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ostensiblement et publiquement protester contre la position qu'on prétendait leur faire, et se proclamer hautement chrétiens voilà la règle. Maintenant il fut des saints qui, par humilité, dit-on, restèrent sous le coup d'imputations calomnieuses, et s'en remirent à Dieu du soin de les justifier devant les hommes. Cette conduite est quelquefois Jouée par les historiens. Il est bien facile de poser des règles générales, mais il est bien téméraire souvent d'en faire l'application en descendant dans les consciences pour les juger. Cette question nous semble sérieusement embarrassante, et nous n'osons pas la trancher d'une façon absolue.

MACAIRE (saint), fut martyrisé en Arménie, sous l'empire de Trajan, en l'année 107. Les Actes de ce saint, qui sont communs à saint Zénon et à saint Eudoxe, portent que Trajan fit martyriser à la fois onze mille soldats à Mélitine, ville d'Arménie, parce qu'ils n'avaient pas voulu renoncer au christianisme. Ces actes n'ont point un caractère assez sérieux pour que, sur leur autorité, on adopte l'opinion que Trajan ait pu ordonner un aussi grand massacre. Les Ménées des Grecs disent que les onze mille soldats furent mis à mort sous Trajan ou sous Adrien, son successeur. Nous ne devons adopter que des opinions certaines : celle-ci est loin d'être établie sur des preuves. Baronius se fonde probablement làdessus pour dire que ces soldats sont les chrétiens crucifiés sur le mont Ararat, sous Adrien, et dont l'Eglise fait la fête le 22 juin : rien ne le démontre. Nous regrettons de n'avoir pas de documents plus précis sur le saint dont nous parlons.

MACAIRE (saint), martyr, fut décapité à Lyon en 177, sous le règne de l'empereur Marc-Aurèle. Il dut à sa qualité de citoyen romain de n'être pas exposé aux bêtes comme plusieurs de ses compagnons. L'E glise fait sa fête avec celle de saint Pothin le 2 juin.

MACAIRE (saint). [Saint Denis, qui est l'historien de son martyre, le nomme heureux (felix). Il se nommait Macar, qui, en grec, signifie heureux (pinxp), et non pas Marcar, comme l'écrit Dom Ruinart. ] Saint Macar, dont on a fait Macaire, était originaire de Lydie. Il fut arrêté à Alexandrie avec les saints dont saint Denis parle dans sa lettre sur le martyre des saints d'Alexandrie. Rien ne put le contraindre à renoncer à Jésus-Christ, quelque moyen que pût employer le juge pour l'y forcer. Il fut condamné à être brûlé vif. L'Eglise fait sa fête le 30 octobre. Adon, Usuard et quelques autres ont marqué sa fête le 8 décembre : c'est ce qui a fait l'erreur des auteurs du Martyrologe romain, lesquels ont inscrit Macaire martyr à Alexandrie sous Dèce, sous deux dates, celle du 30 octobre et celle du 8 décembre, comme s'il s'agissait de deux saints différents.

MACAIRE, confesseur, fut arrêté à Rome avec saint Moyse et ses compagnons, sous le règne de l'empereur Dèce, en l'année 250.

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Il souffrit courageusement pour la foi les tourments, la prison pendant dix-huit mois. En sortant, il eut le malheur, comme plusieurs autres, et notamment saint Maxime, de tomber dans le schisme de Novatien, entraîné qu'il fut par Novat; mais bientôt, grâce aux exhortations de saint Denys d'Alexandrie, de saint Cyprien et de saint Corneille, il revint à la vérité. Quelques auteurs le nomment aussi Célérin. Il ne faut pas le confondre avec saint Célérin, lecteur de l'Eglise de Carthage, et confesseur à Rome en même temps que lui. Deux seurs de saint Macaire, Cornélie et Emérite, eurent la gloire de confesser le nom de Jésus-Christ avec leur frère et ses compagnons.

