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de cadavres; et à peine arrivée sur le plateau où est ce village, elle y vit déboucher celle de gauche, qui, avec la même valeur, avait obtenu, sur la fin du jour, un pareil succès. Carnot, excédé de besoin et de fatigue, privé de ses chevaux, ne sachant comment se rendre au quartier général, où il sentait que sa présence pouvait être nécessaire pour les dispositions à faire le lendemain, fut rencontré dans cet état par un détachement de cavalerie, dont le chef lui offrit un cheval, et l'escorta jusqu'à Avesnes, où déjà l'alarme s'était répandue sur son sort. »

Nommé, le 23 frimaire an 11 (3 décembre 1793), membre du comité de salut public, il déploya dans ses hautes fonctions toute l'étendue de ses talents administratifs et militaires, et prépara, dans le cabinet, les victoires des premières campagnes de la révolution. Chargé seul du bureau de la guerre, il ne prenait pas même le temps nécessaire pour ses repas, et travaillait jusqu'à seize heures par jour, faisant mouvoir en même temps les quatorze armées qui venaient d'être organisées par ses soins. Sa puissance d'activité était extraordinaire : les plans de campagne, les documents de la volumineuse correspondance avec ces quatorze armées, tous de la main de Carnot, qui n'avait seulement pas de secrétaire, en sont une preuve évidente. L'auteur de cette correspondance n'a pas un seul instant perdu de vue le double but qu'il se proposait d'atteindre celui de diriger les mouvements militaires, et celui d'entretenir l'enthousiasme et le patriotisme dans les rangs de l'armée. Ingénieux à trouver sans cesse de nouveaux moyens pour enflammer les généraux et les soldats, il savait louer, avec un tact et un discernement peu communs, ceux qui avaient bien mérité de la patrie; il savait aussi flétrir par un blâme énergique ceux dont les actes appelaient sur eux sa juste sévérité.

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Ces immenses occupations lui laissèrent encore le temps de présenter à la Convention différents rapports sur des objets de la plus haute importance.

Ce fut lui qui proposa la suppression du conseil exécutif, et son remplacement par des commissions particulières; la reprise des quatre places des frontières du Nord, et la reunion de la Belgique à la France. On lui dut aussi l'établisssement d'une manufacture extraordinaire d'armes dans Paris, et beaucoup d'autres créations alors indispensables.

On a souvent présenté sous un faux jour les dissidences qui eurent lieu dans les derniers temps, entre Carnot et Robespierre. On ne s'est pas contenté de les exagérer, on a encore voulu leur donner, pour ainsi dire, un effet rétroactif, en les supposant plus anciennes qu'elles n'étaient. Dans la manière d'entendre la politique, il y avait évidemment désaccord, puisque Robespierre était le chef du parti jacobin, et que Carnot vivait en dehors de ce parti; mais, pour les principes généraux, pour les moyens révolutionnaires qu'il fallait employer dans le but de soutenir l'énergie nationale et de vaincre la coalition des rois, il y eut accord parmi tous les membres du grand comité de salut public, et c'est cet accord, unanime sur un même point, qui seul a assuré le triomphe de la révolution française. «Carnot ne voulut jamais être membre de la société des jacobins, dit M. Tissot, malgré les vives instances qu'on lui fit pour l'affilier à cette société célèbre. Cet éloignement tenait à l'indépendance du caractère, et aussi à une certaine circonspection politique et à des préventions qu'il n'a jamais abjurées. Il ne sentait pas l'immense besoin que la chose publique avait de ce levier populaire. D'autres hommes distingués ont partagé cette erreur : ils n'ont vu que les inconvénients et ont oublié les services. >> Absorbé dans ces admirables combinaisons qui, après l'avoir ramenée, enchaînaient la victoire, Carnot n'avait plus que peu de temps à donner aux méditations politiques. Il n'y a donc rien d'étonnant s'il repoussa alors des idées dont il désira la réalisation plus tard, et dont le succès

