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mal, que tous les principes y sont égaux, et que la seule distinction réelle en matière semblable est celle qui existe entre les vainqueurs et les vaincus. Ces objections ont sans doute quelque apparence de force aux yeux de la pure logique, mais la logique absolue n'est pas faite pour conduire les choses humaines. Appliquée à la politique, elle conduirait infailliblement à l'intolérance, aux proscriptions, et l'expérience est là pour démontrer dans quels abimes elle peut précipiter ceux qui la prennent pour unique guide. Elle n'égarerait pas moins l'historien qui voudrait en faire le critérium de ses appréciations et qui croirait que, dans un pays agité par de longues et violentes discordes, un seul parti peut être considéré comme ayant constamment défendu la cause du droit.

Je viens d'expliquer ce que j'entends par l'impartialité, et comment je me propose d'être impartial. Je veux dire la vérité, rien que la vérité. Autant que la chose me sera possible, je veux aussi la dire tout entière. Cependant, lorsqu'on a à parler d'événements aussi récents, lorsqu'on est encore entouré de ceux qui y ont pris part ou de leurs enfants, de leurs amis, on éprouve, à user d'une franchise

aussi entière, des difficultés qu'il n'est pas toujours possible de surmonter. Des liens d'affection, des convenances même, dont il ne serait pas bon de ne tenir aucun compte, viennent parfois arrêter la plume de l'écrivain le plus consciencieux. Pour échapper complétement à de telles influences, il faudrait vivre en dehors de toutes relations sociales, et l'indépendance que l'on y gagnerait ne compenserait pas pour l'historien ce qu'il perdrait, par un tel isolement, au point de vue de la connaissance des hommes et des choses. Je vais dire comment et dans quelles limites j'ai cru possible de transiger avec ces obstacles. Je ne garderai le silence sur aucun fait essentiel, lors même que le souvenir en serait peu favorable à des personnes que j'aurais voulu ménager, je ne louerai jamais une action que je croirai mauvaise, jamais même je ne chercherai à l'excuser par de complaisantes interprétations, mais il pourra m'arriver, en quelques rares occasions, de me borner à exposer les faits sans en tirer les conclusions sévères que j'aurai mis le lecteur en mesure d'en tirer lui-même ; il pourra m'arriver aussi d'omettre quelques anecdotes. qui auraient éclairé davantage des situations déjà connues,

d'ailleurs, dans leurs traits principaux et auraient rendu le récit plus piquant, mais que je n'aurais pu rapporter sans manquer à ce que je regarde comme un devoir de discrétion, sans blesser des sentiments respectables. Ces ménagements, ces omissions en bien petit nombre seront compris, je n'en doute pas, par ceux dont j'ambitionne le suffrage.

HISTOIRE

DE LA

RESTAURATION

CHAPITRE PREMIER

État de la France avant la Révolution.

--

Pendant la Révolution.
Rupture de 1 Empe-

-

Sous l'Empire. Décadence de l'Empire.
reur et du Corps législatif. - Invasion de la France.

Tout s'enchaîne dans l'histoire. Aucune époque ne peut être complétement étudiée et comprise si l'on ne connaît suffisamment celles qui l'ont précédée. Sans doute, il n'est pas nécessaire et il ne serait pas possible d'étendre indéfiniment, de faire remonter jusqu'aux premiers âges ce travail rétrospectif, d'embrasser ainsi l'histoire universelle dans celle de chaque état ou de chaque siècle, mais avec un peu de sagacité, il est facile de distinguer, pour toute pé

riode, les circonstances, les influences antérieures qui en ont préparé le caractère, et ce n'est qu'en se rendant compte de ces influences, de ces circonstances, qu'on peut arriver à une saine appréciation des événements qu'elles contenaient pour ainsi dire en germe.

La Révolution française est, si je ne me trompe, la conséquence directe et à peu près nécessaire de la situation où les règnes précédents avaient placé la France. Je ne veux certes pas dire que tous les excès de cette révolution doivent être considérés comme le résultat forcé, inévitable, du système politique créé par Louis XIV, et du succès momentané qu'il avait obtenu. Rien n'est plus loin de ma pensée que ce fatalisme qui, en justifiant par une sorte de nécessité les forfaits et les folies du passé, tend à en encourager le renouvellement. La volonté humaine n'est jamais liée à ce point par l'enchaînement des faits qu'elle ne puisse se défendre du crime. Les excès affreux de la Révolution française pouvaient donc ne pas avoir lieu, mais j'ai la ferme conviction qu'un grand changement, une véritable rénovation politique, une révolution en un mot, était inévitable, et qu'il n'était plus possible de se borner, comme en Angleterre en 1688, à la réforme ou au complément des anciennes institutions. La raison en est évidente ces institutions, si vagues, si mal déterminées dans les siècles mêmes où des théories tant soit peu chimériques leur supposent le plus de réalité, n'existaient plus depuis le règne de Louis XIV.

Ce règne si glorieux, si éclatant, que le souvenir en est.

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