MACAIRE (saint), martyr à Alexandrie, fut mis à mort dans cette ville sous l'empi: e de Dèce et sous le gouverneur Valère Sabinius en l'année 250. Il fut décapité avec saint Fauste, prêtre, saint Bibe ou Abibe, et plusieurs autres dont les Ménées des Grecs font mention. Ce qu'il y a de fâcheux, c'est qu'il y a contradiction sur presque tous les points entre le récit des Méuées et celui de leurs Actes, qui, à part cela, n'offrent pas un grand caractère d'authenticité. L'Eglise honore ces saints le 5 septembre.

MACAIRE (saint), soldat et martyr, fut martyrisé à Mélitine en Arménie, avec ses compagnons Eudoxe, Zénon et quatre cent quatre autres dont les noms ne sont point parvenus jusqu'à nous. Ces saints soldats ayant quitté le baudrier durant la persécution de l'empereur Dioclétien, ils furent tous mis à mort. Ils sont inscrits au Martyrologe romain le 5 septembre.

MACAIRE (saint), d'Egypte, instituteur des solitaires de Scété et confesseur, est le plus illustre de tous les solitaires d'Egypte après saint Antoine, qui en est le chef. Il y eut plusieurs Macaíre. Celui d'Egypte, duquel nous voulons écrire la vie, surnommé le Grand par Pallade, naquit dans le commencement du iv siècle. Etant tout jeune, il allait avec d'autres enfants mener paître ses bœufs; chemin faisant, ils volèrent des figues. Saint Macaire en mangea une, et depuis il racontait qu'à chaque fois qu'il se souvenait de cette faute il en pleurait encore comme d'un péché considérable. Etant encore tout enfant il se retira dans une cellule, auprès d'un village d'Egypte. Bollandus croit avec beaucoup d'apparence que cette première retraite précéda celle qu'il fit à l'âge de trente ans. Etant en Egypte, il sortit un jour de sa cellule, et trouva au retour un homme qui le volait et qui mettait sur son chameau tout ce qu'il possédait. Il s'approcha de lui, comme si c'eût été un étranger, et l'aida même à charger son chameau. Mais quand le chameau ful chargé, le voieur lui ayant donné un coup de fouet pour le faire marcher, il ne put jamais parvenir à le faire se lever. Macaire, voyant cela, rentra dans sa celluie, et ayant encore trouvé une petite bresche, il l'apporta et dit au voleur: Mon frère, voilà ce que votre chameau attendait ; » et l'ayant mise avec le

reste, il donna un coup de pied au chameau et lui commanda de se lever. Il marcha quelques pas durant lesquels le saint guidait le voleur; mais bientôt l'animal se baissa de nouveau et ne voulut plus marcher qu'on n'eût auparavant ôté tout ce qui appartenait au saint.

Une autre marque encore plus admirable de la patience du pieux solitaire est racontée par lui-même en ces termes : « Lorsque j'étais encore jeune, retiré en Egypte dans ma cellule, on me vint prendre et on m'ordonna clerc dans un village; mais, ne pouvant accepter cette charge, je m'enfuis dans un autre village, où il se trouva un homme de bien, un séculier, qui venait prendre les ouvrages que j'avais faits, et me fournissait ce qui m'était nécessaire. Il arriva qu'une fille du même lieu tomba dans la fornication par la tentation du diable, et comme on lui demanda, lorsqu'on s'aperçut de sa grossesse, avec qui elle avait commis ce péché, elle répondit en me marquant que c'était avec cet anachorète. Alors ses parents vinrent me prendre, me pendirent au cou des pots de terre, des anses de cruches, et autres choses semblables, et, me menant par les rues du village en me battant jusqu'à me faire rendre l'âme, ils criaient : « Voilà le beau moine qui a violé « notre fille. » Vainement un vieillard voulut les arrêter celui qui prenait soin de moi marchait derrière, tout confus. Ils dirent qu'ils ne cesseraient de me battre si je ne trouvais quelqu'un qui répondit pour moi des aliments de leur fille. Je fis signe à mon ami, qui s'engagea. Je retournai dans ma cellule, et faisant vendre tout ce que je pouvais de paniers, j'en envoyai le produit à cette femme. Je me disais : « Macaire, tu as trouvé femme, il faut travailler plus qu'auparavant. Je travaillais nuit et jour. A son terme cette fille, ne pouvant accoucher, avoua la vérité et nomma le coupable. Mon ami vint, tout ravi, me dire cette bonne nouvelle. Tout le village voulait venir me féliciter et surtout me demander pardon. Pour éviter cela je pris la fuite et vins dans cette solitude où je suis resté. »