aurait empêché de cruels retours. Lors de la réaction thermidorienne, les anciens membres du comité de salut public ayant été mis en accusation, à l'exception de Carnot, celui-ci prit hautement leur défense, et dans un discours qui produisit une sensation profonde, il déclara que le comité de salut public avait, par sa fermeté, sauvé la patrie, et que, bien qu'il n'eût pas pris part aux actes reprochés à plusieurs de ses collègues, il ne voulait pas cependant que sa cause fût séparée de la leur ce généreux dévouement les sauva. Legendre reproduisit plus tard l'accusation et osa demander l'arrestation du vainqueur de Wattignies; la Convention allait accueillir cette proposition, quand Bourdon de l'Oise s'écria: « Mais c'est «< cet homme qui a organisé la victoire a dans nos armées ! » Ces paroles suffirent pour sauver Carnot. Mais sans l'inspiration de Bourdon, c'en était fait de celui dont le génie avait conçu et dirigé cette immortelle campagne de 1793 et 1794, campagne de dix-sept mois, pendant laquelle nos soldats ne quittèrent pas un instant les armes, à laquelle aucune autre ne saurait être comparée, et qui offrit pour résultats: vingt-sept victoires, dont huit en bataille rangée; 120 combats; 80,000 ennemis tués; 91,000 prisonniers; 116 places fortes ou villes importantes et 230 forts ou redoutes occupés; 3,800 bouches à feu, 70,000 fusils, 1,900 milliers de poudre et 90 drapeaux enlevés à l'ennemi.

Débarrassé des intrigues de ses ennemis, Carnot s'associa de nouveau à tous les travaux du comité de salut public, et participa à la création de l'école polytechnique et à la réorganisation de l'école de Metz. Il contribuá aussi à l'établissement du conservatoire des arts et métiers et du bureau des longitudes, à l'introduction d'un système uniforme pour les poids et mesures, à l'adoption de la découverte des télégraphes, enfin, à la fondation de l'Institut. Nommé membre de ce corps savant, en 1795, il en fut exclu après

le 18 fructidor, et remplacé par le général Bonaparte; en 1805, l'Institut le rappela dans son sein, pour l'en expulser de nouveau en 1815.

Après avoir sanctionné par sa signature un nombre prodigieux de nominations dans l'armée, Carnot n'était encore que capitaine à l'époque de la réaction thermidorienne. Ce ne fut que le 1er germinal an III (21 mars 1795) qu'il fut promu au grade de chef de bataillon. Lorsqu'un nouveau système gouvernemental vint remplacer la Convention nationale, il combattit avec chaleur l'institution du gouvernement directorial, qui fractionnait le pouvoir au moment où l'unité paraissait si nécessaire. Il insista, surtout, pour que le renouvellement de l'Assemblée nationale ne fût pas intégral. Appelé à la nouvelle législature par le vote de quatorze départements, il alla siéger au Conseil des Anciens. Nommé membre du Directoire, il se réserva la direction des affaires militaires, qu'il conduisit avec son habileté ordinaire. Dans sa première administration, Carnot avait pressenti le génie de Hoche; dans la seconde, il devina celui de Bonaparte, et c'est lui qui le fit porter au commandement en chef de l'armée d'ltalie. On n'a peut-être pas assez répété qu'à cette époque il entretint, avec son illustre protégé, une correspon dance très-active.

Vers ce temps, l'épuisement des finances ayant obligé le Directoire et les conseils à prononcer la réforme d'un grand nombre d'officiers, l'odieux de cette mesure tomba sur celui des directeurs qui avait dans son département les affaires militaires.

