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servi comine général de brigade sous Moreau et Pichegru, il accompagna Aubert du Bayet à Constantinople, où celui-ci avait été nommé ambassadeur du Directoire. De retour en France, il rentra sous les drapeaux, et reprit, en 1795, la ville de Deux-Ponts sur l'armée de Clairfayt. Il se signala à Ettinghen, à Marengo, s'empara de Fribourg, et contribua à la victoire de Hohenlinden. En 1805, il commanda l'armée d'occupation dans le royaume de Naples, fit au prince Charles de nombreux prisonniers, et fut nommé, après la bataille d'Eylau, grand officier de la Légion d'honneur. En 1813, après la fatale campagne de Moscou, il prit le commandement de la 32o division militaire, et fut chargé en 1814 du commandement supérieur des places de Bouchain, de Condé et de Valenciennes, qu'il conserva jusqu'après l'abdication de l'empereur. Sous la restauration, il fut fait che valier de Saint-Louis, nommé ensuite gouverneur de la Guyane française, mis à la retraite par l'ordonnance de 1824, et se retira à Vély, près de Soissons..

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CARRABAS sorte d'omnibus en osier, qui exploitait les environs de Paris, mais surtout les routes de Versailles et de Saint-Germain, dans ce bon vieux temps où l'on mettait plus de six heures à faire quatre petites lieues. Pour définir le carrabas en un mot, il suffira de dire que ce plébéien équipage était encore bien au-dessous des ignobles coucous, qui eux-mêmes disparaissent aujourd'hui, vaincus par les célérifères, les accélérées, et surtout par les chemins de fer.

CARRÉ (G. L. J.), né à Rennes vers 1778, doyen de la faculté de droit dans cette ville, où il est mort en 1832, a publié : 1° Introduction à l'étude du droit français, avec des tableaux synoptiques, Rennes ; 2o Traité et questions de procédure civile, ibid., 1818 à 1819, 2 vol. in-4°; 3° Introduction à l'étude des lois relatives aux domaines congéables, ibid., 1822, in-12; 4o Traité du gouvernement des paroisses, ibid., 1821,

in-8°; 5o Les lois de la procédure civile, ibid., 1824, 3 vol. in-4°; 6° Les lois de l'organisation et de la compétence des juridictions civiles, Paris, 1825-1826.

CARRÉ (Jean-Baptiste), cavalier au 18 régiment, né à Martin (Pas-deCalais). Après avoir chargé devant Vérone sur deux bataillons autrichiens, le 6 germinal an vII, il se plaça avec quelques cavaliers à l'entrée d'un défilé, arrêta les ennemis, et tomba percé de plusieurs coups de feu.

CARRÉ (J. B. Louis) naquit en 1749 à Varennes, duché de Bar. Élève distingué de l'école du génie de Mézières, il possédait des connaissances profondes en physique, en chimie et en mécanique. Successivement avocat, juge de paix, inspecteur des forêts, il mourut à Varennes en 1835. Carré mérite surtout une place dans nos colonnes comme auteur de la Panoplie, ou Réunion de tout ce qui a trait à la guerre, depuis l'origine de la nation française jusqu'à nos jours, Châlons-sur-Marne, 1795, in-4°, avec atlas. L'auteur nous apprend luimême que cet ouvrage, fruit de longues recherches, était achevé dès 1783, mais qu'il avait gardé son manuscrit, parce que la censure avait exigé qu'il retranchât ses réflexions sur l'oppression et l'avilissement du peuple. A l'époque des querelles des parlements, Carré avait publié, sous le voile de l'anonyme, un pamphlet très-mordant contre la nouvelle magistrature, et intitulé: Trigaudin le renard, ou le Procès des bétes.

CARRÉ (Louis), géomètre français, fils d'un laboureur du village de Brie, naquit en 1663, fut secrétaire et élève de Malebranche, entra en 1697 à l'Académie des sciences, et mourut en 1711. Le plus important de ses ouvrages est sa Méthode pour la mesure des surfaces, etc., 1710, in-4°.

