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s'étant allumée en Asie, le peuple, qui venait de voir mourir Germanicus et ses compagnous avec un grand courage, se mit à crier : Qu'on cherche Polycarpe!» Le proconsul Quadratus donna l'ordre d'obtempérer aux volontés du peuple. Ce grand homme dont la prudence ne di.ninuait rien de la générosite, ayant appris qu'on le cherchait, se déroba à la poursuite de ses ennemis ; mais il paraissait, par la tranquillité de son âme, qu'il ne fuyait pas la mort par une lâche trainte, mais qu'il en éloignait le moment par une humble défiance de soi-même; car, quoique les fidèles qui le recevaient dans sa retraite le conjurassent de ne point perdre de temps et de mettre promptement sa vie en sûreté, il ne pouvait se rendre à leurs pressantes sollicitations; mais, marchant lentement, et s'arrêtant partout où il passait, il semblait ne s'éloigner qu'à regret du lieu où on avait résolu sa mort. Enfin il rabattit tout court, dans une métairie peu distante de Smyrne. Là, par de ferventes et continuelles prières, il priait le Dieu fort, le Dieu des combats, de le fortifier pour celui qu'il allait entreprendre pour sa gloire. Il en fut averti trois jours auparavant par un songe que Dieu lui envoya. Il lui semblait que le chevet de son lit était tout en feu, et que sa tête était tout environnée. Lorsque le saint vieillard fut éveillé, et que son corps, appesanti par l'âge et le sommeil, eut quitté sa couche, il dit à ceux qui se trouvèrent présents, qu'avant que ces trois jours fussent accomplis, il serait brûlé tout vif. On ne laissa pas de lui faire changer de retraite; mais à peine était-il arrivé à celle qu'on lui avait choisie, que ceux qui le cherchaient y arrivèrent aussi. Ils furent longtemps sans pouvoir découvrir l'endroit où il était caché; mais enfin s'étant saisis de deux jeunes enfants, ils en fouettèrent un si cruellement, qu'ils tirèrent de sa bouche une vérité que la violence des coups lui arracka malgré lui. Cependant Hérode, qui était un juge criminel et intendant de police à Smyrne, souhaitait passionnément de l'avoir en sa puissance, pour le produire au peuple dans l'amphithéatre; il commanda pour cet effet une escouade d'archers et de gens à cheval, qui, sous la conduite de ce jeune nfant, prirent le chemin de la métairie où saint Polycarpe s'était retiré. On eût dit, à les voirmarcher avec un si grand appareil, qu'ils allaient se saisir de quelque insigne voleur; et ils ne cherchaient qu'un évêque désarmé et un serviteur de Jésus-Christ. Ils arrivèrent au lieu de sa retraite un vendredi au soir, sur le point qu'il s'allait mettre à table. Il lui aurait été facile de se sauver, mais il aima mieux se livrer enfin lui-même, disant à Dieu : « Seigneur, que votre volonté soit accomplie; j'ai fui, vous le savez, taut que vous m'avez ordonné de fuir; maintenant je cède à mes ennemis, parce que vous le voulez ainsi. Il se présenta donc à eux, et il leur parla autant que la faiblesse de son âge le lui put permettre mais ce fut avec tant d'onction qu'il était facile de connaitre que

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c'était le Saint-Esprit qui parlait par sa bouche. Ils admiraient dans un âge si avancé une vivacité si grande, et un air si dispos dans un corps usé par les travaux de la pénitence. Il les laissa dans leur étonnement, et il leur fit servir à manger, accomplissant à la lettre le précepte de notre divin maître, qui nous ordonne par la bouche de son apôtre, de fournir à nos ennemis avec profusion les choses nécessaires à la vie; il les pria ensuite de lui accorder quelque temps pour s'acquitter envers Dieu des devoirs qu'il avait accoutumé de lui rendre à certaines heures. On ne put le lui refuser; le saint, se tenant debout, pria les yeux levés au ciel; demandant à Dieu la grâce de pouvoir accomplir ses commandements jusqu'à la fin de sa vie. Sa prière dura près de deux heures ; et il la faisait avec tant de ferveur, que tous les assistants, jusqu'à ses propres ennemis, en étaient dans une admiration qu'ils pouvaient à peine exprimer. Il l'acheva en faisant des vieux pour toutes les églises du monde.

