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FRANCE.

de la maison d'Armagnac, et il passa ensuite successivement dans celles d'Albret et de Bourbon. Réuni au domaine de la couronne par François Ier, en 1531, il en fut de nouveau démembré par Louis XIII en 1642, et donné à perpétuité au prince de Monaco, auquel il appartint jusqu'en 1789. Vic était alors la capitale du Carladez.

CARLAT, Carlatum, petite ville de l'ancienne Auvergne (aujourd'hui du département du Cantal), à sept kilomètres d'Aurillac. C'était autrefois une forteresse considérable, et quelques historiens en font remonter la fondation jusqu'à l'époque romaine. Quoi qu'il en soit, apres la bataille de Vouillé, le château de Carlat résista avec succès aux armes de Clovis; il fut aussi l'une des principales barrières quiarrêtèrent les conquêtes de Thierry. Louis le Débonnaire en fit le siége en 839, et le prit sur les partisans de son fils. Les Anglais s'en emparèrent par ruse en 1359, l'abandonnèrent quelques temps après, et s'en ressaisirent en 1370; deux ans après, ils en furent chassés par le duc de Bourbon; mais ils ne tardèrent pas à y rentrer, et le possédèrent jusqu'en 1387. Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, s'y retira en 1459, et y fut assiégé inutilement pendant dix-huit mois par les troupes de Louis XI, qui furent obligées de se retirer. En 1475, le roi en fit faire de nouveau le siége par le duc de Beaujeu; la place fut serrée de si près que Jacques d'Armagnac fut obligé de se rendre. On sait qu'il fut enfermé à Pierre-en-Scize, transféré à la Bastille et renfermé dans une cage de fer, d'où il ne sortit que pour aller au supplice. En 1568, le château de Carlat fut assiégé et pris par les religionnaires du Languedoc, sur lesquels il fut repris par les royalistes, qui le leur rendirent en 1583. Marguerite de Valois, première femme de Henri IV, chassée d'Agen à cause de sa mauvaise conduite, vint à Carlat en 1585, et y séjourna dix-huit mois; mais ses amours scandaleux ayant soulevé contre elle une indignation générale, elle fut forcée d'en sortir précipitamment pour

CAR

se réfugier à Usson. Le château de
Carlat fut encore assiégé en 1602, et
défendu par madame de Morèze, qui,
s'étant emparée de la place en l'absence
de son mari, arrêté par ordre du roi,
déclara qu'elle ne la rendrait qu'au-
tant que M. de Morèze serait remis
en liberté, ce qu'elle ne fut pas long-
temps à obtenir. Henri IV, instruit des
vexations qu'exerçaient dans les en-
virons les gentilshommes qui gardaient
la forteresse de Carlat, en ordonna la
démolition, qui fut exécutée en 1603.

CARLE (Rap.), bijoutier de la place
Dauphine, à Paris, électeur et com-
mandant de bataillon, souleva les jeu-
nes gens lors du renvoi du cardinal
de Brienne, et fit brûler une effigie de
ce ministre. Après le 14 juillet 1789,
Carle donna, dans la grande salle du
palais, un repas splendide. Cette dé-
pense, au-dessus de sa fortune, fit
croire qu'il était soudové. Le 10 août
1792, il se rendit auprès du roi au
moment où les Tuileries allaient être
investies, et fit des dispositions pour
défendre ce prince. La municipalité
le manda aussitôt à sa barre; on l'ac-
cusa d'avoir donné l'ordre de tirer si
le château était attaqué; le peuple se
saisit de lui, et deux gendarmes, qui
étaient sous ses ordres, l'assassinè-
rent.

CARLES (N.), général, parcourut lentement les grades subalternes, et ne devint officier général que par le bénéfice de la révolution. Il fut deux fois chargé, en 1792, de conduire ces colonnes françaises qui deux fois ne pénétrèrent en Belgique que pour repasser en désordre la frontière au cri de sauve qui peut! Passé ensuite à l'armée du Rhin, il y remplit, à titre provisoire, le commandement en chef, ne put réussir à y ramener l'ordre et l'ensemble nécessaires pour le succès, et perdit les lignes de Wissembourg. Après cet échec, il demanda et obtint d'être remplacé dans son emploi.

