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D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

N° 4

25 Janvier

1879

Sommaire : 11. De Campos Leyza, Clef de l'interprétation hébraïque.

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12. His

toire de Sennacherib par SMITH, p. p. SAYCE.
relatives à Claudien.
mier article).
d'Albéric Gentilis, traduit par FIORINI.
WARNKE et PROSCHOLDT.

13. GRAMLEWICZ, Questions 14. LONGNON, Géographie de la Gaule au vi siècle (pre16. Du droit de la guerre

-

15. RINAUDO, Lois des Wisigoths.

--

17. La comédie de Mucedorus, p. p.

- 18. SCHMIDT, Schiller et Rousseau. Académie des

Inscriptions. O L'Archimandrite Palladius.

II.

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Etienne DE CAMPOS LEYZA. Clef de l'interprétation hébraïque. Analyse étymologique des racines de la langue grecque.

Analyse étymologique des racines de la langue latine. 3 volumes in-8°, 1872-78. Paris, Leroux. volume: 10 fr.)

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Quelques lignes suffiront pour donner au lecteur une idée de ces ouvrages, qui ont certainement coûté un long travail à leur auteur. Le pronom latin hic est tiré du verbe figere « fixer [la vue] ». Voici comment l'auteur justifie cette étymologie. « Hic homo venit revient à fige (oculos) homo venit, ou bien l'homme figé, piqué, pointé (montré) au doigt. » Il est remarquable que les Grecs ont aussi outog «< celui-ci » d'oùtáw « percer ». L'adjectif mitis est abrégé de comitis, de comis « doux, sociable ». Au cas absolu, comite, d'où mite, mot à mot le sociable, l'associé, le compagnon, le domestique, le familier. On pourrait, à la rigueur, voir encore ici un abrégé de domitis ou domitus, mot à mot le dompté, le soumis, le docile. En général, l'auteur accorde une grande place dans la formation des mots à l'aphérèse. Ainsi les mots français grimoire, grime, grimaud sont tirés de lagrimoire, lagrime, lagrimaud, « à cause du geste désagréable de celui qui pleure, surtout des enfants qui se défigurent complètement. » Dernier vient de modernier, le plus moderne, le plus récent, le plus nouveau.

L'ensemble de ces trois volumes forme plus de 1,600 pages; ils fournissent un témoignage de plus de l'attrait que le problème étymologique exerce sur l'intelligence.

12. - History of Sennacherib translated from the Cuneiform Inscriptions by George SMITH. Edited by the Rev. A. H. SAYCE, M. A., Deputy Professor of Comparative Philology, Oxford. London, Williams and Norgate 1878. In-4° obl. iv182 p. Prix: 20 fr.

Le livre dont on a lu le titre, œuvre posthume de George Smith, contient une partie des inscriptions de Sennacherib publiées, transcrites et

Nouvelle série, VII.

4

traduites. M. Sayce, chargé d'éditer ce volume, a fait imprimer tel quel le manuscrit de Smith en y joignant toutefois quelques inscriptions traduites par lui-même et qui occupent les pages 154-165.

L'Histoire de Sennacherib est conçue d'après le plan de l'Histoire d'Assurbanipal du même auteur. C'est dire qu'on y constate le même défaut de méthode, la même absence de critique. Il faudrait bien des pages pour relever toutes les erreurs commises par le traducteur, et que l'éditeur ne paraît pas avoir même songé à corriger. Ici, nul souci de la grammaire; nul souci de la lexicographie. Des mots dont le sens et la lecture sont bien établis se voient étrangement défigurés et compris; d'autres sur lesquels plane encore l'obscurité la plus complète sont interprétés sans hésitation. Des idéogrammes sont pris pour des mots assyriens et transcrits directement, comme si les syllabaires et les textes bilingues n'en fournissaient pas la valeur. Il semble, en vérité, que, pour Smith et M. Sayce, les travaux des autres assyriologues n'existent pas. Ce que j'avance paraîtrait incroyable si je n'en donnais pas aussitôt la preuve. Je signale donc, entre mille, les erreurs suivantes.

