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aurait fait capitain, chevetain, ca pine, chetaine, quintaine. Il paraît à peu près certain que ce mot vient du terine capitano, en usage depuis fort longtemps dans les bandes italiennes.

Le langage poétique et le style historique se sont emparés du mot capitaine pour désigner un homme de guerre par excellence.

Dans la marine, on donne le nom de capitaine à tout officier commandant un navire; mais il y a plusieurs sortes de capitaines; ce titre est porté, dans la marine de l'Etat, par deux classes d'officiers supérieurs: les capitaines de vaisseau, et les capitaines de corvette (*). Les capitaines de vaisseau ont le rang de colonel, et les capitaines de corvette celui de chef de bataillon. Le capitaine de vaisseau qui commande un navire monté par un officier général prend le titre de capitaine de pavillon.

On désigne par le nom de capitaines marchands ou capitaines au long cours, les commandants des navires du commerce, qui, pour obtenir ce titre et les prérogatives qui y sont attachées, doivent subir un examen, et satisfaire à certaines conditions déterminées par les lois. Les maîtres ou patrons des simples navires caboteurs prennent encore le nom de capitaines, mais c'est une usurpation : les lois et les règlements ne leur reconnaissent que le titre de maîtres au petit cabotage.

CAPITAINERIE.- Nom d'une fonction militaire dont nous parlerons ciaprès, qui consistait dans le commandement des hommes préposés à la garde des côtes maritimes de la France. Ce mot était aussi le nom d'une fonction civile dont le devoir était de veiller à l'entretien des forêts du domaine et à la conservation des chasses royales.

La capitainerie se disait encore, dans la première acception du mot,

(*) Il y a eu aussi pendant longtemps des capitaines de fregate; mais ce grade a été supprimé dans ces dernières années.

de l'étendue de côtes que le capitaine avait à surveiller, et dans la seconde, de l'étendue de pays dans laquelle il avait le droit d'accorder ou de refuser le droit de chasser, et qu'il devait tenir toujours suffisamment fournie de gibier. Ce dernier capitaine avait au-dessous de lui une quantité suffisante de gardes et d'agents subalternes pour constater les délits qu'il dénonçait au prévôt royal, investi du pouvoir de les punir et l'exerçant quelquefois avec une grande sévérité. Ces capitaineries, qui n'existent plus aujourd'hui, étaient annexées aux habitations royales, et ceux qui en étaient pourvus avaient pour chef le grand veneur.

CAPITAINERIE-GARDE - CÔTES. Comme nous l'avons dit plus haut, ce mot désignait tout à la fois une fonction et l'étendue de côtes maritimes que le capitaine avait à surveiller. C'était, en outre, une étendue de pays situé le long du rivage de la mer, renfermant un certain nombre de paroisses assujetties à la garde des côtes. Chaque capitainerie était commandée par un capitaine général, un major général et un lieutenant général qui en composaient l'état-major. La population des paroisses constituant les capitaineries était tenue de fournir, depuis l'âge de seize ans jusqu'à celui de soixante, les soldats de milice nécessaires à la garde des côtes. Il y avait des capitaineries organisées militairement en bataillons, dont chaque compagnie était de quarante hommes, et en escadrons de deux compagnies, chacune de soixante et dix maîtres bien montés et bien équipés, et commandés par des capitaines, des majors, aides-majors, lieutenants et enseignes, qui recevaient leur commission du roi et étaient subordonnés à neuf inspecteurs particuliers, lesquels, à leur tour, avaient au-dessus deux inspecteurs généraux. Il y avait deux services de garde-côtes le service militaire, qui consistait à s'opposer aux descentes ou à les repousser, et celui d'observation. Les capitaines, majors et lieutenants généraux de chaque capitainerie garde-côtes étaient affranchis

de l'obligation de remplir les devoirs de tuteurs et de curateurs; les soldats et cavaliers placés sous leur comInandement étaient affranchis du service de la milice de terre. Les paroisses soumises à la garde des côtes étaient celles qui se trouvaient le long du rivage et jusqu'à deux lieues de la mer. Les côtes de France, tant sur l'Océan que sur la Méditerranée, étaient divisées en cent douze capitaineries, qui réunissaient environ deux cent mille hommes tant à pied qu'à cheval. Voici la liste de ces capitaineries :

OCÉAN. Picardie.

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Sainte-Marguerite.

Le Crotoy. Cayeux.

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Les Martigues.

Saint-Tropez.

Fréjus.

La Ciotat.

Antibes

Fecamp.

Iport.

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Le Havre.

Candebec ou Seine. Roque de Rille.

Pays d'Auge.

Basse Normandie.

