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déconcertés par cette interversion de numéros usités depuis plus d'un siècle, impatientés d'avoir à consulter chaque fois le tableau de la page xvi. Si nous avions un conseil à donner à M. J., loin d'introduire encore de nouveaux changements dans son édition classique, comme il l'annonce (p. Ix), il reviendrait, au contraire, à l'ancien ordre du bon vieux Gesner; non certes qu'il vaille mieux, mais simplement parce qu'il existe depuis longtemps et qu'on y est habitué 1.

Une nouvelle importante et fort réjouissante que nous apprend le chapitre II, c'est que M. J. a retrouvé enfin l'exemplaire de l'édition Aldine où Giraldus avait inscrit sa collation du célèbre vieux ms., le meilleur de tous. Comme on pouvait s'y attendre, il se trouve que la reproduction de cette collation par Heinsius était loin d'avoir l'exactitude qu'on met aujourd'hui à de pareilles choses. Il a donc fallu une assez longue liste d'additions et de corrections à faire aux notes critiques du premier volume de M. Jeep.

Mais il paraît aussi que la collation elle-même n'est pas faite comme on les fait de nos jours, de telle sorte que l'édition Aldine, corrigée d'après les notes prises par Giraldus sur son ms., reproduirait exactement le texte de ce ms. M. J. en tire cette conclusion: neque idcirco opus esse ut Aldinae editionis scripturas excerpamus (p. xxm). Pour toute la masse des variantes insignifiantes sur des passages dont la leçon ne saurait être douteuse, nous abondons dans son sens. Mais nous ne rétractons pas pour cela l'opinion émise autrefois, Revue critique, 1877, I, p. 192. Il nous semble toujours que sur les passages douteux de quelque importance, où la collation est muette, il serait désirable de connaître la leçon de l'édition Aldine, puisqu'il est au moins probable que c'est aussi la leçon du ms. de Giraldus. Cette probabilité serait doublée là où l'autre collation du même ms. étant muette aussi, l'édition princeps sur laquelle elle est faite présenterait la même leçon que l'édition Aldine.

Au reste, M. J., tout en constatant que cette autre collation (les Excerpta Lucensia) n'est pas plus exacte 2, ne tire pas de cette observation la même conclusion. Bien au contraire, allant à l'extrême opposé, il consacre vingt-huit pages à donner la liste complète des leçons de l'édition princeps qui diffèrent de son propre texte. Ayant sur la conscience une réclamation comme celle qui vient d'être rappelée, on peut bien, en présence de ce flot de variantes, éprouver quelque chose des sentiments de l'apprenti magicien de Goethe!

1. L'inconvénient signalé se fait sentir particulièrement dans plusieurs petits poemes dont on a oublié d'indiquer l'ancien numéro entre crochets (LXXI, XCIII-XCV, XCVIII-C1).

2. Il paraît aussi (p. xvIII, XIX, XXVII) qu'il n'est pas toujours facile de distinguer la collation des différentes notes d'autre nature jetées sur les mêmes marges. C'est par là, sans doute, que s'exp iquent des contradictions comme Bell Get. (xxv1), 3 Aeetam g Oetham G 98, conscia G nuncia g 543,rudebat Giubebat g, vi Cons. Hon. (xxvi) 612, l' genius G generis g 635, nec G uel g, Laus, Ser. (xx1x) 8, permessius g parnasidos G., et, etc.

Les chapitres vIII et Ix font une diversion à ces questions de critique du texte. Le chapitre vin (p. LVII) est consacré à l'imitation de Claudien par Sidoine Apollinaire, le chapitre Ix (p. LXXVI à CXLVIII), en partie d'après M. Gramlewicz 2, à celle que Claudien lui-même a faite des poètes ses prédécesseurs 3. M. J. accompagne ce dernier chapitre de réflexions très sensées sur l'usage à faire de pareilles observations.