CARLET (Louis-François), marquis de la Rozière, maréchal de camp, né en 1735, au Pont-d'Arche, près Charleville (Ardennes), servit avec distinction, depuis 1745, dans les armées

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a

d'Italie, de Flandre et d'Allemagne. Le prince Ferdinand de Brunswick, faisant allusion à une affaire dans la quelle il avait été vivement poursuivi par lui, et avait failli tomber entre ses mains, disait plus tard, en montrant le brave Carlet, alors prisonnier du roi de Prusse: «Voilà le Français « qui m'a fait le plus de peur de ma « vie. » Echangé bientôt, et rentré en France après la paix, le lieutenantcolonel Carlet fut employé quelque temps au ministère secret du duc de Broglie, et fut chargé, en 1765, d'aller reconnaître les côtes d'Angleterre et celles de France. A son retour, il présenta divers projets de défense qui furent adoptés, et donnèrent une haute opinion de ses connaissances militaires. En 1768, il fut chargé par le ministère, qui mit à sa disposition les pièces officielles des bureaux de la guerre, d'écrire l'histoire des guerres des Français sous Louis XIII, Louis XIV et Louis XV; mais la révolution l'empêcha d'achever ce travail important, dont il a laissé quatre volumes trouvés parmi ses papiers. Il rédigea aussi, en 1770, par ordre du roi, un plan de campagne contre l'Angleterre. En 1780, Louis XVI lui conféra le titre de marquis de la Rozière, et le créa maréchal de camp commandant de l'expédition projetée contre les îles de Jersey et de Guernesey. Le marquis de la Rozière émigra en 1791, et se retira à Coblentz, où il fut chargé de la direction des bureaux de la guerre des princes. Après la campagne de 1792, il passa successivement en Allemagne, en Angleterre, prit successivement du service en Russie et en Portugal, où il fut employé comme lieutenant général et comme inspecteur général des frontières et des côtes du royaume, emploi qu'il conserva jusqu'à sa mort, arrivée en 1808.

Son fils Jean CARLET, marquis de la Rozière, né à Paris en 1770, émigra avec son père en 1791, servit dans l'armée des princes, se battit contre nos soldats dans les rangs des Hongrois, des Anglais, des Portugais, et rentra en France avec les Bourbons,

qui récompensèrent ses services par le grade de maréchal de camp. Il a été depuis mis en disponibilité.

CARLIER (le P. C), né à Verberie en 1725, mort prieur d'Andresi, le 23 avril 1787, a laissé, outre un grand nombre d'articles insérés dans le Journal des Savants, le Journal de physique et le Journal de Verdun: 1° Dissertation sur l'étendue du Belgium et de l'ancienne Picardie, Amiens, 1753; 2° Mémoire sur les laines, in-12, 1755; 3° Considéra. tions sur les moyens de rétablir en France les bonnes espèces de bétes à laine, 1762; 4° Histoire du duché de Valois, contenant ce qui est arrivé dans ce pays depuis le temps des Gaulois jusqu'en 1703, Paris, 1764, 3 vol. in-4° 5° Traité sur les manufactures de laineries, 2 vol. in-12; 6° Dissertation sur l'état du commerce en France sous les rois de la

première et de la deuxième race, Amiens, 1753, in-12. On lui doit encore quelques ouvrages sur les bêtes à laine, et les Observations pour servir de conclusion à l'histoire du diocèse de Paris, qui se trouvent dans le tome XV de l'ouvrage de l'abbé Lebeuf. Carlier a remporté dans sa vie neuf prix académiques, dont quatre à l'Académie des inscriptions.

CARLIER (N. J.), mécanicien, né à Busigny, près de Cambrai, le 20 juillet 1749, mourut à Valenciennes en 1804. Il se consacra entièrement à l'horlogerie, à la menuiserie et à la mécanique. En 1793, lors du siége de Valenciennes, ce fut à son courage que la ville dut d'être préservée d'une inondation. Une bombe venait de briser une écluse dans le faubourg de Marly. Carlier, malgré la force du courant, se fait descendre dans la rivière, attaché avec des cordages, et ne sort de l'eau qu'après avoir bouché l'ouverture, au moyen de sacs de terre et de paillasses. Il travaillait depuis cinq ans à la confection d'une machine en cuivre propre à filer la laine, lorsqu'il mourut à l'âge de cinquante-cinq ans.