Enfin le moment arriva qui devait lui ouvrir cette pénible carrière qui conduit à la gloire. Il fut mis sur une bête de charge, et on prit le chemin de la ville. On n'en était pas fort éloigné, lorsqu'on aperçut un chariot où était Hérode et son père Nicétas. Ils engagèrent civilement Polycarpe à y monter, espé ant de pouvoir gagner par leur honnêteté et leurs caresses un homme qui paraissait être à l'épreuve des outrages et des mauvais traitements. Ils tachèrent de s'insinuer dans son esprit par des paroles douces, mais artificieuses; ils lui répétaient même souvent celles-ci: «Quel mal y a-t-il de dire, Seigneur César, pour sacrifier, et sauver sa vie?» Ils le pressèrent si vivement, et il se sentit si fort importuné des propositions impies qu'ils lui faisaient, qu'après les avoir écoutés paisiblement, il rompit enfin le silence, et il leur dit avec toute la véhémence que put lui inspirer son zèle: «Non, rien ne sera jamais capable de me faire changer de sentiment; ni le fer ni le feu, ni la prison ni l'exil, ni tous les maux ensemble ne me feront jamais consentir à donner de l'encens à un homme, ou, ce qui est encore plus horrible, à des démons. Cette réponse irrita de telle sorte ceux à qui il la faisait, qu'ils le poussèrent à grands coups de pieds hors de leur chariot lorsqu'il marchait avec le plus de vitesse. La chute fut rude, et le saint eut un os de la jambe rompu; ce qui toutefois ne l'empêcha pas, dans la suite, de courir dans l'amphitheatre avec une agilité surprenante. En y entrant, il ouit une voix qui lui criait du haut du ciel : « Polycarpe, ayez bon courage. » Cette voix fut entendue des chrétiens, mais les paiens

n'en entendirent rien.

« On conduisit le saint évêque au pied de l'échafaud du proconsul, où, étant arrivé, il confessa hautement Jésus-Christ, témoignant d'être aussi peu sensible aux menaces du juge que peu touché de ses prières et de la fausse pitié qu'il lui faisait paraître. « Quittez

cette hauteur, lui disait ce magistrat; épargnez votre vieillesse; croyez-vous pouvoir soutenir des tourments dont la vue seule fait trembler la jeunesse la plus hardie? Quelle difficulté faites-vous de jurer par la fortune de l'empereur? Suivez mon conseil; renoncez à votre superstition; un repentir n'a rien de honteux lorsque César et les dieux l'exigent. Dites donc hardiment avec tout ce peuple: Qu'on ôte les impies, qu'on perde les impies. »