P. 2, 1. 1 et passim ili rabati. Le mot il est du masculin et le pluriel en est ilâni; lisez : iláni rabûti. - Ibid., 1. 3 et passim: bumalu; lisez gitmalu comme chez Oppert, Grammaire assyrienne, deuxième éd., p. 102 et cf. Delitzsch, Assyrische Lesestücke, remarque sur le signe no 198. Ibid., 1. 4 et passim: usatlimanni « a élevé pour moi »; le sens est m'a donné, confié ». Ibid., et passim asib parakki « dwelling in the countries ». Parakku, ou mieux paraqqu signifie sanctuaire et demeure royale : les asib parakki sont les rois . - Ibid., et passim kakki « les soldats »>; traduisez « les armes ».

P. 3, 1. 4 et passim: saru kissati, saru Assuri. Dans les deux cas il faut lire sar à l'état construit.

P. 4, 1. 3 et passim: aabba est un idéogramme bien connu, dont la lecture assyrienne est tamtu.

P. 6, l. 16 sibzuti » powerful ». Le mot sipçuti sapçuti signifie << rebelles » 2. — Ibid., 1. 17: dagimmi (et dagammi, p. 52, 1. 16). Ce mot se lit dadmî « habitations ». Ce qu'il y a de plus singulier c'est que Smith a été le premier à indiquer la valeur ad du signe qu'ici il a lu gim

et gam.

P. 7, 1. 4: l'idéogramme SI-BAR suivi du complément phonétique ni est lu sibaruni. On sait que SI-BAR a pour valeur assyrienne naplasu 3. - Ibid., 1. 5: izpa. Cet idéogramme se lit hattu en assyrien.

P. 10 et suiv., on rencontre fréquemment le mot salat « préfet ». Smith lit toujours sanat.

1. Une inscription de Sennachérib, publiée R. I, pl. 7, F, 1. 10, porte même : malki asib parakki.

2. Cf. l'expression, si fréquente chez Tiglatpileser I, sapcuti la magiri, en parlant des contrées rebelles.

3. Voy. Lenormant, J. A., vir série, t. XI, p. 322,

2

P. 25, 1. 8 et passim : nintaksu est à lire nin sumsu 1, Ibidem: sasu et saga ne sont pas des mots, mais des idéogrammes dont la lecture est inconnue.

P. 30, 1. 19 et passim: kalumma est un idéogramme qui se lit en assyrien suluppi. — Ibid. et passim : dariu « à jamais »; lisez darisam. P. 34, 1. 9 et passim : edin « un » ; c'est istin qu'il faut lire.

P. 45, 1. 77 : didallis uselu « to ruins I brought »; le sens est : « je les fis monter en flammes je les livrai aux flammes » 3.

P. 60, 1. 4 epis anni u qillati « doing this and the revilers »; traduisez « qui ont commis des fautes et des crimes ». Ibid.. 1. 6: aransunu « of their section ». Aran est l'état construit de annu « faute »>, dont on a vu le génitif anni.

arnu

P. 95, 1. 79 quab est un idéogramme, qu'il faut lire apsu. P. 121, 1. 58: handis «< joyfully; lisez hantis (pour hamtis) << rapidement >>.

P. 122, 1. 72 et ailleurs : gir « poignard, épée ». GIR est un idéogramme = patru.

P. 157. 1. 6: M. Sayce traduit uzakkir harsanis « I completed carefully »; en revanche, p. 162, la même expression est rendue par I completed artistically », et, p. 164, par « I completed skilfully ». Le sens réel est : « j'ai élevé comme une montagne » 4.

P. 161, l. 5 : ri'uta la sanan « un gouvernement sans pareil » est lu par M. Sayce ria Lasanan et traduit « Shepherd Lasanan ».