CARLIN (Charles - Antoine Berti

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FRANCE.

nazzi, Cet acteur célèbre, dit). qui, sous le masque d'Arlequin, jouit d'une longue et juste faveur sur la scène de la comédie dite italienne, fut appelé à Paris en 1741. Bien qu'obligé de s'énoncer dans une langue qui n'était pas la sienne, Carlin captiva la vogue dès l'abord, et mérita de la conserver pendant près d'un demi-siècle, par la vérité de son jeu, la gaieté de ses lazzi, la fécondité des spirituelles improvisations par lesquelles il savait remplir la trame de ses canevas. Aux perfections de son art, Carlin joignait encore les qualités qui font l'homme estimable, ce qui a fait dire de lui:

Sous le masque on l'admire, à découvert on l'aime.

Né à Turin, en 1713, d'un officier au
service du roi de Sardaigne, il mou-
rut en 1783. Il avait donné au théâtre
en 1763 une pièce en cinq actes: les
d'Arle-
Nouvelles métamorphoses
quin.

CARLOMAN. L'histoire connaît trois princes de ce nom. Le premier, fils aîné de Charles Martel et frère de Pepin le Bref, gouverna pendant plusieurs années l'Austrasie et les provinces de l'Allemagne qui étaient alors annexées à ce royaume. Sa réputation de guerrier ne suffisant plus à son âme, portée vers la contemplation, il quitta ses États pour embrasser la vie religieuse, donnant ainsi le premier un exemple qui fut imité si souvent au moyen âge par les plus grands souverains. Après avoir vécu comme moine dans un couvent du mont Cassin, il alla mourir à Vienne en Dauphiné (755). Son corps fut transporté au mont Cassin, où il a été retrouvé en 1628.

Le second était fils de Pepin le Bref. Pepin, à sa mort, en 768, avait partagé ses États entre ses deux fils, Charles et Carloman. Charles eut l'ancienne Neustrie, la Bourgogne et l'Aquitaine; Carloman, l'Austrasie et les provinces transrhénanes qui étaient annexées à la monarchie des Francs. Mais lorsqu'il fut question de déterminer avec exactitude les limites

CAR

des deux États, la division éclata eri-
tre les fils de Pepin, et sans doute
leur haine naissante aurait amené une
guerre civile, lorsqu'un danger com-
mun vint les menacer. Le vieux Hu-
nald, dépossédé par Pepin le Bref de
son duché d'Aquitaine, et qui vivait
depuis vingt-quatre ans enfermé dans
un couvent, quitta ses habits de moine,
et reparut dans son ancien duché. Les
deux frères se réconcilièrent pour
lutter contre un ennemi aussi dange-
reux, et Carloman accourut à la tête
des Francs-Austrasiens, pour porter
secours à Charles. Mais après une en-
trevue avec son frère aîné, qui le
blessa peut-être par ses prétentions
il retourna dans ses États, sans avoir
vu l'ennemi. Peu de temps après il
mourut, à l'âge de vingt ans, et sa
veuve, craignant pour ses enfants la
cruauté de leur oncle, se réfugia en
Italie, à la cour de Didier, roi des
Lombards (771), et laissa Charles seul
maître de toute la monarchie des
Francs.

Le troisième Carloman, fils de Louis
le Bègue, reçut en partage l'Aquitaine
et la Bourgogne, en 879. Il vécut avec
son frère Louis III dans une parfaite.
union, et tous deux, plus d'une fois,
repoussèrent ensemble les Normands.
Mais leur concorde ne put empêcher
Boson de se faire élire roi de Bourgo-
gne à Mantaille. Louis III étant mort
en 882, Carloman devint seul roi de
atteint
par
France. Il mourut en 884,
une flèche maladroitement tirée contre
un sanglier.

CARLOMAN II (Monnaies de). Voyez
CHArlemagne.