Cette solitude c'était Scété, où le saint passa les soixante dernières années de sa vie. Il avait alors trente ans. Le désert de Scété, dans la Libye, était éloigné de tout lieu habité. C'était un lieu aride où nul chemin tracé ne conduisait, où le monde n'avait aucun commerce. Les solitaires y étaient éloignés de toute consolation humaine. Sans autre eau que l'eau saumâtre du désert, ils étaient exposés aux bêtes féroces, et sans cesse tourmentés par d'insupportables moustiques. En 356 la sainteté des solitaires était devenue si illustre, que le désert se peupla extraordinairement. Ils y avaient quatre églises. Ceux qui voulaient une solitude complète étaient obligés d'aller vivre ailleurs.

Après dix ans passés dans la pratique de toutes les vertus religieuses, saint Macaire alla, à quinze journées de là, trouver saint Antoine. Ce fut à cette époque qu'il

fut élevé au sacerdoce : l'évêque le contraignit d'accepter cet honneur. I menait la vie la plus austère et la plus dure; son visage exténué annonçait la rigueur de son abstinence. Il travaillait souvent à faire les récoltes; il portait lui-même ses paniers au marché. Ses heures de travail ne le distrayaient pas de la prière, car il priait sans cesse. Il aimait passionnément sa solitude. Il était plein de charité et de douceur pour ses frères et pour tout le monde. Il disait que la douceur peut tout gagner, tandis que l'orgueil et la vanité peuvent tout perdre.

Saint Macaire avait le don des miracles. Son histoire raconte que deux fois il fit parler des morts, la première fois pour convaincre un hérétique, l'autre fois pour rendre service à une pauvre femme dont le mari état mort sans lui révé er un secret important. Les autres miracles du saint sunt nombreux. Les bornes et le but de cet ouvrage nous empêcheut d'entrer dans des détails à cet égard. Notre tâche est de montrer saint Macaire comme défenseur de la foi.

L'hérésie des ariens infectait l'Egypte; mais c'était en Egypte aussi que Dieu avait suscité les plus fermes soutiens de la foi de Nicée. Les Alexandre, les Athanase et tant d'autres lumières de l'Eglise ont illustré à jamais cette contrée. Les saints anachorètes de la Thébaïde restèrent aussi inviolablement attachés à l'orthodoxie. Le démon ne voulut pas les laisser en repos. Il amena vers eux les persécuteurs. Nous ne voyons pas qu'ils aient été inquiétés sous Constance. Il n'en fut pas de même sous Valens. Luce, l'évêque intrus qui avait chassé de son siége Pierre, successeur de saint Athanase, se trouvant appuyé de l'autorité impériale, commit les plus horribles violences dans toute l'Egypte. Après avoir ravagé les villes, il tourna sa fureur contre les déserts; il vint porter la guerre jusque dans les solitudes, à ceux qui depuis si longtemps avaient fui le monde. Ce fut un peu après la mort de Valentinien, arrivée en 375, que beaucoup de moines de Nitrie furent tués par les soldats. Cette persécution contre les solitaires dura jusqu'à l'année 376, époque à laquelle les guerres des Goths forcèrent Valens à laisser un peu reposer l'Eglise. Dès l'an 373, Valens avait fait une loi qui statuait que tous ceux qui, couvrant leur paresse des apparences de la piété, s'étaient retirés dans les solitudes, y fussent recherchés par le comte d'Egypte, forcés d'accomplir envers leur patrie ce qu'on exigeait communément de tous les citoyens, sous peine de voir leurs biens confisqués au profit de ceux qui accompliraient à leur place ces devoirs auxquels ils cherchaient à se soustraire. Cette loi, juste au fond, devint un moyen de persécution par la mauvaise foi de Valens. Mais, après la mort de son frère, Valens ne se borna pas à cette loi; il ordonna l'enrôlement des moines dans ses armées. Luce, qui avait obtenu de l'empereur la permission d'agir comme il l'entendrait contre tous les seciateurs de la

