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les soldats de la république auraient eu besoin de verser beaucoup plus de sang pour triompher. Voilà pourquoi, lorsque la réaction thermidorienne voulut l'envoyer au supplice, le mot de Bourdon de l'Oise arrêta le glaive prêt à tomber sur sa tête, et fit rougir l'accusateur lui-même. Mais la restauration fut encore moins généreuse que les thermidoriens: elle ne se borna pas à le menacer, elle l'envoya mourir sur une terre étrangère.

Carnot s'est fait, en outre, un beau nom dans la science; l'arme du génie et les mathématiques lui doivent de grands progrès, et pour le calcul infinitésimal, il a surpassé Leibnitz. Ce qui lui restait de loisir, il le consacrait à la culture des lettres, et la sensibilité de son âme s'épancha plus d'une fois en poésies fugitives. Indépendamment des ouvrages que nous avons cités, on a de lui: Observations sur la lettre de M. Choderloz de Laclos contre l'éloge de Vauban, 1783, in-8°; Exploits des Français depuis le 22 fructidor an 1er jusqu'au 15 pluviose an II de la république francaise, Bâle, 1796, in-8°; OEuvres de mathématiques, 1797, in-8°; Réflexions sur la métaphysique du calcul infinitésimal, 1799, in-8° (2o édition), Paris, 1813, traduit en allemand et en anglais; Second mémoire de Carnot, Hambourg, 1799, in-12; De la corrélation des figures de géométrie, 1801, in-8°; Principes fondamentaux de l'équilibre et du mouvement, Paris, 1813, in-8°; Géométrie de position, Paris, 1813, in-4°, fig. ; Discours sur l'hérédité de la souveraineté en France, prononcé au tribunat le 11 floréal an XII, 1804, in-8°; Mémoire sur la relation qui existe entre les distances respectives de cinq points quelconques pris dans l'espace; suivi d'un essai sur la théorie des transversales, 1806, in-4°, fig.; Mémoire adressé au roi en juillet 1814, par M. Carnot, lieutenant général, etc., Paris, 1814, in-8°; Correspondance inédite de Carnot avec Napoléon, Paris, 1815, in-8°; Opuscules poétiques, Paris, 1820, in-8°.

Carnot a laissé deux fils: l'aîné, Sadi, capitaine du génie, est mort en 1832, victime de l'épidémie cholérique; c'était un officier du plus haut mérite; le second Lazare - Hippolyte, qui a suivi son père dans l'exil, est aujour d'hui membre de la chambre des députés. Le rôle honorable qu'il a joué dans la révolution de juillet, l'avenir auquel il semble appelé, et les sacrifices qu'il a déjà faits pour la cause nationale, toujours si noblement défendue par son père, sont autant de motifs qui nous font un devoir d'entrer dans quelques détails sur ses débuts dans la carrière politique.

Lazare-Hippolyte CARNOT est né le 6 avril 1801, à Saint-Omer (Pas-deCalais). Il avait à peine trois ans, lorsque son père osa seul élever la voix contre l'établissement d'un empire héréditaire. Étant allé voir Carnot pour lui représenter les dangers auxquels son opposition l'exposait, un de ses anciens amis le trouva avec ses deux enfants, l'un sur ses genoux, l'autre jouant à ses côtés. La réponse que lui fit Carnot mérite d'être relatée: « Ces dangers, dit-il, je ne les crains « pas pour moi-même; mais croyez « que je ne me suis pas déterminé sans « réflexion à un acte qui fermera peut« être toute carrière politique à ces enfants dans le gouvernement qui se prépare.