CARLOMAN III (monnaies de).
Nous ne possédons d'autres documents
sur l'histoire monétaire du règne de
Carloman III que quelques deniers.
Ces pièces sont de différents types;
quelques-unes offrent la légende XPIS-
TIANA RELIGIO, et la représentation
d'un temple; deux, l'une de Substan-
tion, ville aujourd'hui détruite, l'au-
tre, de Saint-Médard de Soissons, sont
marquées du monogramme de Carlo-
man. Les autres, qui ont été frappées
à Troyes, à Auxerre, à Arles, à Châ-

teau-Landon, présentent, au lieu de ce monogramme, celui de Charles; bizarrerie qui a besoin de quelques explications. Le peuple, accoutumé à voir, sous le long règne de Charles le Chauve, le monogramme de ce prince figurer sur les deniers, avait fini par le regarder comme un signe indispensable à la circulation de ces pièces. Ce fut dans la vue de le tromper, ou de lui faire entendre que les deniers nouvellement fabriqués avaient la même valeur que les anciens, que les princes et les rois, même étrangers, conservèrent ce monogramme sur leurs espèces. Les monnaies de Louis III, de Lothaire et d'Eudes, nous présenteront la même bizarrerie. A l'exception du denier de Saint-Médard, qui conserve l'antique légende de Charles le Chauve, GRATIADI REX, tous les autres deniers de Carloman portent au pourtour CARLOMANVS REX OU HCARLOMANVS REX. Tous ces deniers, aujourd'hui assez rares, sont d'ailleurs du même poids que ceux de Charlemagne et de ses premiers successeurs; ils pèsent environ trente-deux grains.

CARLOVINGIENS, nom par lequel on désigne ordinairement la seconde race des rois francs, ou les princes de la famille de Charlemagne, qu'il serait cependant plus exact et plus logique d'appeler Carolings (*).

Par suite de la décadence de la famille de Mérovée, de l'affaiblissement de la Neustrie, de l'ambition des maires du palais et des grands propriétaires austrasiens, qui tous aspiraient à l'indépendance, la monarchie des Francs s'en allait en lambeaux. L'Allemagne, dont ils avaient réuni une grande partie, se divisait en six ou sept principautés, dont les chefs voulaient former autant de royaumes indépendants; et, de leur côté, les provinces du midi de la Gaule, qui n'avaient

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jamais été complétement incorporées à la monarchie, brisaient les derniers liens qui les y attachaient. Il appartenait aux Carlovingiens d'arrêter ce démembrement prématuré.

Cette famille réunissait deux caractères qui devaient la faire prévaloir: elle était austrasienne et ecclésiasti que; elle tenait à la fois à l'Allemagne et à l'Eglise, c'est-à-dire, d'un côté à la barbarie, mais à la barbarie pleine encore de force et de jeunesse, de l'autre au pouvoir spirituel, à qui l'avenir du monde était confié. Ce double caractère devait nécessairement faire tomber entre ses mains l'héritage des princes mérovingiens, qui s'étaient trop souvenus que l'Église, malgré ses services, était de la race des vaincus, et que la tonsure cléricale était une honteuse dégradation pour un roi chevelu. « L'homme de Dieu, dit le biographe de saint Colomban, avant été trouver le roi de Bourgogne, Theudebert, lui conseilla de mettre bas l'arrogance et la présomption, de se faire clerc, d'entrer dans le sein de l'Église, se soumettant à la sainte religion, de peur que par dessus la perte du royaume temporel, il n'encourût encore celle de la vie éternelle. Cela excita le rire du roi et de tous les assistants; ils disaient, en effet, qu'ils n'avaient jamais ouï dire qu'un Mérovingien, élevé à la royauté, fût devenu clerc volontairement. Tout le monde abominant cette parole, Colomban ajouta : « Il dédaigne l'honneur d'être clerc; eh bien il le sera malgré lui. » Le dernier roi de cette race fut en effet enfermé dans un cloître.