foi de Nicée, partit d'Alexandrie à la tête de trois mille hommes, cavaliers et fantassins, et accompagné du comte d'Egypte vint dans le désert, pour y mettre à mort tous les serviteurs de Dieu. Ils arrivèrent dans ces déserts et y trouvèrent des ermites occupés à leurs ouvrages ordinaires, c'est-à-dire à prier, à guérir les malades et à chasser les démons, mais des démons moins méchants que ceux qui possédaient l'âme de Luce. fs y trouvèrent, dis-je, non des gens armés et préparés à se défendre, mais des saints bien décidés à donner leur sang plutôt que de trahir leur foi. Ils y trouvèrent des anachorètes tout nus, qui n'étendaient pas seulement la main pour détourner les coups qu'on leur donnait, qui tendaient le cou pour recevoir la mort, et qui ne disaient autre chose, sinon : « Mon ami, que venezvous faire? Mais ni la douceur ni les miracles ne furent capables de fléchir les exécuteurs d'une sentence épiscopale. Ils leur défendirent d'abord de continuer à faire leurs prières dans leurs églises, dont ils. leur interdirent l'entrée, et puis, passant plus avant, ils employèrent le fer et les armes et firent dans ces solitudes des maux et des violences qui ne sont pas imaginables, à quoi néanmoins Luce prit encore plus de part que les soldats, et on écrit qu'il surpassa tout ce qui s'était vu dans la persécution des païens.

On vit renouveler en eux ce que l'Apôtre dit des anciens justes, ils souffraient les inoqueries, les fouets, la nudité, les chaines, les prisons. Ils étaient lapidés, ils mouraient par le tranchant de l'épée, ils étaient vagabonds, couverts de peaux de brebis et de peaux de chèvres, abandonnés, affligés, persécutés, eux dont le monde n'était pas digne, et ils passaient leur vie errant dans les déserts et dans les montagnes et se retirant dans les antres et dans les cavernes de la terre. Cependant c'étaient ceux à qui tout le monde rendait un témoignage si avantageux, à cause de leur foi, de leurs euvres et des miracles que la grâce de Jésus-Christ faisait par leurs mains. Mais la Providence divine ne permettait qu'ils soutfrissent toutes ces choses que pour le bien des autres fidèles, à qui l'exemple de leur patience devait être utile. Saint Jérôme et Orose nous assurent que des troupes entières de moines répandirent leur sang à Nitrie par la fureur des soldats; mais Dieu n'a pas permis que nous en sussions les noms. (Tillemont, vol. VIII, p. 610.)