Ces exemples suffisent à montrer que les critiques formulées plus haut ne sont nullement exagérées. A coup sûr, aucun assyriologue ne peut se flatter d'être impeccable : dans des études aussi nouvelles, chacun doit se résigner â acquérir la plus petite vérité au prix de mainte erreur. Encore faut-il veiller à ne point dissiper un trésor amassé si péniblement.

Stanislas GUYARD.

13.

Stephanus GRAMLEWICZ, Quaestiones Claudianeae. Vratislaviae, 1877. Dans cet opuscule, qui est une dissertation pour le doctorat, M. Gramlewicz recueille tous les passages de Claudien imités de Virgile, d'Ho

1. Voy. Lenormant, Etude sur quelques parties des syllabaires cunéiformes, p. 185 et suiv.

2. En effet, ils figurent dans un texte écrit tout en idéogrammes; Cf. Lenormant, J. A., août-sept. 1877. p. 145 et 146,

3. Sur titallu et titallis (c'est ainsi qu'on doit lire) et sur le sens de ce mot, cf, Delitzsch, AL, remarque sur le signe no 117.

4. Dans sa thèse de l'Ecole des Hautes Etudes en cours d'impression, M. Henri Pognon établit que harsan signifie montagnes et non forêts comme on l'a cru jusqu'ici. M. Grivel, dans son examen de l'inscription de Borsippa, avait déjà émis cette opinion et il a aussi prouvé que le pael de Zakar doit se rendre par élever. Cf. d'ailleurs Oppert, Dour-Sarkayan, p. 6 et 25.

race, d'Ovide et de Lucain, ceux qui contiennent des réminiscences de ces poètes ou qui trahissent leur influence sur la diction de Claudien. Chemin faisant, il donne quelques exemples intéressants de l'usage qu'on peut faire de ces parallèles pour fixer l'ordre chronologique des œuvres du poète et pour exercer la critique du texte. Sur ce dernier point, il montre peut-être une confiance excessive dans son procédé, oubliant que les interpolateurs, eux aussi, savaient par cœur leur Virgile, leur Ovide et leur Lucain, et que, d'ailleurs, qui dit imitation et surtout réminiscence, ne dit pas copie. Enfin, M. Gramlewicz défend contre M. Jeep l'opinion qui fait naître Claudien à Alexandrie et il combat les jugements de ce savant sur la valeur relative des mss. de Claudien, toujours en s'appuyant sur la comparaison des autres poètes.

14. LONGNON, Géographie de la Gaule au VI' siècle. Paris, Hachette, 1878. Grand in-8°, x-653 pages et 6 planches.

(PREMIER ARTICLE)

C'est en 1858 qu'Alfred Jacobs a fait paraître chez Furne son Mémoire intitulé: Géographie de Grégoire de Tours, le pagus et l'administration en Gaule. C'était sa thèse française pour le doctorat. Sa thèse latine était un commentaire de la partie du géographe de Ravenne qui concerne la Gaule. Ces deux brochures obtinrent une mention trèshonorable au concours des antiquités nationales. Elles furent suivies de deux mémoires dont voici les titres : Le pagus aux différentes époques de notre histoire; Géographie de Fredégaire, de ses continuateurs et des Gesta regum Francorum. Ils ont été imprimés dans la Revue des sociétés savantes et tirés à part chez Durand, 1859. Ces deux mémoires et le premier dont nous avons parlé furent refondus dans le travail intitulé Géographie de Grégoire de Tours, de Frédégaire et de ses continuateurs, in-8, de 237 pages qui, compris dans une édition du Grégoire de Tours de M. Guizot, parut, tiré à part, chez Didier en 1861. L'année suivante, Alfred Jacobs publia sa Géographie des diplomes mérovingiens, qui, insérée dans la Revue des sociétés savantes fut aussi tirée à part et eut Durand pour éditeur 1. Alfred Jacobs à un esprit cultivé joignait l'amour ardent et désintéressé de la science, et il devait à d'honorables traditions de famille une vocation innée pour la géographic. On ne peut trop admirer la noble énergie du combat qu'il a livré aux plus redoutables difficultés de la vie. Ses forces intellectuelles d'abord, ses forces physiques ensuite y ont prématurément succombé. Il a l'honneur de nous avoir laissé les premiers travaux importants dont la géographie mérovingienne ait été l'objet dans notre siècle. Guérard ne s'était guère occupé que de la géographie carlovingienne. Mais quelque

