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conclusions et prétend, de bonne foi, démontrer qu'elles sont fausses. La masse de matériaux mise en œuvre dans le Dictionnaire géographique est vraiment effrayante. M. B. a dépouillé tous les monuments et les papyrus, même inédits, qu'il a rencontrés au cours de ses voyages en Egypte et en Europe. On pourrait relever çà et là quelques omissions. P. 437, M. B. parlant d'une localité à nom indécis, qu'il place près de Tanis et qui est mentionné à la page 27, 1. 5 du Papyrus Anastasi N° V, n'a pas vu que cette même localité est mentionnée à la page 22 (1. 1-3) du même papyrus, comme étant « le bourg (dimi) de.....« Rî dans Bubaste, » ce qui modifie assez considérablement le site de la localité. Un petit texte d'El Bershèh, relatif au transport d'un colosse, nous fait connaître dans le nome d'Hermopolis, un bourg de Terout, qui est un des Terût coptes, Darout-Sarban. - Le village de Salhou, dont j'ai signalé l'existence au Papyrus Anastasi No IV, p. 2, 1. 1, est probablement la ville moderne de Sálhîeh. — Au sujet des villes de Toukou, du château de Sal ou Sar, et des autres localités où M. B. croit recon. naître les noms de l'Exode, je conserve l'opinion que j'ai exprimée, il y a deux ans déjà : je ne trouve aucun des textes cités suffisant pour nous forcer à admettre que Ramsès et Tanis qui, dans la Bible, sont deux villes différentes, soient en Egypte les deux noms d'une même ville, que le mot Toukou soit le même le mot Soukkot, et que les Hébreux aient altéré en Etham, le nom de Khetam qui avait dans leur langue même sens que dans la langue des Egyptiens. Enfin, je crois que M. B. gagnerait à ne pas ignorer aussi résolument qu'il le fait, les travaux de ses confrères et à donner ses citations d'une manière plus exacte. On trouve, à chaque instant, des indications bibliographiques du genre de celle-ci: Textes d'Edfou, Texte d'Abydos, Texte de Dendèrah. Abydos forme trois volumes dans la publication de Mariette; Denderah a fourni quatre volumes de planches à Mariette, et la valeur de trois volumes à Dümichen, sans compter les fragments publiés par Champollion, Lepsius, etc., et les parties restées inédites. Comment M. B. veut-il que nous puissions retrouver l'endroit où il a trouvé les noms qu'il explique, s'il ne nous donne pas d'indications précises?

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Voilà la part de la critique : bien des fautes sont inévitables dans un travail de ce genre, et le nombre des erreurs y fût-il dix fois plus nombreux qu'il ne l'est en réalité, on pourrait encore remercier M. B. d'avoir rendu un grand service à la science. La géographie de la vallée proprement dite, entre Philæ et Memphis, était déjà suffisamment connue, et M. B. n'a pas modifié sensiblement les résultats que lui-même et d'autres savants avaient déjà obtenus. La géographie du Delta a été refaite presque en entier, le plus souvent d'une manière définitive. L'enchevêtrement des nomes entre eux, les changements fréquents de délimi tation qu'ils subirent à l'époque gréco-romaine, l'absence, en bien des endroits, de ruines connues ou suffisamment explorées, rendaient presque impossible à dresser une carte politique de la Basse-Egypte au temps

des Pharaons. Sans doute, il reste encore bien des points obscurs; mais on peut dire d'une manière générale que M. B. a résolu le problème. Il a déterminé avec certitude la position exacte de la plupart des nomes et des villes, et là même où sa démonstration n'emporte pas la conviction, il fournit tant de documents nouveaux qu'on en est réduit, pour l'attaquer, à lui emprunter ses propres armes. Je souhaite que M. Brugsch, après avoir terminé ce qu'il avait à faire sur la géographie de l'Egypte propre, passe promptement à la géographie des nations voisines, et publie bientôt un second dictionnaire où seront discutés et classés les noms de localités asiatiques ou africaines que nous font connaître les monu

ments.