pères

Luce obtint du gouverneur un ordre de bannissement contre les deux Macaire, Pambon, Héraclide et Isidore, qui étaient considérés comme les pères des autres. On les enleva la nuit de cellules, et on les conduisit dans une île d'Egypte environnée de marais, où il n'y avait pas un seul habitant qui fût chrétien. On voulait qu'ils n'y pussent recevoir aucune consolation et qu'ils ne pussent y accomplir en aucune façon les exercices de la vie qu'ils avaient enibrassée. Après avoir guéri, en abordant

dans cette fle, une fille possédée du démon, les sain's solitaires entreprirent de convertir tous les habitants. Bientôt le succès dépassa leur attente, les miracles qu'ils accomplissaient firent que les habitants accouraient à l'envi vers eux pour se faire baptiser. L'île entière devint chrétienne. Cette nouvelle étant venue à Alexandrie y produisit une grande rumeur; on accusait Luce de faire la guerre non pas seulement aux hommes, mais à Dieu même. Le peuple se souleva. Il fut obligé d'ordonner secrètement qu'on rendit la liberté aux saints, et qu'on les laissât retourner dans leurs solitudes. Telle fut la persécution que saint Macaire d'Egypte et ses compagnons eurent à souffrir. Cependant il y a une exception à ce récit; car saint Pambon fut banni à Diocésarée. Ce fut après ce retour que saint Macaire eut Evagre pour disciple dans sa solitude. L'extrême vieillesse et la fatigue du saint ayant fait supposer aux solitaires d'Egypte que sa fin était proche, les plus ancens de la montagne de Nitrie vinrent vers lui, et lui dirent que les solitaires désiraient le voir; que comme ils ne pouvaient pas tous venir le trouver, ils le priaient de vouloir bien venir lui-même. Il se rendit à leur prière.

Voilà tout ce que nous pouvons dire de ce grand saint, qui mourut à l'âge de quatre-vingt-dix aus, après en avoir passé soixante dans le désert. Le Martyrologe romain marque sa fête au 16 janvier. Il est célèbre comme fondateur de la vie solitaire à Scété, comme confesseur, et aussi comme écrivain parmi les Pères. Il reste de lui une épître parfaitement authentique, et cinquante homélies qu'on lui attribue. (Voy. ATHANASE.)

MACAIRE (saint) d'Alexandrie, prêtre des cellules et confesseur, naquit à Alexandrie, où d'abord il fut marchand de dragées, de fruits et d'autres petites choses semblables. Il fut quelque temps disciple de saint Antoine, qui lui donna l'habit monastique. Il a passé au moins soixante ans dans la solitude, et comme il est mort en 395 ou 396, il doit s'être retiré du monde au plus tard en 335, c'est-à-dire fort peu de temps après que Macaire d'Egypte se fut relégué dans les déserts de Scété. Il ne resta pas toujours dans la Thébaïde, où était saint Antoine : dès l'an 373, il était un des Pères les plus considérables de la montagne de Nitrie. Rufin dit que sa demeure habituelle était à Scété. En un certain endroit de ses écrits, il dit qu'il avait vu l'un des Macaire dans le désert d'en haut, et l'autre dans le désert d'en bas. Pourtant Rufin distingue ces deux déserts de ceux de Scété, des cellules et de Nitrie. Il parait malgré cela qu'il s'attacha promptement aux cellules, puisqu'il est qualifié prêtre de ce lieu. Ce fut vers l'an 340 qu'il fut élevé au sacerdoce. Pallade dit qu'il a demeuré trois ans aux cellules avec lui. Macaire menait une vie excessivement austère. Ayant entendu parler des austérités des solitaires de Tabenne. il voulut con

naltre plus particulièrement ce qu'on disait de l'excellence de leur vie. Il marcha quinze jours pour arriver à Tabenne, où il fut reçu par l'abbé saint Pacôme. Il lui démanda à entrer comme solitaire dans sa maison,« Cela ne se peut, lui dit l'abbé; vous êtes trop avancé en âge pour vous soumettre aux austérités que notre règle prescrit. » Sept jours il le refusa ainsi. « Recevez-moi, mon père, disait Macaire; si je ne jeûne pas, si je ne pratique pas les mêmes austérités que les autres, vous me chasserez. » Pacôme, voyant sa persévérance, le reçut au nombre de ses frères. Ils étaient quatorze cents.

