Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

dition en toute confiance. Au bas de chaque page, M. G. donne quelques détails sur différents points du texte donné par le manuscrit A, et au dessous, les variantes du manuscrit B, le plus important après A. Page xxi de l'introduction, il a reproduit un important fragment C; mais il n'ose décider si ce fragment appartient à une rédaction originale ou s'il a été abrégé. Quant au manuscrit A, qui est de l'an 1300, M. G. en parle de la façon la plus détaillée et la plus complète, sans omettre aucune des particularités qu'il présente (v-xvi); il n'oublie pas, du reste, les autres manuscrits qui se rattachent, les uns à A, les autres à B (XIX-XXX1). Selon lui, et ses conclusions sont très vraisemblables, la légende de Finnbogi aurait été composée dans la seconde moitié du XIII° siècle et serait l'oeuvre d'un homme (xxxvIII) qui a traité un sujet populaire, d'ailleurs connu par la Vatnsdæla, en brodant sur ce canevas des épisodes imaginaires ou empruntés à d'autres sagas. On remarquera, dans cette introduction, des observations ingénieuses sur gera, göra (VI-VIII) et sur les noms d'habitants dérivés des noms de lieux (XVI-XVII). Un glossaire (p. 95-108) sera très utile à ceux qui veulent lire dans cette excellente édition la légende, ou plutôt, comme dit M. Gering, le roman historique de Finnbogi; les explications données dans ce glossaire sont courtes et suffisent pour l'intelligence du texte; pourquoi l'éditeur, au risque de grossir le volume, n'a-t-il pas admis les mots et les significations qui se trouvent déjà dans le dictionnaire de M. Möbius?

C.

213. HERRLINGER, Die Theologie Melanchton's in ihrer geschichtlichen Entwicklung. Gotha, F. A. Perthes, 1879, xvi et 468 p. Prix : 8 mark (10 fr.).

Quiconque s'est occupé du xvi° siècle sait quel grand rôle a joué Philippe Mélanchthon dans l'histoire de la Renaissance et de la Réformation en Allemagne. Humaniste et théologien, connaissant les langues anciennes autant qu'il était possible alors de les connaître, également versé dans les auteurs classiques et dans les Pères, dialecticien habile, écrivain élégant, aussi conciliant et modéré qu'il était ferme dans ses convictions religieuses, Mélanchthon a prêté à Luther un concours sans lequel on peut douter que la Réforme allemande eût réussi. Il fut le premier à exposer, dans ses Loci rerum theologicarum, le résumé clair et sobre de la doctrine opposée à la théologie scolastique. Dans sa forme primitive, ce livre était incomplet, en même temps que sur certains points il exprimait des opinions trop absolues. Ses méditations, ses expériences personnelles, son attention constamment portée sur les questions débattues entre les réformateurs et les catholiques d'une part, et d'autre part entre les Allemands et les Suisses, amenèrent Mélanchthon à mitiger quelquesunes de ses conceptions, sans toucher toutefois à ses principes fondamen