CARRE (Pierre-Laurent), professeur de belles-lettres, né à Paris, en 1758. A quatorze ans, il remporta le premier prix de discours français, et fut vainqueur dans un brillant concours pour l'agrégation. Grâce à Delille,

dont il était élève, il fut nommé pro fesseur de rhétorique à Toulouse, où l'Académie des jeux floraux couronna trois de ses productions. Carré composa un grand nombre d'hymnes pour les fêtes républicaines, et le plus remarquable est celui qu'il fit pour la fête de la Vieillesse. Il fonda en l'an vi la société littéraire, connue à Toulouse sous le nom de Lycée. Après le 18 brumaire, il fut nommé mainteneur des jeux floraux, et M. de Fontanes l'appela à la chaire de littérature de la faculté des lettres. Il mourut à Paris en 1825. Outre un grand nombre d'odes et d'hymnes publiés en 1826, in-8°, on lui doit plusieurs poëmes, entre autres Le Bouclier d'Hercule, traduit du grec d'Hésiode.

CARRÉ (Remi), bénédictin, prieur de Beceleuf, ex-sacristain de la Celle, né à Saint-Fal, le 20 février 1706, a laissé 1° les Psaumes dans l'ordre historique, nouvellement traduits sur Thébreu, 1772, in-8°; 2° le Maitre des novices dans l'art de chanter, 1744, in-4°. On trouve dans ce livre un éloge du vin. L'auteur, après l'avoir conseillé pour toutes les maladies, ajoute: « Le vin fait presque autant que tous les autres remèdes ensemble. 3° la Clef des psaumes, 1755, in-12; 4° Recueil curieux et édifiant sur les cloches, 1757, in-8°.

CARRÉ (N.), voyageur, fut d'abord chargé de visiter la côte de Barbarie et divers ports de l'Océan. Les mémoires adressés par lui à Colbert fixèrent l'attention de ce ministre qui projetait de grands établissements dans les Indes orientales. Bientôt Carré fut désigné pour faire partie de l'expédition dont Caron était le chef. La flotte partit le 10 juillet 1666. Après avoir touché à Madagascar et à l'île Bourbon, Caron se persuada que Surate serait un chef-lieu préférable pour les établissements de la compagnie, et mit à la voile pour cette ville. Carré, dans la relation de son voyage, donne une description de Surate et des pays environnants. En 1668, lorsque les Turcs prirent Bassora sur les Arabes, il s'y trouvait pour les affaires de la com

pagnie, et fut obligé de se réfugier avec son navire à l'île de Karreck, dans le golfe Persique.

De retour à Surate, il fut envoyé en France par Caron qu'il n'aimait pas et qui voulait se débarrasser de sa surveillance. Carré s'embarqua, en 1671, pour Bender-Abassi; de là il se rendit à Bagdad, et traversa le désert. Durant ce trajet il eut beaucoup à souffrir. Enfin il arriva à Alep, se rendit à Tripoli de Syrie, parcourut le Liban, s'embarqua à Seïde, et arriva à Marseille. Peu de temps après, il fut renvoyé aux Indes par la route de terre.

Il a publié une relation avec ce titre : Voyage des Indes orientales, mélé de plusieurs histoires curieuses, Paris, 1699, 2 vol. in-12. Le premier volume, qui contient le récit de son premier voyage, est beaucoup plus intéressant que le second, qui parle peu de sa dernière tournée et n'est guère rempli que d'histoires galantes. Il était à Visapour en 1673.

CARREAU.-On appelait ainsi, avant l'adoption des armes à feu, une sorte de flèche dont le fer carré se trouve figuré dans les jeux de cartes, pour signifier avec les piques, selon l'explication qu'en donnent communément ceux qui veulent voir dans des morceaux de carton peints des leçons de politique et de morale, les armes dont un roi prudent doit toujours tenir ses arsenaux amplement fournis.

On nommait encore CARREAU, un coussin carré de velours que les femmes de qualité se faisaient porter à l'église, pour se mettre commodément à genoux pendant l'office. Les femmes des nobles d'épée avaient des carreaux garnis de galons d'or et d'argent; celles des hommes de robe en avaient seulement avec des broderies en soie. Aujourd'hui, personne ne fait porter des carreaux à l'église, parce que ce n'est plus une distinction. Quand les évêques et les hauts dignitaires ecclésiastiques officient, ils ont des carreaux pour s'agenouiller. Dans les mariages de personnes riches, on en donne aux époux, à qui on en fait payer l'usage.

