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ligieux du neuvième siècle nommés Beringar et Luithard; et le calligraphe du beau Codex bibl., qui fut présenté à Charlemagne lors de son séjour à Pavie, s'appelait Ingobert. Des religieuses ont aussi perpétué le souvenir de leurs travaux calligraphiques en y inscrivant leurs noms. En France, saint Césaire (voy. CÉSAIRE [saint]), qui, vers la fin du cinquième siècle, fonda à Arles un couvent de femmes, prescrivit à ces religieuses de s'occuper, pendant certaines heures, à copier des livres, et saint Féréol l'ordonna aussi, au sixième siècle, à ses moines d'Usez.

A l'époque de l'invention de l'imprimerie, les calligraphes, pour obtenir une forme égale d'écriture, furent obligés d'employer une méthode, fort ancienne il est vrai, mais nouvelle par l'application qu'on en fit. Elle consistait dans l'emploi de lames de laiton, de cuivre ou de fer blanc, découpées; et l'on faisait ainsi des livres entiers, travail pénible et fastidieux qui ne pouvait guère convenir qu'à des religieux. Ce genre d'écriture fut principalement employé pour les grands livres de plain-chant, ainsi que cela se pratiquait encore il y a une vingtaine d'années dans quelques couvents d'Allemagne. Les Français parvinrent dans ce nouvel art à un assez grand degré de perfection; nous citerons, entre autres, un moine de la Trappe nommé Deschamps qui vivait au dix-septième siècle. (Voyez MANUSCRITS, MINIATURES, COPISTES.)

Aujourd'hui, le mot calligraphe sert à désigner les personnes qui ont une écriture belle et régulière. Cet art est malheureusement très-rare en France, tandis qu'au contraire en Angleterre, en Allemagne et en Amérique, rien n'est plus commun que ce que l'on appelle vulgairement une belle main.

CALLOT (Jacques), graveur, naquit à Nancy en 1593, de parents nobles, qui s'opposèrent à ce qu'il cultivât les arts pour lesquels il montrait un goût décidé. Il quitta à douze ans la maison paternelle, se joignit à des Bohémiens avec lesquels il se rendit en Italie. Peut-être est-ce aux souvenirs des

aventures dont il fut alors le témoin obligé, qu'il dut la verve et la gaieté énergique de quelques-unes de ses comitions. Un officier du duc de Toscane, qu'il rencontra à Florence, le délivra de ses compagnons, et le plaça chez un peintre célèbre, Remigio Canta-Gallina. Callot se livra alors à l'étude avec un zèle infatigable. Mais ce fut surtout à Rome qu'il étudia l'antiquité et la gravure sous Ph. Thomassin. De retour à Florence, il se lia avec J. Stella, de Lyon, et fut employé par Côme II à retracer les fêtes données à l'occasion du mariage de Ferdinand. Il revint à Nancy en 1620, et la plupart des grands personnages du temps le chargèrent de reproduire leurs actions. C'est ainsi qu'il grava, pour Spinola, la prise de Breda, pour Louis XIII, la prise de la Rochelle; mais quand ce prince lui ordonna de graver la prise de Nancy, il refusa fièrement de faire quelque chose contre l'honneur de sa patrie. Callot reproduisit, au moyen de la gravure à l'eau-forte, toutes les créations de sa poétique imagination. Il s'est placé, par ses originales compositions qui lui donnent une certaine ressemblance avec Rabelais, au premier rang des compositeurs et des graveurs de son époque. Il fut le chef de la brillante école qui a produit les Labelle, les Duplessis - Bertaux, les Boissieu, etc. Nous citerons parmi ses ouvrages les plus remarquables, les Misères de la guerre, les Supplices, la Tentation de saint Antoine, etc. Son œuvre se compose de plus de quinze cents pièces. Il mourut à Nancy, le 24 mars 1635.

CALLOTS. On appelait ainsi une race de mendiants valides, qui était fort répandue à Paris dans la première moitié du dix-septième siècle. Ces mendiants faisaient partie de la grande communauté de Gueux, et habitaient la cour des Miracles. Ils prétendaient avoir été guéris de la teigne après un pèlerinage à SainteReine.

