Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Sommaire: 154. BARGÈS, Recherches archéologiques sur les colonies phéniciennes établies sur le littoral de la Celtoligurie (second article). 155. FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique. 156. WORMSTALL, L'Hespérie, solution du problème historique et religieux de l'ancien monde. 157. HOECK, Sur le discours de Démosthène contre Panténæte. 158. PHILASTRE, Premier essai sur la genèse 159. L'Evangile Zographos, p. p. JAGIC. 160. GRIMM, La poésie politique de Walther de la Vogelweide.. 161. SEUFFERT, Les Abdéritains de Wieland. 162. DE CESARE, La vie, le temps et les ouvrages Académie des Inscriptions.

du langage et le mystère antique.

de Scialoja.

[ocr errors]

[ocr errors]

154.- Recherches archéologiques sur les colonies phéniciennes établies sur le littoral de la Celtoligurie, par M. l'abbé G.-J.-L. BARGÈS. Paris, E. Leroux. 1878, 160 p., in-8. — Prix : 7 fr. 50.

II

M. l'abbé Bargès s'est proposé de résumer dans ce travail tout ce qui a été dit relativement aux colonies fondées par les Phéniciens dans le midi de la Gaule, sur la côte de la Méditerranée. Un aperçu bibliographique de la question et une esquisse sommaire de l'état où elle était arrivée au moment où elle est prise par l'auteur, n'eussent peut-être pas été superflus, d'autant plus que M. B. s'est donné pour tâche, comme il nous en avertit, de corriger et de compléter ses devanciers. On trouve de quoi combler cette lacune dans le second volume de l'excellent ouvrage de M. Desjardins 1, paru en même temps que le livre de M. Bargès.

Pour établir historiquement la présence des Phéniciens en Gaule, M. B. se sert de trois ordres de preuves: l'étude des textes anciens; l'examen des monuments attribués aux Phéniciens; enfin les données fournies par la philologie et les langues orientales. Ce sont surtout les preuves des deux dernières catégories qui doivent attirer notre attention, parce qu'elles contiennent quelques nouveaux éléments de discussion.

1. Géographie hist. et admin. de la Gaule romaine, II, 125-140.

1. Je ferai, en passant, une petite querelle à M. Bargès. A la page 9 de cette dissertation, M. B. s'appuie sur une certaine figure moabite, sortant de l'officine que l'on sait, pour admettre l'existence chez les Moabites d'une divinité féminine appelée El! Si M. B. n'a pas d'autre preuve à nous fournir, il fera bien de consigner, jusqu'à nouvel ordre, la déesse El à la porte de l'Olympe sémitique.

Nouvelle série, VIII

34

Depuis longtemps l'on avait comparé le nom de l'antique Ruscino 1 (près de Castel-Roussillon) à celui de la Rusconia, Rusgunia, Povexó, vtov, africaine, voisine de Carthage. J'admettrai sans trop de peine, avec la majorité des savants, l'explication de la première partie du nom Rus roch tête. Philologiquement, cela peut aller. Géographiquement, c'est une autre affaire. La côte dans cette région, au moins en son état actuel, est sensiblement droite, sans sinuosités. Je cherche le cap qui aurait motivé l'emploi du mot roch. La seconde partie du mot est fort difficile et j'avoue que l'étymologie proposée par M. B. hino ou heino sein, giron, et, par extension, golfe, ne me satisfait guère plus que celle de Gesenius: konaah, genou. Les exemples cités par M. B. à l'appui de la transcription d'un khet par un c ne sont rien moins que probants. Cependant l'on pourrait faire valoir à la rigueur, en faveur de l'hypothèse de M. B., un argument qu'il a négligé, parce qu'il ne se préoccupait pas de la difficulté : l'existence, à côté des formes Poucxivov et Pécxuvos, de la forme Pózovos, Roschinus 2. Mais ces oscillations entre ch et c, % et x, tiennent peut-être précisément à la présence, dans l'élément douteux, d'un kaf, avec ou sans daguech 3... Ici encore je me demanderai quel serait le golfe visé par cette dénomination.