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Sous la seconde restauration, lorsque la loi dite d'amnistie contraignit Carnot à quitter la France, Hippolyte, qui avait alors quatorze ans, lui demanda comme une grâce de l'accompagner dans l'exil. Ils partirent sous de faux noms, et, à la suite d'un voyage plein de dangers, ils arrivèrent, en janvier 1816, à Varsovie, où Carnot fut recu en triomphe, et où son fils se lia d'amitié avec plusieurs jeunes gens, qui plus tard ont pris une part glorieuse à la révolution polonaise. Bientôt après, ne pouvant plus supporter les procédés jaloux du grandduc Constantin, Carnot se retira en Allemagne, et vint se fixer à Magdebourg. Là, pendant un séjour de sept années, il se consacra tout entier à

l'éducation de son fils jusqu'en 1823, époque où il mourut. Hippolyte Carnot revint alors en France. Les idées saintsimoniennes commençaient à s'y produire; elles étaient encore loin de ce degré d'exagération qui leur a fait tant de tort. Hippolyte Carnot, élevé par son père dans l'amour du peuple, ne put rester froid à une doctrine qui promettait l'affranchissement du prolétaire, et qui voulait que toutes les institutions sociales eussent pour but F'amélioration morale, physique et intellectuelle de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. Il associa ses efforts à ceux de MM. Bazard et Enfantin, qui dirigeaient en commun la Société saint-simonienne, et fit plusieurs enseignements qui eurent beaucoup de succès. Il était si éloigné de prévoir les malheureuses modifications que subit plus tard la nouvelle doctrine, qu'il continua à faire partie de la Société de la morale chrétienne. Un fait qui mérite aussi d'être remarqué, c'est que son père, frappé luimême par la profondeur de quelques passages de Henri de Saint-Simon sur l'organisation sociale, avait désigné à son attention les ouvrages de ce génie original, ouvrages auxquels a été donnée depuis une interprétation si extraordinaire. Lorsque la révolution de juillet éclata, Hippolyte Carnot fut du petit nombre des disciples de la nouvelle école qui refusèrent de se conformer à l'ordre qui leur défendait de se mêler au mouvement insurrectionnel. Il descendit dans la rue, et combattit les armes à la main l'ancien régime, qu'il avait attaqué dans ses écrits. Dans la journée du 29, il devint membre de la municipalité improvisée de son arrondissement. Après la victoire, on lui proposa d'entrer dans l'administration, à l'exemple de la plupart de ses collègues de la Société de la morale chrétienne; mais il refusa de prendre sa part du butin. Lorsque la division se mit dans le saint-simonisme, et que M. Enfantin, victorieux des tendances démocratiques de M. Bazard, se fut déclaré seul chef de la doctrine, Hippolyte Carnot fut un des

premiers à flétrir la théorie morale du nouveau pontife; il se retira en disant qu'entendre, comme M. Enfantin le faisait, les rapports des sexes, n'était autre chose que sanctionner l'adultère. Il rentra alors plus librement dans le mouvement politique, et, fidèle à ses principes, il continua de défendre avec une nouvelle ardeur la cause de la démocratie. En 1835, il fut inscrit, par les accusés d'avril, dans le conseil de défense qu'ils demandaient à la cour des pairs. Aux élections de 1837, il fut porté à la candidature, quoique absent, par quatre colléges électoraux de la Bourgogne. En 1839, après la dissolution de la chambre, il fut choisi pour pré sider le comité central des électeurs de Paris. Enfin, dans le courant de la même année, sur la présentation de MM. Arago et Laffitte, il fut nommé député par les électeurs du sixième arrondissement de Paris. A la chambre, M. Hippolyte Carnot siége sur les bancs de l'extrême gauche. Il vote, dit la Biographie des hommes du jour, à laquelle nous renvoyons le lecteur pour de plus longs détails, il vote avec ceux qui croient à la nécessité de grandes réformes dans nos institutions, mais qui les veulent progressives, autant que possible pacifiques, et qui professent que la légitimité et la justice des moyens ne sont pas moins à considérer que celles du but à atteindre. Ajoutons que, jusqu'à ce jour, il a dignement porte le grand nom que lui a légué son père. Dans toutes les circonstances importantes, le pays, nous en sommes sûrs, trouvera en lui un bon citoyen.

Il se dispose à publier plusieurs ouvrages, entre autres des mémoires sur la vie de son père, des esquisses sur l'Allemagne, et une histoire du saintsimonisme.

Le général Carnot a eu plusieurs frères qui se sont tous montrés dignes de ce nom.

