Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

la plus complète de ces principes aristocratiques qui, au commencement du vre siècle, avaient prévalu dans la plupart des villes, après la chute des tyrans. Ceux-ci s'étaient maintenus par leur alliance avec le peuple et les populations qui n'étaient pas de race dorienne; lorsqu'ils furent renversés, il devait se produire et il se produisit une réaction, dont Sparte recueillit les bénéfices. Son organisation intérieure, en effet, ne proposait-elle pas aux populations doriennes, délivrées de leurs tyrans, comme un modèle, une sorte d'idéal, bien fait pour les séduire? M. B. insiste sur ce point, examinant dans le détail les institutions de Sparte, en particulier la magistrature des éphores, afin d'en faire ressortir le caractère aristocratique. A ses yeux, ce n'est pas une idée religieuse, comme le veut Curtius, l'adoration d'une divinité commune qui a été le fondement et le lien de la confédération lacédémonienne; ce n'est pas non plus le souvenir d'une origine commune, puisqu'elle comprenait des peuples qui n'étaient pas de race dorienne. A la différence des associations qui s'étaient formées antérieurement en Grèce, elle est entièrement et exclusivement politique.

Dans son second chapitre, l'auteur expose la situation du Péloponèse pendant les premières années du vre siècle et montre les circonstances qui favorisaient le développement de la puissance de Sparte. Toute cette partie de son travail est fort curieuse. Je signalerai notamment ce qui touche à l'histoire de l'Argolide (p. 96-110). De cette étude très consciencieuse, se dégage la conclusion suivante : dans la première moitié du vi° siècle, tout semble préparé pour l'établissement d'une confédération péloponésienne sous l'hégémonie de Sparte. D'un côté, c'est un état militaire redoutable, qui a déjà fait sentir sa force à ses voisins et est avide de nouvelles entreprises; de l'autre, ce sont des villes isolées, portées, pour la plupart, à se tourner vers Lacédémone et à recevoir l'impulsion qu'elle voudrait leur donner.

Cité prépondérante dans le Péloponèse, appuyée sur une armée vaillante et admirablement disciplinée, fortifiée encore par le concours de tant de peuples que rattachait à elle la conformité des intérêts politiques, Lacédémone n'a pas su cependant profiter complètement de la situation qui lui était faite. Elle s'est arrétée à mi-chemin. Alors qu'il lui eût été possible, qu'il eût même été facile pour elle de soumettre à son influence la Grèce entière, et d'exercer sur tout le monde hellénique la suprématie qu'elle possédait dans le Péloponèse, elle s'est trouvée incapable d'atteindre à cette haute destinée. Pourquoi son rôle, qui pouvait être si grand, a-t-il été ainsi borné? La réponse à cette question remplit la seconde moitié du livre de M. B. et en fait le principal intérêt. Lorsque les guerres médiques viennent mettre Sparte à l'épreuve, lorsqu'elles lui présentent l'occasion de s'emparer réellement de l'hégé monie et de fonder sa grandeur sur les services qu'elle était à même, mieux que toute autre cité, de rendre à la Grèce, elle reste au-dessous de ce que semblaient promettre sa force militaire et son passé. Elle sort

E

amoindrie d'une lutte qui aurait dû assurer définitivement sa prééminence. Dans cette circonstance décisive, elle permet aux Athéniens de prendre le poste d'honneur qui lui était reservé, auquel tout l'appelait et qu'il lui eût été si aisé de garder. Pour n'avoir pas su porter des regards au-delà des limites du Péloponèse, pour s'être attachée à une politique mesquine et égoïste, elle s'est condamnée elle-même à une véritable déchéance.

