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Bentivoglio ou du duc Frédéric d'Urbin, un emploi lucratif de secrétaire, récompense bien due à son beau style latin.

Ce n'est là qu'une conjecture. La véritable preuve nous paraît être celle-ci. Les lettres latines, dont les originaux ne se sont pas retrouvés, se distinguent par leur clarté, leur facile élégance; la forme en est aussi irréprochable que le fond en est médiocre. Au contraire, les cent neuflettres qui, dans le travail de Zambeccari, sont réellement des traductions et que l'on peut comparer au texte grec, sont singulièrement lourdes, pénibles, souvent même inintelligibles.

L'argumentation dont nous venons de donner une idée, est précédée d'une longue étude (p. 38-150) sur les manuscrits des lettres de Libanius. M. F. examine d'abord les mss. des lettres latines. Il les divise en deux classes: 1o ceux qui contiennent les trois recueils, même incomplets; 2o ceux qui renferment un ou deux recueils seulement, mais complets. Les mss. de la seconde classe lui paraissent préférables en tout à ceux de la première, et l'examen de leur valeur relative lui permet d'indiquer ceux qui se rapprochent le plus de la source et à l'aide desquels pourrait s'établir une édition critique des lettres latines. Il résulte de ces comparaisons que l'édition publiée par Wolf, lequel s'est borné à reproduire le texte très fautif de Sommerfeldt en y ajoutant un petit nombre de variantes tirées de deux mss. seulement, s'écarte notablement du ms. de Zambeccari et donne une idée très inexacte de ses traductions. - Le travail de Zambeccari restitué sous sa véritable forme, M. F. se demande d'après quels manuscrits grecs ont été faites ces traductions. Ce sont, dit-il, des mss. appartenant au groupe de ceux qui renferment seulement un choix des Lettres; groupe dont les représentants principaux sont le Codex Dresdensis et le Codex Casanatensis. Mais aucun des deux n'est absolument identique à celui dont Zambeccari s'est servi, et qui doit être un troisième ms. dérivé de l'un de ceux-ci. L'auteur est amené par ces questions à dresser un catalogue des mss. actuellement existant des lettres grecques de Libanius, comme de ceux qui ont disparu, ou qui peuvent être considérés comme désormais perdus. « Aucun des deux cents mss. connus des Lettres de Libanius ne renferme, dit-il, les originaux des quatre cents dix-neuf lettres suspectes. » Mais il est permis de croire que tous ces mss. n'ont pas été examinés avec un soin égal, et, comme on peut encore en découvrir d'autres, il ne serait pas impossible que l'on trouvât un jour le texte grec de quelques-unes des lettres latines réputées apocryphes. M. F. a donc bien fait de ne pas s'en tenir à cette raison, et de chercher dans le texte même de ces lettres les preuves intrinsèques de leur falsification.

Tels sont les principaux résultats de cette remarquable étude, sur laquelle on ne pourrait exprimer quelques critiques de fond qu'à la condition d'avoir fait du texte et des mss. de Libanius une étude aussi approfondie que l'a faite l'auteur lui-même. Nous nous bornerons à remarquer que la disposition des matières laisse à désirer dans ce volume,

divisé seulement en deux chapitres dont le second n'a pas moins de 248 pages. La table qui est en tête de l'ouvrage, si elle marque quelques subdivisions de ce chapitre, n'est pas assez développée, assez analytique pour faciliter les recherches. On pourrait signaler encore un certain défaut d'ordre, des redites, des développements interrompus et repris '. Mais ces imperfections, auxquelles un lecteur français est peut-être plus sensible que d'autres, sont, après tout, chose légère. Elles ne peuvent faire oublier les solides mérites de ce travail, ni l'importante contribution qu'il apporte à l'histoire littéraire de la Grèce, comme à celle de la Renaissance italienne.

Ce service en appelle un autre. M. F., dans une note qui ne nous a point échappé (p. 86, n. 3), annonce l'intention de publier une étude sur la vie et sur les écrits de Libanius. Cet ouvrage sera certainement le bienvenu. Mais nous accueillerons encore avec plus de plaisir l'édition critique de la correspondance du célèbre sophiste, que M. Förster va prochainement publier dans la Bibliotheca Teubneriana. Nul ne saurait mieux que lui réussir dans cette tâche à laquelle il s'est, de longue main, préparé 2.