CALLSDORF (combat de). Pendant la campagne de 1809, lorsque le

prince Eugène, à la tête de l'armée d'Italie, se porta vers la Hongrie, pour opérer sa jonction avec la grande armée commandée par l'empereur, il laissa en Styrie une division sous les ordres du général Broussier. Ce dernier devait prendre position à Gratz, afin de maintenir libre la route par laquelle devait déboucher le général Marmont à la tête de l'armée de Dalmatie. Pendant que Broussier, établi à Gratz, en bloquait la citadelle, il apprit que le général autrichien Guilay s'avançait vers cette ville, avec un corps considérable, par la route de Marbourg. Bien que les forces du général français ne se composassent que de deux régiments d'infanterie, il crut devoir prendre l'offensive. En conséquence, il sortit de la ville le 24 juin 1809, passa la Muhr et se porta sur la rive droite de cette rivière, à Gorting. Là, ayant été informé de l'approche du corps de Marmont, il se décida à faire charger une avant-garde autrichienne qui se trouvait à Feldkirchen. Cette troupe se retira, en longeant la rivière, vers le village de Callsdorf, où se trouvait le gros du corps de Guilay, qui cherchait à s'y établir. Le général Brous=sier, quoiqu'il fût alors huit heures du soir, fit attaquer sur-le-champ Callsdorf fut emporté à la baïonnette par le neuvième régiment de ligne, soutenu du quatre-vingt-quatrième. Le premier de ces régiments, maître du village, s'élança en avant jusqu'à la premiere ligne ennemie, formée à quelque distance. Cette ligne se débanda, et entraîna dans sa fuite la deuxième et la troisième. En moins d'une demiheure, un corps de vingt mille Autrichiens, soutenu par trente bouches à feu et par deux mille chevaux, fut mis en déroute par quatre bataillons. Cette affaire si rapide et si glorieuse pour les Français ne leur coûta que quarante morts. Le lendemain, le géné ral Guilay ayant rallié ses troupes, passa la Muhr à Wildon, afin de se porter par la rive gauche vers Gratz. La rive droite se trouvant ainsi libre, le corps de Marmont opéra, le 26, sa

jonction avec celui du général Broussier.

CALMET (dom), Augustin, naquit à Mesnil-la-Horgne, en 1672, se fit bénédictin de Saint-Vannes en 1688, et se livra d'abord avec la plus grande activité à l'étude des langues orientales. Il fut ensuite chargé d'un cours de philosophie et de théologie. Après quoi, il fut envoyé, en 1704, à l'abbaye de Munster, avec le titrede sousprieur. C'est là qu'il forma une acadé mie de huit ou dix religieux, exclusivement occupés de l'étude des livres saints. Il y composa en partie ses commentaires, qu'on le décida à publier en français plutôt qu'en italien. Il fut fait abbé de Saint-Léopold à Nancy, en 1711, et de Senones, en 1728. Il mous rut dans cette dernière abbaye en 1757. Ses vertus ne le cédaient point à sa vaste érudition, et il était si peu ambitieux, qu'il refusa le titre d'évêque in partibus, que lui offrit Benoît XIII. Quoique livré constamment à l'étude, il ne négligea point l'administration du temporel de son abbaye. Il y fit des augmentations et embellissements, et surtout en enrichit considérablement la bibliothèque.

Le nombre des ouvrages publiés par ce savant est considérable; on pourrait les évaluer à soixante-dix volumes in-4°. Les principaux sont un Commentaire littéral sur tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, ouvrage très-savant, mais où l'on aimerait cependant à voir résoudre les difficultés élevées par les philosophes contre beaucoup de passages des livres saints; 2° les dissertations et les préfaces des commentaires avec dix-neuf dissertations nouvelles; 3° l'Histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament, pour servir d'introduction à l'histoire ecclésiastique de Fleury; 4° le Dictionnaire critique, historique et chronologique de la Bible, avec des figures: c'est le Commentaire réduit a l'ordre alphabétique; 5° l'Histoire ecclésiastique et civile de la Lorraine, la meilleure qu'on ait publiée de cette province; 6° Bibliothèque des écrivains de Lorraine : 7o Histoire uni

verselle sacrée et profane; 8° Dissertation sur les apparitions des anges, des démons et des esprits, et sur les revenants et vampires de Hongrie; 9° Commentaire littéral historique et moral sur la règle de SaintBenoit, ouvrage qui renferme des détails curieux.

