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sur la plupart des points de détail qu'il a touchés. Mais vous reconnaîtrez sans doute la justesse des explications suivantes :

1) Les arguments suggérés par M. Gaidoz à l'appui de la théorie britanno-gauloise me paraissent manquer singulièrement de force, non pas, je m'empresse de le dire, par aucune faute de sa part, mais parce que cette théorie elle-même est fautive. Je crois comprendre qu'il n'est pas sans s'en apercevoir jusqu'à un certain point lui-même, quand il se débarrasse de la question, en demandant (p. 221), à propos de nos inscriptions oghamiques : « Nous sera-t-il permis d'ajouter, sans crainte de passer pour sceptique, qu'il n'est pas sûr que ces inscriptions soient bien lues? » Il est inutile de chercher un refuge de ce côté, car assez de nos inscriptions ont, sans aucun doute, été lues exactement, non-seulement en caractères oghamiques, mais aussi en lettres romaines, pour qu'on puisse en faire un des éléments importants de la discussion sur la théorie britanno-gauloise. On peut essayer de s'en servir pour soutenir cette construction branlante; mais on ne peut les mettre entièrement de côté; non, on ne le peut vraiment pas.

2) M. Gaidoz dit de moi p. 222 : « Ainsi, p. 187, il cite une légende monétaire gauloise CANAVNOIS que nous croyons ne pas exister. Si M. R. eût nommé son informant, la responsabilité de l'erreur fût revenue à ce dernier; dans l'état, elle retombe sur lui-même. » La référence à laquelle M. Gaidoz a trouvé à redire était conçue dans les termes suivants : « Un exemple pareil semble se présenter dans le gaulois CANAVNOS qu'on dit (à propos de la monnaie no 129 du Dictionnaire archéologique de la Gaule dont la publication a été commencée à Paris en 1867) se rencontrer sur une monnaie qui est là attribuée aux Arvernes ». Là-dessus mon savant critique remarque : « Quelques lec teurs pourront croire que cette lecture se trouve dans le Dict. archéolo gique; nous n'y avons rien vu de semblable à l'article Arverni où il est parlé des monnaies de ce peuple, et, quant à la monnaie no 129 des planches, on y lit DCVNANOS. » Je dois faire remarquer que CANAVNOIS est une méprise du critique, ma lecture étant CANAVNOS, et que la légende de la monnaie ne se lit pas sur la planche DCVNANOS, comme M. Gaidoz imagine de la donner, mais DCAVANOS, comme les auteurs du Dictionnaire la donnent. Mais ces sérieuses erreurs ne sont pas ce dont je me plains. C'est un étrange reproche que m'adresse mon savant critique en objectant que le nom gaulois ne se trouve pas dans un article auquel personne ne le réfère; et que, de là, la référence ne se trouve pas du tout dans l'ouvrage, c'est vraiment une conséquence un peu forcée. Si au lieu de cela il veut avoir la bonté de se servir de ma référence telle qu'elle est, et de se familiariser un peu avec le plan de

1. A similar instance seems to offer itself in the Gaulish CANAVNOS said, à propos of coin no 129 in the Dictionnaire archéologique de la Gaule which was begun in Paris in 1867, to occur on money which is there attributed to the Arverni.

ce magnifique ouvrage le Dictionnaire archéologique, il découvrira qu'à chaque planche de monnaies correspond une page de remarques numérotées dans le même ordre, et que « à propos de la monnaie n° 129» on trouve les mots suivants : « D'après des exemplaires très complets trouvés à Gergovie, la légende de cette pièce doit être lue CANAVNOS ».