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«Alors Polycarpe, portant ses regards de tous côtés, et les arrêtant durant quelques moments sur cette multitude de peuple qui remplissait les bancs de l'amphithéâtre, il les éleva enfin vers celui qui règue dans le ciel; puis, d'une voix entrecoupée de soupirs, il proféra ces paroles: Otez les impies, perdez les impies! « Achevez, lui cria le proconsul; jurez par la fortune de l'empereur, et dites des injures au Christ. Il y a quatre-vingt-six ans, reprit Polycarpe, que je le sers; il ne m'a jamais fait de mal; il m'a au contraire comblé de bien, et vous voulez que je lui dise des injures, que j'outrage mon Seigneur, mon maître, de qui j'attends mon bonheur, en qui je mets toute mon espérance, qui fait toute ma gloire? Comment pourrais-je offenser celui que je dois uniquement aimer, celui qui me protége, qui se déclare l'ennemi de ceux qui me haïssent?» Et comme le proconsul insistait toujours à le faire jurer par la fortune de l'empereur: « Pourquoi, lui dit-il, me pressezvous de jurer par la fortune de César ? Ignorez-vous quelle est ma religion, et ne savezvous pas que je suis chrétien ? Si vous désirez d'apprendre de moi quelle est cette doctrine, donnez-moi un jour, je suis prêt à vous en instruire, dès que vous serez disposé à m'entendre. C'est le peuple, répliqua le proconsul, et non pas moi, qu'il faut satisfaire; c'est à lui que vous devez rendre compte de votre créance. A lui! répartit Polycarpe, il en est indigne; mais pour vous, je dois cette déférence à votre dignité, pourvu que vous n'en abusiez pas pour me contraindre à faire quelque chose contre mon devoir. C'est ainsi que la religion dont je vous parie nous apprend à rendre aux puissances de la terre l'honneur qui leur est dû. Ah! c'en est trop! reprit brusquement le juge; sais-tu que j'ai des lions et des ours tout prêts à venger nos dieux? - Qu'ils sortent, ces lions et ces ours, répondit Polycarpe; qu'ils viennent assouvir sur moi leur rage et votre fureur; mettez en usage, pour m'arracher, s'il se pouvait, cent fois la vie, tout ce que la cruauté des tyrans a pu inventer de supplices, je triompherai dans les tourments, je verrai couler mon sang avec joie, et la grandeur de mes peines sera celle de ma gloire; mon âme est préparée à tout. Je ne crains ni la douleur ni la honte.- Tu me braves! lui dit le proconsul, et une audace présomptueuse te fait mépriser les morsures des bêtes; nous verrons si cette fermeté sera à l'épreuve du feu! --Ce feudont vous me menacez, reprit Poly

carpe, passera bientôt; une heure ou deux amortiront son ardeur, mais celui que le souverain juge a allumé pour brûler les impies, et que vous ne connaissez pas, ne s'éteindra jamais. Mais à quoi sert tout ce discours? hâtez-vous de faire de moi ce que votre cruauté vous conseille; et s'il vous vient dans la pensée quelque nouveau genre de supplice, ne craignez point de me le faire endurer. »

« Comme le saint martyr prononçait ces dernières paroles, son visage parut éclatant d'une lumière céleste: le proconsul en fut frappé; mais ne laissa pas de faire crier par un héraut: « Polycarpe persiste à confesser qu'il est chrétien. » Le peuple n'eut pas plutôt entendu cette déclaration qu'il entra en fureur; et tout ce qui se rencontra alors à Smyrne, de Juifs et de Gentils, n'eut plus qu'une voix pour demander la mort de saint Polycarpe. On criait confusément : « C'est le père des chrétiens, c'est le docteur de l'Asie, l'ennemi de nos dieux, le profanateur de leurs temples; c'est cet homme qui allait partout détruisant notre religion et condamnant le culte des dieux immortels; qu'il meure, et qu'il trouve enfin ce qu'il cherche depuis si longtemps. » On s'adresse à Philippe l'asiarque; on le veut obliger à lâcher un des lions; il s'en défend sur ce que l'heure des spectacles est passée. Enfin, ces furieux s'accordent tous à demander qu'on brûle le saint vieillard, et donnent ainsi lieu, sans y penser, à l'accomplissement de la prédiction qu'il avait faite. C'est ce qu'il fit remarquer lui-même aux chrétiens qui l'accompagnaient: car, interrompant sa prière et se tournant vers eux avec un visage plus majestueux qu'à l'ordinaire, il leur dit « Reconnaissez maintenant, mes frères, la vérité de mon songe. »