Joseph-François-Claude CARNOT, conseiller à la cour de cassation et membre de l'Institut, né en 1752, mort en 1839, fut, par ses lumières, son intégrité et son courage, un deș

de Saône-et-Loire. L'empereur exprima de vifs regrets sur sa perte.

ornements de la magistrature, où il entra dès l'âge de vingt ans. Justement regardé comme l'un de nos plus profonds criminalistes, il a publié: 1o un Traité de l'instruction criminelle, 3 vol. in-4o, Paris; 2° Examen des lois relatives à la liberté de la presse, in-8°, Paris, 1820 et 1821; 3° Commentaire sur le code pénal.

Charles-Marie CARNOT-FAULINS, lieutenant général, né en 1755, était capitaine du génie lorsque la révolution éclata. Établi dans le département du Pas-de-Calais, il en fut nommé administrateur en 1790, puis, en 1791, député à l'Assemblée législative, où il fut membre du comité militaire pendant tout le temps de la session. Il rendit de grands services à la célèbre bataille de Watignies. Nommé ensuite membre du comité des fortifications, il présenta et fit adopter des projets importants d'amélioration dans la défense des places. Ayant plus tard partagé la proscription de son frère, il fut obligé de quitter Paris, et ne rentra dans son grade que pour s'en démettre encore, par suite de son opposition contre le premier consul. Il resta plusieurs années sans traitement ni pension, et ne reprit son emploi qu'après la première abdication. Envoyé, en 1815, à la chambre des représentants par le département de Saône-et-Loire, il de vint l'un des secrétaires de cette assemblée, et fut chargé, avec ses collègues du bureau, d'aller porter à Bonaparte l'acte d'acceptation de sa seconde abdication. Il fut ensuite chargé, par intérim, du portefeuille de l'intérieur jusqu'à la rentrée du roi à Paris, le 8 juillet 1815. Quelque temps après, il fut mis à la retraite. Il reçut, en 1817, le brevet de lieutenant général, et continua de vivre au sein de sa famille. Il mourut à Autun, en 1836.

Claude-Marguerite CARNOT, né en 1754, se livra à l'étude de la jurisprudence, et occupa, dans le département de la Côte-d'Or, divers emplois civils et judiciaires. Il est mort le 15 mars 1808, procureur général près la cour de justice criminelle du département

CARNUTES, peuple gaulois dont le territoire correspondait à celui des anciens diocèses de Chartres, d'Orléans et de Blois. On voit figurer ce peuple dans la première époque de l'histoire des Gaules. Non-seulement César, mais Strabon, Pline et Ptolémée, en font mention. Ce dernier auteur leur donne pour villes principales Autricum (Chartres) et Genabum (Orléans). Autricum prit, comme beaucoup d'autres villes gauloises, vers la fin de la puissance romaine, le nom du peuple qui l'habitait, et s'appela Carnutes ou Carnates (*).

CARNY (N.), commissaire général des poudres et salpêtres, né au milieu du siècle dernier, était issu d'une des meilleures familles du Dauphiné. Il entra, jeune encore, dans l'adminis tration des poudres et salpêtres, et s'y fit bientôt remarquer. Il devint le collaborateur et l'ami de Monge, de Vauquelin, de Berthollet, de GuytonMorveau et de Lavoisier. Quand la France eut à lutter contre l'Europe entière, et que la poudre manquait à nos soldats, Carny trouva des procédés plus expéditifs pour en fabriquer. Nommé alors commissaire pour le ratfinage du salpêtre et la fabrication de la poudre dans toute l'étendue de la France, il monta la poudrière de Gre nelle vingt-quatre milliers de poudre sortirent tous les jours de ses ateliers, et furent conduits en poste à l'armée. Carny ne sollicita jamais rien pour luimême, malgré les nombreux services qu'il rendit à sa patrie, en créant successivement un grand nombre d'établissements utiles. Il mourut à Nancy en 1830.