3) Enfin on me demande : « pourquoi M. R. s'est-il systématiquement abstenu de références? » Ma réponse est que mon abstention n'est nullement systématique, comme le critique semble le suggérer. S'il en fallait une preuve, on n'aurait qu'à examiner les chiffres qui accompagnent dans mon premier index des noms comme Atkinson, Bonaparte, Brash, Brugman et d'autres qu'il serait trop long de citer. J'ai cherché à donner des références dans toutes les circonstances, excepté celles où je ne croyais pas devoir ennuyer mes lecteurs; mais que je puisse en avoir oublié d'importantes, cela n'est que trop probable. Cependant, après que l'attention du savant critique a été appelée sur ses propres manquements dans son propre paragraphe sur CANAVNOS, il sympathisera plus volontiers avec moi, et il verra comment il se fait que des étourderies et des erreurs peuvent se glisser dans un livre, si petit qu'il soit.

En vous remerciant, Messieurs les Directeurs, vous, et, par votre entremise, mon savant ami, pour sa favorable critique, je vous prie d'agréer, etc.

St Germain's, Oxford, 29 septembre 1879.

John RHYS. ́.

Réponse de M. Gaidoz.

M. Rhys, comme on le voit, n'a touché dans cette lettre que quelquesuns des points traités dans notre article. Nous ne dépasserons pas nousmême les limites de sa lettre.

1) Ce serait entreprendre une dissertation en règle que d'examiner par le détail les liens qui unissaient les anciens Bretons aux autres Celtes. Nous ne le ferons pas plus que M. R. ne le fait dans sa lettre. Nous nous en tenons aux réserves que nous avons exprimées dans notre article et aux objections que M. d'Arbois de Jubainville avait présentées avant nous dans la Revue celtique (t. III, p. 280).

2) Sur le second point, nous avouerons sans difficulté que nous avons commis ce qu'on appelle en anglais une «< clerical error ». Le Dictionnaire d'archéologie celtique donne bien CANAVNOS, non pas dans son texte, mais dans une feuille explicative des planches qui nous avait échappé. Nous avions donc tort d'alléguer cet exemple comme un de ceux

où M. R. négligeait de citer sa référence; mais le lecteur peut voir par notre erreur même s'il donnait cette référence d'une façon suffisamment claire.

Quant à la lecture de la monnaie elle-même, elle est fort suspecte, et nous n'avions mis son exactitude en doute qu'après avoir pris l'avis d'un des savants les plus compétents en numismatique gauloise, M. Anatole de Barthélemy, secrétaire de la commission de la Topographie des Gaules. Voici ce que M. de Barthélemy nous écrivait en date du 10 août dernier « J'ai vérifié la légende gauloise en question; sur le meilleur exemplaire connu, qui est très beau et conservé au cabinet des médailles, on lit DCVNANOS. Comme la lettre qui pourrait être un A n'est pas barrée, on pourrait lire DCVNANOS et DCVN VNOS. Le D ne laisse pas que d'être gênant, mais il est parfaitement distinct; sur une foule d'exemplaires, la conservation défectueuse ne permet pas de le voir. Depuis, M. de Barthélemy nous a appris que la commission de topographie des Gaules doit faire corriger la gravure de cette pièce, ainsi que la note explicative. Quant au CANAVNOIS sur lequel paraît insister M. R., faut-il lui faire remarquer que c'est une faute d'impression p. 222, puisque quelques lignes plus bas, à la p. 223, on trouve imprimé CANAVNOS dans la citation expresse de son texte?

3) Ici nous laissons au lecteur le soin d'apprécier la théorie de M. R. sur la façon d'indiquer les sources et références. Pour lui, cela consiste à donner une table dans laquelle, sous le nom de chaque auteur, on trouve à quelles pages il est cité. Pour nous, il est de beaucoup préférable de donner au bas des pages les sources et les autorités. Le système de M. R. mène à des obscurités que le lecteur peut apprécier par les exemples donnés plus haut, p. 222. Pour M. R., la philologie est une sorte d'algèbre, et il croirait interrompre ses raisonnements en y insérant des références. Mais les éléments de ces calculs sont des faits, et tous les faits ont besoin d'être contrôlés.

