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La transcription Jehouchanan jure désagréablement avec celle de Haniah, trois mots plus haut.

Nos 62 et 63. Sur les outils et les armes en silex, trouvés en Palestine, et dont le Louvre possède quelques échantillons, il fallait, avant tout, citer l'œuvre magistrale de M. D. Lartet '. Ce géologue éminent a consacré tout un chapitre 2 aux vestiges des temps préhistoriques en Syrie et en Palestine. Il élève les doutes les plus graves sur la question de savoir si ces silex ont été recueillis réellement dans leurs gisements originels et normaux, et il réagit avec beaucoup de force et d'autorité contre les idées fausses qui ont été émises à leur sujet. Le Louvre n'est pas, avec le musée de Saint-Germain, le seul musée de France qui possède des silex taillés de Palestine. On peut en voir au musée de Lille quelques-uns provenant de Gezer. Ils ont été offerts à ce musée par M. O. de Watteville à qui je les avais envoyés.

- No 65. Il est à remarquer, dans le curieux poisson en pierre d'Ascalon, que l'œil consiste en un trou circulaire, très-profond, tout à fait différent des simples indications au trait des ouïes, du nez et des nageoires. Il est à supposer qu'une pierre fine, un verre ou un émail y devait être enchâssé. N'est-il pas plus conforme à l'usage de faire amulette du masculin?

- N° 5. Le guerrier du bas relief moabite de Chihan est à rapprocher d'un personnage qui figure sur la belle coupe phénicienne du Varvakeion, et offre avec lui les plus étonnantes analogies.

N° 41. Des ossuaires du type juif ordinaire ont été aussi rencontrés en Chypre.

No 49. Le fragment d'ossuaire avec graffito au nom d'Isaac est-il bien en calcaire compacte et dur dit maleki 3? Généralement ces petits coffrets sont en calcaire tendre dit nary. Le fait mérite vérification.

N° 72. L'ithyphallisme attribué au petit Pygmée de bronze, est une expression impropre dans l'espèce; ithy est de trop.

- N° 64. Les arbrisseaux figurant dans l'intéressant bas-relief d'Ascalon ne sont-ils pas des vignes? En réalité, c'est son nombril que semble montrer la déesse debout. J'ai peine à voir dans cette divinité, vêtue d'une jupe, et, au demeurant, fort décente, l'effigies nudae mulieris quae habebat aperta tota sua pudenda, adorée à Ascalon.

Les deux autres femmes, assises de profil, ou accroupies à droite et à gauche, ne sont probablement pas à séparer de la divinité centrale dans l'explication des sujets. L'observation de M. Héron de Villefosse sur la

Tombeau des Apôtres, au lieu de Tombeau de saint Jacques, deux dénomination s qui, d'ailleurs, ne sont pas plus à prendre au sérieux l'une que l'autre.

1. Duc de Luynes, Voyage d'exploration à la mer Morte, Géologie.

2. Ch. x1, p. 213 seq.

3. Maleki, royal. Cf, pierre de banc royal. Je connais cependant des ossuaires en pierre dure, mais ils sont extrêmement rares (trois), et ils s'écartent tous, par leur forme du type ordinaire, des ossuaires à graffiti.

disposition et la signification des tresses pendantes est juste. Il faut ajouter que chacune des deux femmes porte la main à cette tresse, ce qui achève d'en souligner l'importance symbolique. Ce détail, qui semble dû à une influence égyptienne (s'exerçant à une très-basse époque, cela va sans dire) est à rapprocher de la coiffure de la divinité centrale, vue de face. Je serais tenté de chercher le sens de cette scène, où ces trois femmes constituent un groupe, à mon avis, inséparable, dans la direction des Horai ou des Charites 1.

Nos 84-84. Sour Bâhér, et non Sour Bahar, ce qui signifierait tout autre chose, est le nom du village près duquel était le tombeau d'où provient la porte en pierre munie de sa serrure de bronze, dont j'ai parlé ici il y a quelque temps 2. Pourquoi ne pas donner le nom même de l'endroit de la trouvaille, qui est Khirbet Sabha?

