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De même, contrairement à ce que dit M. V. (t. I, 167-168), la fille aînée du pasteur Brion n'était pas morte de bonne heure; elle était mariée au pasteur Gockel du petit village badois d'Eichstetten; elle ne se trouvait donc plus à la maison paternelle lors des visites de Goethe, et comme, d'autre part, dans les excursions qu'il fit avec la famille Brion des deux côtés du Rhin, Goethe n'alla pas jusqu'à Eichstetten, situé entre Emmendingen et Vieux-Brisach, Marie-Salomée (la seconde des demoiselles Brion) fut et resta toujours pour lui l'aînée des filles du pas

teur.

En outre, Frédérique avait alors environ dix-huit ans et non seize (elle était née en 1752 et avait été confirmée en 1766, c'est-à-dire, suivant la coutume du pays, vers l'âge de quatorze ans); il en est de même pour sa plus jeune sœur, qui, confirmée en 1770, devait avoir au moins quinze ans et non sept.

Ce sont là, si l'on veut, des détails de peu d'importance; mais on a tant discuté sur cette « Idylle de Sessenheim », que tout ouvrage prétendant au titre de sérieux n'a pas le droit d'ignorer les résultats certains acquis sur ce point par la critique.

Si nous ne craignions pas de fatiguer nos lecteurs en poursuivant plus loin ces rectifications de détails, nous aurions encore bien des inexactitudes à signaler, bien des objections à faire, bien des additions à indiquer à M. V., pour l'histoire de cette période, qui était, il y a quelques années, la moins connue de la vie de Goethe, et autour de laquelle s'était rapidement formée une espèce de légende, que la critique d'aujourd'hui s'efforce non sans peine, mais non sans succès, de remplacer par des faits bien constatés et des données authentiques. Il y aurait lieu, par exemple, d'insister sur les rapports de Goethe avec le jeune Maximilien, dont M. V. ne cherche pas même à découvrir l'identité, sur l'influence exercée sur Goethe par Mlle de Klettenberg, dont M. V. dit à peine quelques mots, sur les relations de Goethe avec Jeanne Fahlmer et les Jacobi, relations pour lesquelles les Lettres de Goethe à Jeanne Falhmer' nous offraient de précieux renseignements inédits, sur la table d'hôte de la rue Mercière, dont quelques commensaux nous semblent inexactement nommés par M. V., sur le voyage de Goethe en Lorraine, etc.

Mais cela nous conduirait trop loin : un mot seulement encore sur les textes cités par M. V. et sur l'exécution matérielle du livre. M. V. paraît complètement ignorer les deux ouvrages les plus importants, parus quelque temps avant le sien, sur la jeunesse de Goethe: nous voulons parler du Jeune Goethe de M. Bernays et de l'édition des Mémoires de Goethe de M. G. von Loper. Lorsqu'on veut suivre d'une manière approfondie le développement intellectuel d'un écrivain, il semble tout naturel d'étudier ses productions dans la forme originale, qu'il leur a donnée

1. Cf. Revue critique, 1877, 1o semestre, no 4, p. 66. 2. Cf. Revue critique, 1876, 1er semestre, n° 9, p. 146.

lors de leur première apparition, et non à travers les remaniements qu'il a pu leur faire subir à trente ou quarante ans de distance. Le Jeune Gothe de M. Bernays offrait, sous ce rapport, à M. V., tout le secours désirable: une simple et rapide collation avec ce précieux recueil lui eût permis de rétablir partout, sans grand effort, dans ses citations, le texte primitif des lettres et des poésies de Goethe: plus d'un passage témoigne malheureusement qu'il ne s'est pas donné cette peine. (Cf. entre autres I, 88, v. 1; I, 90, v. 2; I, 99, v. 2 et 3, etc.