Le carême étant venu, saint Macaire remarqua que quelques-uns voulurent le passer, les uns en ne mangeant que le soir, les autres en ne mangeant que tous les deux jours, les autres en demeurant cinq jours sans prendre aucune nourriture; d'autres enfin en passant la nuit entière debout, et demeurant assis le jour pour travailler à quelque ouvrage quant à lui, il prit beaucoup de feuilles de palmier, et se mit dans un coin, où il resta debout durant tout le carême, sans manger et sans boire, sinon quelques feuilles de chou crues qu'il se permettait le dimanche. Si parfois il était obligé de sortir, aussitôt il retournait à son ouvrage et continuait à demeurer, debout en silence, sans seulement se permettre une parole. Son cœur priait, durant que ses mains travaillaient. Quelques-uns ayant remarqué cela, dirent en murmurant à l'abbé : « D'où nous avez-vous amené cet homme, qui vit comme s'il était un pur esprit, et qui semble n'être venu parmi nous que pour nous condamner par son exemple ? faites-le sortir, ou bien nous sortirons tous dès aujourd'hui. »> Saint Pacôme, ayant appris comment avait vécu celui dont ils faisaient tant de plaintes, pria Dieu de lui révéler quel il était. Ayant su que c'était Macaire, il le prit par la main, et le menant à la chapelle : « Vous êtes Macaire, et vous n'avez pas voulu me le dire? Je vous rends grâces de ce que vous avez humilié mes enfants, en leur ôtant tout sujet de vanité. Vous nous avez assez édifiés par votre présence. Je vous supplie de retourner dans votre cellule ordinaire, et là de prier pour nous. » A la prière de saint Pacôme et de tous les frères, il se retira. C'est en 348 que mourut saint Pacôme, le fait que nous venons de raconter est donc autérieur à cette époque. Si nous voulions entrer dans le détail de ses austérités, nous pourrions remplir des pages, mais nous avons assez dit pour ce que nous permet le cadre qui nous est tracé.

Saint Macaire arriva à l'extrême perfection de la vie monastique, et reçut de Dieu les grâces les plus abondantes. Il avait le don des miracles; il lisait, dit-on, dans les âmes de ceux qui voulaient recevoir la communion, et voyait parfaitement quelles étaient leurs dispositions, bonnes ou mauvaises. Ce saint, dit Rufin, avait sa cellule dans le voisinage de la caverne d'une lionne. Cetto bête étant

un jour sortie apporta ses lionceaux aux pieds du saint. I reconnut qu'ils étaient aveugles, et que la lionne les lui amenait atin qu'il leur rendit la vue. S'étant mis en prière il obtint la guérison des lionceaux. La mère reconnaissante lui apporta au bout de quelque temps plusieurs toisons de brebis qu'elle avait tuées.

Vers 375 ou 376, les deux Macaire furent bannis à la sollicitation de Luce, ainsi que nous l'avons raconté dans la Vie de saint MACAIRE d'Egypte (voy. son article). On peut voir dans la Vie de ce saint ce que souffrirent les moines de Nitrie et comment finit cette persécution qui permit à notre saint de revenir dans sa solitude. L'an 391, Pallade, depuis évêque d'Hélénopolis, en Bithynie, étant venu du désert de Nitrio dans celui des cellules, y resta trois ans, sous la conduite de notre saint, qui était alors prêtre de ce lieu, où il vivait dans la solitude. Pallade raconte une infinité de miracles opérés par lui et dont il fut témoin. Saint Macaire mourut trois ans après que Pallade fut venu aux cellules, c'est-à-dire en l'an de Jésus-Christ 391, ce qui porte la mort du saint en 394 ou 395. Pallade rapporte qu'il était assez petit de taille; il avait peu de cheveux et de barbe. On attribue cette calvitie à son extrême austérité. L'Eglise romaine fait la fête de saint Macaire d'Alexandrie, le 2 janvier.