M. B. retrace avec beaucoup de soin cette histoire de l'influence lacédémonienne. Il en marque les progrès successifs; il rappelle toutes les occasions dans lesquelles les Spartiates ont su donner des preuves de leur activité et accroître leur puissance, jusqu'au moment où se trahit, pendant les guerres médiques, leur insuffisance politique et militaire. Cependant, on est peut-être en droit de lui reprocher de n'avoir pas déterminé assez nettement les causes qui expliquent cette insuffisance. On aimerait à le voir faire, avec plus de sûreté, la part des responsabilités. Dans cet échec de la politique spartiate, il y a eu plus d'un coupable. Sparte s'est trahie elle-même et a perdu, par sa faute, la prépondérance qui lui appartenait, parce qu'elle a été trop timide et trop exclusive; mais on doit reconnaître qu'elle a été gênée par l'organisation défectueuse de la confédération qu'elle dirigeait, par les préjugés et les jalousies de ses alliés. M. B. ne néglige ni l'une ni l'autre de ces causes; il les rappelle toutes les deux; mais, quand il s'agit de mesurer et de comparer leur importance, d'apprécier les effets que chacune d'elles a produits, il semble hésiter et parfois même se contredire. Par exemple, au sujet des fêtes d'Apollon-Carnéen qui, à deux reprises, arrêtèrent l'armée spartiate, la première fois pendant que les Athéniens combattaient à Marathon, la seconde pendant que Léonidas mourait aux Thermopyles, M. B. ne paraît pas réussir à se mettre d'accord avec lui-même. Pour le premier cas (p. 358), il soutient, contre Curtius, que c'est véritablement le sentiment religieux, la crainte de commettre un sacrilège qui aurait retenu les Spartiates; dans le second (p. 428), les fêtes du mois Carnéen n'auraient été invoquées que comme un prétexte, afin d'excuser l'abandon dans lequel, de propos délibéré, les éphores laissaient Léonidas, préférant conserver toutes les forces de l'armée pour la défense du Péloponèse. On aperçoit bien la raison de cette distinction. Elle est conforme à la théorie générale de l'auteur, qui veut que l'activité et l'initiative de Lacédémone aient été en s'affaiblissant par degrés et que les défauts de sa politique ne se soient accusés nettement que dans la seconde guerre contre les Perses. Mais rien, dans les textes que cite M. B., ne justifie cette différence d'appréciation. Sans prétendre s'inscrire en faux contre son jugement, il est permis de regretter que, dans des circonstances à peu près semblables, il justifie ou incrimine la conduite des Lacédémoniens d'une manière arbitraire, en suivant une opinion préconçue plutôt qu'en se laissant guider par les témoignages des anciens.

[ocr errors]

D'ailleurs, ces réserves, comme celles que j'ai cru devoir indiquer au début, ne diminuent en rien la valeur du livre de M. Busolt. Dans un second volume, qui suivra bientôt celui-ci, l'auteur nous le fait espérer, il continuera ses études sur Lacédémone et sa politique. Entrant dans une période mieux connue, pour laquelle les documents sont plus abondants, il nous donnera certainement un travail très intéressant et très instructif. Le sujet qu'il a traité ici, lui présentait des difficultés beaucoup plus grandes. On doit lui savoir gré de les avoir abordées par son premier essai, il avait déjà recommandé son nom à l'estime de tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la Grèce; il vient de leur rendre un nouveau service et de se créer un titre de plus à leur reconnaissance.

R. LALLIER.

148. Lo Antiche Iscrizioni del Duomo di Pisa raccolte da Clemente Lupi. Pisa, pei tipi di F. Mariotti e cc, pag. xvi-59, gr. in-8°.