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«Cependant, le peuple court aux bains publics, enfonce les boutiques, et enlève tout ce qui peut servir à construire un bûcher, les Juifs, selon leur coutume, se signalèrent en cette occasion et se montrèrent les plus emportés de tous. Le bûcher ayant été formé de toutes ces matières combustibles, on y mit le feu. Saint Polycarpe s'en approcha; il ôta sa ceinture et sa première robe, et il se baissa pour ôter ses souliers, qu'il n'avait pas accoutumé de faire; car les fidèles avaient pour sa vertu une si grande vénération, que chacun s'empressait à lui rendre cet office pour pouvoir baiser ses pieds sacrés. On se disposait à l'attacher au bûcher avec des chaînes de fer, suivant ce qui se pratiquait ordinairement en ces rencontres; mais il pria qu'on le laissât ainsi qu'il était. « Celui, ajouta-t-il, qui m'a donné la volonté de souffrir pour lui, m'en donnera la force; il adoucira la violence du feu, et il me fera la grâce d'en pouvoir supporter l'ar deur. » Ainsi on se contenta de lui lier les mains derrière le dos avec des cordes ; et en cet état il monta sur le bûcher comme sur un autel, pour y être offert à Dieu comme une victime choisie dans tout le troupeau, et pour y être consumé comme un holocauste

d'agréable odeur. Elevant ensuite les yeux au ciel, il prononça ces paroles, qui furent les dernières de sa vie : « Dieu des anges, Dieu des archanges, grand Dieu, qui avez détruit le péché et qui détruirez un jour la mort; monarque souverain du ciel et de la terre, protecteur des justes et de tous ceux qui marchent en votre présence, je vous bénis, mon Dieu, moi qui suis le moindre de vos serviteurs, et je vous rends grâces de ce que vous m'avez jugé digne de souffrir pour vous. Quelle gloire pour moi, Seigneur, de recevoir de votre main la couronne du martyre! Quel honneur de pouvoir approcher ma bouche du calice où Jésus-Christ votre Fils a bien voulu boire! Voilà, Seigneur, voilà mon sacrifice presque achevé avant que le jour finisse, je verrai l'accomplissement de vos promesses: soyez donc à jamais béni, Seigneur; que votre nom adorable soit glorifié dans tous les siècles par Jésus-Christ, pontife éternel et tout-puissant, et que tout honneur vous soit rendu avec lui et avec le Saint-Esprit. »

« A peine avait-il fini cette prière, que la flamme, sortant de tous côtés du bûcher à gros tourbillons, s'éleva jusqu'au ciel. Mais Dieu, voulant honorer son serviteur devant les hommes, fit un miracle qui par sa nouveauté surprit tous ceux que sa providence avait choisis pour en être les témoins, et qui devaient le répandre ensuite partout, comme un monument éclatant de sa puissance et de la gloire de son fidèle ministre car ces tourbillons de flamme, se courbant en arc, et s'étendant à droite et à gauche, réprésentaient une voile de navire enflée par le vent. Cette voûte de feu suspendue en l'air couvrait le corps du saint martyr, sans que la moindre étincelle osât, pour ainsi dire, en approcher ni toucher ses vêtements. Ce corps sacré exhalait une odeur pareille à celle d'un pain nouvellement cuit, et sa couleur était semblable à celle d'un or pur qui sort de la fournaise, et qui par son éclat réjouit la vue. Outre cela, l'on sentait comme un agréable mélange de toutes sortes de parfums qui dissipait la mauvaise senteur qui sort pour l'ordinaire des corps que le feu consume.

« Cette merveille étonna les ennemis de notre religion : ils étaient convaincus par leurs propres yeux que le corps d'un chrétien était devenu respectable au plus furieux de tous les éléments. On ordonna donc à un de ceux qui avaient soin d'entretenir le bûcher de bois de s'en approcher et de reconnaître de plus près la vérité du prodige. Cet homme avant fait son rapport, on lui dit d'aller enfoncer son poignard dans le corps du saint. Il le fit, et, à l'heure même, il en sortit une si grande abondance de sang que le feu en fut éteint. On vit même une colombe sortir du milieu de ces flots de sang, et prendre son essor vers le ciel. Cette foule de miracles ne causa pas moins de frayeur à tout ce peuple que d'étonnement. Il avouait qu'il se trouvait une grande différence entre la mort des chrétiens et celle des autres

hommes; et plusieurs furent contraints de reconnaître la sainteté et la grandeur de notre religion, sans toutefois avoir la force de l'embrasser.