MACAIRE (saint), prêtre et martyr, donna sa vie pour Jésus-Christ avec un autre saint prêtre nommé Eugène. Ce fut en Arabie qu'arriva leur martyre. Ces deux saints com. battants ayant repris Julien l'Apostat de son impiété, furent cruellement meurtris de coups, puis relégués dans un vaste désert où ils périrent par le glaive. L'Eglise fait leur fête le 20 décembre.

MACAIRE (saint), confesseur, finit sa vie en exil, sous l'empereur Léon, pour la défense des saintes images. L'Eglise honore sa sainte mémoire le 1" avril.

MACAIRE (saint), reçut la palme de combattant de la foi en Syrie, avec saint Julien. Nous n'avons aucun document relatif à l'époque et aux diverses circonstances de leurs Souffrances. L'Eglise honore leur mémoire le 12 août.

MACAIRE (saint), fut couronné à Rome avec les saints Rufin, Juste et Théophile, dans des circonstances et à une époque que nous ignorons. Ils sont inscrits au Martyrologe romain le 28 février.

MACARIE (sainte), reçut la glorieuse palme des combattants pour la foi, dans la province d'Afrique. Elle eut pour compagnons de son triomphe saint Janvier et sainte Maxime. L'Eglise fait collectivement leur fête le 8 avril.

MACEDO (saint), martyr, répandit son sang pour la défense de la religion avec saint Philet, son père, sainte Lydie, sa mère, et saint Théoprépide, son frère. Il eut encore pour compagnons de ses combats saint Amphiloque, chef de milice, et saint Coronas,

greffier. L'Eglise honore la mémoire de ces glorieux martyrs le 27 mars.

MACEDONE (saint), reçut la palme du martyre à Mérée en Phrygie, avec les saints Théodule et Tatien. Après divers tourments que le président Almaque leur fit souffrir, sous le règne de Julien l'Apostat, ils furent couchés sur des grils ardents et y accomplirent leur martyre avec allégresse. Ils sont inscrits au Martyrologe romain le 12 septembre.

MACÉDONE (saint), souffrit le martyre à Nicomédie avec Patrice, sa femme, et leur fille, Modeste. Ils sont inscrits au Martyrologe romain le 13 mars.

MACHADO (le bienheureux FRANÇOIS), jésuite portugais, partit en 1625, avec Mendez, nommé patriarche d'Abyssinie, pour aller porter la lumière de la foi catholique à cette contrée, qui, depuis le temps de saint Athanase, était en proie aux erreurs que les hérésies si fréquentes durant les premiers siècles de l'Eglise y avaient semées. C'était à la prière de Melec Segued, Négous d'Abyssinie, que le pape avait nommé le saint patriarche, qui partit avec notre saint et sept autres religieux du même ordre. En écrivant à Mendez, Melec Segued avait dicté qu'on eût à prendre par le Dankali pour pénétrer dans ses états. Le secrétaire avait écrit Zeila au lieu de Dankali. Ce fut cette erreur de sa part qui coûta la vie au P. Machado et au P. Pereira, son compagnon. Mendez, prévoyant les immenses difficultés qu'il y avait à pénétrer dans l'Abyssinie, divisa sa troupe en deux bandes. Une, formée de quatre jésuites, alla par mer et parvint assez heureusement après quelques dangers courus; l'autre, formée du même nombre, prit par terre. Notre saint en faisait partie. Ces quatre serviteurs de Jésus-Christ ignoraient jusqu'aux noms des peuples chez lesquels ils devaient passer pour se rendre en Abyssinie: ils se séparèrent : deux prirent la route de Zeila, deux celle de Melinde. Le roi de Zeila fit arrêter les deux premiers, le P. Machado et le P. Pereira, et les fit jeter dans un cachot où ils languirent longtemps. Vainement le Négous fit pour les racheter toutes les offres possibles, le roi barbare ne voulut rien entendre et leur fit couper la tête à tous deux.