Cette porte est le seul monument dont la collection juive, ou plus justement palestinienne, se soit enrichie depuis 1876. A ce train-là, elle risque fort de demeurer à jamais ce qu'elle est : un embryon de collection. Ce ne sont pourtant pas les occasions de l'accroître qui ont fait défaut. J'en pourrais citer jusqu'à quatre qui sont venues à ma connaissance.

Tout au moins devrait-on tirer parti du peu que l'on possède, surtout quand la chose se peut faire sans bourse délier. J'ai déjà obtenu qu'on restituât à cette salle déshéritée le cachet hébraeo-phénicien égaré dans des collections auxquelles il n'appartenait pas et qui ne figurait même pas dans la première édition du catalogue. Mais j'ai vainement demandé qu'on prît la même mesure pour le curieux vase no 10, qui se prélasse toujours au premier étage de la salle asiatique, au milieu de poteries où il n'a que faire. Malgré le peu de cas qu'on semble faire de nos avis, nous indiquerons, en terminant, la possibilité de faire une nouvelle recrue qui ne nécessitera qu'une simple mutation. Il y a dans la salle voisine (Musée chrétien) un très joli petit ossuaire en marbre, avec son couvercle triangulaire (à acrotère) surmonté d'un anneau de bronze. Cet ossuaire provient de Hébron. A ce titre, il pourrait être classé dans la série palestinienne. Il porte, il est vrai (et c'est ce qui en fait l'intérêt particulier), les traces d'une croix en relief martelée. Mais il ne faut pas oublier que, parmi tous ces « Monuments provenant de Palestine, » il en est beaucoup qui ne sont sûrement pas juifs, quelques-uns même qui sont peut-être chrétiens.

J'aurais encore d'autres réflexions à faire à propos de cette section du Musée; mais, comme ces réflexions touchent, par certains points, à l'organisation même du Louvre et de nos Musées nationaux, je crois plus expédient de les réserver pour un article où je traiterai la question d'ensemble. Ch. CLERMONT-GANNEAU.

τ. Ἀνθεῖαι, πολυάνθεμοι, χρυσάμπυκες, καλλίκομοι, εὐπλόκαμοι, θαλεραί, etc. Les Horai, et aussi, à l'origine, les Charites sont les trois saisons. Peut-être ici pourrait-on songer également aux trois phases lunaires : croissant, pleine lune, décroissant.

2. Revue crit., 15 fév. 1879.

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139. Les Albigeols devant l'histoire, par Mathieu WITCHE. Paris-Auteui!, librairie de la France, Austrée, 1878, in-12, 400 pages. Prix 2 fr. Les Albigeois, leurs origines, action de l'Église au XII° siècle, par l'abbé C. DOUAIS. Paris, Didier. 1879, in-8°, xII-616-XL pages.- Prix : 7 fr. 50.

Ces deux ouvrages ont, indépendamment du sujet, plusieurs caractères communs. Tous deux sont des réquisitoires, souvent violents, contre les Albigeois, tous deux laissent plus ou moins à désirer pour la composition, le style, l'information. La principale différence est que M. Witche a traité sa matière en vue du grand public, sans appareil d'érudition, tandis que M. l'abbé Douais se plaît à montrer sa science, et marche de controverse en controverse, accumulant au bas des pages les notes, les citations, les titres de livres. Au fonds, la science de l'un vaut celle de l'autre.

Commençons par M. Witche. Moins soucieux que M. l'abbé Douais des dehors de l'érudition, M. W. se préoccupe surtout des idées. Il entre en matière par un axiome qui nous permet de mesurer, dès le début, la vigueur de sa pensée et la netteté de son style: « En histoire, comme << en politique, les faits engendrent les faits par la même loi d'action << et de réaction, qu'observent les révolutions en se succédant. »

