de général, et chargé de dissiper les Marseillais révoltés qui marchaient au secours des Lyonnais. Il s'avança contre eux, les battit, et entra dans leurs murs au mois d'août 1793. De là, il s'avança sur Toulon, dont il commença le siége. Mais une pareille tâche était au-dessus de ses forces. Carteaux, révoqué, remit ses troupes à Dugommier, parut un móment aux armées d'Italie et des Alpes, fut ensuite arrêté par ordre du comité de salut public, et enfermé à la Conciergerie, le 2 janvier 1794. Rendu à la liberté après le 9 thermidor, il fut mis, l'année suivante, à la tête de l'un des corps de l'armée de l'Ouest. Destitué de nouveau au bout de quelques mois, il se plaignit vivement à la Convention, lui rappela ses services, et la défendit, en effet, avec intrépidité au 13 vendémiaire. Il fut réintégré à la suite de cette journée, et employé jusqu'en 1801, où il devint l'un des administrateurs de la loterie. Après trois ans d'exercice, il fut nommé, en 1804, au commandement de la principauté de Piombino, revint en France en 1805, reçut alors une pension de l'ancien officier d'artillerie qui avait servi sous lui à l'armée de Toulon, et mourut en 1813.

CARTEL. On appelait ainsi une mesure de capacité pour les grains, usitée à Rocroy, à Mézières, et dans d'autres lieux. Elle variait suivant les localités.

CARTEL. Voyez COMRAT SINGULIER et DUEL.

CARTELLIER (Pierre), qui partage avec Chandet l'honneur d'être l'un des chefs de notre école moderne de sculpture, naquit à Paris, le 2 décembre 1757. Son père, pauvre ouvrier mécanicien, le laissa libre de suivre une car

rière bien difficile, mais vers laquelle il était attiré par une force irrésistible. Le jeune Cartellier étudia d'abord à l'école gratuite de dessin, et fut ensuite admis dans l'atelier de CharlesAntoine Bridan. Il commençait à peine à faire quelques progrès dans son art, lorsqu'il perdit son père; et, à l'âge de dix-sept ans, il fut obligé de travailler pour vivre et soutenir sa mère. Loin de se décourager, il redoubla d'efforts, et travailla, comme on dit, pro fame et fama. Des modèles de pendules, des ornements d'orfévrerie et de bronzerie, étaient son occupation ordinaire. On conçoit qu'obligé de donner un temps précieux à un travail nécessaire, mais peu instructif, Cartellier, malgré ses efforts et ceux de Bridan, n'ait pu obtenir le grand prix. Deux fois il concourut sans succès; il lui fallut renoncer au voyage de Rome.

En 1792, Cartellier produisit son premier ouvrage : c'était un groupe représentant la Nature appuyée sur la Liberté et l'Égalité. L'artiste était de son temps; jeune et pauvre, il s'enthousiasma pour les idées nouvelles, et c'est à elles qu'il dut sa première inspiration. Il fut chargé par le gouvernement de faire pour le Panthéon un bas-relief (aujourd'hui détruit) représentant la Force et la Victoire. Cartellier commençait à se faire connaître, lorsqu'il exposa, en 1796, une figure en terre cuite représentant l'Amitié arrosant un arbuste d'une main, et le pressant de l'autre sur son cœur. Cette figure, dont la pensée délicate et l'attitude gracieuse furent généralement admirées, valut à son auteur un prix d'encouragement. Dès lors, connu et apprécié, Cartellier fut chargé en 1800 par Chalgrin, qui restaurait le Luxembourg, de faire deux statues, la Vigilance et la Guerre, pour la façade méridionale de ce palais (cette façade n'existe plus (*): la statue de la guerre est sur

