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Nous apprenons, à la même page, que le patriarche des Serbes de Hongrie réside à Karlovac. Le locatif russe n'a pas permis à M. C. de distinguer Karlovac (Karlstadt), ville croate, de Karlovci (Karlowitz), qui est la résidence du patriarche en question.

P. 12, il est question de la ville de Soline en Dalmatie. Il faut lire Solin ou Salone. De même Split doit être transcrit en slave par Splijet, en italien par Spalato. - P. 13 Vinodola, lisez Vinodol; l'adjectif possessif Vinodolski n'a pas permis à M. C. de reconnaître le genre du nom géographique. Deux lignes plus bas, M. C. invente une ville de Veprinek substituée par lui à celle de Veprinac. On lit, à la même page, que la glagolica fut protégée par les papes et par les archevêques, que des imprimeries glagolitiques furent établies à Tubingen, à Rome. M. C. ignore que l'imprimerie de Tubingen est une imprimerie protestante. Elle date du xvi° siècle et est, par conséquent, fort antérieure à la réforme des livres de Karaman qui vivait au XVIII°, et que M. C. semble considérer comme antérieure à la fondation de l'imprimerie de Tubingen. On lit, à la page suivante, qu'il n'a été trouvé en Bohême qu'un seul fragment glagolitique, celui de M. Hoefler. M. C., parle, quelques lignes plus bas, de l'évangile de Reims; ignore-t-il donc qu'il renferme une partie glagolitique? P. 23. La ville bulgare de Velica (Beta) est appelée Velicz, et l'empereur Basile, Bolgarokhton au lieu de Bolgarokhtonos.

Après un résumé succinct de la littérature bulgare savante, M. C. s'occupe de la poésie populaire. Il reproduit, en l'abrégeant, la brochure de M. Chodzko sur Verkovic (études bulgares) et se contente d'affirmer que l'authenticité du « Véda slave » n'a été niée que par MM. Jireczek et Leger, qui s'est contenté de traduire M. Jireczek à la légère. Il nous permettra de le renvoyer à la Bibliothèque universelle de Genève (février 1876) où il trouvera des arguments que nous n'avions pas pu développer dans le cadre restreint de la Revue critique. M. Jos. Jireczek, dans une note mise à la page 735 de l'édition russe de son histoire des Bulgares (Odessa, 1878), se plaît à reconnaître que nous avons été le premier en Occident à signaler la fraude de Verkovic ou de ses complices. M. C. ignore, bien entendu, le jugement de M. Jagic dans l'Archiv für Slavische Literatur (année 1876, p. 577) qui accuse Verkovic d'attentat sur la poésie populaire slave, et celui du savant Bulgare, M. Drinov, également paru en 1876 dans la Revue bulgare de Braïla. M. Drinov, publiant un chant populaire, le Mariage du soleil (p. 153–157), fait remarquer qu'un chant analogue a été publié dans le Véda slave; et il ajoute : « On voit bien que ce chant a été fabriqué (sotchinena) ou du moins arrangé (priemaïstorena) par quelque patriote bulgare exagéré (priekalen). » M. Drinov promettait alors de revenir sur Verkovic et son recueil. On comprend que les événements qui sont survenus depuis l'aient détourné de ses études. Renvoyons encore M. C. à l'opinion de M. Pypine dans la nouvelle édition de l'Histoire des littératures slaves (Pétersbourg, 1879), qu'il n'a pas pu consulter à l'époque où il compilait son

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volume, et au dernier fascicule de l'Archiv für slavische Literatur où M. Jagic vient d'exposer une fois de plus son opinion (p. 742-744).

Passons à la littérature serbe. M. C., qui a suivi la première édition du livre de Pypine (1866), n'oublie qu'une chose dans sa bibliographie, c'est l'histoire de la littérature serbe de M. Stojan Novakovic qui a eu, depuis 1867, deux éditions. N'étant pas mentionnée dans Pypine, elle lui est naturellement inconnue. Les erreurs abondent dans ce chapitre. M. Novakovic, l'auteur de vingt volumes estimés sur la littérature des Serbes méridionaux, n'est mentionné (p. 92) que pour un seul de ses opuscules. Les noms des écrivains ragusains, p. 77, sont abominablement écorchés. M. C. classe, parmi les écrivains ragusains, le célèbre panslaviste Krijanitch (Krizanic), né aux environs d'Agram et qui ne sut jamais un mot de la littérature ragusaine.

