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Grotius », et il ajoute : « ses recueils étaient remplis de mille choses qu'il avait ouïes en causant familièrement avec des gens... » C'était la disposition du temps; on faisait de l'érudition comme l'on pouvait, et l'on puisait un peu à tort et à travers dans les historiens, les philosophes et les biographes. C'est la manière de Gentilis : l'antiquité païenne et chrétienne est mise par lui amplement à contribution. La traduction italienne de ce précurseur de Grotius est surtout intéressante pour le public italien; les Français n'ont pas de raison de ne pas recourir au texte latin. Mais ils liront avec intérêt la biographie de Gentilis écrite par le traducteur et le discours où M. Fiorini traite des principales questions du droit des gens en développant surtout cette proposition de Gentilis Bellum est: publicorum armorum justa contentio.

17. The Comedy of Mucedorus, revised and edited with introduction and notes by Karl WARNKE and Ludwig PRÖSCHOLDT. Halle, Max Niemeyer, 1878, in-8°. 79 p. - Prix : 2 mark 40 (3 francs'.

La comédie de Mucedorus, que viennent d'éditer à nouveau MM. Warnke et Pröscholdt, a l'avantage de résumer assez bien les principaux traits de la littérature dramatique de troisième ordre au temps d'Elisabeth. A ce moment, à côté des poètes fameux, une foule d'inconnus écrivaient des comédies où, le génie faisant défaut, ils se bornaient à faire entrer, autant que possible, les éléments habituels du succès. C'est ainsi que, malgré leur faiblesse, beaucoup de ces petits drames ont été extrêmement populaires et que leurs éditions se sont multipliées. La conduite de l'action dans Mucedorus est d'une maladresse assez rare, même parmi les pièces de la même catégorie. L'auteur ne recule ni devant les impossibilités ni devant des accidents d'une bizarrerie inexplicable (tous ceux, entre autres, qui surviennent dans la forêt habitée par le cannibale Brémo): un ours, un fou, un homme sauvage, des déguisements, des reconnaissances, deux meurtres, sans compter celui de l'ours, un style parfois très-imagé, c'étaient évidemment pour la foule les côtés saillants de Mucedorus et ils expliquent le succès prolongé de cette comédie. Hazlitt et, de leur côté, MM. W. et P. ont indiqué les nombreuses éditions qu'elle obtint; encore ces listes ne signalent-elles pas une édition de 1631 dont le British Museum possède un exemplaire. Elle est due au même imprimeur que celle de 1619, comme le prouve la mention : « Printed for John Wright, and are to be sold at his shop, at the signe of the Bible, without Newgate, 1631. » A l'énumération des preuves de la popularité de Mucedorus, ses nouveaux éditeurs auraient pu ajouter l'existence d'une ballade sur le même sujet, imprimée vers 1680, et dont un exemplaire est conservé dans le célèbre recueil Roxbur

ghe: « The wandring Prince and Princess, or Musidorus and Amadine, etc.

When Musidorus fell in love
With Amadine most fair ....

De curieuses gravures sur bois représentent les deux héros s'en allant, chacun de son côté, à la recherche de l'autre, jusqu'au désert: Mucedorus en perruque, le chapeau à la main; Amadine décolletée, nu-tête et emportant son éventail.

L'intérêt de l'édition actuelle est dans les variantes qui l'accompagnent. Elles sont nombreuses, mais incomplètes. MM. W. et P. n'ont pu consulter la plupart des textes originaux. Ils expliquent (p. 5) que les notes ajoutées par Hazlitt à sa réimpression de Mucedorus, dans la collection de Dodsley, leur ont permis de reconstituer l'édition primitive (1598) qu'ils ont généralement suivie. Cette reconstitution ne pouvait être parfaite; les variantes sont rarement indiquées dans ces réimpressions de Hazlitt où l'orthographe, du reste, est modernisée; l'éditeur adopte parfois, sans le mentionner, des leçons ou des indications scéniques qui ne sont pas dans les originaux. C'est ainsi que MM. W. et P. sont conduits à nous dire, p. 61, que les aside des 11. 31, 37, 43, etc., se trouvent seulement dans l'édition de 1598. Ces aside ne se trouvent ni dans cette édition ni dans aucune autre, et ont été introduits par Hazlitt. Il en est de même de beaucoup d'indications analogues dont la source n'est certainement pas le quarto de 1598: par ex., p. 40, 1. 4: lays down his club; p. 43, 1. 54: The bear's head presented to the king: p. 34, 1. 28 Exeunt Tremelio and Prince, etc.

Quant à la question de savoir quel est l'auteur de Mucedorus, MM. Warnke et Pröscholdt sont d'avis que Shakespeare n'eut aucune part dans la composition de ce drame, non plus que Peele ou Greene. L'examen de la versification les amène à conclure que le Mucedorus a dû être composé plusieurs années avant 1598 : sans parler de la versification, le titre des exemplaires portant cette date («< Newly set foorth, as it hath bin sundrie times plaide, etc. ») ne laissait pas de rendre cette assertion vraisemblable.

J.-J. JUSSERAND.

18.

