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cet écrivain s'occupe dans son livre II. Ses recherches n'ont pas été infructueuses, et il a réussi à jeter quelque lumière sur certains points de l'organisation militaire de Rome.

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181. E. NAPP. De rebus imperatore M. Aurelio Antonino gestis; quæstiones historicæ atque chronologicæ de bello Armeniaco, Parthico et de Avidii Cassii seditione. Bonnæ, in libraria Habichtiana, 1879, in-8°, 130 p..

Cette thèse ne trouverait pas, je crois, un bon accueil auprès de la faculté des lettres de Paris. Elle est confuse dans sa brièveté, mal composée, et, en somme, un peu vide. L'auteur parle de tout, sauf du sujet lui-même; il en explore avec soin les alentours; mais il y pénètre à peine. Il n'y consacre pas plus de vingt-cinq pages, et encore ces pages sont-elles encombrées de longues notes, parfois inutiles. Il ignore, en général, l'art de conduire une discussion. Il sait interpréter les textes, il ne sait pas toujours les grouper, les mettre en relief, les éclairer les uns par les autres. Son travail n'est qu'une série de remarques sur des points de détail, le plus souvent sur de petites difficultés de chronologie.

Néanmoins, si l'on prend son parti de ces graves défauts, on reconnaît que cette thèse ne manque pas d'intérêt. M. Napp a recueilli et reproduit en appendice tous les documents épigraphiques et numismatiques qui se rapportent à la question; il s'est efforcé de déterminer avec précision des dates jusqu'ici incertaines; enfin, il a réuni quelques renseignements exacts sur L. Verus, Avidius Cassius et les généraux romains qui commandèrent dans la guerre des Parthes.

P. G.

182.

Lectures on Welsh Philology, by John RHYS, M. A., Professor of Celtic at Oxford, etc. Second edition, revised and enlarged. xiv-466 p. in-12. London, Trübner 1879. Prix: 15 sh. (18 fr. 75).

La première édition de ce livre avait paru en 1877: son rapide succès montre l'intérêt que les études celtiques trouvent aujourd'hui en Angleterre, et plus particulièrement en Galles. En dépit du proverbe que «nul n'est prophète en son pays », M. Rhys jouit d'une autorité incontestée dans le pays de Galles : c'est lui le plus souvent qui, dans les Eisteddfodau ou concours littéraires du pays de Galles, décerne les prix dans les questions de philologie. Les Gallois, de leur côté, sont fiers de voir un de leurs compatriotes occuper la chaire de philologie celtique créée il y a peu d'années à l'Université d'Oxford.

Ce volume s'appelle Lectures ou conférences, parce qu'il est sorti

d'une série de conférences faites par M. R. en 1874 à l'Université galloise d'Aberystwyth : l'auteur en les publiant les a remaniées et augmentées, mais il en a gardé la disposition première. Nous ne croyons pas qu'il ait eu raison de le faire: un livre a forcément un autre cadre qu'un cours. La liberté d'espace et de développements qu'on a dans un livre, permet de mieux diviser ce qu'on a dû souvent enfermer dans une leçon; mais depuis l'immense succès des lectures de M. Max Müller, les savants d'Outre-Manche sont aisément tentés d'imiter cette forme.

Au point de vue de la division des matières, l'ouvrage de M. R. se compose de sept lectures: I. Principes de la linguistique et classification des langues celtiques. - II. Les consonnes galloises. III. Les voyelles galloises. IV. Esquisse de l'histoire de la langue galloise. V. Histoire de l'alphabet gallois. - VI. Les inscriptions oghamiques. VII. Essai de reconstruire l'histoire de l'alphabet oghamique. Un long appendice est consacré principalement aux inscriptions latino-chrétiennes du pays de Galles. Si nous critiquons M. R. d'avoir conservé cette division de ses lectures, c'est que son chapitre v eût gagné à être fondu dans le chapitre п et ш. On pourrait croire d'après le titre (Histoire de l'alphabet gallois) que c'est une étude de paléographie. Or, M. R. n'y touche cette question qu'en passant il y parle des lettres surtout au point de vue des sons qu'elles représentent et de la transformation de ces sons. C'est comme un dédoublement de l'étude qu'il a précédemment consacrée aux voyelles et aux consonnes. Il aurait mieux valu traiter tout cela d'un même coup et d'une seule teneur.