1. Nous ne citerons que pour mémoire les fleuves et rivières de la Gaule, 1859, et Les trois itinéraires des Aquæ Apollinares, même date.

valeur qu'aient les travaux géographiques d'Alfred Jacobs, quelque légitime qu'ait été leur succès dans le monde savant à l'époque de leur apparition, ils étaient défectueux à deux points de vue isoler Grégoire de Tours et Frédégaire des autres documents historiques du même temps, des conciles et des vies de saints notamment, était se priver d'un moyen d'information absolument nécessaire : ce qui était plus grave encore était chez Jacobs l'absence complète de notions de linguistique. Il n'avait aucune idée des règles suivant lesquelles les mots de la langue latine se sont métamorphosés en mots français. Cette lacune dans son instruction littéraire si vaste et si soignée se trouvait aussi chez la plupart de ses contemporains. La seconde édition de la Géographie de Grégoire de Tours date de 1861. La Géographie des diplomes mérovingiens date de 1862. Or, c'est le 27 janvier 1862 que M. G. Paris a soutenu sa thèse sur le rôle de l'accent latin dans la langue française. Il a publié l'année suivante seulement sa traduction de l'introduction à la Grammaire des langues romanes de Diez. C'est aussi en 1863 que les articles si remarquables, écrits sur la grammaire française par M. Littré en 1855 et les années suivantes dans le Journal des savants, ont été répandus dans le public par leur insertion dans le recueil intitulé: Histoire de la langue française. Jusque-là ces articles si nets et qui marquent si vigoureusement en France les débuts de la nouvelle école, n'avaient été lus que par quelques sceptiques érudits. Le cours de M. Gaston Paris à l'Ecole pratique des hautes études ne date que de 1868. Alfred Jacobs est donc, suivant nous, fort excusable de n'avoir pas utilisé les découvertes de Diez. Quoiqu'il en soit, il ne connaissait pas les règles qui doivent nous guider quand il s'agit de trouver la forme moderne des noms de lieu contenus dans les écrits de l'époque mérovingienne; de là des erreurs inévitables auxquelles il faut joindre celles qui résultent de ce qu'il a négligé de compléter à l'aide des vies de saints et des conciles, quand faire se peut, les renseignements si souvent insuffisants que fournit Grégoire de Tours.

Les travaux d'Alfred Jacobs étaient donc à recommencer. Telle est la raison d'être du livre de M. Longnon. Ce livre, en effet, pourrait être considéré comme une nouvelle édition de la Géographie de Grégoire de Tours s'il ne s'en distinguait non-seulement par son étendue qui est plus que triple, mais aussi et surtout par la méthode rigoureuse que de sérieuses études de linguistique ont fait acquérir au jeune auteur et par l'emploi des documents historiques négligés par son prédécesseur. La Géographie de la Gaule au vie siècle est à mes yeux le premier ouvrage important où les procédés de la linguistique moderne prennent la place à laquelle ils ont droit, soient acceptés comme un des fondements de la géographie historique de la France au moyen âge. Certainement on ne peut trop admirer les résultats auxquels est arrivé M. J. Quicherat dans son excellent traité De la formation française des anciens noms de lieu. On trouve dans ce volume si court et si substantiel, ce cachet de supériorité

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