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Raguse et le centre, est le corps du duc de Bellune, qui occupe Chaumenil et la Gibérie; il combat contre les Wurtembergeois et le corps de Sacken.

La jeune garde impériale est au centre, à la Rothière; les troupes d'élite du maréchal Blücher et de l'armée autrichienne, ainsi que la garde russe, lui sont opposées.

Enfin sur notre droite, vers la rivière, est le corps du général Gérard, qui défend le village de Dienville contre les attaques du corps autrichien de Giulay.

Nos troupes ne sont pour la plupart que de nouvelles levées, conduites par des vétérans; mais par-tout elles soutiennent le combat avec intrépidité. C'est au centre, vers la Rothière, qu'on est le plus acharné; Napoléon y commande, les souverains alliés y sont aussi. La nuit seule met fin à l'action, et retrouve notre armée à peu près dans les mêmes positions qu'elle occupait le matin; mais nous n'avons pu enlever la victoire : l'ennemi a une supériorité marquée; plus d'audace le rendrait entièrement maître du champ de bataille.

A huit heures du soir, Napoléon revient au château, et de là il ordonne la retraite sur Troyes par le pont de Lesmont, dont la réparation est à peine terminée. Tandis que l'armée effectue ce mouvement à la faveur de l'obscurité, Napoléon n'est pas sans crainte que l'ennemi, profitant de ses avantages, ne fasse une attaque de nuit et ne vienne mettre de la confusion dans nos marches. A chaque instant, il demande s'il n'y a rien de nouveau; il va lui-même à la fenêtre, d'où l'œil domine sur toute la ligne des bivouacs du champ de bataille. Les coups de fusil avaient entièrement cessé; nos feux brûlaient tels que nous les avions allumés à la fin de la bataille; l'ennemi ne faisait aucun mouvement; les collines, dont le rideau couvre la vallée de l'Aube,

en arrière de Brienne, masquaient parfaitement notre retraite, et ce n'est que le lendemain à la pointe du jour que l'ennemi reconnaît l'abandon de nos lignes. Napoléon avait quitté le château de Brienne à quatre heures du matin.

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LE 2 février, à onze heures du matin, l'armée française avait repassé l'Aube; et le pont de Lesmont, coupé encore une fois, nous séparait de l'ennemi; mais le duc de Raguse, resté sur l'autre rive pour protéger notre mouvement, se trouvait dans une situation difficile. Le général Wrède, à la tête des Bavarois, s'était chargé de le tourner et de lui couper toute retraite : c'est la même entreprise, la même manoeuvre, le même ennemi qu'à Hanau. Ce souvenir de Hanau ranime le courage des troupes françaises : elles trouvent l'ennemi barrant le passage de la Voire au village de Rosnay; le duc de Raguse met aussitôt l'épée à la main; à sa voix, les braves s'élancent la baïonnette en avant; et tout le corps d'armée passe sur le ventre des vingt-cinq mille Bavarois! Si, de temps à autre, la muse de l'histoire croit devoir arracher quelques feuillets de son livre, qu'elle conserve du moins pour l'honneur du duc de Raguse la page où le combat de Rosnay se trouve inscrit! Cette journée suffira pour justifier la confiance que Napoléon mettait dans l'intrépidité de Marmont.

Tandis que ce maréchal effectue victorieusement sa retraite par la rive droite de l'Aube vers Arcis, le gros

de l'armée continue la sienne par la rive gauche, sur la grande route de Troyes.

*

On couche au village de Piney. Le 3, de bonne heure, l'armée arrive à Troyes: la vieille garde, commandée par le duc de Trévise, est sortie de la ville pour venir au-devant de nous; elle prend position sur la route, devient notre arrière-garde, et d'une main ferme arrête l'ennemi au moment où il croyait entrer derrière nous dans Troyes,

Napoléon loge au centre de la ville, dans la maison d'un négociant nommé Duchâtel Berthelin: il y trouve quelque moment de repos dont il profite pour lire ses

courriers.

Depuis le départ de Paris, on n'avait pas encore envoyé de bulletin de l'armée ; l'espérance de débuter par une victoire avait fait différer le départ des nouvelles jusqu'après l'issue de la marche entreprise contre le maréchal Blücher. On ne peut plus retarder cet envoi davantage; mais la chance a tourné de telle manière que c'est le récit de la bataille perdue à Brienne qui commence la série des batailles de cette campagne.Les premiers courriers qui partent de Troyes pour Paris en sont porteurs.

Moins les événemens militaires étaient favorables, plus on désirait avoir des nouvelles du duc de Vicence: on en reçoit enfin; le congrès va se tenir à Châtillonsur-Seine; il doit s'ouvrir le 4 février le comte Stadion y représentera l'Autriche ; le comte Razumowski, la Russie; le baron de Humboldt, la Prusse; et lord Castlereagh, l'Angleterre. De combien de délais cette forme de négociation nous menace encore! Napoléon voudrait les abréger; il apprend que le sieur Labesnardière, premier commis des affaires étrangères, arrive

de Paris et va rejoindre le ministre à Châtillon; il profite aussitôt de cette occasion pour faire connaître au duc de Vicence les modifications que le mauvais début de la campagne doit apporter à ses instructions. M. de Labesnardière se remet en route dans l'après-midi même du 3 février; le 5, de nouvelles instructions sont encore envoyées à Châtillon : ce dernier courrier porte définitivement carte blanche au duc de Vicence. Napoléon lui donne tout pouvoir pour conduire la négociation à une heureuse issue, sauver la capitale et éviter une bataille où sont les dernières.espérances de la

nation.

Les seules nouvelles de l'intérieur qui soient un peu rassurantes viennent des bords de la Saône. Les Lyonnais ont fait bonne contenance devant les troupes que le général autrichien Bubna avait fait avancer jusqu'aux barrières de la ville; ils ont donné le temps à nos troupes du Dauphiné d'arriver à leur secours, et l'armée autrichienne s'est repliée sur la Bresse.

Après avoir donné au repos de l'armée les journées du 3, du 4 et du 5 février, Napoléon se décide à évacuer Troyes les vieilles murailles de cette ancienne capitale de la Champagne, et les nombreux canaux entre lesquels la Seine y divise son cours, nous offraient à la vérité de grands moyens pour tenir tête à l'ennemi; mais les alliés pouvaient tourner cette position, et s'avancer de toutes parts sur Paris. Le temps devenait trop précieux pour le perdre en opérations défensives; et une résistance obstinée sur ce point pouvait n'avoir d'autres résultats que l'incendie et la ruine de Troyes, dont toutes les maisons sont en bois. D'ailleurs, les secours attendus des Pyrénées approchaient : la première division, commandée par le général Leval, devait être

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