mentaux. Quand plus tard il eut à se défendre contre des adversaires appartenant à l'Eglise luthérienne elle-même, il continua de développer son système, et finit par lui donner sa forme définitive, en mieux précisant certains articles et en ajoutant ceux que dans ses premiers Loci il avait cru devoir omettre. Peu de théologiens du xvre siècle sont sous ce rapport plus intéressants à étudier que lui; aussi s'est-on occupé, à plusieurs reprises, de reproduire sa doctrine d'après les diverses phases de son développement. Galle notamment publia sur ce sujet un livre, en somme très satisfaisant. M. Herrlinger vient de reprendre la matière; on pouvait, en effet, la traiter d'une manière plus complète et plus scientifique. Il a lu avec un soin extrême les ouvrages de Mélanchthon et ses lettres; il en a extrait tous les passages qui pouvaient servir à son but; il n'a rien négligé pour rendre compte des causes qui ont produit les changements dans la doctrine du réformateur, il a surtout le mérite d'avoir joint à la dogmatique de ce dernier son éthique, encore peu étudiée. Mais il est à regretter qu'il ait moins fait un livre, qu'un recueil de matériaux dont on peut composer un livre. L'ouvrage ne consiste en grande partie qu'en citations, liées entre elles par quelques mots de discussion ou d'explication. Il en résulte que la lecture en est assez fatigante; on a de la peine à saisir, à travers cette accumulation d'extraits, le vrai caractère de la théologie mélanchthonienne; l'auteur a laissé au lecteur la tâche de le dégager. Ce qui augmente la difficulté de cette tâche, c'est la disposition très compliquée des matières, de l'application aux idées de Mélanchthon, de la terminologie scolastique moderne; M. Herrlinger a trop divisé et subdivisé ce qu'il aurait mieux valu grouper sous un petit nombre de chefs, et par les expressions qu'il emploie, il a risqué d'obscurcir le sens des conceptions du xvi® siècle. Nous ajouterons que le jugement porté sur plusieurs de ces dernières, est trop subjectif pour n'être pas contestable; mais dans cette Revue une discussion purement théologique ne serait guère à sa place.

S.

214.

ŒEuvres du seigneur de Cholières, édition préparée par Ed. TRICOTEL; notes, index et glossaire par D. JOUAUST; préface par Paul LACROIX. T. I. Les Matinées; T. II. Les Après-dinées. Paris, Jouaust, 1879, in-8° écu sur papier vergé de Hollande de XLIV-341 et 397 p. - Prix: 10 fr. le vol.

Chacun des trois bibliophiles qui ont donné leurs soins aux œuvres du seigneur de Cholières mérite des éloges particuliers. Feu M. Ed. Tricotel a reproduit les textes de 1585 et de 1587 avec une parfaite fidélité. M. Jouaust, non content d'imprimer ces textes le plus correctement et le plus élégamment du monde, a dressé un complet Index onomastique des matinées et des après-dînées (t. I, p. xxvii-xxxш), l'a fait suivre d'un Glossaire où presque toutes les difficultés de lecture

sont aplanies (p. XXXIV-XLIV) et a rédigé des notes qui ont le double mérite d'être courtes et bonnes (t. I, p. 331-341; t. II, p. 384397) '. Enfin M. Paul Lacroix a mis en tête des Matinées une Notice sur le seigneur de Cholières et ses œuvres qui est un des meilleurs morceaux que l'on doive à sa plume non moins fertile que spirituelle. Malheureusement cette notice débute ainsi (p. I) : « On ne sait rien, absolument rien, sur le seigneur de Cholières, qui a laissé au moins quatre ouvrages, publiés à la fin du xvr° siècle : Les Neuf matinées, en 1585; les Après-disnées, en 1587; La Guerre des masles contre les fe melles, en 1588, et la Forêt nuptiale, en 1600. » La formule : « On ne sait rien, employée par M. P. L., est d'autant plus désespérante, qu'il a recherché plus activement un peu partout des renseignements sur un des plus piquants conteurs du xvr° siècle. Du moins, il nous apprend que c'est à tort que les auteurs des dictionnaires biographiques modernes, qui se répètent l'un l'autre textuellement, et qui, peut-on affirmer sans jugement téméraire, n'ont pas même lu les ouvrages de notre homme, lui donnent le prénom de Nicolas et le titre d'avocat au parlement de Grenoble. L'abbé Goujet, dans le Moréri de 1759, ayant fait précéder le nom de Cholières de la lettre N, qui signifiait autrefois prénom inconnu, on aura trop hardiment imaginé que cette lettre était l'initiale du nom de Nicolas. Quant à la qualité d'avocat au parlement de Grenoble, elle a été, pour la première fois, imposée au gai discoureur dans les Siècles littéraires de Desessarts, publiés en 1800, et il n'a pas été possible à M. P. L. de « retrouver une preuve sérieuse à l'appui de cette attribution, que semble démentir le nom même du seigneur de Cholières. » Il faut descendre (qui l'aurait cru?) jusqu'à l'année 1834 pour trouver, dans le Dictionnaire biographique, universel et pittoresque (Paris, 4 vol. gr. in-8°), les dates de la naissance et de la mort du seigneur de Cholières (1509-1592). Ces dates n'ont (peut-être selon M. P. L., évidemment selon moi), été fixées que par induction, mais elles paraissent assez probables, puisque le seigneur de Cholières, dans ses Matinées, qui sont de 1585, laisse entendre qu'il était âgé et infirme. Il aurait eu alors, en effet, 75 ou 76 ans.