Un livre de ce genre sorti de lectures adressées à des jeunes gens novices en philologie est forcément un mélange de choses déjà connues et de choses nouvelles. Ce qui ici est déjà connu, ce sont les traits généraux de la phonétique et de l'étymologie galloise à cela près que M. R. a souvent renouvelé son sujet par des observations originales et par l'apport de faits négligés avant lui. Ce qui, au contraire, est nouveau, c'est une théorie sur la classification des peuples celtiques, c'est surtout une étude des inscriptions oghamiques de la Grande Bretagne : cette dernière partie est à certains égards une révélation, car ces inscriptions n'avaient pas encore été réunies, confrontées et examinées avec une sévère critique. C'est enfin un essai d'histoire de cet alphabet.

M. R. aime les hypothèses; il est de ceux qui dédaignent de «< jurer par les paroles du maître ». Aussi ne doit-il pas s'étonner qu'on hésite souvent à le suivre. On a jusqu'ici rattaché les anciens Bretons aux Gaulois en les séparant des Irlandais, en se fondant sur la façon dont la gutturale primitive K ou Qy est traitée en gaulois, dans les langues britanniques et en irlandais. Or le Gaulois l'avait changée en p comme l'attestent le mot epo-s « cheval », conservé dans un grand nombre de noms propres, le nom de nombre quatre petor, conservé dans le nom d'un char gaulois petorritum. Les Irlandais ont gardé la gutturale; ils disent ech «< cheval» et cethir « quatre », tandis que les langues britanniques,

d'aussi loin qu'on les connaisse, ont le p comme le gaulois, petguar aujourd'hui pedwar en gallois pour « quatre », ep « cheval » conservé dans le dérivé ebol « poulain ». Une ville du nom de IПletovapía, mentionnée par Ptolémée, comme habitée par un peuple de Пapicot près de l'Humber, semble indiquer que ce phénomène est ancien. Il était, en tout cas, un fait accompli quand les Bretons de l'île sont venus, aux ve et vi° siècles, se réfugier en Armorique.

Or M. R. soutient que cette transformation phonétique est relativement récente chez les Bretons, qu'au temps des Gaulois les Bretons parlaient la même langue que les Irlandais, et qu'il faut diviser les Celtes en Gaulois d'une part, et Gaëls (ou Irlandais) et Bretons de l'autre. Mais, pour arriver à ce résultat, il est forcé de sacrifier le sud de la Grande-Bretagne et une partie de l'est (la région où se trouve cette malencontreuse ville de Пletovapía qu'il abandonne à des colonies gauloises), ne revendiquant pour les vrais Bretons que l'intérieur et l'ouest. L'argument principal sur lequel il s'appuie est la présence de Qv devenu plus tard p, dans les inscriptions oghamiques du pays de Galles. Mais il n'est pas certain que ces inscriptions soient britanniques (voir les observations de M. d'Arbois de Jubainville dans la Revue Celtique, t. III, p. 282 et sq). Nous sera-t-il permis d'ajouter, sans crainte de passer pour sceptique, qu'il n'est pas sûr que ces inscriptions soient bien lues?

Au surplus, en accordant même à M. R. que les Bretons auraient changé qu en p plusieurs siècles après les Gaulois, il n'est pas moins certain qu'ils l'ont fait, tandis que les Irlandais ou Gaëls ne l'ont pas fait. Il y avait donc là, au moins en puissance et en virtualité, une différence très caractéristique qui justifie la classification établie par Zeuss et acceptée depuis par tous les celtistes 1.