Ce livre est le recueil des fragments d'inscriptions lapidaires de l'époque romaine que l'on a reconnues parmi les matériaux employés à la construction de la cathédrale de Pise; je dis à dessein fragments; en effet, par une male chance singulière, sur les quatorze numéros dont se compose cette monographie, il n'en est pas un seul qui donne un texte complet. Ils ont été édités déjà, presque tous, dans diverses publications, mais en général assez inexactement. C'est le motif qui a engagé M. Lupi à les reprendre un à un pour les étudier à fond, et je dois dire, dès à présent, que le sujet a été traité avec toute la compétence désirarable. Chaque article consiste en une dissertation accompagnée d'un bon fac-simile au moyen duquel on se fait une idée exacte de l'aspect du monument dans son ensemble, de la forme des lettres, de leurs dimensions et de leurs positions relatives, de leurs ligatures, et de la nature des lacunes. Ce fac-simile est complété par une description minutieuse; puis viennent toutes les indications bibliographiques qui concernent le texte épigraphique étudié; après quoi, un commentaire raisonné avec justification des restitutions proposées. Somme toute, le travail est bon et fait regretter l'absence d'une table analytique en forme de répertoire à la fin. M. L. doit être, dès à présent, compté comme un épigraphiste de mérite faisant honneur au nom illustré dans le siècle dernier par l'auteur du Tombeau de sainte Sévère.

Le n° I traite d'une intéressante inscription dédiée à Cérès par une Acté, affranchie d'un Auguste. Une lacune a malheureusement emporté le nom gentilice que M. L. conjecture avoir été Claudia, celui de la fameuse affranchie de Néron; cette restitution lui est suggérée surtout par le style des lettres qui appartient au commencement du 1er siècle. A cette occasion, il annonce une nouvelle qui sera accueillie avec sa

tisfaction par tous les épigraphistes: M. Huebner a terminé la collection des spécimens paléographiques destinés à faire suite aux tables de Ritschl pour les époques impériales.

No II. Inscription consacrée au Génie de la colonie d'Ostie. Le cognomen Timotheus du dédicant devait être précédé, non pas d'un prénom, comme le dit M. L., mais d'un gentilice fort court, précédé lui-même d'un sigle de prénom.

N° III (inédit).

[ocr errors]

Particularité fort curieuse d'une inscription dont il ne reste que la moitié de droite, reproduite sur deux exemplaires séparés; voici le plus complet :

SACR
S-SALVIVS

//////////// S-PHILOTIMS

/////// VS.HILARVS
// NVS

MERC

M. L. y a reconnu avec raison des noms d'affranchis appartenant à un collège de Mercuriales, et cette remarque aurait dû le conduire à la restitution de la dernière ligne. Je ne puis lui accorder que le groupe ...NVs de la cinquième ligne soit la fin d'un deuxième cognomen de l'affranchi Hilarus; ce doit être celui d'un autre individu. A mon sens, l'inscription est une dédicace, faite à une divinité dont le nom reste incertain, par les quatre magistri du collège de Mercuriales de Pise, dont les prénoms et noms gentilices sont également perdus, mais dont les cognomina sont respectivement Salvius 1, Philotimus, Hilarus et........... mus; ils ont fait la dédicace en reconnaissance de leur nomination à la Maitrise. La dernière ligne doit donc se restituer ainsi : [OB. H. M.] MERC, OB H(onorem) M(agisterii) Merc(urialium). Comparez cette inscription pisane à celle qui se lit dans Orelli, no 1695: GENIO PLEBIS SAC || L. SEPTIMVLENVS VITALIS || Q. LVSIVS ACRABANVS || Q. IVLIVS DAPNVS || M. CVRVIVS SPORVS III VIRI || OB. H. M. M.

[ocr errors]

N° XI. [DVCTOR TVR] MAE MINORVM [PVERORVM]. Restitution élégante et savamment appuyée sur divers passages d'auteurs concernant les jeux troyens célébrés dans le cirque, notamment sur celui de Suétone (Tiber., 6): ductor turmae puerorum maiorum.

Je prends congé de M. Lupi dont j'ai lu le livre avec intérêt et plaisir, en lui indiquant deux légères corrections: p. 55, au lieu de lire d'un trait le nom extraordinaire Q. Anquirinnio, je pense qu'il faut le couper par un point, Q. AN. QVIRINIO, et lire Q. Annio Quirinio; p. 57, le nom gentilice de CISDIAE FORTVNATAE doit être sans doute orthographié cisPIAE, par un p et non par un d.