Le lieu de naissance du conteur n'a pu être indiqué. M. P. L. se demande si ce lieu ne devrait pas être cherché en Normandie, à cause de

1. Quelques unes de ces notes, en bien petit nombre, sont plus ingénieuses qu'exactes, celle-ci, par exemple (t. I, p. 333): « Se debattre de la chape à l'evesque est un proverbe qui signifie se disputer pour des choses qui ne vous regardent pas, et qu'on ne peut obtenir. Suivant Littré, la chape à l'evesque serait une formule populaire pour la chape de l'évêque, Peut-être y aurait-il une autre explication à donner. La chape étant sur l'évêque, il y a peu d'espace entre elle et lui: ce serait donc se débattre dans un espace fort étroit et où l'on ne peut remuer, se débattre inutilement. » — M. Jouaust n'a pas mis de note sous un passage très scabreux du tome II (p. 85), où il est question, à propos de Margot, d'un personnage de nostre temps, lequel était, si je ne me trompe, le frère de la reine de Navarre, HerculesFrançois, duc d'Alençon, puis duc d'Anjou, mort en 1584.

certaines désinences du patois normand que son style conserve, ou mieux encore en Touraine, où l'on a pu constater l'existence de plusieurs familles de Cholières au XVII° siècle, mentionnées dans l'Armorial général de France. Ces conjectures sont si vagues que, pour les accepter, il est besoin d'une extrême bonne volonté. Tant que l'on ne connaîtra pas le nom patronymique du seigneur de Cholières, nom qu'il a si bien. caché sous l'anagramme A. Diane ou Ange, il faudra se résigner à regarder comme insoluble la question de l'origine de notre écrivain.

Ce devait être, du reste, un grand partisan de l'Ama nesciri que cet écrivain qui, ayant composé quatre ouvrages assez volumineux, n'a laissé nulle part, comme le remarque (p. v) M. P. L., l'empreinte de sa personnalité. On a beau étudier les livres du seigneur de Cholières, on ne saisit aucun des secrets de son existence. M. P. L. a seulement pu établir (p. VII-IX), d'après divers passages des oeuvres du mystérieux personnage, qu'il était marié et même très mal marié, puisqu'il va jusqu'à surnommer sa femme « ma Xantippe 1. » Il avait, en dépit de ses infortunes conjugales, ajoute M. Paul Lacroix, « l'esprit gai et alerte, l'humeur joyeuse, le parler franc et gaulois. Comme Rabelais, son maître, il aimait à rire et à faire rire les autres 2. » La bonne humeur du seigneur de Cholières est réellement intarissable, et c'est à pleines mains qu'il sème dans tous ses livres « le sel rabelaisien ». L'abbé Goujet et quelques autres critiques ont été scandalisés de la vivacité de la plupart des discours et récits du seigneur de Cholières. Il est certain que « la mère en défendra la lecture à sa fille »; mais les amis de la vieille langue devront savoir gré aux éditeurs de leur avoir rendu accessibles des textes qui sont si précieux pour l'étude de cette savoureuse langue, et où abondent les locutions proverbiales, les métaphores populaires, où « fleurissent les mots de gueule,» selon la pittoresque façon de parler de l'auteur (t. I, p. 121), M. Littré, dans son Dictionnaire de la langue française, a souvent extrait des livres du seigneur de Cholières de curieuses citations. Combien de philologues, auxquels il aurait été impossible de se procurer les volumes qui n'avaient pas été réimprimés depuis le commencement du XVIIe siècle, répondront avec empressement à cette naïve invitation de l'auteur au « débonnaire liseur » (t. II, p. 15) : « Goutez à mesmes si nos fruits ne sont pas bons, et profiteront largement de l'excellente et charmante publication de MM. Jouaust, Lacroix et Tricotel!

