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voie ouverte par le maître et ses disciples français, et il arrive, en croyant suivre leur trace, à s'égarer presque aussi complètement que ceux qui ignorent ou dédaignent ces guides. La phonétique, pour être bien maniée, exige du discernement, de la prudence, et, avant tout, un sévère contrôle historique. M. P. se croit permis d'attribuer à un son latin en patois, sans distinction de temps, et sans tenir compte des phases intermédiaires, toutes les transformations qu'il a constatées dans certains mots : M. P. est ainsi arrivé à des étymologies aussi peu raisonnables que celles des érudits qui, autrefois, avaient discrédité l'étymologie en en faisant un pur jeu mécanique. Il ne s'est pas d'ailleurs attaché, dans son exposé de la phonétique étymologique du patois de Plancher, à distinguer soigneusement la valeur, souvent bien différente, qu'exprime un même caractère : il sépare à peine, par exemple, les voyelles brèves des longues, il ne remarque pas l'importance pour la voyelle des consonnes qui la précèdent ou la suivent il ne range pas les consonnes d'après leur contiguité ou leur isolement, enfin il attribue comme possible en général à tout son toute transformation qui s'est produite ou qu'il croit s'être produite une fois. Avec un pareil système, il se figure pouvoir redresser, à l'aide du patois, plusieurs étymologies fran çaises; il tire, par exemple, ciron de centrum, besogne de bis satageare (sic), borgne de orbum uno sous-entendu lumine, rêver de reaquari (murmurer à la façon de l'eau, marmotter), etc. Les étymologies qui, dans le glossaire, accompagnent les mots recueillis, sont trop souvent du même genre. Le sens historique de l'auteur, assez clair pour lui faire apercevoir l'absurdité des théories sur l'origine celtique des patois, n'est pas assez déve loppé pour l'empêcher d'attribuer la présence de mots prétendus italiens dans son patois à une transportation de Lombards qu'Otton le Grand, en 952, aurait faite en Franche-Comté. Ces graves défauts enlèvent beaucoup de valeur au petit livre du docteur Poulet, et on doit le regret. ter, car l'auteur a rendu service à la science en recueillant fidèlement les mots de son vocabulaire, et il fait preuve, dans son introduction, d'une intelligence ouverte, d'un sens droit et d'excellentes intentions.

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Dans la Revue critique du 27 sept., M. H. d'Arbois de Jubainville prouve fort savamment que les deux chefs Indutiomarus et Cingetorix, que César nous montre à la tête des Trévirs en l'an 54, ont des noms gaulois; qu'on ne peut, par conséquent, pas soutenir que chez les Trévirs la classe dominante était germanique, comme je l'ai dit dans un article sur la Germanie de M. Schweizer-Sidler (Revue critique du 30 août), et que si l'affectatio Germanicae originis peut s'expliquer géographique

ment par le fait d'une émigration, elle ne peut être entendue au sens ethnographique. Il est probable que cette note critique a été provoquée par un malentendu provenant de la trop grande concision avec laquelle je me suis exprimé. Quoi qu'il en soit, il vaut la peine de revenir sur le passage de Tacite. Le voici Treveri et Nervii circa affectationem Germanicae originis ultra ambitiosi sunt, tanquam per hanc gloriam sanguinis a similitudine et inertia Gallorum separentur. Pour expliquer cette phrase, je dis, dans mon commentaire de la Germanie, que le fond de la population se composait de Gaulois, auxquels vinrent se mêler les Germains victorieux, et que la prétention à une origine germanique ne peut appartenir qu'aux vainqueurs; j'ai ajouté dans l'article de la Revue cité plus haut que c'était une population mélangée de Gaulois et de Germains et que ceux-ci, comme vainqueurs, formaient la classe dominante, qui était en relation avec les Romains. Tout cela ne s'applique naturellement qu'aux Trévirs de Tacite, qui écrivait à peu près un siècle et demi après César. On parviendra probablement à donner une meilleure interprétation du passage en question, et je regrette que les deux savants les plus capables de bien l'expliquer n'aient pas essayé d'en aborder les difficultés. C'est ce regret qui m'a inspiré la note sur une phrase de la très savante édition de M. Schweizer-Sidler; mais je n'ai pas entendu critiquer son assertion concernant les Trévirs.

J'admets donc avec lui et avec M. H. d'Arbois de Jubainville, comme j'ai depuis longtemps admis avec Zeuss, que les Trévirs étaient de race gauloise. Mais, après cela, il faut interpréter le passage de Tacite. Dire qu'on peut l'expliquer géographiquement par le fait d'une émigration ne peut, à mon avis, suffire.