P. DECHARME.

218. A. BRÜCKNER. Iwan Possoscbkow. Ideen und Zustande in Russland zur Zeit Peters des Grossen. vol. in-8° de 353 pp. Leipzig, Duncker et Humblot,

1878.

M. Brückner, élève de Droysen et professeur d'histoire à l'Université de Dorpat, a déjà publié, en russe et en allemand, nombre de travaux estimés. Le présent ouvrage met à la portée du public allemand des études écrites primitivement en russe, et qui ont valu à leur auteur l'un des prix Ouvarov dont dispose l'Académie de Saint-Pétersbourg. Nous pouvons donc a priori le recommander en toute confiance; le sujet d'ailleurs est des plus intéressants, et mérite toute l'attention des amis des recherches historiques.

Ivan Posochkov 3, né vers 1677 ou 78, mort en 1726, est un contemporain de Pierre le Grand. De condition modeste (il s'intitule lui même

1. Par ex., le développement sur la fausse mythologie de la Renaissance, commencé p. 227-231, continue p. 238 sqq. Cf. pag. 150-157, Der Stand der Frage, et pag. 284-86, Nachtrag zu dem Stand der Frage.

2. Voir les travaux que M. F. a publiés dans l'Hermès, t. XII, 2o et 4o livr.; dans le Rheinisches Museum, t. XXXII, Ire livr.; dans les Jahrbücher für Philologie, 1876, p. 224 sqq. Cf. un programme de l'université de Rostock (1877) de Libanii libris mss. Upsaliensibus et Lincopiensibus, et l'édition qu'il a publiée, l'an dernier, du discours ὑπὲρ τῶν ὀρχηστῶν.

3. Nous restituons ici l'orthographe rationnelle à celle de M. B. qui s'adresse au lecteur allemand.

paysan), il n'occupa jamais de fonctions publiques; on le voit tour à tour armurier, fabricant, distillateur. Patriote éclairé, il suivit avec une sollicitude inquiète les réformes que le « tsar de fer » imposait à son pays. Dans des écrits dont aucun n'a été publié de son vivant, il s'efforça de signaler les abus dont il avait été témoin ou victime et d'en indiquer le remède. Sa franchise, malgré le mystère dont il essayait d'entourer ses œuvres, ne lui réussit point. Il fut arrêté à l'instigation de ceux dont il flétrissait les malversations et mourut en prison. Son nom fut à peu près ignoré de ses contemporains et des générations suivantes; ses œuvres restées manuscrites n'ont été publiées que dans notre siècle. Ses principaux ouvrages sont Le miroir, sorte de traité contre les raskolniks ou hérétiques, le Testament d'un père où l'élément religieux joue encore un grand rôle, bien quon y rencontre bon nombre de considérations purement pratiques, et le grand traité De la Richesse et de la Pauvreté, écrit à l'intention de Pierre le Grand qui n'en eut probablement jamais connaissance. C'est un véritable manuel d'économie politique qui fournit les renseignements les plus curieux et les plus détaillés sur la situation intérieure de la Russie au commencement du XVIIe siècle. Le clergé, l'armée, les tribunaux, le commerce, l'industrie, l'économie rurale, le système financier et monétaire y sont tour à tour l'objet d'études approfondies.

-

On comprend aisément quel profit l'historien peut tirer de pareils matériaux. Après avoir raconté, d'après des documents tirés pour la plupart des archives, la vie de son héros, M. Brückner analyse tour à tour ses ouvrages et met en relief les informations qu'ils nous fournissent sur la vie publique et privée des contemporains de Pierre le Grand. Nul ne pourra désormais s'occuper du grand réformateur sans avoir recours à ce volume très substantiel et fort bien rédigé.

Louis LEGER.