Désireux de découvrir les faits qui ont engendré la guerre des Albigeois, conformément à la loi susdite, M. W. remonte jusqu'au milieu du xi° siècle, et trouve que le Midi était le théâtre de guerres féodales. Bien plus, «< si l'on en croit dom Vaissette (Vaissète, s. v. p.), cet état << de choses était, depuis la chute de l'empire romain, dans les habitudes « de cette contrée. » On ne voit pas, de prime abord, ce que les guerres des rois d'Aragon, par exemple, avec les comtes de Toulouse, ont à faire avec la croisade de 1209, mais M. W. a soin de nous l'expliquer. « Il « s'agissait de montrer que la guerre n'était point un fait nouveau pour « des populations sans cesse agitées par des passions violentes» (p. 8), et cette démonstration a été entreprise pour laver l'Eglise du rôle « odieux qu'on aime à lui faire jouer au sujet de la guerre des Albi« geois » (p. 6). Il est visible que M. W. s'adresse à un public qui, en fait de raisonnement et de démonstrations, est habitué à se contenter de peu.

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Vient ensuite un chapitre, intitulé « les Albigeois et leur doctrine », dans lequel M. W., parfaitement ignorant des recherches de M. C. Schmidt, fait remonter les croyances des Albigeois à Zoroastre et à Manès. On jugera de la conscience avec laquelle M. W. a procédé à l'examen des doctrines albigeoises par cette phrase: « Les Albigeois avaient aussi << un grand talent pour interpréter faussement les ordonnances des évê«ques [???], pour calomnier l'Eglise et le clergé; c'est ainsi qu'ils ren<<< daient tous les ecclésiastiques suspects au peuple, et que par leurs <«< écrits ils dénaturèrent plusieurs points de l'histoire de leur temps [M. W. connaît ces écrits?]. Il faut surtout se défier des relations

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« écrites sous les yeux du comte de Toulouse et de celles qui n'ont vu « le jour qu'un siècle plus tard, car elles altèrent beaucoup la vérité » (p. 24). Celui qui altère beaucoup la vérité, c'est M. W. qui supplée à l'absence totale de connaissances précises par de pures inventions, et qui serait bien en peine si on le mettait en demeure de faire connaître ces <<relations écrites sous les yeux du comte de Toulouse », dont il faut se défier.

Un autre exemple achèvera de montrer, sans qu'il soit nécessaire de pousser à fond une critique que le livre ne comporte pas, avec quelle absence de toute préparation M. W. a abordé les questions historiques sur lesquelles il nous apporte son jugement. Il s'agit de la mort du vicomte de Béziers, qui décéda alors qu'il était prisonnier de Simon de Montfort. Le bruit se répandit qu'il avait été assassiné, et divers documents contemporains nous ont conservé le témoignage de cette rumeur 1. Guillaume de Tudèle, qui la mentionne, la contredit formellement. M. W. adopte son témoignage et il en a bien le droit. Mais il n'a pas le droit de dire avec insistance, comme il le fait à diverses reprises (p. 109), que Guillaume de Tudèle « écrivait dans l'armée languedocienne, » ou encore << appartenait au parti ennemi des croisés ». Si M. W. connaissait les éléments du sujet qu'il a entrepris de traiter, il saurait que Guillaume de Tudèle, loin d'avoir écrit « dans l'armée languedocienne », appartenait au parti des croisés. Sans même être au courant des recherches récentes sur ce point, il aurait pu, s'il avait lu avec quelque attention Guillaume de Tudèle, être frappé de l'éloge constant que cet auteur fait de Simon de Montfort et, en général, des chefs de la croisade. Mais voici qui est caractérisque. M. W. cite, avec peu d'exactitude, le témoignage de Guillaume de Tudèle, d'après la traduction de Fauriel : « Les méchants vauriens, avec toute la canaille, qui ne savent de la chose que ce qui n'est pas [il y a dans Fauriel : « ce qui est ni ce qui n'est pas] vont disant qu'il fut tué de nuit en tra<< hison. » Sur quoi M. W. fait cette remarque intéressante: « Ceux qui

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aujourd'hui encore répètent cette calomnie, ne sont donc que les échos « des méchants vauriens et de la canaille du xш° siècle; c'est triste « pour eux » (p. 110). M. W. regrettera sans doute d'avoir si complètement endossé le jugement de Guillaume de Tudèle, lorsqu'il saura que, parmi ces vauriens et cette canaille du xe siècle, figurait Innocent III, qui écrivait en 1212 cette phrase que je cite en latin, mais que M. W. pourra se faire traduire : « Unde vicecomes prædictus (= Biterrensis) << terram perdidit, auxilio destitutus, ad ultimum miserabiliter interfectus. » (Innoc. III, epist., 1. XV, epist. ccx.)