Schiller und Rousseau von D' Johannes SCHMIDT, in-8°. Berlin, 1877. Verlag von Carl Habel. (Sammlung wissenschaftlicher Vorträge, hgg. von Virchow und Fr. von Holtzendorff. 256 Heft.) Prix : : 1 mark (1 fr. 25).

On sait quelle influence Rousseau a exercée sur Schiller; mais en quoi consista cette influence? quelle trace a-t-elle laissée dans les œuvres du grand poète ? Jusqu'à quel point l'a-t-il modifiée et s'en est-il affranchi Voilà autant de questions que M. J. Schmidt s'est proposé d'éclaircir.

Schiller connut de bonne heure les ouvrages de Rousseau et il ressentit tout aussitôt pour le célèbre écrivain le plus vif enthousiasme ; c'était luimême, dit-il, qu'il retrouvait dans Rousseau : comment ne l'aurait-il pas admiré? Aussi les conceptions philosophiques et religieuses de Rousseau devinrent bientôt les siennes et inspirèrent ses premiers ouvrages. Tout est bien, sortant des mains de l'auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l'homme », voilà comme le résumé de la doctrine philosophique de Rousseau; cette vérité, Schiller la mit au théatre. Qu'est-ce que le drame des Brigands, en effet, sinon l'état de nature opposé à une civilisation corrompue, la guerre déclarée à un « siècle écrivassier? Et Charles Moor lui-même, le héros de la pièce, qu'est-il sinon un fils de la nature, persécuté par Franz, le disciple et le vrai produit de cette civilisation? La société est mal faite et ses lois sont insuffisantes; il faut la réformer en revenant à la vérité de la nature où tout est harmonie. On rencontre ainsi à chaque pas, dans la pièce de Schiller, les idées favorites de Rousseau et jusqu'à l'admiration qu'il ressentait pour Plutarque et les grands hommes de l'antiquité.

L'influence de Rousseau n'est pas moins manifeste dans Intrigue et Amour; son mépris bien connu pour les hautes classes et pour une aristocratie corrompue et despotique apparaît là dans toute sa force; et ce qui n'est pas moins de lui, c'est le rôle souverain accordé au sentiment, c'est la déification du cœur et ses droits placés au-dessus de la raison. L'imitation de Rousseau se retrouve jusque dans la peinture de certains personnages et l'on a pu dire en particulier que lady Milford n'était autre que lord Boston fait femme. Si la Conjuration de Fiesque offre moins de traces de l'influence du philosophe genevois sur Schiller, c'est chez Rousseau toutefois que celui-ci a pris le sujet de son drame et l'apologie du gouvernement républicain.

Dans Don Carlos Schiller se sépare enfin de son maître. Ce n'est pas qu'il n'oppose encore la nature aux conventions sociales et les «< droits de l'amour à la formule de l'autel ». Mais déjà il s'efforce de combler l'abime qui sépare l'homme de la nature et l'homme civilisé. M. S. a insisté avec raison sur ce point et fort bien montré comment Schiller s'affranchit peu à peu de l'influence de Rousseau, pour se faire du monde et des choses une idée à lui. L'idéal de Rousseau est l'état de nature; Schiller, en restant fidèle au culte de la nature, ne croit pas qu'elle puisse ou doive nous suffire, et n'oublie pas les droits de l'art, que l'écrivain français avait méconnus et qu'il veut, lui, concilier avec ceux de la nature. Les Lettres philosophiques sont le premier essai qu'il ait fait pour y arriver, l'Education esthétique de l'homme, le dernier. Schiller a-t-il rempli cette tâche ardue? Si M. S. n'a point répondu à cette question, il a du moins très-bien mis en évidence comment le poète-philosophe a réhabilité l'art, en y trouvant la plus haute manifestation de l'esprit humain, le lien qui unit le monde de l'esprit au monde des sens, le moyen enfin de ramener l'homme à la perfection perdue de sa nature;

on voit par là en quoi Schiller s'éloigne de Rousseau et comment il le complète.

Cependant, le poète allemand devait subir, jusqu'à la fin de sa carrière, l'influence de l'écrivain français; Rousseau lui fournit non-seulement le sujet, mais quelques-uns des plus beaux passages du Guillaume Tell. Ne sont-ce pas, en effet, les idées de liberté et d'indépendance, n'est-ce pas la revendication des droits imprescriptibles de l'homme, proclamés dans le Contrat social, qu'on retrouve dans cette pièce? Voilà ce que M. Schmidt n'a peut-être pas assez dit; mais je ne veux pas le chicaner sur ce point secondaire, et j'aime mieux, en terminant, le féliciter sur la sagacité dont il a fait preuve dans cette étude, où il nous fait assister à la transformation successive de Schiller, passant de la misanthropie de Moor à l'optimisme de Posa, pour arriver à cette réconciliation et à cette synthèse de la nature et de l'art, qui fait l'originalité de sa doctrine esthétique.

C. J.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES LETTRES

Séance du 17 janvier 1879.