Monaco, Portus Monaci, ou Portus Herculis Monaci, est un des points où l'on s'accorde le plus généralement à reconnaître une trace réelle du passage des Phéniciens. Je partage les doutes émis par M. B. sur l'explication de Móvotxos, qui n'a qu'une maison, qu'un temple, épithète du Melgarth Tyrien . Mais celle qu'il propose d'y substituer Menih, Manoh, Menouhah, Moneh, « celui qui fait reposer (les navigateurs), » est-elle à l'abri de toute critique? Je ferai tout d'abord à cette étymologie la même objection que tout à l'heure pour la transcription du het par un x. M. Robert Mowat a récemment signalé 5 à l'appui de cette explication, l'existence d'un type d'Hercule Pacifer sur certaines monnaies impériales, type qui pourrait nous représenter l'Hercule gaulois. Mais l'Hercule Pacifer n'est-il pas tout simplement l'Hercule porteur du rameau d'olivier, symbole de la paix, olivarius, Oakλopópog? Peutêtre faut-il chercher dans Móvotxos un surnom topique d'Hercule, de l'Hercule sémitique, si l'on veut, et par conséquent, à la base de ce mot un nom de lieu primitif devenu surnom du dieu, avec quelque altéra

1. Ῥουσκίνων, Ῥουσκινόν, Ruscio (cf. le feuve Ῥουσκίων).

2. Nom du fleuve homonyme de la ville.

3. Peut-être faut-il comparer à 'Pous+xívov, le nom antique de Barcelone, la Punica Barcino d'Ausone: (ẞapxéλλwv) ßap+xıvõv, qu'on a bien arbitrairement voulu expliquer par le nom fameux de Barca.

4. Je ne crois pas, comme on l'admet, que les Phéniciens se fissent scrupule d'élever un temple à Melgarth en dehors de Tyr. Cf. l'autorisation accordée à des Tyriens par les Athéniens pour fonder un temple d'Hercule. Foucart, des Assoc. relig., p. 224.

5. Revue archéologique, sept.

oct. 1878, p. 199.

tion tendant justement à donner à ce surnom l'étymologie apparente acceptée par beaucoup de savants.

Puisque j'en suis sur cette question, je demanderai à ajouter quelques mots. Mévotxog reste de toute façon, jusqu'à ce jour, un äña λeyóμ.evov. Est-on autorisé à le prendre dans le sens de Movoixntos, solitarius? En admettant même que nous ayons affaire à du grec, ce qui n'est pas prouvé (le mot n'est peut-être pas plus grec que phénicien), l'interprétation de « celui qui n'a qu'une maison » ne serait pas la seule possible. Móviлños, par exemple, veut bien dire « qui n'a qu'un cheval »; mais ce mot désigne aussi «< un cheval seul »> par opposition à une paire de chevaux. A ce compte, Mévotxos pourrait, à la rigueur, vouloir dire une maison isolée, seule. A tort, ou à raison, Strabon semble avoir voulu voir une toute autre étymologie que l'étymologie mythologique des savants modernes quand il dit que le nom de Monoikos semble indiquer que le littoral massaliote s'étendait jusque-là 2. Remarquons, en outre, que Strabon 3 et d'autres auteurs parlent du port de Monoikos, tout court, comme d'un véritable nom de lieu. Monoikos a même fourni une forme d'ethnique régulière Movoínios. (Et. de Byz.) En résumé, l'Hercule de Monaco peut fort bien être le Melgarth tyrien et, pour ma part, je l'admets volontiers sans qu'il en découle que l'antique nom de Monaco soit une épithète grecque ou phénicienne de cette divinité.

[ocr errors]

N'y avait-il pas lieu d'examiner si Port-Vendres, Portus Veneris, le Port de la Vénus pyrénéenne, qui est en quelque sorte, à l'autre extrémité du littoral, comme le pendant de ce portus Herculis Monœci, le port de l'Hercule Alpestre ou Apenninien, n'avait pas, lui aussi, quelque origine orientale? Les ports de Vénus, tout comme ceux d'Hercule, peuvent être, et sont bien souvent des indices phéniciens dans le bassin de la Méditerranée.