Carnot se vit alors en butte à d'implacables ressentiments, et ses adversaires politiques surent habilement en profiter comme d'un instrument de vengeance propre à amener les événements que la faction de Clichy préparait dans l'ombre. Le Directoire, menacé par ce parti, et ne pouvant plus compter sur la majorité des conseils, ne voyait son salut que dans un coup d'Etat. Carnot seul s'y opposa,

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Carnot qui, lors de la levée de boucliers du parti clichien, n'avait voulu employer que des moyens légaux de répression, fut compris dans le même arrêt de proscription qui atteignit ceux qu'il avait combattus. Force de quitter la France, après avoir été dépouillé de ses biens, ce ne fut que par sa présence d'esprit et grâce au dévouement de quelques amis qu'il put se soustraire aux persécutions des proscripteurs, dont la haine le poursuivit même sur le sol étranger. Il parvint à gagner la Suisse, non sans courir les plus grands dangers, et se retira ensuite à Augsbourg. C'est de cette ville qu'il répondit au rapport de Bailleul sur le 18 fructidor.

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Mon but, dit-il en terminant, fut « de faire aimer la république, en lui donnant pour base une liberté réelle, et non consistant dans des expres«sions dérisoires. J'ai désiré que les citoyens fussent dirigés dans leur conduite par des institutions con⚫verties en habitudes, plus que par les menaces de la loi; j'ai pensé qu'il valait mieux laisser les préjugés se dissiper insensiblement par les lumières de la raison, que de les extirper avec violence..... Je n'ai point usé du long exercice du pouvoir qui m'a été confié pour amas⚫ser des richesses, pour élever mes ⚫ parents aux emplois; mes mains ⚫ sont nettes et mon cœur est pur. » Cet écrit porta un coup' mortel aux ennemis de Carnot. Peu de temps après le 18 brumaire, son rappel, réclamé par l'opinion publique, fut prononcé par les consuls, et Napoléon s'empressa de lui confier le portefeuille de la guerre. Les succès qui signalerent sa troisième administration ne furent pas moins brillants que ceux qu'il avait obtenus sous le comité de salut public et sous le Directoire. Il sut imprimer aux bureaux une marche toute nouvelle, ramena l'ordre et

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l'économie dans les dépenses, fit plusieurs créations importantes, et réorganisa le bureau topographique dépendant de son département. Ses travaux administratifs ne l'empêchèrent pas de cultiver les sciences auxquelles il portait une prédilection par ticulière: il publia une Lettre du citoyen Carnot au citoyen Bossu, contenant quelques vues nouvelles sur la trigonométrie. Lorsque le vainqueur de Marengo fut de retour à Paris, Carnot lui proposa de décerner à la Tour d'Auvergne le titre de premier grenadier de France, et de transférer aux Invalides les cendres de Turenne. « Aux braves, disait-il, appartient la << cendre du brave; ils en sont les « gardiens naturels; ils doivent en « être les dépositaires jaloux. Un droit « reste après la mort au guerrier qui « fut moissonné sur le champ des « combats celui de demeurer sous la sauvegarde des guerriers qui lui « survivent, de partager avec eux l'a« sile consacré à la gloire; car la gloire est une propriété que la mort « n'enlève pas. » Ce furent les derniers actes de son administration. Il était difficile, en effet, que Carnot vécût longtemps en bonne intelligence avec Napoléon; il lutta cependant avec persévérance, dans l'espoir de conserver à la France les institutions républicaines; mais lorsqu'il vit que ses efforts devenaient inutiles, il donna sa démission, le 5 octobre de l'année 1800. Appelé par le sénat à siéger parmi les tribuns, il resta fidèle à la cause populaire et à la défense des libertés publiques. Il fut le seul qui, malgré les représentations et les sollicitations de ses collègues, combattit énergiquement la proposition du consulat à vie, et se prononça avec chaleur contre l'établissement de la monarchie impériale. Malgré cette vive et courageuse résistance, il fut compris dans la promotion des chevaliers de la Légion d'honneur du 14 juin

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1804.