219.
Geschichte des oberlausitzer Adels und seiner Güter vom
XIIIen bis gegen Ende des XVIen Jahrhunderts von Dr. Hermann
KNOTHE, Professor beim Konigl. Sachs. Cadettencorps. Leipzig, Breitkopf u.
Hærtel, vi et 686 pages, in-8°. Prix : 14 mark (17 fr. 50).

Les frais de publication de cette Histoire de la noblesse de la HauteLusace ont été couverts par une subvention qu'ont accordée à la fois les Etats de la Haute-Lusace saxonne et le Landtag de la Haute-Lusace prussienne. Quant à l'ouvrage, il a coûté plus de vingt ans de travail à son auteur, et l'on ne peut que louer M. Knothe de la peine qu'il a prise; la masse de renseignements qu'il apporte est presque incroyable. M. K. ne cite que les familles nobles qui se sont fixées dans la Haute-Lusace du xiti au xvIe siècle, mais sans les suivre, elles et leurs diverses branches, dans les autres pays où elles ont pu s'établir. Sur 200 familles, 126 sont ve

nués de contrées étrangères (55 de Meissen, 21 de Silésie, etc.); 63 portent des noms qui appartiennent à des localités de la Haute-Lusace et peuvent être, par conséquent, regardées comme la vieille noblesse du pays; sur 66 qui sont mentionnées dans les documents du x1° siècle, 17 seulement existaient encore à la fin du xvio et ce chiffre est aujourd'hui réduit à 3 (familles de Nostitz, de Gerstorff et de Salza); sur les 63 familles qui se nomment d'après des localités de la Haute-Lusace, 7 seulement possédaient, encore au commencement du xvi° siècle, les biens dont elles portent le nom. Le livre est précédé d'une introduction où M. K. expose la situation de la noblesse et ses rapports avec les autres classes de la société. Les nobles de la Haute-Lusace, pauvres, ne songeant qu'à se com. battre les uns les autres, ne surent pas administrer leurs biens et durent peu à peu les vendre aux riches bourgeois des villes. Après cette introduction (p. 1-105), M. Knothe donne la liste alphabétique des familles nobles de la Haute-Lusace; il ajoute sur chacune d'elle les renseignements les plus minutieux et les plus complets (p. 105-544). L'ouvrage se termine par un exposé des biens de la noblesse: 1° les seigneuries; 2o les domaines des villes de Bautzen, Löbau, Görlitz, Lauban et Zittau; 30 les possessions de l'évêché de Meissen dans la Haute-Lusace; chaque nom de lieu est accompagné des diverses formes qui se rencontrent dans les documents.

A. C.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 7 novembre 1879.

M. Al. Sorlin-Dorigny fait connaître par lettre qu'il est l'auteur de l'un des deux mémoires envoyés au concours Bordin sur la question du Panthéon ässyrien, auxquels l'Académie a décerné une somme de 1,000 fr. pour chacun à titre d'encouragement.

M. Renan met sous les yeux des membres de l'Académie, à titre de spécimen, une épreuve de la première feuille du Corpus inscriptionum semiticarum. L'imprimerie nationale a fait graver, pour cette publication, quatre séries nouvelles de caractères, deux pour l'hébreu, une pour le phénicien classique et une pour le phénicien archaïque.

M. Charles Nisard commence la lecture d'un mémoire intitulé: Brunetto Latini est-il l'auteur du PATAFFIO? et, s'il ne l'est pas, quel est cet auteur? Le poëme intitulé: Il pataffio, qui a été, sur la foi de Varchi, attribué à Brunetto Latini, est une composition des plus obscures; c'est, du reste, ce que l'auteur a voulu indiquer luimême par le titre : pataffio, en italien, signifie proprement épitaphe, et ici, par figure de langage, texte aussi difficile à déchiffrer que les épitaphes ou inscriptions anti

1. Cette introduction comprend six chapitres : 1o origine de la noblesse; 2o haute et basse noblesse; 3° rapports avec le suzerain; 4o l'église; 5° les villes; 6o l'état intellectuel (Cultur). Ce dernier chapitre comprend six articles (Haus und Hof, Hab und Gut, Weib und Kind, Wehr und Waffen, Kopf und Herz).