Mais la critique du texte reprend ses droits au chapitre x, où M. J. veut bien obtempérer à un autre vœu formulé dans la Revue critique, (1877, I, p. 186). Nous ne voudrions certes pas avoir l'air de chicaner M. J. quand il répond avec tant de bonne grâce à une précédente critique. Mais nous ne saurions, sans faire tort à la vérité, nous déclarer entièrement satisfait de sa réponse. M. J. a admis dans son texte trois vers 4 qui ne se lisent, à ce qu'il paraît, dans aucun ms., et pas mal de leçons qui ne se trouvent que dans des mss. attribués à des familles plus ou moins suspectes. Ou bien ces vers et ces leçons sont authentiques: alors il existe une tradition du texte de Claudien en dehors des familles de mss. reconnues par M. J., et il valait assurément la peine d'examiner si l'on ne pourrait reconstituer cette nouvelle famille et l'exploiter davantage. Ou bien les vers et les leçons dont nous parlons sont d'invention moderne alors il fallait les supprimer, ou les mettre en italiques et nommer les inventeurs. Il semble difficile d'échapper à ce dilemme. M. J. croit pouvoir cependant passer à côté. Comme s'il s'agissait de butiner, à l'ancienne façon, dans les vieilles éditions parce qu'elles sont vieilles, il dresse une liste de variantes de six ou sept éditions du xve et du xvre siècle, principalement pour le De IV consulatu Honorii, et n'y trouvant guère de bonnes leçons, il les congédie avec imprécation, puis il ajoute (p. CLIV): Facile uero iam apparet uersus 432, 509, 637 IV cons. Hon. non antiquiori uel meliori fonti deberi quam quem antiquissimi codices praebent quibus nunc utimur, sicut excerpta Florentina et Vaticanus liber. Ii uersus aut ab editore editionis Basileae a. 1534 prolatae, in qua

1. Une table des matières de la préface n'eût pas été superflue. 2. Voyez Revue critique, 1879, I, p. 71.

3. En fait d'imitations, il reste toujours à glaner. Comp. Prob. et Olyb, cons. 234, obstupuit... uocem... tenuere: Virg., A. II, 774, obstupui... uox... haesit. In Ruf., I, (111) 209-219: Lucr., II, 20 suiv. 213, turba salutantum... perstrepit aedes : Virg. G., II, 462, salutantum totis uomit aedibus undam. 215, uiuitur exiguo melius : Hor., C., II, 16, 13, uiuitur paruo bene. Nupt. Hon. (x) 289, primus amoris Sollicitauit odor... notos... amnes: Virg. G., III, 130, concubitus primos iam nota uoluptas Sollicitat, 251, notas odor attulit auras. 294, spes gregis: Virg. E., I, 15, spem gregis.Bell. Gild. (xv) 43, Pyrrhae saecula: Hor. C., I, 2, 6, saeculum Pyrrhae. 96-98: Virg. A., VI, 851-853 (imitation évidente, sans un mot répété). Manl. cons. (xvii)4, nil opis externae cupiens, nil indiga laudis : Luc., II, 650, ipsa suis pollens opibus, nil indiga nostri. 82, collidunt caecis primordia plagis : Lucr., II, 121, primordia, 129, plagis percita caecis. 84, Graiorum obscuras artes : Lucr., I, 136, Graiorum obscura reperta. XXXIV, 14, fila canora lyrae (Lact., de Phoen., 50, fila canora lyrae) : Ovid. Am., I, 8, 60, consona fila lyrae, etc., etc.

4. De IV cons. Hon., VIII, 432, 509, 637.

editione primum leguntur, bene compositi et iusto loco additi sunt, quo sententia abrumpebatur, aut a librario quodam critico adiecti in margine exemplaris ms. quo editor ille usus est et ab editore iure in contextum tralati. Simile exemplum inuenimus Rapt. Pros. II, 118. Quos, cum bene metrum et sententia in iis procedant, cur aliis uersibus repellamus non esse nemo non concedit.

Eh bien, non, nous ne pouvons pas l'accorder. Non, il ne fallait pas imprimer ces vers 1 comme le reste, puisque M. J. les croit interpolés; il fallait les supprimer, pour être conséquent, puisque ailleurs M. J. n'essaie pas de combler les lacunes, ou tout au moins il fallait les signaler au lecteur comme des conjectures; enfin et surtout il fallait s'expliquer sur leur provenance. C'est ce que M. J. fait à présent. Nous lui en savons gré. Mais encore, tout le monde acceptera-t-il son explication? Ces vers ont-ils vraiment les caractères de vers interpolés? Et en les rapprochant des leçons assez nombreuses que M. J. n'appuie que sur des autorités médiocres d'après lui, et qui, cependant, n'ont pas l'air non plus de conjectures de copistes, ne gardera-t-on aucune arrière-pensée? Pourrat-on cesser tout à fait de croire qu'il a dû exister jusqu'à ces derniers siècles d'autres sources du texte de Claudien que celles qui ont été mises au jour avec tant de labeur et de sagacité par M. Jeep?