Peut-être aussi avec un peu plus de soin dans la révision de ses épreuves, M. V. eût-il évité d'estropier les noms de Hauk (I, 96, l. 13, et non Hank); Kronberg ou Kronenberg (I, 81, l. 16, et non Kronburg); Gesner (I, 83, l. 17, et non Gessner; Gesner est la forme que porte le titre de la première édition de ses Primae lineae isagoges...); Ludovici (I, 87, l. 15, et non Ludwig); Lobstein (comme du reste M. V. l'écrit luimême I, 184, l. 16, et non Lobenstein, I, 156, 1. 27); Bastberg [c'està-dire Mont-Saint-Sébastien] (I, 177, l. 10, et non Baschberg, qui n'est que la forme défigurée que prend le nom en patois. Ajoutons enfin que le Journal, dans lequel parurent les Pensées poétiques sur la Descente de Jésus-Christ aux Enfers et dont on avait été jusqu'à nier l'existence, (comme le remarque M. V. en note) a été retrouvé et s'appelle, non Der Sichtbare, mais Die Sichtbaren.

Mais en voilà assez en ce qui touche l'exactitude matérielle de ce livre. Nous ne voudrions pas, en prolongeant outre mesure une analyse aussi minutieuse, laisser supposer que nous méconnaissons la haute valeur littéraire du travail de M. V. Aussi bien son succès constant suffirait-il à nous réfuter, si telle était notre pensée. Tout ce que nous avons voulu, c'était, d'une part, mettre nos lecteurs en garde contre les erreurs, peu graves si l'on veut, mais en tout cas extrêmement fréquentes, d'un ouvrage qu'ils pouvaient être tentés d'accueillir en toute confiance, et, d'autre part, signaler à l'auteur lui-même la voie dangereuse dans laquelle il s'engage par son insouciance à l'égard d'oeuvres qui ont établi, et cela de la manière la plus légitime du monde, sa réputation littéraire. Qu'il prenne garde de faire par négligence pour ses propres ouvrages, ce qu'une piété mal entendue et excessive est en train de faire pour l'Histoire de la littérature allemande de Vilmar 1. C'est trop peu pour un livre destiné à instruire de ne valoir que par la forme, et c'est à cela qu'arriverait fatament l'ouvrage de M. V., s'il ne se décidait à faire subir un sérieux remaniement à son travail à l'occasion d'une nouvelle et certainement très prochaine réédition. Qu'il veille surtout à ce que la réimpression se fasse dans des conditions suffisantes de correction et d'exactitude typographique.

A ce dernier point de vue les deux autres ouvrages de M. V. sont bien supérieurs à la Vie de Goethe. Si ses Poésies lyriques de Goethe lais

1. Cf. Revue critique, 1877, 2o semestre, no 36, p. 134.

sent également à désirer sur les mêmes points que la Vie de Goethe, c'est à-dire surtout pour la jeunesse du poète, elles n'en restent pas moins, comme son ouvrage similaire sur les Poésies lyriques de Schiller, un des meilleurs commentaires que nous possédions. Moins bourrés de faits peut-être, mais aussi moins chargés de discussions et de digressions que les travaux analogues de M. H. Düntzer, ces deux livres s'adressent plus spécialement à la jeunesse des écoles et des universités, il sont d'un usage commode et facile et on ne saurait trop les recommander chez nous à tous ceux qui par la direction de leurs études sont appelés à faire, en vue d'un examen, plus ample connaissance avec Goethe et Schiller. Ils y trouveront sur chaque poésie un choix de renseignements sobre mais suffisant, au point de vue métrique, esthétique, historique et biographique; ils y trouveront surtout une très grande prudence: nulle part M. Viehoff ne hasarde une conjecture gratuite; où les indications certaines et les documents authentiques font défaut, il se contente de l'a

vouer.

A. FÉCAMP.

Note sur les stèles de Marseille et sur Porigine du nom de Monaco.