La partie la plus originale du livre de M. R. est celle qu'il a consacrée aux Oghams: mais pour des monuments où la lecture des caractères est si délicate, on regrette de n'avoir pas sous les yeux de fac-simile qui permettent de vérifier l'exactitude des lectures de M. R. — M. R. ne donne que comme une hypothèse « son essai de reconstruire l'histoire de l'alphabet Oghamique » et cette déclaration arrête la critique. En effet, son essai est une série de conjectures qui nous ont paru très-subjectives et que l'on ne suit pas aisément ce qui nous a le plus étonné, c'est que M. R. ne se soit pas occupé de la transformation

1. Pour la même raison, quoiqu'en dise M. R., p. 194, nous regardons comme une analogie de plus entre le gaulois et les langues britanniques que le gaulois avait un son dental sifflant représenté dans les inscriptions par un D barré et que les Gallois ont un son analogue qu'ils représentent par dd = le th anglais doux (comme dans this, thou). Ce son ne se trouve pas figuré avant le 1x siècle (dans un mot du manuscrit de Lichfield où il est représenté par le d barré des Anglo-Saxons); mais à supposer qu'il n'ait pas existé comme contemporain du D barré gaulois, il y avait là une tendance qui s'est développée plus tard. C'est ainsi que la ressemblance entre parents ne frappe souvent les yeux que lorsque les traits sont entièrement formés.

matérielle des lettres d'un alphabet à un autre, mais qu'il s'en soit tenu à des considérations théoriques et abstraites sur la valeur des lettres et sur l'ordre dans lequel elles devaient avoir été groupées. M. R. luimême ne semble pas avoir une opinion bien arrêtée sur la question. Car en un endroit il fait venir l'alphabet oghamique de l'alphabet phénicien, sans dire par quel intermédiaire (p. 291), ce qui seulement est l'important; dans un autre endroit, il le fait venir des Teutons, ceux-ci l'ayant reçu eux-mêmes « directement ou indirectement » des Phéniciens (p. 331); ailleurs encore il fait remonter la forme des lettres de cet alphabet (qui consiste en simples coches diversement disposées) à la période quaternaire et à la fin de l'âge du mammouth (p. 290 et 346) 1.

Dans ce chapitre M. R. s'occupe beaucoup des runes teutoniques, mais il ne parle pas des runes britanniques (ou du moins prétendues telles) conservées dans un manuscrit de la ville où il réside (bibliothèque Bodléienne d'Oxford, ms. n° 572). Elles ont été reproduites, mais sans indication de l'âge et de la provenance du manuscrit, dans Dosparth Edeyrn Dafod Aur, p. 12. Nous aurions aimé à avoir sur cette question le jugement du savant professeur.

Nous avons enfin une critique plus générale, mais celle-là d'ordre tout à fait matériel, à adresser à M. Rhys. Il s'est borné à diviser son livre en sept chapitres avec des titres très généraux : une sous-division en paragraphes, ou tout au moins un sommaire des chapitres eût permis au lecteur de suivre plus aisément l'ordre des idées de l'auteur. - Pourquoi M. R. s'est-il systématiquement abstenu de références? C'est encombrer quelque peu ses pages, mais il nous semble qu'en matière d'érudition on doit l'indication de ses sources, pour que le lecteur puisse en vérifier l'emploi ou y chercher un supplément d'information. M. R. nous dit, par exemple, que telle expression se trouve « in one of the lives of the Irish saint Monenna or Modvenna, a contemporary of St Patrick » (p. 86); ou bien que « the year 616 has been given by some Welsh writers as the date of St Cadfan's death » (p. 160), ou encore que la ville d'Epeiacum mentionnée par Ptolémée « is identified by some with Hexham, by others with Lanchester and by others, with more probability, with Ebchester » (p. 182). De plus savants que nous, parmi les lecteurs de M. R., ne seraient pas embarrassés par cette façon de citer, et sauraient remonter promptement aux sources. Nous avouons humblement ne pas être dans ce cas et nous confessons que quelques notes au bas des pages nous eussent été fort utiles. Elles eussent même, par endroit, été utiles à M. R. pour le décharger de la responsabilité de citations erronées. Ainsi, p. 187, il cite une légende monétaire gauloise CANAVNOIS que nous croyons ne pas exister. Si M. R. eût nommé son informant, la respon