J. GANTRELLE.

CHRONIQUE

FRANCE. Le numéro d'octobre du Contemporary Review contient un article de notre collaborateur, M. James DARMESTETER Sur le Dieu suprême dans la mythologie indo-européenne (The supreme God in the Indo-European Mythology). L'auteur, passant en revue les quatre religions aryennes dont l'on possède les documents les plus anciens, celles de l'Inde, de la Perse, de la Grèce et de Rome, montre que toutes les quatre reconnaissent un Dieu suprême, organisateur du monde et législateur du monde moral (Varuna, Ahura Mazda, Zeus, Jupiter). L'étude des attributs spirituels et matériels de ces quatre dieux prouve leur identité primitive et permet de remonter aux conceptions naturalistes originelles qui leur ont donné naissance. Le dieu indo-européen qu'ils représentent est le Dieu-Ciel (nommé dans la période d'unité Varana, Dyaus ou Svar), lequel a organisé et gouverne le monde parce que le monde est en lui et roule en lui suivant sa loi, et qui est omniscient et moral, parce qu'étant le siège de la lumière, il voit tout. L'auteur suit la destinée de ce

dieu dans les différentes religions qui l'abandonnent ou le transforment. — Nous regrettons que cet article ait dû paraître dans une revue étrangère; mais quelle est la revue en France franchement ouverte à la haute vulgarisation scientifique?

A l'occasion du cinquantième anniversaire du professorat de M. Edouard REUSS, la Faculté de Théologie protestante de Paris a adressé ses félicitations et ses vœux à l'éminent érudit qui a «< initié le public français à la connaissance de sciences trop ignorées » et « repris, au milieu de nous, avec un grand éclat, la belle tradition des hautes études théologiques ». A cette adresse la Faculté a joint, selor. l'usage des universités allemandes, deux mémoires dus à deux de ses membres : (Fischbacher, in-4o, 55 p.) une étude sur la notion hébraïque de l'esprit par M. A. SABATIER et un travail sur l'Ange d'Astarté par M. Philippe BERGER (ce dernier mémoire n'intéresse pas directement l'antiquité hébraïque; c'est une question d'épigraphie phénicienne; M. P. Berger croit avoir retrouvé le nom de l'ange d'Astarté en tête de l'une des inscriptions rapportées par M. Renan, d'Oum-el Awamid, près de Tyr).

Nous avons annoncé à nos lecteurs la deuxième édition de l'Histoire de l'esclavage dans l'antiquité par M. H. WALLON, Secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales et politiques, doyen de la Faculté des lettres de Paris. L'ouvrage, aujourd'hui complètement publié, comprend trois volumes. Le premier volume (Hachette. In-8°, CLXVII et 488 p.) renferme l'introduction sur l'esclavage moderne que M. Wallon avait mise en tête de l'édition de 1847, et qui est intitulée « l'esclavage dans les colonies» (on sait que le livre valut à l'auteur l'honneur d'entrer comme secrétaire dans la commission qui, grâce au « zèle ardent » de M. Victor Schoelcher et à la « ferme volonté » de François Arago, prépara et fit paraître dans un bref délai le décret d'abolition de l'esclavage; M. Wallon a reproduit ce décret à la suite de son étude sur l'esclavage moderne, CLXV-CLXVII). Tout ce tome premier est consacré à l'Esclavage en Orient et en Grèce. Le deuxième volume (517 p.) contient l'histoire de « l'esclavage à Rome depuis les origines jusqu'à l'époque des Antonins. — Enfin le troisième volume, qui vient de paraître (559 p.) est intitulé. « De l'esclavage et du travail libre sous l'Empire » et se termine par un chapitre consacré à l'influence du christianisme dans les lois des empereurs chrétiens en faveur des esclaves et au dernier état de l'esclavage dans l'antiquité. Chaque volume est accompagné de notes et d'éclaircissements, et l'on trouve dans le tome troisième une table analytique des matières contenues dans l'ouvrage. Nous rendrons prochainement compte de cette nouvelle édition.

- Le troisième volume des Extraits des auteurs grecs concernant la géographie et l'histoire des Gaules publiés par M. E. COUGNY pour la Société de l'histoire de France renfermera, sous le titre général de Philosophes et orateurs, des extraits nombreux d'Aristote, d'Ælien, de Lucien, de Polien, de Possidonius et d'Athénée. La Société publiera ensuite, selon toute probabilité, des Extraits des auteurs latins concernant la géographie et l'histoire de la Gaule; cette fois, les textes ne seraient pas traduits; M. de Witte aurait la surveillance de ce recueil.