P. 116-143, M. C. trace une esquisse historique de la Bosnie et de l'Herzégovine. Il nous apprend que les catholiques de ces provinces sont appelés Szokaci. Ce nom est exclusivement réservé aux SerbesCroates catholiques qui vivent en Hongrie dans la Baczka. Cette province porte décidément malheur à M. C. Il nous entretient, à diverses reprises, de l'hérésie des Patharènes (sic). En français, on dit Patarins. - P. 152. Il est question du poète Medo Pouczicz qui « habita quelque temps la Serbie et fut précepteur du prince Milan. C'est à cette occasion qu'il publia ses Souvenirs serbes.» Le volume auquel M. C. fait allusion est intitulé Spomenici Serbski od 1395 do 1423, c'est-à-dire Monuments ou Documents serbes de 1395 à 1423. Ce sont des textes empruntés aux archives de Raguse et publiés par M. Pouczicz à Belgrade, en 1858, c'est-à-dire dix ans avant que l'écrivain ragusain ne fût nommé gouverneur du prince Milan. Notre auteur a pris ce gros inquarto pour des mémoires de voyage. - P. 157. Nous apprenons que M. Koch a laissé l'histoire de la musique slave, ce qui nous permet de croire que M. Koch n'est plus en vie aujourd'hui. - P. 159. Nous retrouvons un certain M. Kouhacz qui annonce la publication de nombreux chants populaires. Apprenons au lecteur que M. Kouhacz-Koch, aujourd'hui parfaitement vivant, n'est qu'un seul et même personnage. M. Koch a traduit son nom allemand en serbe: Kouhacz. M. C. n'a pas un instant soupçonné ce fait : Koch et Kouhacz figurent l'un après l'autre dans sa table alphabétique.

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Passons à la littérature slovène. « De la littérature sacrée de l'époque << chrétienne, il nous a été conservé une copie en latin des fragments de Frisinsky, qu'on appelle improprement Frisingen, écrit doctorale<<ment M. C., et il ajoute en note: Shafajik (sic) attribue ces fragments « à Abraham, évêque de Frisinsky. » M. C. s'est peu soucié de trouver sur la carte la ville de Frisinsky! Apprenons-lui qu'il s'agit tout simplement de la ville bavaroise de Freisingen, située sur l'Isar, entre Augsbourg et Landshut: M. C. a pris pour un nom de ville l'adjectif possessif Frisinsky. A la page suivante, il appelle Bogoricz le grammairien

slovène Bohoricz. Ce n'est pas une simple distraction ou une faute d'impression, c'est tout simplement que, dans le livre russe dont M. C. s'est servi, la même lettre sert pour traduire également le son h et le son g. Quelques lignes plus loin, il traduit un titre de journal Kraïnska Zbelica par la Ruche Krainienne. Ces deux mots veulent dire l'Abeille de la Carniole. Ailleurs (p. 177), se trouve signalée l'association de SaintMohor. Saint-Mohor est le nom slovène de Saint-Hermagoras. Il n'eût pas été inutile de le dire.

