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surnommé le Simple. Il fallait pourtant un chef. Les grands s'avisèrent de songer à Charles le Gros, et crurent qu'il pourrait les défendre contre les Normands (884). Charles accepta. Mais comment aurait-il su mieux protéger la France que l'Allemagne? Il laissa assiéger Paris, et cette ville eût été prise si le comte Eudes, fils de Robert le Fort, l'évêque de Gozlin et l'abbé de Saint-Germain des Prés ne l'eussent défendue avec courage. Leurs efforts auraient été récompensés si Charles avait voulu les soutenir. Il s'approcha de la ville assiégée avec une armée; mais, au lieu de combattre, il acheta la retraite des Normands, et leur abandonna même la Bourgogne à piller. Les peuples à la fin, lassés de ce dernier et inutile essai de la puissance impériale, le rejetèrent à toujours, et Charles fut déposé à la diète de Tribur (887).

Charles le Chauve avait signé en quelque sorte l'abdication de la royauté en reconnaissant, par l'édit de Kiersy, l'hérédité des comtés. Dès ce moment, les Carlovingiens de France virent tomber l'un après l'autre tous leurs droits et diminuer chaque jour l'étendue de leurs domaines. A côté d'eux, s'élevèrent les puissants ducs de l'Ilede-France, de Bourgogne et d'Aquitaine, les comtés de Flandre, de Vermandois, de Toulouse, etc. Après la déposition de Charles le Gros, ce fut l'un de ces anciens officiers des empereurs qui prit leur place. Dans le même temps où les Allemands choisissaient Arnolf, les Français (888) reconnurent pour roi le vaillant défenseur de Paris contre les Normands, Eudes, qui sut conserver son titre malgré les prétentions et les attaques de Charles le Simple.

Ce dernier cependant recouvra le trône de ses pères à la mort du roi Eudes, en 898; mais il fut obligé de signer le traité qui donna l'une des plus belles provinces de France à un chef de pirates danois. Rolf ou Rollon obtint, en 912, la Normandie, que ses compatriotes pillaient depuis près d'un siècle. Fidèle au traité d'alliance qu'il avait fait avec Charles le Simple, il le

soutint contre Robert de France, frère du roi Eudes, que les grands, indignés de la faiblesse de Charles, élurent pour roi à sa place, en 922. Robert, vainqueur à la bataille de Soissons, mourut au sein de son triomphe; mais il fut remplacé par Raoul, duc de Bourgogne, et le malheureux Charles fut emprisonné par le comte de Vermandois dans la ville de Château-Thierry, puis à Péronne, où il mourut en 929.

Le principal auteur des malheurs de Charles le Simple était Hugues le Grand, comte de Paris, le plus puissant seigneur entre la Seine et la Loire, et le représentant de cette réaction qui s'était peu à peu formée dans la Gaule contre les indignes descendants de Charlemagne. Ceux-ci, en souvenir de leur origine teutonique, tournaient constamment leurs regards vers l'Allemagne, et imploraient ses secours contre leurs vassaux rebelles; aussi plus d'un seigneur du nord de la France était tenté de les renvoyer au delà du Rhin. Cependant la force des souvenirs leur conserva quelque temps encore la couronne. A la mort de Charles le Simple, on fit venir d'Angleterre Louis, son fils, à qui cette circonstance valut le surnom d'Outre-mer. Louis, élevé à l'école de l'adversité, montra une activité et une vigueur qui auraient dû lui mériter un meilleur sort; mais chaque jour croissait et se fortifiait l'opinion nationale qui repoussait les Carlovingiens. Enfin, lorsque les défiances mutuelles se furent accrues au point d'amener, en 940, une nouvelle guerre entre les deux partis qui depuis cinquante ans étaient en présence, Hugues le Grand, quoiqu'il ne prît point le titre de roi, joua contre Louis d'Outre-mer le même rôle qu'Eudes, Robert et Raoul, avaient joué contre Charles le Simple. Son premier soin fut d'enlever à la faction opposée l'appui du duc de Normandie. Il y réussit, et, grâce à l'intervention normande, parvint à neutraliser les effets de l'influence germanique. Toutes les forces du roi Louis et du parti franc se brisèrent, en 945, contre le petit duché de Normandie. Le roi,

vaincu en bataille rangée, fut pris avec seize de ses comtes, et enfermé dans la tour de Rouen, d'où il ne sortit que pour être livré aux chefs du parti national, qui l'emprisonnèrent à Laon.