- Le Cartulaire de l'Abbaye de Conques en Rouergue, publié par M. Gustave DESJARDINS, forme le deuxième volume des Documents historiques publiés par la Société de l'Ecole des Chartes. (In-8°, ccx et 518 p., 12 fr.); on y trouvera 850 chartes, pour la plupart antérieures à la fin du xe siècle et relatives à un grand nombre des provinces de la France.

Le tome er de l'Histoire de l'Abbaye de Saint-Michel du Tréport, par

F. B. Coquelin, religieux de la congrégation de Saint-Maur, a été publié, avec une introduction et des notes, par M. C. LORMIER pour la Société de l'histoire de Normandie.

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Deux volumes viennent de paraître, formant suite à la Patrologie de l'abbé Migne. Le premier et une partie du deuxième renferment les œuvres diverses du pape Honorius III; cette publication a été entreprise par M. HOROY.

M. Emile PICOT, dont nous avons annoncé récemment l'édition des Noelz de Jehan Chaperon, a publié le premier fascicule d'une Collection de documents pour servir à l'histoire de l'ancien théâtre français (Morgand et Fatout); c'est un opuscule petit in-12o de 21 pages, qui a pour titre : Notice sur Jehan Chaponneau, docteur de l'Eglise réformée, metteur en scène du Mystère des Actes des Apôtres joué à Bourges en 1536. Les autres fascicules de cette Collection se composeront des publications suivantes : Théâtre de Pierre du Val, poète et réformateur rouennais ; Théatre de Jacques Bienvenu, de Genève; Notice sur Jehan l'Espine de Pont-Alais,

etc.

L'éditeur Léon Willem publie une collection qui a pour titre : Trésor des vieux poètes français et où doivent figurer les Œuvres de J. de la Taille, seigneur de Bondaroy, p. p. M. de MAULDE; la Légende joyeuse de maistre Pierre Faifeu, par Bourdigné, p. p. M. A. de MONTAIGLON ; les Œuvres poétiques de Guillaume des Auteiz, p. p. M. James de ROTHSCHILD, etc. Très récemment M. P. BLANCHEMAIN a publié dans cette collection les Œuvres poétiques de Guy de Tours, avec préface et notes (2 vols. in-18, xxII-106 et v-99 p., 10 fr.). C'est aussi M. Blanchemain qui a mis la dernière main à l'édition des poésies de Jamyn, que M. Charles Brunet avait préparée pour la même collection (Œuvres poétiques de Amadis Jamyn avec sa vie, par Guillaume Colletet, d'après le manuscrit incendié au Louvre et une introduction, par Ch. Brunet. 2 vols. in- 18, 321 p. 10 fr.).

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Dans l'ouvrage qu'il a fait paraître chez Olmer (Nos pères, mœurs et coutumes des temps passés, in-8°, 778 p. 10 fr.), M. le marquis de BELLEVAL a voulu peindre dans une suite de tableaux la vie privée de nos ancêtres du xive au XVIIIe siècle dans le nord de la France et à Paris. Il a consulté, outre les documents imprimés, un certain nombre de documents inédits qu'il a tirés des archives de Paris, du Ponthieu, surtout de sa famille. Il est prolixe et commet parfois de légères erreurs; mais il a mis habilement en œuvre de nombreux matériaux, et la forme qu'il donne à ses laborieuses recherches ne manque pas d'agrément; rien de plus instructif que tout ce qu'il dit des vêtements et de leur prix, des voitures, des tournois, des duels, des corporations, de la vie que les gentilshommes menaient à l'armée ou dans leurs châteaux, etc.

- Un manuscrit qui date du xvir siècle, mais qui est évidemment la copie d'un original plus ancien, écrit vers l'année 1613, a été découvert par M. l'abbé GALABERT dans la hotte d'un chiffonnier. Il contient l'histoire des guerres de religion dans le Quercy, et, entre autres événements, le récit du siège de la petite ville de Caylus par les huguenots en 1562. M. GALABERT a publié ce manuscrit dans le Bulletin archéologique et historique de Tarn-et-Garonne. (1or trim.)