Nous ne répéterons pas ce qui a été dit précédemment, dans la Revue critique et ailleurs, de la constitution du texte et de la critique exercée par M. Jeep. Tout en faisant droit, dans une juste mesure, aux observations qui lui ont été présentées, il a suivi, dans ce nouveau volume, les mêmes principes que dans le premier, il a fait preuve des mêmes qualités, et il obtiendra sans doute une pareille approbation de tous les juges équitables. Nous nous bornerons à proposer quelques doutes, quelques conjectures sur des passages isolés.

De Bello Pollentino (Getico) (xxv1) 25 uirides galeis sulcos ne me paraît pas impossible (M. J. corrige nitidos). De Rapt. Pros. II, 100, et de VI Cons. Hon. 561 3, pour ne parler que du vert, et beaucoup d'autres passages (pensez au uere rubenti de Virgile, G., II, 319!) prouvent que l'emploi des mots qui désignent les couleurs a, chez les anciens, des limites moins étroites, ou, si l'on veut, autres, que chez nous. C'est, du reste, une observation dont on a trop parlé ces dernières années (Magnus, Gladstone, etc.) pour qu'il y ait lieu d'insister.

126. Mariiue serait plus correct que Mariique.

150. La conjecture per bellum de M. Paul est inutile; post bellum dit

1. Le vers Rapt. Pros., II, 118, puisque M.J., partageant notre soupçon, Revue critique, 1875, II, p. 8, le regarde aussi comme interpolé, aurait pu être supprimé de même, ou bien mis entre crochets, parce qu'il se trouve cependant dans certains mss.

2. 1875, II, p. 5 à 9; 1877, I, p. 186 à 193.

3. Il est probable que toutes les pierres précieuses du diadème et de la trabea (de pourpre) n'étaient pas vertes.

la même chose. (Comp. post hominum memoriam, ou bien, Justin VIII, 1, 6, post arma et bellum, une fois les armes prises et la guerre commencée.) Mais, en tout cas, il s'agit de la seconde guerre punique, car dès les premières années de celle-ci, et non pas seulement à la fin, il y eut des soldats nés après 241. Patrum même désigne ceux qui sont morts au commencement de la guerre d'Annibal.

394. Gerenti est assez conforme au récit de Tite Live, xx, 37, 12; 38, 10, 11, puisque, en reprenant des villes qui avaient passé à Annibal, Valerius combattait bien ce dernier; quoque mandant ne serait pas exact, avec gerentes; enfin Laeuino requiert une épithète.

396. Une distraction de Claudien mettant consul pour praetor est plus probable que le changement inverse, par un copiste qui aurait eu praetor sous les yeux.

De VI Cons. Hon. (xxvIII) 406, Externi (ou Hesterni) pour Interni ne s'expliquerait ni par une erreur du copiste ni par un changement voulu; d'ailleurs vis-à-vis d'une faction furieuse (furoris), les triomphes ne mériteraient guère d'être appelés sontes. Il serait plus simple de lire fultusque au v. 405 (Gesner, en note).

Laus Ser. (xx1x) 91. Comment si serait-il né de cum? D'ailleurs, si cessissent convient aussi bien, si ce n'est aussi mal, car il y a dans ces huit vers (86 à 93) un mélange inouï de temps de verbes.

Gigantom. (xxxvII) 6. Comment aurait-on fait nec de uix? ni l'apparence des lettres ni le sens n'y portait.

Ep. ad Olyb. (XL) 6. Nec au lieu de Et affaiblit la gradation. 5 cedere fatetur donne une idée d'infériorité, 6 non uincit seulement d'égalité. D'ailleurs diuitiis animi - fortuna, oris copia opes forment une espèce de double chiasmus assez élégant.