CAROLINE (Marie-Annonciade Bonaparte), sœur de Napoléon et femme de Joachim Murat, roi de Naples, naquit à Ajaccio en 1782. Elle vint en France, en 1793, avec sa famille, qui avait été enveloppée dans les proscrip tions dont Paoli frappa le parti pa

(*) Voyez Walckenaer, Géographie ancienne des Gaules, t. I, p. 400,

triote. Napoléon, devenu premier consul, la maria au général Murat, qui dut à l'influence de Caroline autant qu'à sa bravoure militaire la haute fortune dont il abusa si tristement plus tard. Successivement grande-duchesse de Berg et reine de Naples, la princesse Caroline se concilia l'attachement des peuples. Elle prit toujours une part active à l'administration du royaume de Naples, et gouverna, en qualité de régente, pendant l'absence de Murat. Elle s'entoura d'hommes instruits, protégea les lettres, fonda un grand nombre d'institutions utiles qui durent encore, et s'efforça d'élever la nation napolitaine au rang des peu ples de premier ordre. Ce fut elle qui restaura le musée des antiques de Naples, qui organisa les fouilles de Pompéia sur un meilleur système, et qui en fit exhumer les monuments les plus précieux. On lui doit aussi l'établissement d'une maison d'éducation de trois cents demoiselles, établissement qu'elle soutint de ses propres deniers.

En 1815, lorsque la cause de l'em pereur son frère et du roi son mari fut complétement perdue, Caroline, au moment de quitter Naples, prit des mesures énergiques pour prévenir les troubles. Avant de mettre à la voile, elle stipula avec le commodore Campbell, qui commandait la flotte anglaise, que les propriétés des Napolitains seraient respectées. Elle se retira alors en Autriche, et se fixa à Baimbourg, près de Vienne, où elle vécut dans la retraite sous le nom de comtesse Lipona (anagramme de Napoli). Plus tard, elle vint en France demander une indemnité qui compensât la perte qu'elle avait essuyée par suite de la restitution faite à la famille d'Orléans du domaine de Neuilly, que Murat avait acheté de ses deniers. Cette indemnité n'aurait dû concerner que la liste civile; le ministère trouva plus convenable de l'imputer sur le budget. Un projet de loi fut présenté à ce sujet par le gouvernement à la chambre des députés en 1838. Après une discussion animée, où la conduite de Murat envers la France reçut le blâme qu'elle

mérite, la majorité se décida cependant à voter une loi ainsi conçue: « Il est accordé à madame la comtesse de Lipona une pension annuelle et viagère de cent mille francs. Cette pension sera incessible et insaisissable, et inscrite sur le grand-livre de la dette publique, avec jouissance du 1er janvier 1838.» Cette mesure fut accueillie défavorablement par le public. Caroline Bonaparte mourut peu de temps après. CAROLINGIENS. Voyez CARLOVIN

GIENS.

CAROLINS (livres).- On appelle ainsi les quatre livres qui, dit-on, furent composés par l'ordre de Charlemagne pour réfuter le deuxième concile de Nicée, contre lequel ils contiennent cent vingt chefs d'accusation exprimés en termes véhéments.

Quelques auteurs ont douté de l'authenticité de ces livres, que les uns attribuent à Angilran, évêque de Metz, les autres à Alcuin. Suivant d'autres, le pape Adrien ayant fait remettre à Charlemagne les actes du deuxième concile de Nicée, celui-ci les fit examiner par les évêques de France, qui y répondirent par l'envoi des livres carolins.

CAROLUS.-On frappa en France, sous le règne de Charles VIII, une pièce de bilion nommée Carolus, ou plutôt Karolus, parce qu'on y avait gravé dans le champ la première lettre du nom royal, un K couronné. Cette monnaie valait dix deniers : c'était, par conséquent, un blane. La seule différence qu'elle offrait avec les espèces ainsi nommées, c'est que l'écu de France avait été remplacé par ce K, mais les légendes ordinaires et la croix du revers cantonnée de couronnes et de fleurs de lis y avaient été religieusement conservées; ainsi, on lisait d'un côté KAROLVS FRANCORVM REX, et de l'autre, SIT NOMEN DOMINI BENEDICTVM. On ne frappa plus de Carolus après la mort de Charles VIII; mais le peuple continua pendant longtemps à se servir de ce nom pour désígner une pièce de dix deniers; et le Karolus finit même à la longue par devenir une monnaie de compte repré

sentant cette valeur. Il faut se garder de confondre les Carolus avec un gros tournois frappé par Charles V, et dont le type était aussi un K couronné; cette monnaie était d'argent et valait douze deniers. Du reste, ces deux espèces diffèrent tellement d'aspect que personne ne peut les confondre (Voy. CHARLES V (monnaies de).