• Pour rendre plus durable la nouvelle alliance de ce parti avec les Normands, Hugues le Grand promit de donner sa fille en mariage à leur duc. Mais cette confédération des deux puissances gauloises les plus voisines de la Germanie attira contre elles une coalition des puissances teutoniques, dont les principales étaient alors Otton et le comte de Flandre. Le prétexte de la guerre devait être de tirer le roi Louis de sa prison; mais les coalisés se promettaient des résultats d'un autre genre leur but était d'anéantir la puissance normande en réunissant ce duché à la couronne de France, après la restauration du roi leur allié. En retour, ils devaient recevoir une cession de territoire, qui agrandirait leurs États aux dépens du royaume de France. L'invasion, conduite par le roi de Germanie, eut lieu en 946. A la tête de trente-deux légions, disent les historiens du temps, Otton s'avança jusqu'à Reims. Le parti national qui tenait un roi en prison, et n'avait point de roi à sa tête, ne put rallier autour de lui les forces suffisantes pour repousser les étrangers. Le roi Louis fut remis en liberté, et les coalisés s'avancèrent jusque sous les murs de Rouen. Mais cette campagne brillante n'eut aucun résultat décisif. La Normandie resta indépendante, et le roi délivré n'eut pas plus d'amis qu'au paravant au contraire, on lui imputa

les malheurs de l'invasion, et, menacé bientôt d'être pour la seconde fois déposé, il retourna au delà du Rhin pour implorer de nouveaux secours.

« En l'année 948, les évêques de la Germanie s'assemblèrent, par ordre du roi Otton, en concile à Ingelheim pour traiter, entre autres affaires, des griefs de Louis d'Outre-mer contre le parti de Hugues le Grand. Le roi des Français vint jouer le rôle de solliciteur devant cette assemblée étrangère (*). »

Cette déférence de Louis IV lui fut inutile. Réduit à la possession de la seule ville de Laon, il passa tout son règne à guerroyer contre les petits seigneurs du voisinage, et mourut en 954, d'une chute de cheval qu'il fit à Reims.

Son fils Lothaire, âgé de treize ans, lui succéda. Lorsqu'il fut en âge de régner par lui-même, il voulut reconquérir quelque popularité en se déclarant contre les Germains. Il essaya de reprendre la Lorraine, et, entrant à l'improviste sur les terres de l'Empire, il pénétra jusqu'à Aix-laChapelle; mais cette expédition aventureuse ne servit qu'à amener soixante mille Allemands sous les murs de Paris. Lorsque Lothaire mourut, en 986, il laissa son titre à Louis V, qui ne régna qu'une année, et fut surnommé le Fainéant. Avec Louis V, s'éteignit en France la dynastie des Carlovingiens. Elle avait occupé le trône pendant deux cent trente-six ans, et donné douze rois au pays.

(*) Aug. Thierry, Lettres sur l'histoire de France.

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TABLEAU GENEALOGIQUE DE LA DYNASTIE CARLOVINGIENNE. Ancétres de Charlemagne.

Arnolf, maire du palais sous Dago-
bert ler, ensuite évêque de Metz,
+640.

Ansegise, 685.
PEPIN d'HERISTAL (le Gros
ou le Jeune), maire du pa-
lais sous Thierry III, duc et
prince des Francs, 714,
ép. 1° Plectrude, 2° Al-
paide.

Grimoald, maire du palais de
Neustrie et de Bourgogne,
sous Childebert III, 699, f

avril 742, roi d'Austrasie, 768, de Neustrie, etc., 771, d'Italie, 774, emper. romain, 800, + 814, ép. 1° une inconnue de Franconie; 20 une. fille de Didier, roi des Lombards; 3° Hildegarde; 4° Fastrade; 5° Luitgarde.