« C'est ainsi que Polycarpe, évêque et docteur de la sainte Eglise de Smyrne, consomma son sacrifice. Mais le démion, cet irréconciliable ennemi des gens de bien, ayant été témoin malgré lui de la gloire qui avait accompagné le martyre de saint Polycarpe, et comment une vie illustre par un grand nombre de vertus avait été couronnée par une mort pleine de merveilles, fit si bien par ses suggestions, que les chrétiens ne purent avoir le corps de ce saint martyr, quoique plusieurs souhaitassent de pouvoir enlever ce trésor, et qu'ils se fussent déjà mis en devoir de le retirer du milieu du bûcher. Pour cet effet, il se servit des juifs pour mettre dans l'esprit de Nicétas, père d'Hérode, et frère d'Alcée, la pensée d'aller trouver le proconsul, et de le prier de refuser ces précieux restes à quiconque les viendrait demander de la part des chrétiens, l'assurant qu'ils abandonneraient le culte du crucifié pour mettre Polycarpe en sa place, s'ils pouvaient avoir ses reliques; comme si nous pouvions ne plus reconnaitre JésusChrist pour notre Seigneur, après ce qu'il a souffert pour nous, et comme s'il nous était permis d'offrir à un autre dieu qu'à lui nos prières et nos vœux. Car, quoique nous honorions les martyrs et les autres fidèles serviteurs de Jésus-Christ; quoique nous nous adressions à eux pour obtenir par leur entremise de pouvoir un jour partager la gloire dont ils jouissent, nous n'adorons toutefois que le Fils unique de Dieu, et nous ne rendons qu'à lui les honneurs divins.

«Mais, pour revenir à notre sujet, le centurion, que le proconsul avait envoyé pour apaiser le différend qui s'était ému entre les Juifs et nous, touchant le corps du saint martyr, ne trouva point d'autre moyen pour le terminer que de brûler ses sacrées dépouilles. Cependant nous ne laissàmes pas d'en recueillir quelques ossements que le feu avait épargnés, et que nous conservons comme autant de pierres précieuses. Notre Eglise s'est assemblée pour célébrer avec une sainte allégresse le jour de cette heureuse naissance, le Seigneur nous ayant sur cela fait connaitre sa volonté.

« Ainsi finit la vie de saint Polycarpe, qui mêla son sang avec celui de douze autres martyrs de Philadelphie; mais sa gloire, égale à son mérite et à sa dignité, le met dans un rang distingué, et toute l'Asie le nomme toujours le maître et le docteur. Aimons à être ses disciples, comme il a aimé à être disciple de Jésus-Christ. Unissons-nous aur apôtres et à tous les justes de l'Eglise du ciel et de celle de la terre; et bénissons tout d'une voix Dieu, Père tout-puissant; bénissons Jésus-Christ, Notre-Seigneur, le Sauveur de nos âmes, le maitre de nos corps, le pasteur de l'Eglise universelle; bénissons le Saint-Esprit, par qui toutes choses nous sont

révélées.

« Vous nous avez témoigné plus d'une 1ois souhaiter qu'on vous écrivit les circonstances du martyre du bienheureux Polycarpe; nous nous sommes fait un plaisir de satisfaire une curiosité si juste et si sainte, et nous vous envoyons par notre frère Marcien une relation succincte, mais exacte, de tout ce qui s'est passé à cette précieuse mort faites-en part aux autres Eglises, afin que le Seigneur soit béni en tous heux, et que tous les hommes révèrent le choix que sa grâce fait des élus. A lui la gloire, l'honneur, la puissance, la grandeur, par JésusChrist, Notre-Seigneur, dans tous les siècles à venir.

<< Saluez tous les saints, ceux qui sont ici avec nous vous saluent. Evariste, qui a écrit ceci, vous salue pareillement, et toute sa famille vous salue aussi.