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Deprec. ad Hadr. (xxxIx) 20. Voici les raisons qui me feraient suspecter ce vers Alexandre n'est pas conditor patriae, à moins qu'on ne l'entende avec Gesner de la patrie d'Adrien et de Claudien, ce qui serait mal exprimé et n'a rien à faire dans la question. Hostibus parcere n'est pas ce que Claudien demande à Adrien, mais concedere iacenti. Hic, ille (20), hunc (21) pour désigner la même personne est peu élégant. Enfin on comprend que ce vers ait été ajouté pour empêcher que hunc 21 ne fût rapporté à Poro (19); mais les vers 17 à 19 devaient former une parenthèse. En tout cas, ce vers fait bien pauvre figure au milieu des autres qui sont, pour la plupart, très bien venus.

In Jacobum mag. eq. (LXXVI) 6. Claudien aurait-il prit pour un u bref l'u de Susanna? On aimerait aussi savoir comment toute cette épigramme s'accorde avec l'opinion de M. J. (vol. I, p. vii, xi) d'après laquelle Claudien était païen. L'article Jacobus, à l'index, aurait fourni l'occasion de le dire.

Nilus (XLVII) 4 arcum n'a certes pas l'air d'un glossema pour Irin; on comprendrait plutôt l'inverse. Il me semble qu'on peut aussi bien dire inuocat arcum que inuocat cauros.

Enfin, je signalerai quelques corrections de M. J. qui me paraissent particulièrement remarquables. Laus Ser. (xx1x) 167 suiv. obice rupto— decepti. de Polyc. et Perd. (LXIX) 2 Sanguinis et fetum. Aponus (XLIX) 21. tepescant. 49 ora, (en effaçant la virgule après ambitus 50). Nilus (XLVII) 2 spectat. De crystallo (LX) 8 Et lapides merito. De Piis fratribus (L) 35, patris alleuat aether.

Un appendice renferme les poëmes qui se trouvent dans des mss. ou des éditions de Claudien sans pouvoir lui être attribués d'après le principe mentionné plus haut, ni, pour la plupart, par d'autres raisons. Quelques-uns ne figuraient pas, jusqu'ici, dans les éditions de Claudien. Le Phénix de Lactance ne lui a même jamais été attribué. Mais on le lit, après le Phénix de Claudien, dans l'important ms. de Vérone, découvert par M. Jeep. Celui-ci a confié le soin d'une nouvelle recension à M. Alexandre Riese, qui avait eu l'occasion de l'éditer déjà dans l'Anthologie latine (no 731) et qui s'est appliqué dernièrement 1 à démontrer que ce poëme est vraiment de Lactance, le « Cicéron chrétien »>.

Enfin M. Jeep a enrichi son édition d'une chose bien utile, un index des noms propres avec de nombreux renseignements sur les principaux personnages du temps, recueillis dans les historiens anciens et dans les inscriptions. Il y a là à la fois un secours bien précieux pour le lecteur de Claudien qui n'a pas fait une étude spéciale de l'histoire de son époque, et des matériaux tout prêts pour ceux qui l'écriront.

Max BONNET.

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205. Walter W. SKEAT, The Vision of William concerning I lers the Plowman, by W. LANGLAND. Notes to texts A, B and C. Londres, Trübner (Early English Text Society). 1877, in-8°, 512 p. - Prix: Une guinée.

I

On connaît l'excellente édition du Piers Plowman que M. Skeat a publiée sous les trois formes que l'auteur du poëme, William Langland, lui a données à différentes époques. Ces trois textes que M. S. appelle A ou Vernon, B ou Crowley, C ou Whitaker, ont paru en 1867, 1869 et 1873, dans les séries de l'Early English Text Society. Les dates de leur composition seraient 1362, 1387 et 1393. Les variantes des différents mss. employés pour la publication de chacune des trois versions, sont indiquées au bas des pages; des analyses marginales très soignées rendent faciles les rapprochements et de longues introductions font connaître la valeur des mss., la biographie de l'auteur, et appellent l'attention sur les allusions que renferme le poëme et le dialecte dans lequel il est écrit.

1. Rhein. Museum, xxx1, 1876, p. 446 et suiv.

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