[ocr errors]

T. DE L.

1.Ajoutons qu'à côté de cette mauvaise femme sont mentionnées, en ses livres, de douces et consolantes amies. Il donne à ces honnestes déesses des noms fictifs, tels que l'œil d'avis, Marine, Callirée.

2. Il leur adresse ce conseil, où se résume toute son œuvre : Vigilate et gaudete (t. I, p. 15); Lætari et bene vivere (t. II, p. 13).

215.

Der Fall zweier preussischen Minister, des Oberpræsidenten Eberhard von Danckelmann (1697) und des Grosskanzlers C. J. M. von Fürst (1779). Studien zur brandenburgisch-preussischen Geschichte von Harry BRESSLAU und Siegfried ISAACSOHN. Berlin, Weidmann. In-8o, 96 p. — Prix : 2 m. 40 (3 francs).

Dans cet opuscule, qu'ils ont dédié avec « une respectueuse reconnaissance » à M. Droysen, leur maître, MM. Bresslau et Isaacsohn ont ajouté quelques détails curieux à ce qu'on savait déjà de la chute des deux ministres prussiens, Danckelmann et Fürst. M. Bresslau montre que Danckelmann tomba parce qu'il irrita la cour et l'électeur par ses allures de pédagogue, par une stricte économie, par les insuccès de sa politique extérieure, par sa résistance aux désirs de Frédéric III, qui songeait déjà à la couronne royale. Peut-être n'a-t-il pas assez insisté sur les ressentiments de l'électrice, Sophie Charlotte, contre Danckelmann. «Madame l'Electrice, mandait l'aventurier français, Du Cros, au ministre de Hanovre, Platen, a été le premier mobile des intrigues contre M. de Danquelmann. »> « Ce ministre, dit Podewils, témoignait fort peu d'égard pour l'Electrice, et la princesse crut trouver un adoucissement de son sort dans la disgrâce de Danckelmann, laquelle elle avait travaillée sous main et par d'autres de toutes ses forces. »> « Il a mérité, par sa fausseté envers vous, ce qui lui est arrivé, écrivait Sophie de Hanovre à l'Electrice. Plût à Dieu que tous ceux qui rendent de mauvais offices aux femmes fussent partout traités de méme! » - Quant à Fürst, ministre de la justice et grand-chancelier sous Frédéric II, M. Isaacsohn prouve que le roi avait résolu, dès 1776, bien avant le procès d'Arnold, de lui retirer sa charge; Fürst n'avait pas l'énergie ni la vigueur de son prédécesseur, Cocceji; il ne sut ni détruire les abus ni proposer les vastes réformes que rêvait Frédéric II; un jour, le monarque s'impatienta de ses lenteurs; il venait de deviner, dans le baron de Carmer, un remarquable esprit d'initiative et d'organisation; il cassa Fürst de ses fonctions et le remplaça par Carmer.

Lettre de M. Rhys.

A. C.

MESSIEURS LES DIRECTEURS,

Avec votre permission, je désire présenter à vos lecteurs deux ou trois observations sur le compte-rendu que M. Gaidoz a consacré à mes Lectures on Welsh Philology dans la Revue critique du 20 septembre. Je le ferai aussi brièvement que possible et sans essayer de montrer ni combien je suis flatté du jugement porté sur mon livre dans son ensemble par le savant critique, ni combien mon opinion diffère de la sienne

« ZurückWeiter »