Grand-Camp.
Beuzeville-Lesvay.

Sainte-Marie du Mont.

La Hoogue. Barfleur.

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Val de Saire.

La Hague.

Port-Bail ou Castret.'

Créances ou Couteuville. Régneville.

Granville,

Avranches.

Pontorson.

Bretagne.

Brest on le Conquet.

Crozon.

Audierne. Concarneau.

L'ile de Bouin.

L'ile de Grouais.
Lorient.
Le Port-Louis.

Auray.

Vannes.
L'ile de Rhuys.

Belisle ou Monteclair.
Muzillac.

Le Croizic.

Saint-Nazaire.

Monthoir.

Painbœuf.

Pornic.

Bourneuf.

Machecoul.

Bas Poitou.

Les Sables d'Olonne.

Cette organisation est tout à fait changée aujourd'hui. La défense des côtes est confiée à l'armée, comme tous les autres points du royaume; seulement il y existe un corps spécial d'artilleurs, appelés canonniers gardes-côtes, pour le service des batteries et des forts situés sur les bords de la mer. (Voyez ARMÉE et ARTILLERIE).

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CAPITALE, mot dérivé du latin caput, et qui sert à désigner ces grandes villes qui peuvent être considérées comme la tête de chaque corps de nation. Dans l'article CENTRALISATION, nous essaierons de montrer bien il importe que les différentes provinces dont se compose un État convergent toutes vers un même centre, qui soit, pour ainsi dire, le cœur de l'organisme social. A cette centralisation, sans laquelle il peut bien exister une agglomération d'Etats confédérés, mais pas de peuple, il faut un siége quelconque; ce siége, c'est une ville plus ou moins remarquable, à laquelle une supériorité plus ou moins réelle fait donner le nom de capitale.

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De même que la France est le pays du monde le mieux centralisé, de même aussi Paris est la ville capitale par excellence. Paris n'est pas seulement notre plus grande cité, la plus riche et la mieux peuplée, celle enfin où réside le gouvernement national, c'est encore le lieu de rendez-vous, et, comme on l'a dit, le salón de la France; c'est la place publique, c'est le forum des quatre-vingt-six départements qui nous restent, et de ceux qui nous ont été injustement enlevés. Aussi n'existe t-il pas, en réalité, de population parisienne essentiellement flottante, la population de Paris se renouvelle sans cesse, soit par l'arrivée perpétuelle de nouveaux habitants, soit par le mélange de tous les provinciaux qui vien nent y séjourner ou s'y établir. C'est à Paris surtout que s'opère la fusion de toutes les races françaises; on ne saurait y être Parisien, on y est Français avant tout. Les Parisiens ne sont recherchés avec tant de faveur à l'étranger que parce qu'on est sûr de trouver en eux le vrai type français. Il n'y a pas de ville qui manque, autant que Paris, d'une physionomie locale; mais il n'en est pas non plus qui ait des mœurs plus sociales et un esprit public aussi prononcé; en ce sens, Paris n'est pas une ville, c'est quelque chose de mieux : c'est le miroir de la France.

Si maintenant on compare Paris aux autres capitales de l'Europe, sa supériorité n'est pas moins incontestable. Est-il une ville que les étrangers préfèrent à Paris? En est-il une qu'ils adoptent plus facilement pour leur seconde patrie? « Si je n'étais né à Londres, à Berlin, à Vienne, à SaintPétersbourg, disent chacun en particulier beaucoup d'Anglais, d'Allemands et de Russes, je voudrais être né à Paris. » Enfin, celui qui n'a pas vu Paris n'a pas voyagé, eût-il parcouru le reste du monde. Pourquoi cet amour et cette préférence universels? Est-ce parce que Paris est la plus belle ville que l'on connaisse? Assurément non. Pour la splendeur du paysage ou pour la salubrité du climat, il n'a rien que

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doivent lui envier Naples, Rome ou Constantinople. Pourquoi donc ? C'est parce qu'à Paris les étrangers rencontrent la France entière, c'est-àdire, le peuple le plus social, le plus généreux, celui qui regarde tous les autres peuples comme des frères, qui les a toujours associés à ses triomphes, et qui sait leur faire avec le plus d'amabilité les honneurs de sa maison. Londres est plus opulente, mais elle est égoïste et superbe; elle n'est que la capitale de l'industrie, tandis que Paris est le foyer des lumières, le cœur de l'Europe, en un mot, la capitale de la civilisation. On n'y vient souvent qu'attiré par l'appât des fêtes et des plaisirs; il est rare qu'on n'en sorte pas plus éclairé et plus rempli de foi dans l'avenir politique et religieux de l'Europe et de toute l'humanité.