Après la suppression du tribunat, Carnot rentra dans la vie privée. Il partagea ses loisirs entre l'éducation

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de ses enfants, l'étude des sciences et la littérature. Cependant, en 1807, Napoléon se rappela que Carnot s'était retiré sans traitement, et il acquitta la dette sacrée de la nation et Ta sienne propre, en lui allouant une pension de dix mille francs. En 1809, l'empereur songea encore à Carnot; il écrivait à son ministre de la guerre : «Notre militaire est peu instruit; il « faut s'occuper d'un ouvrage pour « l'école de Metz. J'attache une grande importance à cet ouvrage, et celui qui le fera bien méritera beaucoup « de moi.... C'est un travail complet « à faire, et je crois que Carnot serait très-propre à s'en charger. Le tout « doit être de faire sentir de quelle importance est la défense des pla«ces, et d'exciter l'enthousiasme des jeunes militaires. » Le ministre Clarke communiqua cette invitation indirecte à Carnot, qui y répondit l'année suivante par son Traité de la défense des places fortes, l'un de ses ouvrages les plus remarquables, et qui est devenu classique pour les militaires.

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Au milieu des envahissements du pouvoir impérial, quelques collègues de Carnot, revenus de leur enthousiasme, lui exprimèrent souvent leurs regrets d'avoir attaché leur nom à la fondation d'un aussi violent régime. << Il est trop tard, répondit Carnot, « vous avez placé Bonaparte si haut « que vous ne pouvez plus l'atteindre.» Mais à l'époque des désastres de 1813, bien différent de la tourbe de ces courtisans qui abandonnaient l'empereur après l'avoir perdu par leurs flatteries, il lui écrivit pour lui offrir son dévouement et son épée. « Aussi longtemps que le succès « couronné vos entreprises, lui disait«il, je me suis abstenu d'offrir à Votre Majesté des services que je n'ai pas "cru lui être agréables; aujourd'hui, sire, que la mauvaise fortune met « votre constance à une grande épreuve, « je ne balance plus à vous faire l'offre « des faibles moyens qui me restent;.... a il est encore temps pour vous, sire, << de conquérir une paix glorieuse, et

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« de faire que l'amour du grand peu

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ple vous soit rendu. » Napoléon se montra plus heureux qu'étonné de cet acte de dévouement, il savait de quoi Carnot était capable pour le salut de la patrie. « Dès que Carnot offre ses « services, dit-il au ministre de la « guerre qui lui présentait cette lettre, << il sera fidèle au poste que je lui au« rai confié. » Carnot reçut le brevet de général de division le 25 février, et alla prendre le commandement d'Anvers. Il arriva dans cette place au moment même où l'on commençait à la bombarder; quelques jours ayant suffi pour ses préparatifs de défense, il ordonna immédiatement des sorties qui détruisirent les travaux des assiégeants, et se prépara à la plus vigoureuse résistance on sait à quelles séductions il fut exposé et comment il justifia la confiance que Napoléon avait placée dans sa fidélité et ses talents. Après l'abdication de l'empereur, il donna son adhésion aux actes du gouvernement provisoire; il fut nommé aux fonctions d'inspecteur général du génie. A son retour de l'île d'Elbe, Napoléon offrit le portefeuille de l'intérieur à Carnot, qui l'accepta, et fit de vains efforts pour ramener l'empereur à un système politique plus en harmonie avec les vœux et avec les besoins de la nation. Au milieu des dangers de la patrie, il trouva encore l'occasion de doter la France d'une des plus belles conquêtes de la philanthropie moderne : nous voulons parler de l'institution de l'enseignement mutuel.

Lorsque l'empereur voulut abdiquer pour la seconde fois, Carnot s'y opposa avec autant d'énergie que dix ans auparavant il avait combattu son élection à l'empire. Voyant que son avis n'était pas écouté, il céda à un mouvement de découragement, et ne put s'empêcher de verser des larmes. II n'est pas douteux aujourd'hui que, si Napoléon eût suivi ce conseil, fortune n'aurait pas été se briser contre les rochers de Sainte-Hélène. Napoléon sembla le reconnaître, lorsqu'au moment de quitter la France il

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embrassa le grand citoyen, en lui disant, avec l'expression du plus profond regret: «Carnot, je vous ai connu trop tard. » La chambre avant décrété la formation d'une commission provisoire pour l'exercice du pouvoir exécutif, Carnot fut nommé membre de cette commission; mais les intrigues de Fouché firent échouer toutes les résolutions les plus énergiques.