Au milieu des diverses étymologies du nom de Marseille, M. B. aurait dù mentionner, ne fût-ce que pour la discuter, et au besoin la rejeter, celle mise en avant par M. Schroeder (Phön. Gramm., p. 241): Massalia Mazzal 4, lieu d'habitation, station.

1. Cf. le Portus Herculis Cosani en Etrurie le Port de l'Hercule de Cosa, ou Cossa. Pour la façon de ramener un vocable étranger à une forme ayant les apparences d'un mot hellénique, cf. le nom du roi d'Adiabène Mové6aços, où l'on perdrait assurément son grec à chercher le mot pévos.

2. Strabon, 168, 3: Ἔοικε δὲ ἀπὸ τοῦ ὀνόματος καὶ μέχρι δεῦρο διατείνειν ὁ Μαστ σαδιωτικός παράπλους. Cf. dans un certain sens, le terme ecclésiastique Μονοίκια désignant certaines paroisses rurales très peu habitées et relevant d'un siège épiscopal.

3. Movolxou λv. Arx Monaci. Saxa Monoci. Sans parler de la distinction qu'il y a peut-être à faire entre : 10 Ἡρακλέους λιμήν; 2ο Μονοίκου λιμήν (Smith, Dict. of anc. Geogr. s. v. cf. Rev. crit., 5 févr. 1878, p. 268).

4. Les habitudes phonétiques du phénicien autoriseraient même une forme Massál, le zain se changeant volontiers en samech.

M. B. cite comme phéniciens deux monuments antiques de Marseille qui ne nous sont plus connus que par d'anciennes reproductions. Il y voit deux autels, dont un de Baal. Ce dernier porte quelques signes indistincts que M. B. interprète comme des lettres phéniciennes. Cela nous semble tout à fait problématique. L'autre autel, anépographe celui-là, ne nous inspire pas plus de confiance en tant que monument phénicien. Un autre groupe de monuments phéniciens qu'aurait produits le sol de Marseille, c'est une série de petites stèles découvertes en 1863 dans les terrassements de la rue de la République. Ce sont, en général, de petits naos abritant des figurines debout ou assises, presque toutes des femmes. M. B. considère ces stèles comme des stèles phéniciennes votives, et les figurines comme des personnages divins: Baal-Hammon et Taneith. Il n'y a malheureusement pas d'inscriptions qui nous puissent éclairer sur la signification, l'origine et la date de ces curieux monuments. Au point de vue de l'art, autant qu'on en peut juger d'après les reproductions, ils paraissent appartenir à une époque où il ne saurait plus être question de Phéniciens, du moins de Phéniciens du vieux temps, à Marseille. Je suis, en outre, tout à fait tenté d'y voir, contrairement à l'opinion de M. B., de simples monuments funéraires, représentant les défunts à l'état héroïque. La pose des personnages, l'édicule où ils sont placés, ce détail même du petit animal qu'une femme porte dans son giron, m'apparaissent, à cet égard, comme autant de traits caractéristiques 1.

Ce qui est véritablement singulier, c'est l'absence de toute inscription sur ces monuments. Stèles votives ou funéraires, la difficulté est la même. Je me suis demandé si par hasard, comme cela est le cas pour certaines stèles funéraires helléniques de basse époque de la côte de la Syrie, ces monuments n'avaient pas reçu un enduit de stuc disparu depuis avec les inscriptions qui pouvaient y avoir été peintes. Mais M. Penon, directeur du Musée archéologique de Marseille, à l'obligeance de qui j'avais eu recours pour faire vérifier ce point, m'a écrit qu'aucune de ces stèles, au nombre de quarante-sept, n'offrait de vestiges de stuc. Il ajoute cependant que les parois sont assez grossièrement taillées.