Robert MoWAT.

1. Quoique Salvius soit un nom de gens, on le trouve fréquemment employé comme cognomen; voir les tables du Corpus inscriptionum latinarum.

149.

Reiserechuungen Wolfger's von Ellenbrechtskirchen, Bischofs in Passau, Patriarchen in Aquileja. Ein Beitrag zur Waltherfrage, mit einem Facsimile herausgegeben von Ignaz V. ZINGERLE. Heilbronn, Henninger, 1877, in-12, 91 p. Prix 2 mark (2 fr. 50).

Wolfger d'Ellenbrechtskirchen en Bavière, évêque de Passau en 1191, patriarche d'Aquilée en 1204, mort à 82 ans en 1218, est un personnage des plus importants dans l'histoire troublée de l'Allemagne et de l'Italie à la fin du xir et au commencement du xur° siècle. S'il n'est pas, comme l'avait imaginé dernièrement un érudit fantaisiste (voy. Romania, t. I, p. 397), l'auteur de la Discrétion de Freidank et des poésies latines attribuées à Primas, il s'est intéressé aux arts et à la littérature de son temps autant qu'aux affaires politiques et religieuses. M. A. Wolf, professeur à Udine, a découvert en 1874, dans les archives de Cividale, dix feuilles de parchemin contenant les comptes de voyages exécutés par Wolfger en 1203 et 1204. Dans ces comptes figure deux fois le nom du célèbre poète Walther de la Vogelweide, en vain cherché jusque-là dans des documents authentiques. La découverte fit du bruit, et décida M. Zingerle à publier les comptes entièrement. Ils le méritent à tous égards. Outre ce qu'ils contiennent de notices purement historiques, « ils sont précieux pour l'historien de la société. Ils nous introduisent directement dans la vie d'alors, ils nous font connaître la manière de vivre, les routes, les étapes, les prix des aliments, des ustensiles, des vêtements, du service, les monnaies, le change, etc. » Leur intérêt le plus général consiste dans les rapports du prélat avec des jongleurs, des ménestrels, des musiciens. Wolfger menait la vie d'un grand seigneur, et il est curieux de voir quelle place tenaient dans une telle vie des amusements qui n'étaient pas tous d'un ordre aussi relevé que ceux que pouvait procurer Walther de la Vogelweide. Le grand minnesinger luimême paraît d'ailleurs ici sur le même pied que ses émules inconnus; il reçut de l'évêque cinq sous pour s'acheter un «< peliçon. » Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en copiant ici toutes les mentions du même genre qui se trouvent dans les comptes de Wolfger; elles sont intéressantes pour l'histoire des mœurs artistiques et seigneuriales du moyen âge tout entier, et elles risqueraient fort, dans ce petit livre allemand, d'échapper aux lecteurs français. Les divers feuillets se répètent avec des variantes. Nous donnons entre crochets les mots qu'un des textes ajoute à l'autre.

P. 3, 12. Apud Znoim... joculatori cuidam .XII. den.

P. 9, 14. Apud Niwenburch.... Walthero [cantori] de Vogelweide pro pellicio .v. sol. longos.

P. 15. Apud Wichardeslage calvo istrioni .xxx. den.

P. 21. Apud Curiam..... tribus joculatoribus. .xx. den.

P. 25. Inter diversas (sic) istriones distribuebantur aput Paduam .xxxii. sol. Venet. P. 25. Aput Ferrariam in palmis (le dimanche des Rameaux) cuidam vetulo joculatori in rufa tunica .v. sol. mezanorum. Cuidam alii vociferatori .v. sol. mezanorum. Cuidam cantatrici .v. sol. mezanorum.

« ZurückWeiter »