La littérature tchèque a été en allemand, en français, en anglais, l'objet de quelques travaux qui auraient rendu plus facile la tâche de M. C. Il ne les connaît guère. Il affirme que Huss traduisit la Bible (p. 207). Ce qui est faux. Il dit que Tabor (p. 209) en tchèque signifie camp. Or c'est tout simplement un nom biblique que les Taborites appliquèrent à leur première forteresse. Jean de Jessenic est appelé Essenic, Mathias de Janov est écrit Janof d'après l'orthographe russe. Nous apprenons que le jésuite Balbin (p. 219) ne parvint à publier son livre Dissertatio apologetica pro lingua bohemica qu'après la dissolution de son ordre. Or, Balbin, né en 1621, mourut en 1688! Son livre fut imprimé pour la première fois en 1775. - P. 239. Dans la traduction d'un fragment de Kollar, il est question « des Féaques, dont le peuple Bohême ne doit pas écouter les cris ». Qu'est-ce que les Féaques? C'est, nous dit M. C. en note une épithète donnée par Schiller aux Autrichiens. Il s'agit tout simplement des Phéaciens d'Homère.- Mme Niemcova, présentée comme écrivant encore aujourd'hui, est morte en 1862. Nous avons relevé plus haut les erreurs concernant les noms propres. Nous n'y reviendrons plus. En voici pourtant une qui est impardonnable. M. C. appelle le savant prieur du monastère de Raïhrad, l'abbé Beda Dudik (P. 274), M. Durdik. Cette erreur, répétée à la table des matières, n'est pas due à une simple faute d'impression. L'abbé Dudik est ainsi confondu avec un autre écrivain tchèque M. Durdik.- Il paraît que l'Université d'Olomouc (Olmütz) mène une existence étiolée (p. 275); très étiolée en effet. Voici tantôt quinze ans qu'elle n'existe plus.

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L'histoire de la littérature serbe de Lusace offre moins d'erreurs. Pourquoi appeler la ville de Bautzen Budissine? Où M. C. a-t-il pris que M. Schmaler soit allé publier à Vienne le Centralblatt für Slavische Literatur? Ce recueil que nous avons sous les yeux a paru à Bautzen (Budiszin) en septembre 1865, librairie Schmaler et Pech, imprimerie Donnerhak.

Nous arrêtons ici ces observations. Ainsi que nous le disions en commençant, la notice consacrée à la littérature polonaise est la seule partie de l'ouvrage où M. C. ait montré quelque compétence. Par ci par là, sa plume le trahit pourtant et ses jugements demandent à être réformés. Quand M. C. nous apprend que M. Maciejowski, l'historien des législations slaves, a tout passé au creuset de la critique, nous sommes obligés de faire toutes nos réserves. La critique de M. Maciejowski n'est pas à la

hauteur de son érudition. P. 458 L'historien Szaïnocha prouve que les Lechs sont venus de la Scandinavie. P. 464. M. Maciejowski prouve que les ancêtres des Polonais viennent de la Saxe. Entre ces deux démonstrations toutes deux concluantes, paraît-il, nous voilà fort embarrassés. Qu'est-ce que la ville de Ciesczyne? (P. 478) L'orthographe polonaise est Cieszyn et il ne serait pas inutile d'ajouter entre parenthèses qu'il s'agit de Teschen.

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Les conclusions de l'ouvrage nous paraissent fort sensées; on y retrouve, bien entendu, les mêmes fautes que dans le texte du livre. Les fragments de Frisinsky, pour Freysingen (p. 489), le patriarche de Karlovac, lisez Karlovci.) Mais, ces réserves faites, il faut reconnaître que M. Courrière a bien étudié l'ensemble de la question slave. Il a un tempérament de publiciste, non d'érudit; qu'il nous écrive de bons articles sur la Russie, même sur la Pologne; mais qu'il évite avec soin les travaux qui demandent des connaissances approfondies en linguistique ou en littérature.

Louis LEGER.

99.

Storia d'Italia dopo il 1789 per Augusto FRANCHETTI. Milan, Vallandi, gr. in-8°, 420 p.

Ce volume fait partie d'une collection générale de l'histoire d'Italie qui se publie sous la direction de M. Pasquale Villari. M. Franchetti, qui avait été chargé de l'histoire d'Italie depuis 1789, n'a pu continuer son travail que jusqu'en 1799. C'est cette partie de l'ouvrage qui a récemment paru. L'auteur a consulté des documents inédits des archives ; de plus il a mis en œuvre les travaux publiés en Italie, en France, en Angleterre et en Allemagne. Des notes très-nombreuses et remplies de citations soutiennent le texte. Les sources, très-abondantes, sont partout indiquées avec soin. Le tout forme un manuel utile à consulter et d'un maniement facile. L'auteur expose: ch. 1, l'état de l'Italie avant la Révolution française; ch. 1, les premiers effets de la Révolution (1789-1795); ch. 1, les campagnes de Bonaparte (1795-1796); ch. v, le traité de Campo-Formio (1796-1797); ch. vi, l'histoire des républiques d'Italie (1797-1799).