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La famille des Carlovingiens ne dédaignait pas ainsi l'Église. Plusieurs d'entre eux furent évêques; Arnulf, Chrodulf, Drogon, occupèrent successivement le siége épiscopal de Metz; d'autres furent archevêques, abbés, moines; quelques-uns enfin ont été canonisés. Le chef de cette maison, Pepin de Landen, surnommé le lieux, est compté parmi les saints. « Dans tous ses jugements, dit son biographe, il s'étudiait à conformer ses arrêts aux règles de la divine justice; chose at

testée non-seulement par le témoignage de tout le peuple, mais aussi, et plus encore par le soin qu'il prit d'associer à tous ses conseils et à toutes ses affaires le bienheureux Arnoul, évêque de Metz, qu'il savait être éminent dans la crainte et l'amour de Dieu; car s'il arrivait que, par ignorance des lettres, il fût moins en état de juger des choses, celui-ci, fidèle interprète de la divine volonté, la lui faisait connaître avec exactitude. Arnoul était homme, en effet, à expliquer le sens des saintes Écritures; et, avant d'être évêque, il avait exercé sans reproche les fonctions de maire du palais. Soutenu d'un pareil appui, Pepin imposait au roi lui-même le frein de l'équité, lorsque, négligeant la justice, il voulait abuser de la puissance royale. Après la mort d'Arnoul, il fut attentif à s'adjoindre dans l'administration des affaires, le bienheureux Chunibert, évêque de Cologne, également illustre par la renommée de sa sainteté. On peut juger de quelle ardeur d'équité était enflammé celui qui donnait à sa conduite des surveillants si diligents et de si incorruptibles arbitres. Ainsi ennemi de toute méchanceté, il vécut soigneusement appliqué à la pratique du juste et de T'honnête, et, par les conseils des hommes saints, demeura constant dans l'exercice des saintes œuvres. >>

Enfin sa femme Itta, sa fille Gertrude, l'épouse choisie du roi des anges, comme dit le vieux chroniqueur, moururent en odeur de sainteté. Une si sainte maison devait avoir l'appui de l'Église il ne lui manqua pas.

Dagobert avait laissé en mourant deux fils encore enfants, qui furent confiés à la tutelle des maires du palais de Neustrie et d'Austrasie. A la mort du roi austrasien, Grimoald, maire du palais, se crut assez fort pour envoyer en Irlande le fils du roi, et tenter de placer la couronne sur la tête de son propre fils. Sa tentative ne réussit pas, et les trois royaumes francs se trouvèrent encore une fois réunis sous la faible domination de Clovis II, roi de Neustrie. Mais Ébroïn,

maire du palais de cette partie de l'empire, ayant, pour rendre à l'autorité royale ses anciens droits, cherché à établir une loi territoriale faite dans un esprit tout romain, les grands se soulevèrent contre lui. L'Austrasie d'abord voulut avoir un roi à part; puis les grands de Neustrie, s'alliant secretement à ceux d'Austrasie, les sollicitèrent de venir les délivrer de la tyrannie de leur maire du palais. L'armée qu'Ebroïn conduisit contre eux, l'abandonna au moment de la bataille; lui-même fut fait prisonnier et enfermé au monastère de Luxeuil. Mais il en sortit bientôt, à la faveur des troubles qui furent la suite de l'assas sinat du roi d'Austrasie, Childéric II, qu'après sa chute les Neustriens avaient accepté. Il ressaisit son ancien pouvoir; et, continuant la politique qu'il avait déjà suivie, se fit l'adversaire des grands et de Martin, maire du palais d'Austrasie. Cette fois il eut recours à la ruse; Martin, appelé par lui à une conférence, fut assassiné; mais il ne recueillit pas le fruit de ce meurtre; il fut tué lui-même quelques jours après par un Franc qui voulait venger sur lui une injure personnelle.

Les hostilités continuèrent après la mort d'Ébroïn, mais sans qu'il se passât rien de décisif, jusqu'à la bataille de Testry. Le duc Pepin d'Héristal, petit-fils de Pepin de Landen, et dont l'autorité avait sans cesse augmenté dans cette lutte du parti aristocratique contre la royauté, défendue par Ebroïn, fut bientôt en état de trancher la question. Les Neustriens furent complétement battus à la bataille de Testry (687). « Pepin, dit Frédégaire, prit le roi Thierry III avec ses trésors, et s'en retourna en Austrasie. » Il ne dépouilla point les vaincus de leurs terres; aucun de ses guerriers ne s'établit de force parmi eux; mais la royauté de Neustrie fut effacée de fait; la domination passa des bords de la Seine aux bords du Rhin, et, s'il y eut encore des rois mérovingiens, c'est que les maires austrasiens trouvaient utile de pouvoir montrer aux peuples, de temps à autre, un roi chevelu de

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