M. Geffroy, directeur de l'école française de Rome, adresse à l'Académie la copie d'une inscription grecque, qui lui a été envoyée de Catane par Mlle Gabrielle Valery. Cette inscription a été trouvée il y a quelques semaines, à Minco, l'ancien Menae ou Menaenum, au lieu où se trouve une ferme appelée Rocchicella; ce lieu est distant d'un kilomètre du petit lac de Naftia, anciennement lacus Palicorum, où était le célèbre temple des dieux Paliques. -M. Geffroy donne, dans la même lettre, quelques détails sur diverses découvertes récentes, et notamment sur les travaux d'exploration du lit du Tibre, qui se poursuivent avec activité et qui continuent à donner d'heureux résultats.

L'Académie procède au scrutin pour la formation des commissions qui auront à examiner les ouvrages envoyés au concours pour divers prix. Ces commissions sont ainsi composées :

Pour le prix de numismatique Allier de Hauteroche, MM. de Saulcy, de Longpérier, Robert, Deloche;

Pour le prix Bordin (question dite du panthéon assyrien), MM. de Saulcy, de Longpérier, Renan, Derenbourg;

Pour le prix Brunet (bibliographie des ouvrages en vers français antérieurs au règne de Charles VIII), MM. Paulin Paris, Delisle, Guessard, Gaston Paris;

Pour le prix Stanislas Julien, MM. Maury, Pavet de Courteille, d'Hervey de Saint-Denys, Schefer.

M. Desjardins communique une lettre de M. Jules Finot, archiviste

du département de la Haute-Saône, qui annonce une importante trouvaille de monnaies romaines faite aux environs de Luxeuil. Les pièces trouvées sont au nombre d'environ 14,000. Elles étaient agglomérées en un seul bloc et n'ont pas encore été toutes détachées. Celles qui ont été examinées jusqu'ici appartiennent à divers empereurs depuis Caracalla jusqu'à Salonin.

M. Aubé termine la lecture de son mémoire sur le christianisme de Marcia, concubine de Commode.

L'Académie se forme en comité secret.

par M. Ad. Regnier: H. D'AR

-

Ouvrages présentés de la part des auteurs : BOIS DE JUBAINVILLE, Mémoire sur les finales irlandaises; par M. Le Blant : Charles [et Georges] ROHAULT DE FLEURY, La Sainte Vierge, études archéologiques et iconographiques (Paris, Poussielgue, 2 vol. gr. in-8°, avec planches); par M. de Sauley: MASPERO, De quelques navigations des Égyptiens sur la mer Érythrée; par M. Egger: 1° Henry HOUSSAYE, Athènes, Rome, Paris : l'histoire et les mœurs (Paris, Calmann Lévy, 1879, in-12); 2o PARMENTIER, quelques observations sur l'orthographe des noms géographiques (Paris, 1878, brochure in-8°); — par M. Delisle: A. MOLINIER, Étude sur l'administration féodale dans le Languedoc (900-1250) (Toulouse, Éd. Privat, 1879, in-8°; extrait du t. VII de la nouvelle édition de l'Histoire générale du Languedoc).

Julien HAVET,

L'Archimandrite Palladius,

L'Archimandrite Palladius, le chef de la Mission ecclésiastique russe de Péking, est mort le mois dernier à Marseille où il venait d'arriver de Chine par l'Ava. La mort de l'Archimandrite Palladius laisse un grand vide dans le bataillon, tous les jours réduit, des sinologues. Ce savant modeste était à Péking ce qu'était M. Alex. Wylie à Shanghai: le livre vivant que consultaient les travailleurs arrêtés dans leurs recherches par une difficulté imprévue. J'ai moi-même à lui payer mon tribut de reconnaissance pour l'accueil gracieux qu'il me fit à Péking : à lui et à M. le Dr. E. Bretschneider je dois un grand nombre de renseignements donnés sur les ouvrages russes dans ma Bibliotheca Sinica. Les ouvrages de l'Archimandrite Palladius sont assez nombreux et très-estimés par ceux qui peuvent les lire ; publiés en russe, ils ne sont malheureusement accessibles qu'à un nombre restreint de travailleurs. Quelques mémoires ont été traduits en allemand. Parmi ces ouvrages, je citerai: 1 Dans les Travaux des membres de la Mission ecclésiastique russe à Péking (1852-1866, 4 vol. in-8): I, No. 5. la Vie de Bouddha; II, No. 2. Etudes historiques sur le Bouddhisme ancien; III, No. 1. La navigation entre Tien-tsin et Shanghai; IV (ce volume est entièrement écrit par l'Archimandrite); il contient; No. 1. Ancienne relation mongole de la vie de Tchinghiz khan; 2. Si you ki, ou Description d'un Voyage aux contrées occidentales; 3. Les Mahométans en Chine [avec le plan d'une mosquée à Péking]. — 2o Dans le Recueil oriental. Vol. I, 1o livraison : No. 1. Ancienes traces du Christianisme en Chine. Tiré des livres chinois; No. 3. Ancienne narration chinoise de la vie de Tchinghiz khan. - 3° Dans les Mém. de la Soc. de Géographie de Saint-Pétersbourg, 1871: Relation d'un voyage

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