VARIÉTÉS

Annales de la Faculté des Lettres de Bordeaux.

Première année. N° 1 -- Mars 1879.

Nous avons annoncé (Chronique, no 6, p. 113) la courageuse et intelligente entreprise des professeurs de la Faculté des Lettres de Bordeaux.

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Nous sommes heureux d'en signaler aujourd'hui la mise à exécution. Le premier fascicule des Annales est sérieux, instructif et varié. Après quelques pages philosophiques de M. Liard, qui ne sont pas de notre compé tence, nous trouvons un article fort bien rédigé de M. Couat sur Le Musée d'Alexandrie sous les premiers Ptolémées. « Cet article, dit l'auteur, pourrait servir d'introduction à une série de mémoires sur la poésie alexandrine. » Nous souhaitons que ces mémoires soient écrits et publiés. Le professeur de langue et littérature grecques nous paraît, d'après ce court échantillon, réunir les qualités d'érudition et de goût nécessaires pour les travaux d'histoire littéraire, depuis longtemps trop délaissés chez nous. L'article de M. Froment, Une cause grasse sous Henri IV, est court, et nous a déjà paru un peu long. Le sujet est peu intéressant, comme l'auteur l'a d'ailleurs senti lui-même, et il aurait dû tout au plus fournir la matière d'une note de deux pages.- Cinq inscriptions grecques d'Asie-Mineure sont publiées et annotées avec soin par M. Collignon, professeur d'antiquités grecques et latines. M. Combes a tiré des archives de Turin des lettres inédites de Victor-Amédée II, duc de Savoie, et de la duchesse de Bourgogne. Ces lettres fort intéressantes sont accompagnées d'un bon commentaire; la duchesse de Bourgogne y est disculpée d'une manière éclatante des soupçons de trahison envers les intérêts français qui ont été souvent exprimés contre elle. On regrette de n'avoir ici que des fragments, et on voudrait que M. Combes fit connaître plus complètement, bien qu'avec choix, le fruit de ses recherches dans les archives du Piémont. -M. Luchaire commence un long travail sur Les Origines de Bordeaux par un article intitulé: Les Bituriges Vivisques et l'époque de leur établissement dans l'Aquitaine, où on trouve du savoir et une critique indépendante. L'auteur se trompe en disant que les formules barbares de Marcellus Empiricus ont été reconnues comme celtiques par Zeuss. Le grand savant n'a jamais rétracté le jugement plus que sévère qu'il avait porté sur le mémoire de Grimm relatif au médecin de Bordeaux; et si les paroles blessantes de la Grammatica celtica ont disparu de la nouvelle édition, le texte de Marcellus n'y a du moins jamais été employé. Le commencement d'un mémoire de M. Foncin, qui paraît très-bien fait, sur la « cité» de Carcassonne, termine la part qui revient dans ce fascicule aux professeurs de Bordeaux. Ils ont tenu à honneur de justifier leur programme et les espérances qu'il avait fait concevoir. Nous les engageons à persister fermement dans la voie sévère où ils sont entrés, à ne pas craindre les recherches spéciales, les exercices. de critique historique ou philologique, les discussions minutieuses et rigoureuses. Ils essaieraient en vain de séduire le grand public ou, pour mieux dire, le public ignorant; qu'ils s'adressent au public compétent de la France et de l'étranger; ils rendront ainsi service à la science, ils éléveront le niveau de notre enseignement supérieur, et ils feront un honneur durable à la Faculté à laquelle ils appartiennent.

Une lettre sympathique de M. Egger, une fine discussion de M. Bois

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