MACIUS (saint), lecteur de l'Eglise d'Emèse, fut arrêté avec saint Silvain, son évêque, et livré aux bêtes après avoir enduré un grand nombre de tourments. Sa fète arrive le 6 février. (Voy. SILVAIN d'Emèse.)

MACO (le bienheureux JOSEPH), missionnaire de la compagnie de Jésus, reçut la palme du martyre en 1717, avec le P. Blaise de Sylva et trente de leurs néophytes. Ils furent surpris et massacrés par les Payaguas, au moment où ils descendaient le fleuve du Paraguay.

MACORE (saint), martyr à Carthage en 230, sous le règne et sous la persécution de 'empereur Dèce, fut enfermé dans un cachot avec une foule d'autres chrétiens, où, par ordre de l'empereur, on les laissa mourir de

faim. L'Eglise fait la fête de tous ces saints martyrs le 17 avril, avec celle de saint Mappalique. (Voy. VICTORIN.)

MACRE (sainte), que l'Eglise romaine honore comme martyr le 11 juin, eut la gloire de conquérir le ciel en mourant pour JésusChrist, vers l'an 287, sous l'empire de Dioclétien et sous le gouvernement de Rictius Varus, préfet du Prétoire. Son sacrifice s'accomplit dans une île que forme la Nore à son embouchure dans la Vesle, non loin de Fimes, ville du diocèse de Reims. Son corps, qui avait été enterré tout près du lieu où la sainte avait subi son martyre, fut depuis transféré à Fimes, où un nommé Dandulfe fit bâtir une fort belle église dédiée à la sainte. Cette translation et l'édification du monument eurent lieu du temps de l'empereur Charlemagne.

MACRIEN (Titus Fulvius Julius Macrianus), naquit en Egypte de parents pauvres, et parvint des derniers échelons de la milice aux postes les plus élevés. Il avait la confiance de Valérien, à qui par méchanceté il inculqua l'idée ridicule et cruelle tout à la fois de se livrer à la magie. A son instigation, Valérien fit des sacrifices humains et immola des enfants, pour lire dans leurs entrailles sanglantes les secrets de l'avenir et celui de ses destinées. Ce fut lui qui par ses obsessions et par ses calomnies porta le vieil empereur à persécuter les chrétiens qu'au commencement de son règne il avait protégés d'une manière toute spéciale. En 258, il accompagna Valé.ien dans la guerre contre les Perses. On prétend qu'il le trahit, et que ce fut lui qui fut cause de la perte de la Dataille que l'armée romaine livra à Sapor. On ajoute même qu'il fut cause de la prise de Valérien par les Perses. Ce qu'il y a de certain, c'est que depuis longtemps Macrien rê vait l'empire; de longue main, il se préparait à l'usurper, si toutefois on peut nommer ainsi ce que faisaient si souvent les généraux romains en s'emparant d'un trône toujours à la merci du plus audacieux ou de celui qui payait le mieux les soldats. Après la prise de Valérien, Macrien se fit proclamer empereur, et associa ses deux fils à l'empire, en les faisant déclarer Augustes

par les troupes. Il fit avec succès la guerre aux Perses, et se maintint durant une année en Orient. Ensuite il vint en Occident, pour y combattre Gallien, mais il trouva en Illyrie Domitien, général de cet empereur, qui le vainquit, Macrien, se croyant trahi, pria ses soldats de le tuer, ce qu'ils firent. Cet événement se passa vers le 8 mars de l'année 262. Ses fils partagèrent son sort. Encore un persécuteur, un instigateur de persécutions que Dieu punit d'une façon exemplaire.

Macrien persécuta-t-il les chrétiens? Beaucoup d'auteurs en ont douté: cependant c'est un fait incontestable. On n'aurait pas de faits positifs pour l'établir, qu'on pourrait le dire sans crainte de se tromper, en se souvenant de la haine violente qu'il portait aux chrétiens; en se souvenant surtout de l'influence

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