On appelait aussi CARREAU le pavé

des rues; de là les expressions proverbiales, jeter sur le carreau, rester sur le carreau. On dit encore le carreau de la Halle, pour le pavé de la Halle. CARREL (Nicolas-Armand). Ce nom réveille le souvenir d'un publiciste célèbre qui possédait plusieurs des qualités éminentes de l'homme d'État. Homme d'action et de pensée, ayant quel que chose de chevaleresque qu'il tenait de sa nature, et qui n'avait fait que se développer dans les camps où il avait passé les premières années de sa jeunesse; imbu des plus nobles sentiments de patriotisme et partisan d'une sage démocratie; âpre à la résistance, impétueux à l'attaque; toujours au premier rang dans les moments de danger, mais généreux après la victoire, et ne voulant voir que des Français dans les vaincus, Armand Carrel s'était concilié l'estime de tous les partis. Son talent d'écrivain, sa bravoure militaire, et une grande fermeté de caractère, unie à beaucoup de grandeur d'âme, en avaient fait un homme politique de premier ordre et l'avaient désigné pour chef au parti démocratique. Il entrait à peine dans l'âge mur, lorsque le cours de sa vie fut brusquement interrompu par une déplorable catastrophe. Qui peut prévoir ce qu'il serait devenu, s'il n'eût pas succombé, dans sa trente-sixième année, victime de cette générosité qui lui faisait sans cesse prodiguer ses jours! Toutefois, les actes et les écrits qui ont si bien rempli sa trop courte existence suffiront pour lui assurer une place exceptionnelle. Sa réputation est du nombre de celles qui vont toujours en grandissant, parce qu'il a sincèrement aimé la patrie, parce qu'il a mis à son service des lumières peu communes, et, ce qui n'est pas moins rare, un dévouement à toute épreuve.

Armand Carrel naquit à Rouen, le 8 mai 1800, de parents honorablement connus dans le commerce. Après avoir terminé ses études au collége de sa ville natale, il décida, non sans peine, son père à permettre qu'il satisfit son goût pour la profession des armes. Partisan du régime de la restauration,

le père d'Armand Carrel voulait faire de son fils un négociant, comme lui ami de l'ordre de choses existant et plus soucieux de sa fortune personnelle que de la fortune de la France; mais l'âme fortement trempée du jeune Carrel ne pouvait descendre à ces mesquins calculs. Bercé au son des chants de triomphe de l'empire, sa première douleur avait été celle qu'éprouva la France après les revers de 1814 et de 1815; et c'est sans doute à ce début dans la vie qu'il faut attribuer ce qu'il y avait de belliqueux dans son caractère. Convaincu que le jour ne pouvait tarder où nous prendrions notre revanche sur la coalition des rois, il persista dans sa vocation militaire pour avoir le droit de marcher un des premiers à l'ennemi. A force de supplications, il obtint d'entrer à l'école de Saint-Cyr. Il n'y fut pas plutôt qu'il se distingua par så dextérité dans les exercices et son intelligence des manoeuvres; mais il ne tarda pas non plus à mécontenter ses supérieurs par l'indépendance de ses principes et une hardiesse de patriotisme qui n'était pas de mise dans un établissement où, aujourd'hui encore, malgré la révolution de juillet, une aveugle obéissance est regardée comme le premier des devoirs et où toute opinion qui n'est pas celle du pouvoir suprême est rigoureusement proscrite. Un jour, dit M. E. Littré (*), le général d'Albignac qui commandait l'école, lui ayant dit qu'avec des opinions comme les siennes il ferait mieux de tenir l'aune dans le comptoir de son père : « Mon général, répondit Carrel avec un accent énergique, si jamais je reprends l'aune de mon père, ce ne sera pas pour mesurer de la toile. » Cette réponse audacieuse fit mettre l'élève aux arrêts, et il fut question de l'expulser. Mais Carrel écrivit directement au ministre de la guerre, lui exposa les faits et gagna complétement sa cause. »>