(*) Le ministre de l'intérieur voulant conserver ces deux ouvrages qui ne pouvaient plus figurer sur la nouvelle façade,

tout remarquable. << Elle offre un caractère simple et grandiose, un style tout à la fois monumental et vrai, dont la sculpture n'avait point présenté d'exemple depuis longtemps. La déesse, en levant vivement les deux bras, manifeste par là son activité, et ses bras s'unissent avec le mur qui sert de fond, d'une manière qui paraît naturelle; de la main gauche elle tient un foudre, de la droite une épée; par terre, sur le devant, est une corne d'abondance que la guerre foule aux pieds; une tunique courte forme sur ses chairs, par des plis larges et élégants, une richesse sans embarras. Il ya dans cette figure autant de grâce que d'élévation et d'énergie (*). » En 1801, il exposa le modèle en plâtre de l'un de ses meilleurs ouvrages, c'est-à-dire, de la statue de la Pudeur. Cette statue, exécutée en marbre en 1808, fut d'abord placée à la Malmaison; depuis la mort de Joséphine, elle a été transportée en Angleterre ! N'est-ce pas un fait déplorable, que la plupart des chefs-d'œuvre de nos artistes soient, par l'incurie des gouvernements ou l'insouciance des citoyens, vendus à l'étranger, et cela si fréquemment, que notre sol, privé de ces ornements, passe, après ces spoliations, pour ne rien produire de comparable à ces œuvres étrangères qui l'encombrent? Ils ne prendront pas ces lignes pour une exagération, ceux qui ont visité notre musée de sculpture, et qui savent combien de morceaux qui devraient s'y trouver sont aujourd'hui hors de France!

La statue de la Pudeur, que d'autres ont pu admirer, fixa la réputation de Cartellier. Ne connaissant pas ce bel ouvrage, nous citerons le rapport du jury décennal, pour en donner une idée : : «La Pudeur est une magnifique figure de grandeur naturelle; son attitude exprime parfaitement le sentiment d'inquiétude qui engage une

les a fait placer à droite et à gauche des deux pavillons situés du côté de la rue du

Tournon.

(*) Article CARTELLIER de la Biographie universelle, par M. Em. David.

jeune fille timide à cacher les beau tés dont la nature l'a douée; l'expression de la physionomie est pure et gracieuse, parfaitement d'accord avec le sentiment dont elle paraît émue; on peut, il est vrai, reprocher un peu de maigreur à quelques parties de cette statue; mais ces mêmes parties sont d'un dessin si délicat, qu'on ne s'arrête point aux défauts.

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L'année suivante, Cartellier exposa le bas-relief représentant les Jeunes filles de Sparte dansant devant un autel de Diane. Ce bas-relief, qu'on voit au musée des antiques, dans la salle du candélabre, soutient la comparaison avec les chefs-d'œuvre de l'antiquité auprès desquels il est placé. Il exécuta, en 1804, la Statue d'Aristide, placée au Luxembourg. Cartellier a choisi le moment où Aristide remet au paysan la coquille sur la quelle il a écrit son nom. « L'antiquité, dit M. Q. de Quincy (*), n'aurait pas mieux, dans la patrie du personnage, fait ressortir cet héroïsme de simplicité qui caractérise l'homme juste en butte à l'ignorante prévention de la multitude: naïveté de pose et d'action, vérité de style, justesse de costume, on dirait une statue retrouvée ou restituée. » Cartellier exécuta ensuite la Statue de Vergniaud, son chef-d'œuvre,destinée à être placée dans l'escalier du Luxembourg. « Pour donner à cette figure le mouvement propre à caractériser l'orateur dont il modelait l'image, Cartellicr supposa qu'agité la nuit par le sujet qu'il devait traiter le lendemain à la tribune, Vergniaud est tout à coup sorti de son lit, et que, enveloppé seulement d'un manteau, il prélude à son discours par une vive improvisation. Tout répondit à cette pensée. Une lampe allumée près de l'orateur indique l'heure et le lieu de la scène; la poitrine, une jambe et un bras nus, traités avec autant de fermeté que de naturel; la vigueur des mains, les plis abondants et simples du manteau, semblèrent imiter l'éloquence nerveuse et grandiose du girondin.

(*) Notice sur Cartellier.

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