CALONNE (Charles-Alexandre de) naquit à Douai en 1734, d'une famille distinguée dans la magistrature. Une grande vivacité d'esprit, jointe à beaucoup d'ambition, des manières élégantes, le goût du luxe, une moralité plus que douteuse, une imagination fertile en intrigues et en ressources de tout genre, tels sont les principaux traits du caractère de cet homme, dont le passage au ministère a si gravement compromis la royauté.

Ayant embrassé la carrière du barreau, il fut d'abord avocat général au conseil principal d'Artois, puis ensuite procureur général au parlement de Douai, et ne tarda pas à devenir maître des requêtes, ce qui lui donna entrée au conseil. Il débuta d'une manière peu honorable dans la carrière de l'administration. Les querelles entre les parlements et le clergé avaient été, en Bretagne, plus vives que partout ailleurs. Les jésuites, soutenus par le gouverneur de cette province, le duc d'Aiguillon, avaient conjuré la perte du procureur général la Chalotais. Ils l'accusèrent de vouloir détruire les antiques bases de la monarchie pour y substituer la démocratie. Des lettres anonymes, injurieuses à la majesté du trône, tombèrent entre les mains du roi, qui chargea la Vrillière de prendre des informations sur ces lettres. Le secrétaire d'Etat, qui était parent du duc d'Aiguillon, les ayant montrées, comme par hasard, à Calonne, celui-ci s'écria aussitôt : « Voici l'écriture de M. de la Chalotais. » Cette scène, concertée entre eux, eut pour résultat l'arrestation de la Chalotais; mais le complot tourna à la confusion de ses auteurs après bien des efforts pour réunir les éléments d'une accusation positive contre cet estimable magistrat, on fut obligé de le remettre

en liberté, et Calonne n'y gagna que la réputation d'un audacieux intrigant.

En montant sur le trône, Louis XVI avait choisi Turgot et Necker pour ministres; mais les courtisans, alarmés des projets de réforme que préparaient ces deux hommes d'État, les obligèrent, par leurs cabales, à donner leur démission. Dès lors, tout fut perdu, et la révolution devint imminente. MM. Joly de Fleury et d'Ormesson, qui leur succédèrent, ne purent rétablir l'ordre dans les finances. Calonne, protégé par le comte d'Artois et M. de Vergennes, ministre des affaires étrangères, fut nommé, en 1783, au contrôle général. Si les courtisans avaient eu à redouter la sévère économie de Turgot et de Necker, ils n'eurent qu'à se louer de la facile complai sance du nouveau contrôleur général. Calonne ne s'étudia qu'à plaire à la cour, et il y réussit, du moins pendant quelque temps. Il donnait des fêtes, payait les dettes du comte d'Artois, prodiguait l'argent à la reine, donnait des pensions et des gratifications à ses protégés, soldait l'arriéré, acquittait toutes les dettes, achetait Saint-Cloud et Rambouillet. Lorsque le roi l'interrogeait sur les ressources du trésor, le ministre lui faisait le tableau le plus séduisant de la situation de la France. Il ajoutait qu'il avait des plans tout prêts, qu'il mettrait au jour quand il serait temps, et dont l'effet serait d'effacer jusqu'aux moindres traces du déficit. Les moyens qu'employait Calonne pour faire face à tant de profusions étaient simples: il empruntait, anticipait, rendait les édits bursaux, prolongeait les vingtièmes, imposait des sous additionnels avec une facilité que n'avait jamais montrée aucun de ses prédécesseurs. Le parlement avait beau faire des remontrances toutes les fois qu'on lui présentait des édits, le roi ordonnait d'enregistrer, et on était contraint d'obéir. La détresse du peuple parvint à un point qui ne permit plus de lever de nouveaux impôts ; et, quant au crédit, les nombreux emprunts du ministre l'avaient épuisé.

CAL

FRANCE.