Admis dans les rangs de l'armée avec

(*) Dans la notice remarquable qu'il a publiée sur Carrel Voyez le National du 19 octobre 1836.

le grade de sous-lieutenant, Carrel ne cessa pas d'être animé des mêmes sentiment de dédain pour des princes revenus à la suite de l'étranger; mais il affecta des allures insouciantes pour ne pas attirer les soupçons sur lui et rester plus libre d'agir lorsque l'occasion lui paraîtrait opportune. Il fit une première tentative en 1821, et trempa dans la conspiration de Béfort qui échoua, comme on sait. De NeufBrisach où il était en garnison avec le 29 de ligne, il se rendit secrètement à Béfort. Le complot venait d'y être découvert, et il n'eut que le temps de retourner en toute hâte à Neuf-Brisach pour ne pas être pris en flagrant délit par son colonel qui épiait sa conduite. Cependant ses principes politiques se prononçaient de jour en jour davantage. Le succès de la révolution d'Espagne, qui venait d'éclater, lui paraissait d'autant plus désirable, qu'il ne pourrait manquer de servir d'exemple à la France. De Marseille, où était venu son régiment, il écrivit une lettre d'assentiment aux cortès espagnoles, lettre qui fut saisie et portée à M. le baron de Damas, commandant de la dixième division militaire. Celui-ci fit de vains efforts pour obtenir du souslieutenant un désaveu de ce qu'il avait écrit, et la promesse de renoncer à ses liaisons politiques; mais Carrel resta inébranlable, quoique touché des procédés bienveillants de M. de Damas à son égard. Lorsque le gouvernement français, cédant aux injonctions de la sainte alliance, se prépara à envoyer des troupes en Espagne pour y étouffer la liberté naissante, Carrel résolut de donner sa démission, et d'aller défendre en Espagne la cause de la révolution. C'était un acte extrêmement grave. Il s'agissait de porter les armes, non pas contre la France, comme l'ont prétendu les accusateurs de Carrel, mais enfin contre le gouvernement français. Convaincu que la cause de la France était la même que celle de l'Espagne, peu effrayé de perdre son avenir militaire, il n'hésita pas, et, après une renonciation officielle à une carrière qui ne lui semblait plus celle de

l'honneur, il s'embarqua, dans le courant de l'année 1823, sur un bateau pêcheur espagnol, qui le conduisit à Barcelone. On connaît l'issue de cette guerre. A la suite de privations infinies et d'une foule d'actes de bravoure et de dévouement, la légion libérale étrangère, dans les rangs de laquelle servait Carrel en qualité de sous-lieutenant, fut obligée de déposer les armes en rase campagne, sous le fort de Figuières, mais seulement après avoir obtenu une capitulation honorable, pour éviter une plus longue effusion de sang entre des ennemis qui se portaient une commune estime. Devenu, par un singulier hasard, prisonnier du général Damas, Armand Carrel fut traduit, au mépris de cette capitulation, et bien qu'il eût cessé d'être militaire, devant un conseil de guerre, qui reconnut lui-même son incompétence; mais, à la demande du procureur général, la cour de cassation cassa l'arrêt d'incompétence, et, assimilant le prévenu et ses compagnons à des militaires, les renvoya devant le premier conseil de guerre des Pyrénées-Orientales. Cette fois, il fut condamné à mort. L'omission de quelques formalités légales empêcha seule que la sentence fût mise à exécution. Renvoyé devant le conseil de guerre de la dixième division militaire, siégeant à Toulouse, il fut acquitté, aux applaudissements de l'auditoire. « Six voix sur sept ont été pour moi, dit-il, dans une lettre à M. Isambert; jamais victoire ne fut plus complète. » Il faut lire, dans la notice de M. Littré, les souffrances que Carrel eut à endurer pendant toute la durée de cette procédure, le cruel régime de réclusion auquel il fut réduit, et la fermeté avec laquelle il se refusa constamment à implorer la clémence du roi, dont on lui offrait les gages les plus certains. Dans le cours de l'interrogatoire devant le conseil de guerre qui le condamna à mort, Carrel ayant opposé à l'accusation le témoignage de son honneur, le président du conseil osa lui dire « Dans votre position, vous ne « pouvez invoquer l'honneur. » A ces