G. MASPERO.

211. Rud. BALLHEIMER. De Photi vitis decem Oratorum Dissertatio philologica. Bonn, 1877, in-8° de 40 pages.

Ces Vies des dix orateurs, que Photius a insérées dans sa Bibliothèque, nos CCLIX sqq., ont passé longtemps pour un des péchés littéraires du pa triarche. On ne voyait là qu'un plagiat de Plutarque, et, aujourd'hui que Plutarque est définitivement hors de cause, le jugement de la critique, modifié dans la forme, est au fond resté le même: M. A. Schæfer, dans les travaux importants qu'il a consacrés à l'étude de cet ensemble de questions 1, arrivait à cette conclusion, que Photius s'était borné à transcrire le pseudo-Plutarque.

La première partie du travail de M. Ballheimer est consacrée à réfuter M. A. Schæfer et c'est dommage qu'il n'y ait pas réussi; car il suffisait que ce seul point fût établi pour que tout le système de M. B. fût vrai et pour que nous eussions enfin sur ce livre des Vies des dix orateurs, sur ses origines, sa composition, sur son auteur peut-être, des explications satisfaisantes.

En effet, si Photius n'a pas transcrit le pseudo-Plutarque, s'il y a entre ces deux auteurs des divergences aussi graves que le dit M. B., comme, d'un autre côté, on ne peut nier des concordances non moins graves, la solution proposée par M. B. est certainement la façon la plus raisonnable de tout concilier: Photius et le pseudo-Plutarque sont indépendants l'un de l'autre, mais ont la même origine, ils dérivent d'un ancêtre commun. Quand le canon des dix orateurs fut définitivement établi, vers le deuxième siècle de notre ère, on forma, avec la «< vie » qui se trouvait en téte des œuvres de chaque orateur, l'ouvrage que nous lisons parmi les œuvres morales de Plutarque. Quelque temps après, très peu après même, avec ces mêmes vies qui n'avaient subi que de légères modifications, fut composé un second ouvrage et c'est lui qui serait l'archetype

1. Voir surtout Commentatio de libro vitarum decem Oratorum. Dresde 1844.

des vies de Photius. Quant à ces vies primitives, à ces «< stirpes » comme dit M. B., nous pouvons à présent nous en faire une idée assez exacte. Photius représentant la tradition première au même titre que le pseudoPlutarque, étant pour nous un témoin parfaitement autorisé, nous n'avons qu'à contrôler chacun des deux auteurs par l'autre pour reconnaître de quelles additions successives s'est faite l'œuvre que nous avons aujour d'hui. Nous élaguons donc d'abord tout ce qui est suspect depuis longtemps, puis tout ce qui ne nous paraît pas absolument nécessaire, surtout ce qui ne tient pas au récit dans une œuvre où il n'y a pas de récit suivi et, par ces éliminations successives, nous arrivons enfin à une simple note de quatre ou cinq lignes donnant tout juste l'indispensable; comme auteur, M. B. indique le grammairien Didyme, mais avec des réserves; nous n'insisterons pas.

Ce système est à la fois ingénieux et simple, sans heurter trop vivement les idées reçues; nous n'avons pas ici une affirmation radicale comme celle de M. A. Schöne 1, qui séparait Photius du pseudo-Plutarque pour le rattacher à Denys d'Halicarnasse. Photius et le pseudo-Plu tarque restent de la même famille; le degré de parenté seul est changé et ce changement suffit à tout.