376

REVUE CRITIQUE d'histoire ET DE LITTÉRATURE

ques. Il n'y a dans ce poëme ni action ni épisodes, mais un amas confus de mots sans liaison logique, dont beaucoup ne présentent aucun sens, soient qu'ils aient été défigurés ou forgés à plaisir, soit qu'ils appartiennent au langage de convention ou argot connu sous le nom de gergo. On y remarque, en outre, un très grand nombre d'équivoques obscènes ou d'obscénités sans équivoque. Comme cet ouvrage contient beaucoup de mots qui ne se trouvent que là, il a été mis à contribution par les académiciens della Crusca, qui y ont reconnu une source importante pour l'étude de l'histoire de la langue. Dès 1819, Del Furia, dans un mémoire soumis à l'académie della Crusca, a montré, par toutes sortes de raisons concluantes, qu'il est impossible d'admettre que Brunetto Latini soit l'auteur de cet ouvrage. Outre que le caractère de Brunetto ne permet pas de lui attribuer une œuvre aussi indécente, Del Furia a allégué des raisons d'ordre purement historique qui s'opposent à cette attribution; le Pataffio contient, par exemple, des allusions à des évènements qui n'ont eu lieu qu'après la mort de Brunetto. Aussi M. Nisard adopte-il complètement, en ce qu'elles ont de négatif, les conclusions de Del Furia, et reconnaît avec lui que l'attribution à Brunetto Latini doit être résolûment écartée. — Mais Del Furia ne s'en est pas tenu à cette conclusion négative, il a prétendu aussi désigner le véritable auteur du Pataffio, et à cette seconde question il a donné une solution que M. Nisard n'accepte pas : elle consiste à attribuer le poëme à un personnage du nom de Manelli. On connaît plusieurs personnages de ce nom dans l'histoire de Florence, mais aucun n'a pu être l'auteur du Pataffio. Le nom de Manelli est donné, il est vrai, par un des mss. du poëme, mais M. Nisard considère l'indication de ce nom comme une interpolation et ne lui reconnaît aucune autorité. Il indiquera dans la suite de cette communication, à la prochaine séance, le nom de l'homme qu'il croit pouvoir désigner avec certitude comme le véritable auteur du Pataffio.

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Ouvrages déposés : — J. MUIR, Metrical translations from sanskrit writers, with an introduction, prose versions, and parallel passages from classical authors (London, 1879, in-8° vol. VIII de l'Oriental series de Trübner); — Pompei e la regione sotterranea dal Vesuvio nell' anno LXXIX, memorie e notizie pubblicate dall' ufficio tecnico degli scavi delle provincie meridionali (Napoli, 1879, in-8°); — Ruggiero, Discorso pronunziato in Pompei addì 25 di settembre 1879 nella solennità del 18m centenario dopo la sua distruzione (in-fol.); Statuta communitatis Novariae anno MCCLXXVII lata, collegit et notis auxit Antonius CERUTI (Novariae, 1879, infol.).

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Présentés, de la part des auteurs : — - par M. Ad. Regnier : James Darmesteter, The supreme god of the indoeuropean mythology (extrait du Contemporary review); - par M. Gaston Paris: 1o Poésies populaires en langue française recueillies dans l'Armagnac et l'Agenais par J. F. BLADÉ; 20 Ant. THOMAS, Rapport à M. le Ministre de l'instruction publique sur une mission philologique dans le département de la Creuse (extr. des Archives des missions scientifiques et littéraires); par M. Defrémery: 1o Trois lettres inédites de Bertrand d'Echaux, évêque de Bayonne, publiées par TAMIZEY DE LARROQUE; 2o H. DELMAS DE GRAMMONT, Relations entre la France et la régence d'Alger au xvir siècle, I (extr. de la Revue africaine).

Julien HAVET.

Errata. No du 25 octobre. Page 313, ligne 6 au lieu dea 1387 » comme date du 2o texte, lire 1377. Page 317, ligne 5, lire « subsister ». N° du 1 novembre. Ligne de l'article 207, lire « lorsque Langland parle de l'auteur du poème. »

Le Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, typ. et lith. Marchessou fils, boulevard Saint-Laurent, 23.

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