Depuis la publication de mon article sur le livre de M. l'abbé Bargès, j'ai eu occasion d'examiner à Marseille les originaux mêmes des stèles découvertes en 1863 dans les terrassements de la rue de la République. On se rappelle peut-être que, pour des motifs inutiles à répéter, j'avais supposé que ces petits monuments, grossièrement taillés, avaient dû recevoir, à l'origine, un enduit de stuc. J'ai positivement constaté des traces d'enduit sur l'une des stèles, celle qui est figurée à la planche ▾ du livre de M. Bargès. En revanche, les deux serpents qu'on avait cru reconnaître sur le fronton de l'édicule et que le graveur a accentués à tort, sont douteux.

Je profiterai de la circonstance pour corriger une faute qui s'est glissée dans l'article imprimé pendant mon absence:

Dans le passage de Strabon cité en note (147, n. 2), il faut rétablir Μασσαλιώτικος en Μασσαλιωτικός : Ἔοικε δὲ ἀπὸ τοῦ ὀνόματος καὶ μέχρι δεῦρο (Μονοίκος) διατείνειν ὁ Μασσαλιωτικός παράπλους. Je donne de nouveau ici le texte de ce curieux passage auquel on n'a pas prêté grande attention jusqu'à présent, quoiqu'il semblât cependant viser bien directement le nom même de Monaco. J'ajouterai que M. E. Renan se demande si le texte de Strabon n'aurait pas subi là quelque grave altération, si les mots vo ¿véjatos ne nous cacheraient pas un nom géographique défiguré, et si

1. Revue critique, 23 août 1879 Recherches archéologiques sur les colonies phéniciennes établies sur le littoral de le Celtoligurie.

l'ensemble de la phrase ne voulait pas dire que la côte marseillaise s'étendait depuis (and)... tel endroit jusqu'à Monaco .

La question vaut la peine d'être examinée de très-près et je la recommande à l'attention des personnes compétentes.

Ch. CLERMONT-GANNEAU.

La famille d'Estrades.

Un lecteur attentif de la Revue critique m'a fait l'honneur de m'adresser, au sujet du compte-rendu de l'ouvrage de M. A. Chéruel sur l'Histoire de France pendant la minorité de Louis XIV (no du 13 septembre 1879, p. 207-213), une observation qu'à titre de complément dudit compte-rendu, je demande la permission de reproduire ici. Ce lecteur, après s'être servi des formules de politesse qui sont de rigueur en pareilles circonstances, s'exprime ainsi : « Comment avez-vous pu, vous dont la critique est parfois si minutieuse, laisser passer, sans la contredire, une assertion aussi ébouriffante que celle-ci (t. I, p. 185) : D'Estrades était parent de Coligny? Quel est donc le généalogiste, jusqu'à ce jour inconnu, qui a renseigné aussi singulièrement M. Chéruel sur la parenté de la grande et illustre maison de Coligny avec l'humble famille d'Estrades, cette famille dont le duc de Saint-Simon a dit avec un dédain profond (sous l'année 1711): On ne connaît rien au delà du grandpère du maréchal d'Estrades? »

Je n'ai, je l'avoue, aucune objection à présenter à mon correspondant, d'autant moins que j'ai moi-même eu l'occasion de rappeler jadis (Collection méridionale, t. III, 1872, p. 3) que les d'Estrades étaient de bons bourgeois d'Agen et que, si l'on connaît quelque chose au-delà du grand-père du maréchal, ce quelque chose se réduit à des fonctions consulaires exercées en cette ville, à la fin du xv° siècle et au commencement du xvi, par d'obscurs personnages appelés Pierre d'Estrades et Jean d'Estrades.

T. DE L.

FRANCE.

CHRONIQUE

M. Maurice VERNES fera très prochainement paraître à la librairie Sandoz et Fischbacher un volume de Mélanges de critique religieuse où il a réuni un certain nombre d'études publiées depuis quelques années dans différents recueils savants, entre autres dans le nôtre.

1. P. 146, l. 3, j'admettrais au lieu de j'admettrai.

Id., 1. 24 et al., Melqarth,

au lieu de Melgarth. P. 148, en note, 1. 2: hymiarite au lieu de trymiarche ; id., id., 1. 5 : supérieur, au lieu d'inférieur.