Le comte Jules de LABORDE a publié le 1 vol. d'un livre important, intitulé Gaspard de Coligny, amiral de France (Fischbacher, in-8', 659 p. 15 fr.). On sait que Coligny n'a pas encore trouvé de biographe : il faut toujours revenir à Hotman, Casparis Colinii magni quondam Franciae amiralii vita (1575); c'est Hotman qu'a surtout consulté Stæhelin (Protestantische Monatsblætter von Gelzer, 1858, xi et XI); Meylan reproduisit Stæhelin dans sa Vie de Gaspard de Coligny (1862) et Ledderhose remit Meylan en allemand. Le premier tome de l'ouvrage de M. de La

borde renferme la vie de l'amiral jusqu'en 1562 (édit de janvier); on y trouvera dans la première partie de nouveaux détails sur les premières années de Coligny, sur son gouvernement de Picardie, et sur le rôle qu'il joua dans les négociations qui amenèrent la trève de Vaucelles (1556); des extraits de son Mémoire sur la défense de Saint-Quentin (1557); le récit de sa captivité au château de l'Ecluse et à Gand jusqu'à la paix de Cateau-Cambrésis (1559). La seconde partie nous montre Coligny devenu le chef des protestants (conjuration d'Amboise qu'il désapprouve, assemblée des notables à Fontainebleau, colloque de Poissy): l'appendice renferme, entre autres pièces intéressantes, un grand nombre de lettres inédites de l'amiral. Un de nos collaborateurs rendra plus amplement compte de cet ouvrage.

-Notre collaborateur M. TAMIZEY DE LARROQUE a découvert dans un recueil de la Bibliothèque du grand Séminaire de Bordeaux et publié sous le titre de Mazarinades inconnues (Champion, in-8°, 141 p.) sept pièces, les unes en vers, les autres en prose, dirigées par les habitants de Bordeaux contre Mazarin et surtout contre le second duc d'Epernon (Querelle de la ville de Bordeaux avec le duc d'Epernon en forme de dialogue, faite par une demoiselle de Gascogne; Songe du duc d'Epernon étant à Cadillac; Histoire poétique des exploits admirables du duc d'Epernon, avec l'arrivée de madame la princesse en Guienne; Gazette croustilleuse et facétieuse contenant la rencontre et entretien de Mazarin, carnaval et carême sur la frontière de France; - L'amour des Bordelais envers messieurs les princes; — Récit et véritables sentiments sur les affaires du temps; Oraison funèbre sur la mort (fictive) du duc d'Epe 'non). M. Tamizey de Larroque a joint au texte inédit de ces Mazarinades un grand nombre de notes solides et curieuses qui prouvent une connaissance profonde de l'état de la France durant la Fronde; len appendice il donne la liste détaillée des 95 pièces contenues dans le recueil du grand Séminaire de Bordeaux qu'il a consulté.

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Le tome X des Archives de la Bastille, documents inédits recueillis et publiés par M. François RAVAISSON, est consacré aux années 1687-1692 (Pedone-Lauriel, in-8°, xxm et 508 p. 9 fr.). Les documents qu'il contient, n'ont pas une grande importance historique; ils concernent surtout Gatien de Courtilz, l'éditeur des faux Mémoires de d'Artagnan, le janséniste et implacable ennemi des Jésuites Billard, l'ex-calviniste Daniel de la Roque que Bossuet fit mettre en liberté, Jurieu, des protestants et des libellistes sur qui le Journal de du Junca et les correspondances de d'Argenson, de Barbezieux, de Pontchartrain, de la Reynie, etc.. ont fourni à M. R. des pièces curieuses. On remarquera l'affaire de faux où furent impliqués de Bar, Audiguier, etc., à propos de feuillets qui auraient été détachés du cartulaire de Brioude; le rapport de d'Argenson sur le Hollandais Vanderburgh qui offrait de tuer Guillaume III et que Louis XIV fit mettre à la Bastille, la solution que M. R. propose, après tant d'autres, à l'énigme du Masque de fer, etc. Mais est-il probable que ce prisonnier, gardé avec tant de soin et de mystère, ne fût autre, comme le veut M. Ravaisson, que le frère de la maitresse de Charles II, Sébastien de Penancourt, comte de Keroualle, enseigne des gardes du duc de Beaufort ?

Nous lisons dans un des procès-verbaux des séances du conseil d'administration de la Société de l'histoire de France que M. le marquis de Nettancourt, à Poitiers, possède, par héritage de famille, les pièces originales, au nombre de plus de neuf cents, relatives à la campagne que le maréchal Bazin de Besons fit en Alsace de 1710 à 1714, concurremment avec les maréchaux de Villars et d'Har court; il est à désirer que ces documents soient bientôt utilisés par un historien compétent.

Le troisième et dernier volume de l'ouvrage de M. VIDAL sur les instruments à

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