1. C'est également à l'époque quaternaire que M. R. rattache l'usage d'écrire de gauche à droite.

sabilité de l'erreur fût revenue à ce dernier; dans l'état, elle retombe sur lui-même 1.

Nous ne voudrions pas que le lecteur se méprît sur la portée et la valeur de nos critiques, faites surtout en vue d'une nouvelle édition, que le livre aura encore quelque jour. L'ouvrage de M. Rhys est de ceux qui font avancer la science dont ils traitent et il est indispensable à quiconque s'occupe de philologie galloise et d'inscriptions britanniques. Ce que nous avons voulu, c'est faire entendre aux oreilles de l'auteur l'appel ardent du poète américain : Excelsior!

H. GAIDOZ.

183.

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Homeri quæ nunc exstant an reliquis cycli carminibus antiquiora jure habita sint, auctore F. A. PALEY, M. A, Homeri Iliadis, Hesiodi, Eschyli, etc., editore. Londres, Norgate. Prix: 18 pence.

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Il est très difficile d'apprécier les idées émises par M. Paley sans rentrer dans une discussion qui peut paraître épuisée, sans reprendre à nouveau toute la question homérique et reproduire ou réfuter des arguments qui ont déjà été bien des fois mis en avant. M. P., comme le fait deviner le titre même de sa brochure, est de ceux qui ne croient pas à la haute antiquité de l'Iliade et de l'Odyssée. Dans sa réaction contre les opinions traditionnelles, il va plus loin que Wolf. Ce n'est pas au temps de Pisistrate qu'il place la rédaction de l'Iliade et de l'Odyssée, selon lui, l'écriture ne servait alors qu'à la rédaction de documents très courts, tels que textes de loi, inscriptions votives, épitaphes, etc.; la Grèce ne connaissait pas encore le livre, et il aurait été impossible de mettre par écrit un poëme de la longueur de l'Iliade. Les Tragiques mêmes n'au

1. Voici la phrase de M. R. « A similar instance seems to offer itself in the Gaulish CANAVNOS said, à propos of coin n° 129 in the Dictionnaire Archéologique de la Gaule which was begun in Paris in 1867, to occur on money which is there attributed to the Arverni. » Quelques lecteurs pourront croire que cette lecture se trouve dans le Dict. Archéologique; nous n'y avons rien vu de semblable à l'article Arverni où il est parlé des monnaies de ce peuple, et, quant à la monnaie n° 129 des planches, on y lit DCVNANOS.

2. « Librorum scribendorum consuetudine etiam si, quod non credo, Peisistrati ætate utebantur, tamen tantam molem Homericorum quantam illi noverant perscripsisse laboris plus quam Herculei fuisset » (P. 12). Dans une note de la même page, il ajoute ceci : « Formæ litterarum, ut ex vetustissimis monumentis constat, etiam diu post Peisistratum ex erant ut ad libros scribendos vix accommodari possent. Miror equidem doctos homines de scripto Homero etiam Solonis ætate balbutientes, qui non debebant tam confidenter affirmare quod probare non poterant. » M. P. me paraît commettre ici la faute qu'il reproche à ceux qu'il combat. Il ne juge l'écriture grecque du vie siècle que par des textes gravés au ciseau sur le bronze et le marbre; mais ne sait-il pas comme la forme et l'aspect des lettres d'un même alphabet se modifient aisément dès que l'on change d'instrument et de matière? Déjà les lettres écrites à la pointe du pinceau sur les vases à figures noires, que l'on croit de ce temps, ont

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