Si nous nous sommes permis d'insister sur ce point, dans l'intérêt de ceux qui, comme l'auteur de ces lignes, s'instruisent à tout ce qu'écrit M. Rhys, c'est que le savant Gallois semble ne pas se rendre compte de l'utilité des références dans les recherches d'érudition. Donnons-en un nouvel exemple. Rendant compte de la première édition de ce livre dans la Revue celtique (t. III, p. 280-5), M. d'Arbois de Jubainville disait à propos des inscriptions britanno-latines étudiées par M. R. au point de vue philologique : « Nous conseillons à M. R. de donner dans sa prochaine édition une concordance de ses numéros avec ceux de M. Hübner dont la publication conservera toujours, au point de vue paléographique, la supériorité, et au livre duquel il sera nécessaire de se reporter toutes les fois qu'on voudra discuter une date. » La prochaine édition à laquelle faisait allusion M. d'Arbois de Jubainville est la se

1. Inscriptiones Britanniae Christianae, edidit Hübner, Berolini, 1876.

conde dont nous avons rendu compte ici même. Or, non seulement M. Rhys n'a pas donné les références que lui demandait avec tant de justesse M. d'Arbois de Jubainville, mais il n'a pas gardé son propre numérotage de la première édition, et il n'a pas donné de table de concordance entre les numérotages différents de ses deux éditions. Cela ne contribue pas à faciliter l'étude des livres de M. Rhys.

Ce sont là des défauts pour ainsi dire extérieurs, et des inadvertances de rédaction. C'est dans l'intérêt de la science que M. R. représente si dignement à Oxford que nous voudrions le voir ne pas négliger ces détails d'ordre secondaire. Si nous avons présenté ces critiques avec quelques autres, ce n'est pas pour rabaisser la valeur du livre de M. Rhys, mais pour remplir, selon notre conscience et dans la mesure de nos forces, ce rôle du critique si bien défini d'avance par Horace :

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M. Desjardins lit une note complémentaire au mémoire lu par lui à la dernière séance, au sujet d'une borne milliaire trouvée à Paris. M. de Longpérier, qui avait examiné le premier autrefois l'inscription de cette borne, en avait lu la fin ainsi : a civitate Parisiorum Rotomagum milliarium primum; la borne en question, trouvée sur la rive gauche de la Seine, aurait marqué jadis le premier mille, à partir de l'ile de la Cité, sur la route de Paris à Rouen, route qui alors sortait de Paris par le sud. M. Desjardins, dans son dernier mémoire, a proposé de substituer à cette lecture la lecture suivante: a civitate Parisiorum Remos CV millia passuum. M. de Longpérier, a objecté, contre cette nouvelle lecture, qu'elle donnait une tournure peu naturelle; selon lui, du moment qu'il s'agissait d'une borne située à Paris, elle aurait dû plutôt porter a Remis civitatem (ou civitas) Parisiorum CV millia passuum. C'est à cette objection que M. Desjardins répond aujourd'hui.

Il faut distinguer, dit-il, les bornes milliaires ordinaires, placées de mille en mille le long des routes pour indiquer les distances respectives des points où elles sont placées à un point de départ commun, et d'autres bornes qu'on pourrait appeler récapitulatives, placées au point de départ d'une route pour indiquer la distance totale d'une extrémité de cette route à l'autre. Sur les premières, la tournure de phrase attaquée par M. de Longpérier est en effet sans exemple; mais il est aussi à peu près sans exemple que ces bornes portent à la fois l'indication du point de départ de la route et celle du point d'arrivée, comme dans la lecture proposée par M. de Longpérier a civitate Parisiorum Rotomagum; la via Augusta, en Bétique, est, à la connaissance de M. Desjardins, la seule voie romaine sur laquelle on ait trouvé des Inscriptions milliaires libellées de cette manière. Au contraire, sur les bornes récapitulatives, on rencontre une tournure semblable à celle que donne, pour l'inscription de Paris, la leçon de M. Desjardins. Ainsi, une borne trouvée à Bragance,

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REVUE CRITIQUE D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

Bracara Augusta, d'où partait une route allant à Astorga, Asturica, indique en ces termes la longueur totale de cette route:

A BRACAR AVG
ASTVRICAM
M P CCXV

« A Bracara Augusta Asturicam millia passuum CCXV. »

Il est à remarquer du reste que la même tournure se retrouve fréquemment dans l'Itinéraire d'Antonin, et que ce livre se sert notamment, pour indiquer la distance de Bracara Augusta à Asturica, de termes identiques à ceux de l'inscription de Bragance.