Un monument, incontestablement phénicien, par exemple, c'est la grande inscription punique, contenant un tarif des sacrifices, exhumé à Marseille en 1845. La seconde question est de savoir si la pierre est bien originaire de la cité phocéenne, et n'a pas été apportée de la côte d'Afri

1. Sur les deux rampants du fronton triangulaire d'un des édicules, on remarque deux serpents. Ce motif, qui a, je crois, une signification funéraire déterminée, se retrouve, avec une disposition analogue, sur une stèle funéraire trimyarche que j'ai publiée, il y a huit ou neuf ans, dans le Journal Asiatique. Ce monument, qui porte la marque de l'art grec grossier et de basse époque, nous montre dans un registre inférieur, la défunte étendue sur le lit funéraire, dans le registre inférieur, la défunte héroïsée, divinisée, assise de face sur un trône. Je comparerai encore la stèle palmyrénienne et latine récemment découverte à South Shields, où la défunte Regina est assise sur un trône de face, dans un naos architectural, avec des fleurs dans son giron, dans une attitude rappelant singulièrement celle de la femme de la pl. 8 de M. Bargès.

que, soit dans l'antiquité, soit plus tard, dans le lest de quelque navire marseillais. Pour M. B., la question n'existe même pas, et il n'hésite pas un moment à porter le monument à l'actif du passé phénicien de Marseille. Et pourtant plusieurs savants, et des plus autorisés en matière d'épigraphie sémitique, éprouvent à cet endroit les doutes les plus graves. Ces quelques critiques que nous a suggérées la lecture du livre de M. B., n'enlèvent rien à sa valeur et au mérite très réel de son auteur. C'est un ouvrage qu'il faudra toujours consulter, lorsqu'on voudra s'occuper de la question particulière qui s'y trouve traitée. Si M. Bargès nous en donne un jour une nouvelle édition, nous lui conseillons d'y joindre une petite carte qui sera très utile pour suivre plus commodément ses explications.

C. CLERMONT-GANNEAU.

155. FUSTEL DE COULANGES. La cité antique, 7° édition, revue et augmentée. Paris, Hachette. 1879, in-18 de 478 p. Prix 3 fr. 50.

[ocr errors]

Jusqu'ici M. Fustel de Coulanges n'avait introduit que de légers changements dans le texte primitif de sa Cité antique. Cette fois il l'a revu de près; il l'a rectifié sur quelques points, complété sur d'autres, et il l'a augmenté d'un cinquième environ.

[ocr errors]

Voici les modifications principales qu'il a faites: p. 9, la note 2, p. 11, la note 2, p. 12, la note 3 sont nouvelles. P. 14-15, le paragraphe qui concerne les offrandes destinées aux morts a été développé. P. 34, la note relative aux tombeaux de famille est plus abondante, et elle a été changée de place. - P. 60, le tableau généalogique des Scipions est plus exact. P. 79-81, M. F. de C. a atténué tout le passage consacré à la succession des filles. Il soutenait auparavant « qu'à Rome comme en Grèce le droit primitif excluait la fille de l'héritage ». Il se borne à dire aujourd'hui : « Sans qu'on puisse affirmer que la fille fût nettement exclue de la succession, il est du moins certain que l'antique loi romaine, aussi bien que la loi grecque, donnait à la fille une situation fort inférieure à celle du fils. » — P. 108. Je signalerai la note 3 qui explique le sens des mots in manu mariti. P. 122, la longue note qui, dans les éditions antérieures, figurait à la page 126, a été transférée ici dans le texte. P. 129, la note 5, p. 134, la note 2, p. 166, la note 1, p. 171, la note 1, sont entièrement ou en partie inédites. La page 174 a été ajoutée : de même pour la note de la p. 187. — P. 194, les rapports de la religion et de l'état dans l'antiquité, sont déterminés avec plus de précision. P. 196. Je constate l'addition d'une note sur les vieux hymnes des Grecs. P. 213, la note qui traite du tirage au sort, considéré comme mode d'élection, est beaucoup plus longue; on sait d'ailleurs que M. F. de C. a approfondi cette question dans une brochure

« ZurückWeiter »