CAROMB, petite ville et ancienne seigneurie du comtat Venaissin (aujourd'hui département de Vaucluse), à huit kilomètres de Carpentras. On y compte deux mille cinq cent cinquantedeux habitants.

CARON (Augustin - Joseph) n'avait que seize ans quand il entra au service en 1789. Après un lent et pénible avancement, il fut nommé lieutenantcolonel à la suite d'une brillante action à Bar-sur-Ornain (1814), où, à la tête de deux cent soixante-douze cavaliers, il prit deux cents chevaux et fit mettre bas les armes à un corps de deux mille hommes. Retiré après 1815 en Alsace, avec une mince demi-solde, Caron conserva dans son cœur le culte de l'empereur et l'espoir de faire encore triompher sa cause. Ainsi il se trouva impliqué, en 1820, dans la conspiration d'août qui fut déférée à la chambre des pairs. Défendu par M. Barthe, alors carbonaro, il fut acquitté et se retira à Colmar. Les infâmes délations dont il avait failli alors devenir victime, auraient dû le mettre en garde désormais contre les manoeuvres de la police. Néanmoins, quand la conspiration de Béfort eut échoué, il forma le projet de délivrer les prévenus qu'on allait juger à Colmar. Il fit à ce sujet d'imprudentes propositions à quatre sous-officiers qui le dénoncèrent, et qui reçurent l'ordre de leurs chefs de se prêter à ces tentatives pour arrêter l'entreprise quand il en serait temps. Caron conçut quelques soupçons sur la loyauté de ces affidés, et parut disposé à rompre tout à fait avec eux. Les traîtres redoublèrent de protestations, lui fournirent même des fonds dont on devine la source. Enfin, le malheureux se décida. Le 2 juillet 1822, les sous-officiers dont voici les noms :

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Gérard, Thiers, Magnien, Delzaive, lui amènent deux escadrons, dans les rangs desquels se trouvaient des officiers déguisés en simples chasseurs. D'après l'aveu du Supplément de la Biographic universelle, qui, bien que favorable à la restauration, ne peut s'empêcher de flétrir ce guetapens infâme, « les soldats en montant « à cheval avaient été avertis qu'ils « allaient agir pour le roi, et que, jusqu'à nouvel ordre, ils devaient « exécuter tout ce que leur conimanderaient leurs sous-officiers. La consigne fut suivie à la lettre, et sur << trois cents hommes, il ne s'en trouva << pas un qui dît à Caron: Comman« dant, on vous trahit! » Caron ayant revêtu son uniforme à l'approche du premier escadron, Magnien, qui avait reçu ses habits bourgeois avec ordre de les jeter dans les vignes, se hâte, de les porter au préfet. Pendant ce temps, la petite troupe, qui avait répondu à sa harangue par le cri de vive l'Empereur! continue sa marche. Arrivée devant Ensisheim, elle refuse d'y entrer. Alors le colonel conçoit de nouveaux soupçons, et lorsqu'on est parvenu au village de Battenheim, il se rend immédiatement chez le maire pour préparer des logements à ses compagnons, avec la ferme intention de les disséminer. Le flagrant délit allait échapper aux délateurs... L'heure était venue... A l'instant, on l'entoure, on lui enlève ses papiers et ses armes. Un autre ancien militaire, nommé Roger, son complice, subit le même sort, et tous deux sont ramenés à Colmar garrottés sur une charrette. Il fallait à tout prix une condamnation. Une décision ministérielle, soutenue par deux arrêts de la cour de cassation, enleva les deux coaccusés aux tribunaux ordinaires, qui, en vertu du principe d'adjonction (*), persistaient à les retenir, et ils parurent à Strasbourg devant le conseil de guerre. En vain, Čaron déclina la compétence de ce tribunal d'exception. Les sousofficiers, devenus officiers, vinrent

(*) Roger n'était pas militaire.

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