M. de Longpérier réplique qu'il y a encore une grave difficulté qui empêche d'admettre l'explication de M. Desjardins. Si la borne en question était une de ces bornes « récapitulatives » dont a parlé M. Desjardins, elle devait être placée au point de départ officiel de la route, c'est-à-dire dans l'île de la Cité; or elle a été trouvée sur la rive gauche, à distance de la rivière. Il faudrait donc qu'on l'eût transportée là; mais cela est peu vraisemblable, vu que les pierres se sont de tout temps trouvées en abondance sur la rive gauche de la Seine, et qu'on n'avait aucune raison de prendre la peine d'en aller chercher dans l'île. Quant aux textes cités par M. Desjardins comme donnant des (exemples de la tournure défendue par lui, ils sont au nombre de deux, l'Itinéraire d'Antonin et l'inscription de Bragance. Or l'Itinéraire d'Antonin est un texte littéraire, qui ne peut faire autorité dans une question de pure épigraphie; et quant à l'inscription de Bragance, sa provenance la rend suspecte, car la péninsule ibérique est un des pays où abondent le plus les inscriptions fausses, surtout les inscriptions fabriquées d'après des données prises dans les livres; ici, la parfaite conformité du texte de l'inscription avec un passage de l'Itinéraire d'Antonin est un motif de suspicion de plus.

M. Desjardins dit que la différence d'interprétation entre lui et M. de Longpérier tient avant tout à une différence de lecture des lettres mêmes de l'inscription. Là où M. de Longpérier lit RO, qu'il explique par Rotomagum, M. Desjardins ne peut lire autre chose que RCV, qu'il a expliqué par Remos suivi du chiffre CV. Là est le noeud de la question.

L'académie décide que M. Mariette lira à la séance publique annuelle, le 21 novembre, un extrait de son mémoire sur les nouvelles fouilles à faire en Égypte.

M. Joachim Ménant fait une communication au sujet d'un cylindre assyrien du Musée Britannique, déjà plusieurs fois publié. Ce cylindre porte un dessin qui représente deux personnages assis sous un arbre d'où pendent deux fruits, et derrière eux un serpent. George Smith, qui a prétendu retrouver, dans les textes cunéiformes qui forment ce qu'on appelle la bibliothèque d'Assurbanipal, une suite de récits de la création et des premiers âges de l'humanité, parallèle à celui de la Genèse, a voulu rattacher aussi à ces récits le dessin du cylindre en question, et a soutenu qu'il représentait Adam et Ève, l'arbre du bien et du mal et le serpent tentateur. M. Ménant repousse cette interprétation, par diverses raisons, dont la plus forte est qu'en y regardant de près, on reconnaît que les deux personnages représentés sous l'arbre sont, non un homme et une femme, mais bien deux hommes. Quant au serpent, il figure de même à titre d'accessoire symbolique sur toutes sortes d'autres monuments assyriens où sont figurées les scènes les plus diverses. M. Ménant ne croit donc pas qu'il y ait le moindre lien entre le dessin dont il s'occupe et les récits plus ou moins semblables à ceux de la Bible, que peuvent contenir les textes cunéiformes.

Ouvrages présentés de la part des auteurs: par M. Heuzey: Le d' BOUGARD, Bibliotheca Borvoniensis, 1866, in-8° (bibliographie historique et médicale de Bourbonne-les-Bains): par M.L. Delisle: Ulysse ROBERT, Indicateur des armoiries, villes, bourgs, villages, monastères, communautés, corporations, etc., contenus dans l'Armorial général de D'Hozier, Paris, 1879, in-8° (extrait du Cabinet historique).

Julien HAVET.

Le Propriétaire- Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, typ. et lith. Marchessou fils, boulevard Saint-Laurent, 23.

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