Malheureusement M. B. ne réfute M. A. Schæfer que d'une manière tout à fait insuffisante. Un seul des arguments qu'il apporte semble sérieux au premier abord, c'est celui qui est tiré du catalogue de Lamprias; déjà au Iv° siècle, le livre des Vies des dix orateurs est attribué à Plutarque et trouve place dans le catalogue; or l'ouvrage, que Photius transcrit quelques siècles après, ne porte pas le nom de Plutarque, est anonyme, car Photius, comme l'a justement remarqué M. Schöne, ne le désigne jamais que par le terme vague de fotopía : il y avait donc deux ouvrages distincts. Tout cela serait sans réplique, si d'abord il était certain que le catalogue attribué à Lamprias fût du iv° siècle (cette date est indiquée par M. Treu dans son excellent travail, mais d'une façon tout hypothétique, il le dit expressément); s'il n'était pas permis de supposer une interpolation à cet endroit du catalogue; enfin si, même en admettant que l'attribution à Plutarque soit très ancienne, on n'avait pas des réserves à faire sur la conclusión que M. Schöne tire d'une observation d'ailleurs fort juste. Oui, Photius ne nomme jamais Plutarque, mais cela nous prouve-t-il que l'ouvrage, qu'il a sous les yeux, est anonyme? et ne peut-on croire qu'il ne l'a pas nommé précisément parce qu'il le transcrivait?

Quant aux différences que M. B. signale entre nos deux auteurs, il n'en est aucune qui ne puisse être expliquée comme l'avait déjà fait M. Schafer, soit comme note marginale insérée dans le texte, soit comme faute de copiste, soit comme omission de la part de Photius. Ce dernier cas

1. Neue Jahrbücher f. Phil. 1871. c p. 761 sqq.
2. Der sogenannte Lampriascatalog von Max Treu. 1873.

est assurément le plus fréquent et celui que M. B. semble avoir le plus de répugnance à admettre. Il suffit qu'un passage manque dans Photius pour qu'il prenne à ses yeux une importance capitale et pour qu'il déclare que Photius ne l'aurait jamais passé sous silence, que la lacune vient du texte qu'il transcrit. Est-ce donc si sûr? De ce que tel fait est plein d'intérêt pour nous, s'en suit-il qu'il en ait été de même pour un Grec du Ixe siècle? Ces omissions sont d'ailleurs un des traits qui distinguent Photius. De cette foule de faits qu'il a sous les yeux, il note les uns, néglige les autres, sans autre règle que son caprice. Tantôt il s'arrête au milieu d'une énumération, juge inutile d'aller jusqu'au bout et nous en avertit, ainsi dans le récit de l'éducation de Demosthènes : Ἄλλοι δὲ ἄλλα περί τε παιδεύσεως Δημοσθένους καὶ τῶν αὐτοῦ διδασκάλων fotopoŭstv; (il manque trois faits consignés dans le pseudo-Plutarque et qu'il a certainement lus); tantôt il saute bravement une ligne au risque de dire une sottise et de confondre un déme avec une famille : (Auxoupтos) τὸν δήμον Ετεοβουτάδης; tantot il résume une phrase dans un mot, c'est le cas le plus fréquent et nous allons en voir tout de suite un exemple.

Les discussions de texte n'ont pas porté bonheur à M. Ballheimer. Nous signalerons particulièrement le passage concernant l'administration de l'orateur Lycurgue. On sait qu'ici le pseudo-Plutarque a puisé aux meilleures sources, c'est un décret du peuple athénien qu'il transcrit dans la Vie, et dont il a donné le texte même à la fin de son ouvrage comme pièce justificative: enfin ce décret a été retrouvé en partie et figure au Corpus Inscriptionum Atticarum, II, no 240. Tout concorde donc pour nous inspirer la plus grande confiance. M. B. remarque qu'ici Photius est très incomplet, et que, dans la transcription du pseudo-Plutarque, l'ordre des faits n'est pas le même que dans le décret, et, comme ici encore ce qui manque dans Photius est trop important pour avoir pu être oublié, il en conclut que l'archétype commun donnait seulement ce que Photius a conservé, et que les autres parties sont dans le pseudoPlutarque des additions postérieures. Nous croyons qu'il suffit de comparer Photius au pseudo-Plutarque pour se convaincre du contraire, chaque mot du premier est une reproduction du mot correspondant dans le second, les plus légères variantes que l'un introduit dans le texte du décret se retrouvent dans la transcription de l'autre. Enfin il est un point sur lequel porte plus particulièrement l'erreur de M. Ballheimer. Il s'agit des mots : Αεί τ' ἐφεστὼς τοῖς ἔργοις διετέλεσε καὶ θέρους καὶ χειμῶνος. M. B. prétend qu'ils sont entrés dans le texte du pseudo-Plutarque après que l'auteur copié par Photius en a été séparé. En effet, c'est bien la phrase la moins intéressante de tout ce morceau, elle manque dans le décret, et c'est la dernière chose qu'on s'attendrait à trouver dans un archétype tel que se le représente M. Ballheimer. Cependant nous pouvons affirmer que Photius la lisait dans le texte qu'il a transcrit, on peut la reconnaitre dans les mots κατὰ τὸ ἄριστον ταῦτα καὶ φιλοπονώτατον (διῳκήσατο) et en conclure, contre M. B., que Photius applique ici son procédé or