Ire SUITE DU TABLEAU GENEALOGIQUE DE LA DYNASTIE CARLOVINGIENNE.

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Descendants de Charlemagne.

CHARLEMAGNE, roi de France, 771-814. (Voir le tableau précédent).

3

3

4

Lothaire, né 778, Deux filles. (Quatre fils + 780.

LOUIS LE DÉBONNAIRE, né 778, roi d'Aquitaine, 781; associé à son père, 813; chef suprême de toute la monarchie, 814; couronné empereur, 816; 20 juin 840, ép. 1° Irmengarde, fille Cinq filles. d'Ingramme, comte de Hasban, 796-818; 2° Judith, fille du comte Welf.

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LOUIS (III), né 860, roi de France, 879; + 882, sans postérité.

CARLOMAN, né 686; roi de France, 879; + 884, sans postérité.

né 843; roi France, 877; + 879,

ép. 1 Ansgarde; 2° Adélaide.

Judith, ép. 1° Ethelwol, roi de Kent, 2o Ethelbald; 3° Baudouin Ir,comte de Flandre.

CHARLES LE SIMPLE, né 879; roi de France (893) 897-923; † 929; ép. 1° Frédérine; 2° Ogine (Edgina), fille du roi d'Angleterre, Édouard Ir.

Gisèle, épouse Rollon, duc de Nor- LOUIS (IV) D'OUTREMER, né 920, roi de France, 936. 954, ép. Gerberge, fille de Henri Ier, roi de Germanie.

mandie.

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et trois filles illégitimes.)

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Bérenger II, roi d'Italie, 950-961; † 966.

Adalbert, roi d'Italie, comme associé à son père.

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II' SUITE DU TABLEAU GÉNÉALOGIQUE DE LA DYNASTIE CARLOVINGIENNE.

LOTHAIRE Ier, fils aîné de Louis le Débonnaire, né en 796, associé à son père en 819, roi d'Italie en 820, empereur en 823; obtient au partage de Verdun, 843, la France centrale, + 855, ép. Irmengarde.

LOUIS II, roi d'Italie, 844, et emper.
855; t875, ép. Angilberge.

Irmengarde, ép. Bozon, roi
de Bourgogne cisjurane.
LOUIS, fils de Bozon, né 880,
roi de Bourgogne, 887, et
d'Italie, 898-905; † 923.

Hugues le Bátard, duc d'Alsace, 868, aveuglé

en 885.

Gisèle, épouse Godefroi, chef des Normands.

de Lyon, etc... 856-863.
LOTHAIRE II, roi de Lorraine, 856, t868, ép. 1° Thiet- CHARLES, roi de Provence,
berge, 2° Valdrade.
2° Adelbert, marquis de Toscane.
Berthe,† 926, ép. 1' le comte Theobald,
HUGUES, Comte d'Arles, roi d'Italie, 926,
+947, ép. 1° Alda; 2° Berthe, veuve
de Rodolphe II, roi de Bourgogne.
LOTHAIRE, roi d'Italie, 946; † 950,
ép. Adélaïde, fille de Rodolphe II,
roi de Bourgogne.

III SUITE DU TABLEAU GÉNÉALOGIQUE DE LA DYNASTIE CARLOVINGIENNE.

LOUIS LE GERMANIQUE, 3 fils de Louis le Débonnaire, né 806, roi de Bavière, 817; de la partie orientale de l'empire des Francs ou de la Germanie, 843, + 876, ép.

Emma.

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LOUIS le Jeune, roi de la
partie orientale de l'em-
pire des Francs, etc., 876,
hérite de Carloman, 880;
+882, ép. Luitgarde, fille
de Ludolf, duc de Saxe.
Louis, +880.

(Ratold.) Louis l'Enfant, né

893, 911.

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CHARLES le Gros, né 823,
roi d'Alemannie, 876, d'I-
talie, 880, de toute la Ger-
manie, 882, de France,
884; déposé 887; + 888.

(Bernard.)

T. IV. 12 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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