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HISTORIQUE

ET

LITTÉRAIRE

1792.

Tome fecond.

I. MAI.

Neque te ut miretur turba, labores

Contentus paucis le&oribus. Hor. Sat. 10, 1. 1.

A MAESTRICHT,
Chez FRANÇOIS CAVELIER, Imprimeuc
Libraire, fur le Vrythof.

Et fe trouve à LIEGE,

Chez J. F. BASSOMPIERRE, Imprimeur.
Libraire, vis-à-vis Ste. Catherine.

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JOURNAL

HISTORIQUE

ET

LITTÉRAIRE

1. Mai 1792.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Le théologien philofophe, par M. Pontallier. A Paris, chez Guillot; à Bruxelles, chez Le Charlier, 1786, 2 vol. in-8vo. Prix 8 liv. relié.

E livre paroît depuis 5 à 6 ans fans avoir

Cai

fait la moindre fenfation. Un libraire vient de découvrir le magafin où l'édition fe trouve prefqu'entiere, & en prend un exemplaire qu'il m'envoie pour favoir s'il convient d'acheter cette édition en maffe. J'avoue que j'ai lu peu de livres avec plus d'intérêt, peu de livres où j'aie trouvé un plus riche fond de raison, uni à un langage de fentiment & en même tems à un ftyle léger & agréable (a). Voici comme

(a) Je tombe en ce moment fur l'approbation de

l'auteur rend compte de l'efprit & du but de fon ouvrage.

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» Quelque pénétration que puiffent avoir ceux qui liront ce livre, & quels que foient leurs motifs, ils ont befoin d'être prévenus fur un titre qui réunit deux termes devenus, ce semble, incompatibles, depuis l'étrange révolution que la licence d'écrire a opérée parmi nous dans la façon de penfer. » D'une part, le nom de théologien peut effaroucher, non-feulement ceux qui ne s'attachent qu'à des lectures frivoles, amufantes, ou purement oifives, mais encore ceux-mêmes, qui, étant jaloux de s'inftruire, & d'acquérir des connoiffances folides, veulent pourtant que le fel affaifonne les alimens de l'efprit, & que les plus doctes écrits joignent l'agréable à l'utile. Peut-être s'imagineront-ils ne trouver ici que des questions dogmatiques, hériffées de textes, furchargées d'argumens invincibles, & d'autorités irréfragables, ou des difcuffions profondes, mais trop applicantes, & d'autant plus ennuyeufes, qu'on eft quelquefois obligé de revenir fur les premiers principes dont perfonne ne doute, pas même ceux qui les nient. Or, l'érudition la plus propre à flatter les favans de la premiere claffe, n'a pas les mêmes agrémens, les mêmes charmes pour le commun des gens de lettres.

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D'autre part, le nom de philosophe doit paroftre équivoque, & caufer de l'inquiétude à ceux qui, bien loin de fléchir au gré des opinions à la mode, ou de facrifier leurs anciens fentimens à l'enthou

M. Guyot, vicaire-général de Cambray, où je trouve la même maniere de juger cet ouvrage, écrit, dit-il, avec une Supériorité de raisonnement & de Style, qui annonce dans l'écrivain des connoißances étendues, un efprit juste, une maniere sage, & lorfqu'il le faut, une imagination brillante.

fiafme de la nouveauté, ne ceffent de gémir fur l'a bus qu'on a fait d'un titre impofant pour accréditer toutes fortes d'erreurs; & il faut convenir qu'une pareille trahifon justifie la défiance & les alarmes des efprits les plus ombrageux. „

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Afin de raffurer tout le monde également, je dirai donc qu'ici le philofophe & le théologien font parfaitement d'accord, & touchant la fin qu'ils fe propofent à l'envi l'un de l'autre, & fur les moyens qu'ils emploient pour y parvenir avec plus de fuccès. En conféquence, lorfque le théologien fern obligé de s'élever avec fon fujet, en traitant quelques points du dogme, & des vérités tranfcendan tes, il ne fera aucune difficulté d'emprunter les armes de la raifon pour fe mettre à la portée de tout le monde; & après avoir rendu communes au philofophe fes fpéculations les plus fublimes, il portera la condefcendance, jufqu'à le fuivre à fon tour dans le cours de fes obfervations fur des objets fubalternes, tels que l'éducation, la littérature, la nobleffe, le fanatifme du point d'honneur, la fophimanie moderne, & les mœurs du fiecle; jufqu'à s'égayer même avec lui par des critiques lé~ geres, par des portraits, des gravures, des caracteres, des dialogues, des fables, des hiftoires, par des tableaux & des faillies d'imagination. "

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On voit qu'il réfultera un grand avantage de la bonne intelligence qui regne entre ces deux perfonnages, le théologien & le philofophe; favoir, la variété des matieres qu'ils traitent, & celle de la forme qu'ils leur donnent. En parcourant ainfi fucceffivement les différentes fcenes du monde moral, politique & littéraire, comme ils ont le même ef prit, ils afpirent auffi au même but, celui des défenfenrs de la Religion, dont les écrits font autant d'honneur à notre fiecle, que les blafphemes de l'ignorance & de la préfomption l'aviliront aux yeux de la poftérité. „

Rendre la vérité aimable, expofer fes droits fur

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