M. Vernes publiera en même temps à la librairie Ernest Leroux un Manuel de l'histoire des religions traduit du hollandais du D' C. P. Tiele, professeur d'histoire des religions à l'Université de Leyde.

- On ne possède pas encore une bonne carte des îles Ioniennes, car les Sept-Iles ne sont pas comprises dans la carte du royaume de Grèce levée par l'état-major français. Les cartes de l'amirauté anglaise sont d'excellentes cartes marines, mais elles sont insuffisantes pour l'intérieur du pays et les noms propres y sont altérés d'une façon incroyable. On apprendra avec plaisir que M. O. RIEMANN se propose d'ajouter comme appendice à un mémoire sur Cérigo qui paraîtra prochainement, une suite d'importantes remarques sur les cartes de l'amirauté anglaise.

- Dans la préface du sixième volume de son histoire des origines du christianisme, l'Eglise chrétienne (C. Lévy), M. Renan annonce qu'il consacrera un dernier volume au règne de Marc-Aurèle.

- Un jeune philologue danois, M. NYROP, a récemment découvert à la Bibliothèque de Copenhague un recueil à pagination continue, imprimé à Lyon au commencement du xvii siècle et renfermant neuf farces dont quatre complètement inconnues, une déjà publiée (le Cuvier), mais d'après une rédaction différente, et quatre dont on possédait d'autres éditions. Les neuf pièces de cet exemplaire unique vont être réimprimées chez Morgand et Fatout, par MM. Nyrop et E. Picot avec introduction et commentaire.

- M. P. MEYER vient aussi de trouver dans un ms. de Turin daté de 1475, une farce inconnue, la farce des trois commères, en français fortement imprégné de piémontais. Il se propose de la publier dans la Romania.

Dans une brochure, publiée à Valence (in-8°, 31 p.) et intitulée Recherches sur les pestes de Romans du xive au XVIIe siècle, M. Ulysse CHEVALIER décrit, d'après un grand nombre de documents inédits, les pestes qui ont désolé Romans depuis l'année 1348 jusqu'à l'année 1690 où l'intendant Bouchu écrivait aux consuls de Romans qu'il saurait donner du courage aux médecins que le mal effrayait; « je doute, disait-il, qu'ils osent hésiter d'aller visiter les hôpitaux où ils me verront aussi souvent qu'eux. »

- La Rivista cristiana de Florence avait donné dans plusieurs de ses livraisons de l'année 1877 le texte d'un exemplaire italien du Sommaire de la Sainte-Ecriture conservé à la Bibliothèque de Zurich. Ce Sommaire appartient aux écrits du xvIe siècle qui, comme le traité du Bienfait de Jésus-Christ attribué à Aonio Paleario, furent poursuivis par l'inquisition; le Frère Ambroise de Sienne l'attaque avec violence et déclare que ce livre n'est qu'« un poison, digne, comme son auteur, d'être jeté dans un feu ardent »; en 1537 il fut, dit Tiraboschi, brûlé à Rome et en 1538 interdit à Milan par décret impérial. L'exemplaire original est d'ailleurs sans date; il ne porte le nom ni de l'auteur, ni de l'éditeur, ni de l'imprimeur; mais on sait qu'un exemplaire français, qui se trouve au British Museum, porte la date de 1523. Ce Sommaire de la Sainte-Ecritnre vient d'être traduit en français, d'après le texte publié par la Rivista cristiana (Le Sommaire de la Sainte-Ecriture ou manuel du chrétien, traduit de l'italien d'après un exemplaire unique de la première moitié du XVI siècle. Fischbacher, in-8°, vi et 237 pages. Tiré à 300 exemplaires numérotés.) Le traducteur, qui mérite beaucoup d'éloges, a donné une reproduction aussi fidèle que possible du Sommaire en même temps qu'un fort beau spécimen d'édition

du xvi siècle.

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M. MAGEN a réimprimé avec un avertissement et des notes nombreuses, la Briefve narration de ce qui s'est passé en la ville d'Agen en Agenois depuis la

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