Il faut l'avouer cependant, depuis quelque temps surtout, la grande ville se matérialise; ses mœurs se relâchent à l'excès, et elle étale dans sa parure un luxe peu décent qui semble nous faire reculer à ces temps où l'on sacrifiait au veau d'or. Cette faiblesse pourrait lui devenir fatale. Qu'elle songe au sort de Babylone et de Rome en décadence! Lorsqu'une capitale descend au rôle de courtisane, elle a beau fortifier son enceinte d'une triple muraille, la Providence tient toujours en réserve des nuées de barbares non encore amollis, qui se chargent du soin de la punir. Heureusement ce mal n'est que passager; on doit tout au plus y voir une mode de mauvais goût qui disparaîtra comme tant d'autres aussitôt que les conséquences honteuses s'en feront sérieusement sentir. De trop grands intérêts sont attachés aux destinées de la France pour que l'heure de sa décadence soit venue; ce qu'il y a de sacré dans sa mission l'empêchera de se donner longtemps de faux airs de Bas-Empire. Son sang est toujours aussi bouillant, toujours prêt à couler pour la sainte cause à laquelle se sont dévoués nos pères. Tous les autres peuples comptent sur elle; elle ne trompera pas leur attente, et Paris, sans renoncer à l'ai

sance qui sied à une grande capitale, saura résister aux séductions de l'opulence et du plaisir. Si la population qui l'habite aujourd'hui se laissait déchoir, il n'en serait pas de même de cette autre population qui accourt de toutes les parties de la France pour retremper la métropole. Le vieux sang ne cessera jamais d'y être rafraîchi et purifié par l'infusion d'un sang nouveau. Pour que Paris fût définitivement corrompu, il faudrait que toutes les villes, tous les hameaux de France, fussent corrompus eux-mêmes. Une demoralisation aussi complète n'est pas à redouter chez un peuple naturellement brave et généreux, porté aux grandes choses, et toujours en communication avec les autres nations du monde, qui ont une haute idée de son caractère et de son avenir. Ne nous laissons donc pas décourager par les sinistres prophéties de quelques Jérémies modernes.

Pourquoi Paris, plutôt que toute autre ville du premier ordre, est-il devenu la capitale de la France? Cette question est d'autant plus digne d'examen, que, sous le rapport géographique, aucun titre supérieur ne militait en faveur de cette cité. La France est tout à la fois le pays le mieux situé et le mieux fait de l'Europe. Elle est le pays le mieux situé, parce qu'elle touche à l'Angleterre, à l'Allemagne, à l'Italie, à l'Espagne, et qu'elle se trouve en face de l'Amérique, en face de l'Afrique septentrionale, en face de l'Asie Mineure; elle est le pays le mieux fait, parce qu'étant encadrée par la mer du Nord, l'océan Atlantique, la Méditerranée et le Rhin, elle possède un admirable système de vallées et de fleuves qui prennent naissance vers le centre de son territoire, et vont déboucher dans les mers et dans le fleuve-roi, qui la terminent sans la restreindre. Son système hydrographique a fait l'admiration de tous les observateurs, depuis César jusqu'à Napoléon. Des plateaux qui forment le noyau de sa charpente osseuse, on voit rayonner les plus beaux cours d'eau vers les quatre points de l'hori

zon. La Loire, qui rejoint presque le Rhône, descend majestueusement à l'océan Atlantique, où la Garonne vient aussi verser les eaux du Midi; la Seine et la Meuse portent leur tribut à la mer du Nord; la Moselle est un affluent du Rhin, dont nous rapprochent encore les sinuosités de la Meuse et de l'Escaut; enfin le Rhône jette ses eaux impétueuses dans la Méditerranée. La place géographique de la capitale d'un pareil empire semblait déterminée par la nature vers la région centrale qui est à la fois le plus près des principaux fleuves, c'est-à-dire, entre la Loire, la Seine, la Moselle et le Rhône. Pourquoi Dijon, Bourges, Nevers ou toute autre ville encore plus favorisée, n'est-elle pas devenue la capitale de la France? C'est parce qu'il ne suffit pas qu'une capitale soit placée au centre géographique du pays, mais parce qu'elle doit encore occuper une position avantageuse par rapport aux nations qui l'entourent. Comme elle est une ville politique avant tout, et qu'elle doit exercer son action à l'extérieur aussi bien qu'au dedans, il faut qu'elle soit en mesure d'entretenir avec les capitales étrangères des relations non moins actives qu'avec ses propres provinces.