Ce que vaut le jugement historique de M. W., on s'en rendra pleine

1. J'ai réuni les témoignages contradictoires que nous ont laissés sur ce point les contemporains dans une note de mon édition de la Chanson de la croisade contre les Albigeois, II, 46.

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ment compte en sachant qu'à ses yeux, les Albigeois sont les ancêtres des insurgés parisiens de 1871. A ce propos, M. W. fait intervenir Hurter, l'historien d'Innocent III: « Qu'aurait dit, » s'écrie-t-il, « le président « du consistoire protestant de Schaffhouse, s'il lui eût été donné de vivre jusqu'aujourd'hui et de contempler les ruines et les tombeaux « que la Commune a laissés dans Paris? Ces monuments de deuil se << dressent devant les peuples épouvantés comme une menace terrible << contre la société; ces derniers Albigeois semblent dire par eux qu'ils « n'ont pas abandonné l'œuvre de leurs pères... » (P. 26). Hurter aurait été fort surpris d'entendre rapprocher les communards des Albigeois, et il eût vraisemblablement haussé les épaules.

C'est ce que nous ferons en quittant ce mauvais livre 2, regrettant surtout qu'il ait pu trouver place dans une série d'ouvrages destinés à la jeunesse, la Bibliothèque illustrée de M. l'abbé Roussel, d'Auteuil, qui a heureusement d'autres titres que celui-là à l'estime de ses contemporains.

L'ouvrage de M. l'abbé Douais a du moins, sur celui de M. Witche, l'avantage d'avoir été écrit par un homme qui a reçu assez d'instruction pour être en état d'écrire à peu près correctement le français et de lire les documents latins dans le texte original. Mais on a droit de lui demander plus qu'à M. W., en raison même de l'étendue qu'il a donnée à son œuvre et du grand appareil d'érudition qu'il y déploie. Le volume dont nous allons rendre compte sommairement ne dépasse pas, malgré ses six cent treize pages, l'année 1213, et encore les événements de cette année ne sont-ils qu'esquissés. L'auteur annonce en terminant sa préface quatre nouveaux volumes : 1° les Albigeois et la Croisade; 2o les Albigeois et l'Inquisition; 3° les Albigeois et les Templiers; 4° les Albigeois et les Réformateurs du xvIe siècle. Le lecteur va être mis en état de juger si l'histoire sincère a beaucoup à attendre de cette masse de publications.

Le volume que nous avons sous les yeux se divise en deux parties, la première (sept chapitres) est intitulée Les Albigeois, leurs origines, la seconde (quatorze chapitres) Les Albigeois et l'Eglise. Les pièces justificatives, toutes empruntées à des livres imprimés et facilement accessibles, ne méritent pas de mention spéciale. La division adoptée par l'auteur se prête assez peu à un exposé rigoureusement historique, surtout pour la seconde partie. Il est difficile de ne pas mêler aux faits qui constatent l'action de l'Eglise à l'encontre des Albigeois, nombre de faits

1. M. W. trouve facétieux de désigner ainsi Hurter, qui, comme on sait, se convertit au catholicisme.

2. Je ne veux pourtant laisser ignorer au lecteur que pour d'autres critiques, le livre de M. Witche est « un bon livre qui répond à un véritable besoin.... un livre « écrit d'un style simple et calme, émaillé, çà et là. de citations heureuses prises « dans les chroniqueurs contemporains des faits racontés ou dans les historiens les << plus dignes de foi. » (Polybiblion, 2, vIII (1878), 537).

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