«Saint Polycarpe a souffert ie martyre le 7 des calendes de mai, le jour du grand samedi, à la huitième heure; il a été pris par Hérode, Philippe de Trales étant ponlife ou asiarque, et Statius Quadratus étant proconsul. Que mille actions de grâces soient rendues à Jésus-Christ, Notre-Seigneur, à qui appartient la gloire et le souverain commandement dans toute l'éternité. Ceci a été transcrit sur la copie d'Irénée, disciple de Polycarpe, par Gaius et moi, Pionius; je l'ai écrit sur le précédent exemplaire, après que je l'eus cherché et que Polycarpe me l'eut fait connaître par révélation. Que Jésus-Christ me reçoive dans son royaume avec ses élus. A lui soit la gloire, avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Amen. » (Ruinart.)

POLYCARPE (saint), fut martyrisé à Antioche, en l'honneur de la religion chrétienne, Il eut pour compagnon de son martyre saint Théodose. L'Eglise fait collectivement leur fête le 7 décembre.

POLYCÈTE (saint). On prétend qu'il souffrit en Espagne sous Néron, dans un lieu voisin de Saragosse, nommé Caraves. Baronius en dit plusieurs choses, mais qui ne reposent sur rien qui mérite une attention sérieuse. On fait la fête de saint Polycète le 15 février.

POLYÈNE (saint), souffrit le martyre à Rome, durant la cruelle persécution que l'empereur Dioclétien fit subir aux disciples du Christ. Il eut pour compagnons de son glorieux combat les saints Hermas et Sérapion. Ces valeureux combattants de la foi ayant été traînés par des lieux étroits, pleins de pierres et raboteux, expirèrent au milieu des douleurs. L'Eglise fait leur mémoire le 18 août.

POLYÈNE (saint), sur l'indication des martyrologes latins et grecs, a souffert le martyre avec saint Menandre et saint Acace, en même temps que saint Patrice, à Pruse en Bithynie. Les détails manquent sur son. martyre. Comme celle de saint Patrice, sa fête est célébrée par l'Eglise le 28 avril. Son martyre eut lieu dans le Ie siècle, sous le règne de Dioclétien.

POLYEUCTE (saint), martyr, est inscrit

au Martyrologe romain le vingt et unième jour de mai. Les compagnons de son martyre sont Victorius et Donat. Leur combat eut lieu à Césarée en Cappadoce. L'Eglise fait collectivement la fête de ces trois glorieux martyrs.

POLYEUCTE (saint), martyr à Mélitène ou Mélitine, sous le règne de l'empereur Dèce, servait dans les troupes romaines. Sa femme Pauline était fille d'un nommé Félix. Polyeucte était riche, et on dit qu'il avait des amis. On cite, comme en étant un très-dévoué, Néarque, qui exerçait aussi le métier des armes. Ce Néarque était chrétien; quant à Polyeucte, il était fervent adorateur des idoles. Quand arriva la persécution de Dèce, Néarque prévoyant qu'il pourrait bien se faire qu'il donnât sa vie pour la foi, mais désolé de penser qu'il allait quitter un ami qu'il aimait tendrement, et le quitter sans l'avoir amené à la connaissance de la vérité, s'en vint en pleurant lui dire qu'il fallait se résoudre à se quitter, et à voir finir leur amitié par la mort qu'il espérait bientôt subir comme chrétien. Mais Polyeucte, qui avait déjà eu souvent des entretiens sur la religion avec son ami, lui dit qu'il était bien plus près qu'il ne le pensait d'embrasser la foi chrétienne. Il lui raconta qu'il avait eu une vision dans laquelle il avait parfaitement vu JésusChrist, qui le dépouillait d'une robe fort sale qu'il avait portée jusqu'alors, pour lui en donner une magnifique. Cette vision était significative: Polyeucte se convertit et en vint à ce point de ferveur qu'il désirait le martyre avec autant d'ardeur que Néarque luimême. Tous deux se promirent deux choses: de n'oublier jamais leur mutuelle amitié, et de ne jamais oublier non plus l'obéissance qu'ils devaient à Dieu.