En ce sens, la France, au moment où elle a formé son unité politique, ne pouvait choisir une meilleure capitale que Paris. Sa nationalité, qui commença à se réveiller dans le Nord, il ne faut pas l'oublier, sa nationalité naissante eut à lutter contre l'Angleterre et contre l'Allemagne. Londres, située vis-à-vis de notre rivage, pesait trop fortement sur nous pour que le siége du gouvernement pût être établi ailleurs que sur les bords de la Seine, digne rivale de la Tamise. Si la France n'avait eu pour adversaire que l'Allemagne, nul doute que Reims, Laon ou Châlons ne fût devenue notre métropole; mais l'Angleterre en voulait à notre indépendance, tandis que l'Allemagne se bornait à nous disputer notre frontière du Rhin. Entre un désir d'agrandissement et une question de salut, il n'y avait pas moyen

d'hésiter Paris eut la préférence. D'ailleurs cette ville réunissait le double avantage d'être une excellente tête de pont contre l'Angleterre, et de pouvoir surveiller facilement l'Allema-' gne. Elle est, à la vérité, trop distante de la Méditerranée, mais elle touche presque à l'Océan; et, à cette époque surtout, le centre du monde politique se trouvait au Nord.

Quelques publicistes, tout en convenant qu'il a dû en être ainsi pour le passé, croient que la capitale de la France tend à se déplacer et à se porter davantage vers le Midi. Leur opinion se fonde principalement sur ce que le centre du monde politique se déplace lui-même et semble descendre

vers le Midi. Nous sommes loin de nier ce fait; le démembrement de la monarchie ottomane, l'ascendant toujours croissant que prennent les Russes à Constantinople et les Anglais à Alexandrie, la révolution que la vapeur est en train d'accomplir dans la marine, le travail de régénération qui se manifeste en Espagne, en Italie, en Grèce et dans l'Orient, tout annonce que la Méditerranée va devenir de nouveau le centre politique de l'Europe. Cependant il ne nous paraît pas rigoureusement logique d'en conclure

que Paris cessera, pour cette raison, d'être la capitale de la France. Parce que la Méditerranée recouvre son importance politique, est-ce à dire que le Nord perde la sienne? On peut croire le contraire. Le mouvement qui s'opère en ce moment est double, et la capitale de la France devra augmenter son influence au Midi sans diminuer sa puissance d'action au Nord. Alger nous réclame d'un côté ; mais Londres et Berlin, mais notre frontière du Rhin à ressaisir et à garder quand nous l'aurons ressaisie, ne nous réclament pas moins de l'autre. Sans parler des troubles qu'entraînerait un changement de capitale, quelle ville est mieux située que Paris pour manifester notre puissance sur la mer du Nord et le Rhin, en même temps que sur la Méditerranée? Et puis, le jour où Paris sera trop loin de Toulon

et de Marseille, il lui sera facile de s'en rapprocher. La vapeur a enlevé leur principal argument aux détracteurs de Paris; grâce aux chemins de fer, cette ville pourra bientôt ne plus être qu'à trois jours de la Méditerranée; et, de plus, le Rhin et la mer du Nord se trouveront presque à ses portes.

M. Michelet, dans son Histoire de France, justifie avec son talent ordinaire le choix qui a été fait de Paris pour capitale. Nous citerons quelques passages où se trouvent des aperçus profondément politiques, bien qu'exprimés dans un langage qui n'a pas toujours toute la gravité de l'histoire, et où domine peut-être trop exclusivement la brillante imagination d'un poëte enthousiaste.

« Pour trouver le centre de la France, le noyau autour duquel tout devait s'agréger, il ne faut point prendre le point central dans l'espace: ce serait Bourges, vers le Bourbonnais, berceau de la dynastie; il ne faut point chercher la principale séparation des eaux: ce seraient les plateaux de Dijon ou de Langres, entre les sources de la Saône, de la Seine et de la Meuse; pas même le point de séparation des races : ce serait sur la Loire, entre la Bretagne, l'Auvergne et la Touraine. Non, le centre s'est trouvé marqué par des circonstances plus politiques que naturelles, plus humaines que matérielles. C'est un centre excentrique, qui dérive et appuie au Nord, principal théâtre de l'activité nationale, dans le voisinage de l'Angleterre, de la Flandre et de l'Allemagne. Protégé, et non pas isolé par les fleuves qui l'entourent, il se caractérise selon la vérité par le nom d'lle de France.

<< On dirait, à voir les grands fleuves de notre pays, les grandes lignes de terrains qui les encadrent, que la France coule avec eux à l'Océan (*).

(*) N'y a-t-il pas ici un peu d'exagération? Ce n'est pas le chemin de l'Océan, c'est celui de la Méditerranée que nous ouvre

la vallée du Rhône. De même l'Escaut, la

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