Dans cette situation critique, il ne se laissa point décourager, et trouva de l'argent pour maintenir son luxe et ses énormes dépenses. Enfin, en 1786, il se prépara à mettre à exécution la grande mesure qu'il gardait depuis si longtemps en réserve: il convoqua une assemblée des notables. Son intention était de demander à cette assemblée l'égale répartition des impôts, l'anéantissement des priviléges d'Etat, l'abolition des corvées et de la gabelle. Cette mesure ne satisfit aucun parti. La nation, éclairée sur ses propres intérêts, demandait la convocation des états généraux; et, quant à la noblesse, outre qu'il comptait parmi elle beaucoup d'ennemis qui conjuraient sa ruine avec les parlements, elle était trop prévenue contre ses premières opérations pour lui accorder les sacrifices qu'il réclamait d'elle. Ce qui nuisit surtout au projet de Calonne, ce fut la mort de Vergennes, arrivée quelques jours avant la convocation des notables. Néanmoins, il se présenta avec dont assurance devant l'assemblée, l'ouverture eut lieu le 2 février 1787. Il y prononça un discours non moins brillant qu'habile, dans lequel il fit le tableau le plus flatteur de l'état de l'industrie et du commerce; cependant il fut forcé de convenir d'un déficit énorme de cent douze millions. Loin d'accueillir les moyens qu'il proposait pour rétablir les finances, les notables lui demandèrent des comptes. Obligé de se défendre, mais fort embarrassé que de le faire, Calonne déclare riéré remontait au ministère de l'abbé Terray; qu'il était alors de quarante millions; que l'administration de Necker en avait joint quarante autres, et qu'il n'avait pu lui-même éviter une surcharge de trente-cinq millions. Necker répondit en soutenant, comme il l'avait fait dans son compte rendu, que, pendant sa gestion, les recettes excédaient les dépenses de dix millions. Dès lors, les notables, heureux d'avoir un prétexte pour se venger des inquiétudes qu'il leur avait inspirées sur leurs priviléges, ne gardèrent plus de mesure contre lui. La cour, voyant

l'ar

bien qu'il ne pourrait plus fournir à ses prodigalités, s'unit aux parlements. La reine et le comte d'Artois, auparavant ses soutiens chaleureux, entraînés par l'archevêque de Toulouse, qui briguait la place de contrôleur général, l'abandonnèrent aussi. Néanmoins Calonne résista encore quelque temps. Il réussit même à faire disgracier un de ses plus grands ennemis, le garde des sceaux Miromesnil; mais le lendemain même du jour où il obtint cet avantage, le roi, pressé par les représentations des notables, envoya M. de Breteuil lui demander sa démission. La haine de ses ennemis ne s'en tint pas là. Louis XVI fut contraint de lui retirer le cordon du Saint-Esprit et de l'exiler en Lorraine.

Quelque temps après, Calonne passa en Angleterre, et engagea de là, avec Necker et les parlements, une polémique dans laquelle il mit beaucoup d'esprit et de grâce, mais il ne put jamais, malgré tous ses efforts, convaincre personne de l'intégrité de son administration. Il épousa à Londres la veuve de M. d'Harveley, qui lui apporta en dot une grande fortune. Lorsqu'en 1789 les états généraux s'assemblèrent, Calonne se rendit en Flandre dans le dessein de s'y faire élire; mais la nation était animée alors de sentiments trop purs pour faire choix d'un tel mandataire. Le refus qu'elle fit de ses services l'engagea à écrire contre la révolution. Il devint l'agent du parti de Coblentz, qu'il servit avec beaucoup d'activité, et auquel il sacrifia toute sa fortune. Après que les événements de la guerre eurent ôté aux Bourbons tout espoir de rentrer alors en France, il retourna à Londres, où il composa quelques ouvrages politiques. Calonne ayant à se plaindre du parti qu'il avait servi avec tant de zèle, et dont il s'était attiré la défaveur par la publication de son Tableau de l'Europe en novembre 1795, sollicita, en 1802, la permission de revenir dans sa patrie. Napoléon la lui accorda; mais il mourut un mois après son arrivée, le 30 octobre 1802, laissant la réputation d'un homme de talent, mais sans conviction et sans

caractère. Naturellement léger, Calonne voyait difficilement le côté profond des choses; aussi sembla-t-il se jouer des graves difficultés contre lesquelles la royauté eut à lutter avant l'explosion de la révolution. Sa trop grande confiance dans son habileté pour les tours d'adresse lui fit croire qu'il suffisait de louvoyer pour échapper à tous les écueils; mais ayant voulu tromper tout le monde, il tomba devant le mécontentement général. On trouvera dans nos ANNALES des renseignements positifs à cet égard.