Polyeucte, à partir de ce moment, déclara publiquement qu'il était chrétien, et commença même à se moquer de l'idolâtrie. On le fit arrêter et tourmenter de la façon la plus cruelle. Les bourreaux se lassèrent de le faire souffrir, sans pouvoir l'amener à renoncer à sa foi. Sa femme, accourue au lieu du supplice, fit tous ses efforts, par ses larmes, par ses cris, par ses supplications, pour le détourner de son dessein. Son beau-père y vint aussi, tâchant de le prendre tantôt par ses raisonnements, tantôt en lui enjoignant d'obéir à l'autorité naturelle qu'il avait sur lui. Rien ne put vaincre ce saint martyr. Il fit même tout ce qui était en lui pour exciter sa femme à suivre son exemple. Les juges. irrités le condamnèrent à mort. Il y marcha avec joie, encourageant les fidèles qui se trouvaient présents. Beaucoup d'infidèles se convertirent, subjugués par son exemple. Ayant aperçu Néarque, il lui dit adieu, l'exhorta à suivre son exemple, en se souvenant de la promesse qu'ils s'étaient faite. Enfin il fut mis à mort, il périt par le glaive. Métaphraste affirme qu'il n'y eut que quatre jours entre sa conversion et sa mort. L'Eglise vénère sa mémoire le 13 février.

POMPÉE (saint). Ce fut à Durazzo, ville d'Albanie, maintenant dans la Turquie

d'Europe (Roumélie), que ce saint eut le bonheur de donner sa vie pour la foi. Il fut martyrisé sous l'empire de Trajan, avec les saints Lucien, Pérégrin, Hésychius, Papias, Saturnius et Germain. L'histoire est muette sur ce qui concerne le détail des combats et de la mort de tous ces saints, dont l'Eglise honore la mémoire le 7 juillet.

POMPÉE (saint), martyr, souffrit pour la foi chrétienne en Afrique, sous le règne de l'empereur Dèce et sous le gouvernement du proconsul Fortunatien, en l'an de JésusChrist 250. Il eut pour compagnons de son martyre saint Africain, saint Térence, et plusieurs autres que l'histoire ne nomme pas. Les Actes de ces saints ne sont pas suffisamment authentiques. Les Grecs et les Russes les ont en profonde vénération. Ils furent d'abord battus de verges, mis à la torture, puis tourmentés de diverses autres façons, et enfin décapités. Le lecteur Théodore, qui vivait au commencement du vr siècle, rapporte que leurs reliques furent placées, par ordre de Théodose le Grand, dans l'église de Sainte-Euphémie, en un quartier de Constantinople appellé la Pierre. Ces saints sont inscrits au Martyrologe romain sous la date du 10 avril, ainsi qu'ils le sont aux ménées des Grecs. Le Martyrologe de Grégoire XIII le met par erreur au 10 mars. (C'est une faute de copiste.)

POMPÉIAN, procureur de l'empereur à Thébeste en Numidie, requit devant le proconsul Dion l'enrôlement de saint Maximilien, que les commissaires des guerres Victor Fabius et Valérien avaient amené devant son tribunal. Maximilien, se refusant à être enrôlé parce que, disait-il, il était chrétien, fut condamné à mort par Dion, et exécuté. (Voy. les Actes de saint MAXIMILIEN à son article.)

POMPÉIÉ (sainte), martyre, fut mise à mort à Lyon en 177 sous le règne de l'empereur Antonin Marc-Aurèle. Les persécuteurs la condamnèrent à être décapitée au lieu de l'exposer aux bêtes, parce qu'elle était citoyenne romaine. L'Eglise fait la fête de tous les saints martyrs de Lyon, compagnons de saint Pothin, évêque, morts en 177, le 2 juin. POMPÉIE (sainte), eut la gloire de donner sa vie pour la foi chrétienne en 177 dans la ville de Lyon, sous le règne de l'empereur Antonin Marc-Aurèle. Comme saint Pothin et beaucoup d'autres, elle n'eut pas la force de supporter jusqu'à la fin les tourments que lui firent endurer les païens. Elle mourut en prison, Dieu voulant ménager sa faiblesse, et l'abritant dans le sein de son éte nité contre la rage des persécuteurs. L'Eglise célèbre sa fête et celle de tous ses compagnons le 2 juin.