dinaire, il omet des choses importantes, il en note d'insignifiantes, il paraphrase, parfois même il lit mal, mais toutes ces différences sont claires et s'expliquent; sous chacune d'elles nous saisissons l'imitation.

Nous avons insisté sur cet argument parce qu'il est essentiel pour la thèse de M. B., c'est sur lui surtout que repose la démonstration de cette proposition : que le divorce entre les deux auteurs remonte au 1° siècle de notre ère. Nous avons voulu aussi donner une idée de la méthode de l'auteur.

Il y a un fait qui frappe quand on compare Photius et le pseudo-Plutarque. La phrase est généralement la même, l'une est calquée sur l'autre; les différences ne portent que sur des points de détail, et alors elles sont infinies, c'est un moyen pour un actif, un adjectif pour un adverbe, une préposition à la place d'une autre, ce sont surtout des transpositions de mots. Il y a là, de la part de l'auteur, une intention et pour nous un indice. Ce parti pris de dérober ainsi son imitation ne laisse pas de nous inspirer des doutes sur la bonne foi de Photius. Mais, en laissant ce point. de vue de côté, je verrais là ma principale objection au système de M. Ballheimer.

Il est de notre devoir de déclarer qu'il y a dans ce travail une partie excellente la réfutation de la dissertation de Seeliger « de Dionysio Halicarnensi Plutarchi qui vulgo fertur in vitis decem oratorum auctore ». Il est vrai qu'ici la tâche était relativement facile.

Albert MARTIN,

212.

Finnboga saga hins ramma, herausgegeben von Hugo GERING. Halle an der Saale, Buchhandlung des Waisenhauses. 1879, in-8°. XL et 115 p.- Prix: 3 mark 50 (4 fr. 40).

On ne possédait de la Finnboga saga que l'édition, excellente pour le temps, publiée à Copenhague en 1812 par Werlauff (dans le même volume que la Vatnsdæla) et la petite édition islandaise de Sveinn Skúlason (Akureyri, 1860) qui n'est qu'une réimpression du texte de Werlauff. La nouvelle édition que donne M. Gering est l'édition désirée depuis longtemps: correcte, très soignée, pourvue de tout l'appareil scientifique, elle reproduit le manuscrit A, le meilleur et le plus ancien des manuscrits de la Finnboga saga, mais, dit M. G., cette reproduction fidèle et littérale a été soumise aux corrections d'une saine critique. M. Möbius, à qui l'ouvrage est dédié, a revu le texte; M. Thorlaksson, de Copenhague, a comparé les épreuves avec le manuscrit; on peut donc accepter l'é

1. Le savant Norvégien Hans Paus († 1770), à qui nous devons la première traduction des anciennes lois de la Norvège, avait commencé une édition de la légende de Finnbogi et sa copie du manuscrit A. (cod. A M. 132 fol.) se trouve encore à la bibliothèque de Copenhague.

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