Calonne a publié plusieurs mémoires sur les finances et sur diverses questions politiques, qui sont écrits avec beaucoup d'élégance, mais dans lesquels se retrouvent tous les défauts de son caractère. On a en outre de lui: Correspondance de Necker et de Calonne, 1787, in-4; Réponse de Calonne à l'écrit de Necker, in-4o, Londres, 1788; Note sur le mémoire remis par Necker au comité de subsistances, Londres, 1789; De l'état de la France tel qu'il peut et tel qu'il doit être, Londres, 1790; Observations sur les finances, in-4°, Londres, 1790; Lettres d'un publiciste de France à un publiciste de l'Allemagne, 1791; Esquisse de l'état de la France, in-8°, 1791; Tableau de l'Europe en novembre 1795, Londres, in-8°; Des finances publiques de la France, in-8°, 1797; Lettre à l'auteur des Considérations sur les affaires publiques, in-8°, 1798. On lui attribue aussi un Traité de la police pour l'Angleterre; une Réponse à Montyon; et enfin des Remarques sur l'histoire de la révolution de Russie par Rulhière.

CALOTTE (régiment de la). Au commencement du dix-huitième siècle, quelques beaux esprits de la cour, tous d'une humeur satirique et railleuse, dans le but de châtier par le ridicule les écarts de conduite, de style et de langage qui parviendraient à leur connaissance, formèrent une société qu'ils nommèrent le Régiment de la calotte, et le composèrent uniquement de personnes distinguées par la singularité de leurs discours ou de leurs actions.

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Pour prouver qu'ils ne s'épargnaient pas plus qu'ils n'épargnaient les autres, ils s'inscrivirent les premiers sur le registre matricule de ce corps fantastique, et élurent un des leurs pour son général. Bientôt il n'y eut dans la vie publique, dans la vie privée, dans les œuvres de l'esprit, rien qui fût à l'abri de la mordante critique des chefs de cette singulière milice, qui avait ses étendards, qui fit frapper des médailles, et trouva des poëtes pour mettre en vers ses arrêts burlesques. Quand un homme avait fait ou dit une sottise, on lui donnait une calotte, c'est-à-dire, qu'on lui décochait une épigramme bien acérée qui le couvrait de ridicule, ou bien on lui envoyait un brevet de calottin, et il était censé faire partie du régiment en qualité d'extravagant. Une fois le roi demanda à M. de Torcy, exempt de ses gardes du corps, et général de la calotte, s'il ne ferait pas un jour la revue de son régiment. «Sire, répondit Torcy, j'y ai pensé plus d'une fois; mais il est si nombreux que j'ai toujours craint << qu'il ne se trouvât personne pour le « voir passer. » Sous le nom de calottes et de calottines, il partit de cette société un grand nombre de pièces dont on a recueilli et publié les meil leures. Ces pièces ont eu quelquefois beaucoup plus pour but de satisfaire des animosités particulières que de servir à la correction des mœurs publiques. Voltaire, qui lui-même est appelé, dans l'Anti-mondain, cher calottin de la première classe, se plaint amèrement, dans une lettre de 1746, d'une calotte que l'on avait faite contre M. et Mme de la Popelinière, pour prix de fêtes qu'ils avaient données, et auxquelles n'avaient probablement pas été conviés les officiers du régiment. Après avoir été, pendant plusieurs années, une puissance, le régiment de la calotte mourut tout doucement; mais en disparaissant du monde il légua à des gens d'esprit, qui devaient venir plus tard, l'idée de l'ordre de l'Éteignoir et de celui de la Girouette, dont les fondateurs, pendant les neuf mois de la première restauration, distribuèrent

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