POMPÉIPOLIS, ville de Cilicie, a été témoin du martyre de saint Sozont, qui fut jeté dans les flammes sous le règne de l'empereur Maximien.

POMPONIE (sainte), fut au nombre des quarante-huit martyrs avec saint Saturnin en Afrique, sous le proconsul Anulin, en l'an de Jésus-Christ 305, sous le règne et

durant la persécution si terrible que l'infâme Diocletien suscita contre l'Eglise du Seigneur. (Voy. saint SATURNIN.) L'Eglise fait la fête de tous ces saints le 11 février.

POMPOSE (sainte), martyre, était religieuse de Pégna-Mellar. Ce monastère était dédié au Saint-Sauveur, et situé au pied d'une roche où des abeilles s'étaient logées, ce qui lui donna ce nom, qui signifie roche de miel. Pompose s'y était retirée avec son père, sa mère et toute sa famille, et était parvenue à une grande perfection. Ayant appris un jour le martyre de sainte Colombe, comme elle soupirait depuis longtemps après cette grâce, elle sortit du monastère la nuit suivante, vint à Cordoue, se présenta le matin au cadi et eut la tête tranchée le 19 septembre. Son corps, jeté dans le fleuve, fut retiré et enterré à Sainte-Eulalie avec celui de sainte Colombe. L'Eglise honore ces deux saintes c acune à leur jour, Pompose le 19 septembre, Colombe le 17 septembre.

PONCE (île), Ponces ou Ponza, nom de six flots situés dans la mer Tyrrhénienne, non loin du cap de Circé et près de Pandatarie. Comme cette dernière île, les îles Romains. Sainte (Flavie) Domitille, niece du Ponces étaient un lieu d'exil du temps des consul Clément, martyre, et que L'Eglise honore aussi comme vierge, y fut exilée par Domitien; elle y resta fort longtemps; peutêtre y mourut-elle. Trois cents ans après, sainte Paule, se rendant à Jérusalem, y passa et vit les petites cellules dans lesquelles avait vécu la sainte. Il est probable que le Ponza, la principale des îles Ponces. lieu précis de l'exil de sainte Domitifle fut

PONS ou PONCE (saint), martyr, souffrit à Cimèle dans les Alpes, vers l'an 258, sous l'empire et durant la persécution de Valérien. Depuis, cette ville fut détruite par les Lombards, et aujourd'hui il ne reste plus de cette ville que la célèbre abbaye de SaintPons-des-Cimiés. Ses reliques avaient été transportées au cimetière de Tomières en Languedoc. Le pape Jean XXII y érigea un siége épiscopal sous la dénomination de Saint-Pons de Tomières. L'Eglise célèbre la fête de ce saint le 14 mai.

PONTE-CORVO, ville de l'Etat ecclésias tique, est célèbre par les souffrances qu'y endura le prêtre Grimoald, en l'honneur de la religion chrétienne.

PONTICUS (saint), martyr, jeune enfant de quinze ans, fut le compagnon de sainte Blandine la dernière fois qu'elle parut dans l'amphithéâtre, par ordre du gouverneur de la province qui commandait à Lyon, et qui, durant la persécution de l'empereur MarcAurèle, fit périr tant de chrétiens dans cette ville. Déjà ce jeune héros de la foi avait assisté aux combats soutenus par les autres martyrs. On espérait ainsi l'ameter, par la terreur à renier Jésus-Christ; mais il avait été inébranlable. C'est ce qui fit entrer le peuple en une extrême fureur contre lui; ce qui fit qu'on le tourmenta avec une fureur inouïe. A chaque fois qu'on le faisait chan

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