mots, Carrel, ne suivant que l'inspiration d'une juste indignation, saisit sa chaise, et allait la jeter à la tête du président, lorsqu'il fut entraîné hors de la salle par les soldats qui le gardaient. Au sortir de la prison de Toulouse, Carrel, pour qui la carrière militaire était complétement fermée, se trouva dénué de toute ressource. Bientôt son talent d'écrivain allait le tirer d'embarras, et lui fournir le moyen de prouver qu'on peut servir son pays avec une plume aussi bien, et quelquefois mieux, qu'avec une épée. Il com-mença par être le secrétaire de M. Augustin Thierry, qu'il appelait son premier maître, et qui l'occupa à ses travaux historiques. « Il ne resta qu'un temps très-court auprès de l'historien de la conquête de l'Angleterre par les Normands. Sa position était extrêmement gênée; mais la campagne de Catalogne et la prison du Castillet l'avaient accoutumé à de rudes épreuves, et ni son courage, ni même son insouciance, n'étaient altérés par la vie qu'il menait. Il composa alors deux résumés, l'un sur l'Histoire d'Écosse, l'autre sur l'Histoire de la Grèce moderne. Il rédigea la Revue américaine, recueil qui contient de bons matériaux, et où on retrouve l'esprit politique qui présida plus tard à la rédaction du National, et il commença à écrire dans les journaux dans le Constitutionnel, dans le Globe, dans la Revue française, dans le Producteur. Il publia son Histoire de la contre-révolution en Angleterre, début très-remarquable, où il avait évité à dessein de faire des rapprochements entre les Stuarts et les Bourbons, mais où ces rapprochements éclatent malgré lui, et où ses tendances politiques sont déjà toutes manifestes. C'est des travaux entrepris par lui à cette époque que date sa prédilection pour l'histoire constitutionnelle de l'Angleterre; ce fut un sujet qu'il roula souvent dans sa tête, et qu'il n'avait jamais abandonné. »

Mais, ainsi que le dit encore M. E. Littré, la grande œuvre d'Armand Carrel, c'est le National. « Fatigué,

comme tant d'autres, des feintes dont l'opposition des quinze ans se couvrait, il conçut le projet de fonder un nouveau journal qui eût une allure plus hardie, un langage plus franc. Ce fut lui qui eut la première idée du National; le titre fut donné par lui; il faisait, dès ce moment, un pas en avant de la presse de la restauration. La rédaction du National fut remise à MM. Thiers, Mignet et Armand Carrel, avec cet arrangement que chacun, à son tour, aurait pendant un an la direction suprême de la feuille. M. Thiers, comme le plus âgé, commença, et, à vrai dire, il n'y avait pas accord entre ses opinions et celles d'Armand Carrel. Le National était évidemment fondé dans un but d'hostilité à la branche aînée des Bourbons; mais cette hostilité était différemment conçue par les deux rédacteurs en chef du National; je dis les deux, car M. Mignet n'était qu'un représentant de M. Thiers. Celui-ci pensait qu'il fallait une révolu tion semblable à la révolution anglaise de 1688: un prince du sang et une chambre des pairs pour sanctionner le mouvement. Cette politique est indiquée par les démarches de M. Thiers auprès du duc d'Orléans, et par un singulier article de cet écrivain, où, au milieu même de la révolution flagrante, il engageait la chambre des pairs à prendre l'initiative de l'insurrection contre la royauté.

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Dès cette époque, les pensées de Carrel allaient plus loin; aussi sa collaboration au National fut-elle rare, et il se borna presque à y insérer quelques articles de critique littéraire. Il attendait le moment où il pourrait donner au National une physionomie plus démocratique, lorsque la révolu tion de juillet éclatant, amena son tour plus tôt qu'on ne l'avait prévu. MM. Thiers et Mignet entrèrent dans l'administration, et abandonnèrent le National. Carrel était alors absent. L'existence du National, en conséquence, fut remise en question. M. Thiers songea à en faire un journal ministériel; mais les actionnaires s'y refusèrent, et, dans l'intérim,

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