La seconde restauration ne pardonna pas à Carnot sa conduite pendant les cent jours. Compris dans l'ordonnance du 24 juillet 1815, il se fit forcé de s'expatrier, et d'abandonner la France, qu'il aimait plus que la vie, et qu'il avait servie avec tant de grandeur d'âme. Il se retira d'abord en Pologne, après la publication de son Mémoire au roi, se fixa quelque temps à VarSovie, où les Polonais l'accueillirent comme un concitoyen, et lui rendirent les plus grands honneurs. Sa santé, mais plus encore la jalousie du prince Constantin, l'ayant forcé de quitter la Pologne, il vint se fixer à Magdebourg. Là, comme à Varsovie, il se vit entouré de l'estime et de la considération des habitants, et plus particulièrement des savants, des hommes d'État et des militaires. Il mourut dans cette ville, le 2 août 1823, regretté de tous ceux avec qui il avait eu des relations..... Hâtons-nous d'ajouter que la France protesta aussi, par son deuil, contre la cruauté du gouvernement qui avait condamné un pareil homme à aller finir ses jours dans l'exil.

Carnot est, sans contredit, un des acteurs les plus remarquables de notre épopée révolutionnaire. Comme homme politique, il proteste plus souvent qu'il n'agit peut-être; mais il réunit toutes les vertus d'un grand citoyen: patriotisme, intégrité, dévouement sans bornes à la chose publique. Comme militaire, sa physionomie se dessine d'une manière exceptionnelle à côté de celle de tous nos généraux; inférieur à Napoléon pour l'attaque, il est son prédécesseur, sinon son égal, pour la defensive. Ayant eu la fortune d'être placé dans des circonstances tout à fait neuves, il a su se montrer à la hau

teur de ces circonstances. L'émigration des nobles avait privé nos soldats de leur état-major, la trahison et les succès de la coalition avaient décimé les rangs de notre armée; il remplaça les officiers de l'ancien régime par les sous-officiers de la révolution, entretint les douze cent mille hommes qui composaient les quatorze armées de la Convention, et forma des généraux dignes de les commander, tels que Moreau, Hoche, Jourdan, Pichegru, et tant d'autres. Lui-même, après avoir fait ses preuves au feu, revint à Paris dresser des plans de campagne dans son cabinet, et, comme on l'a dit souvent, y organiser la victoire. Il fut, pour la milice républicaine, à la fois un major général et un instituteur, non-seulement pour les règles de la guerre, mais encore pour les principes politiques. Voulant faire de chaque citoyen un soldat, et de chaque soldat un citoyen, ce qui était nécessaire pour le salut de la patrie, la Convention prit Carnot pour ministre, et, soutenu par elle, soutenu par l'enthousiasme national, il devint l'âme de nos quatorze armées. S'il est ou non l'inventeur de cette nouvelle tactique qui, modifiant toutes les anciennes traditions de la stratégie, rendit la grande guerre possible et Napoléon avec elle, c'est une question sur laquelle les avis peuvent être partagés. Les uns attribuent cette découverte au général Grimoard, qui la réclame, les autres remontent à des temps encore plus reculés; il en est, et ce sont les plus nombreux, qui pensent que cette méthode fut toujours celle des grands capitaines, et que la révolution ne fit que la généraliser et la pratiquer sur une échelle immense. Quoi qu'il en soit, tout le monde est d'accord que Carnot en fit une large application en 1793 et 1794, lorsqu'au lieu de perdre son temps à couvrir Paris, il déborda les deux ailes de l'armée ennemie, étonnée de se voir obligée de battre en retraite devant des conscrits qu'elle croyait hors d'état de se défendre. Tout le monde convient aussi que, s'il n'avait pas compris la portée du nouveau système,

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