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Sommaire : 95. FREUDENTHAL, Le platonicien Albinus et le prétendu Alcinous.
96. SCHUBERT, Les sources de Plutarque dans ses biographies d'Eumène, de
Démétrius et de Pyrrhus. 97. PERSON, Vie de Scipion Emilien. 98. COUR-
RIÈRE, Histoire de la littérature contemporaine chez les Slaves. 99. FRANCHETTI,
Histoire d'Italie depuis 1789. VARIÉTÉS Annales de la Faculté des Lettres de
Bordeaux. Académie des Inscriptions.

95. Der Platoniker Albinus und der falsche Alkinoos, von Dr. J. FREUDENTHAL. Hellenistiche Studien, Heft 3. Berlin, Calvary, 1879, gr. in-8°. Prix 2 mark 40 (3 fr.).

Ce 3o cahier (p. 241-328) des hellenistische Studien de M. Freudenthal fait regretter de ne pas connaître les deux premiers cahiers (p. 1-240), qui, du reste, en devaient être tout à fait indépendants, puisqu'ils n'y sont pas même cités. Celui-ci contient une dissertation divisée en deux parties, que, même après la lecture de la première, on pourrait croire indépendantes l'une de l'autre, mais dont l'objet commun est poursuivi, et me paraît obtenu, avec une méthode aussi sûre qu'ingénieuse : il s'agit de prouver qu'Albinus, platonicien du n° siècle de notre ère, est l'uniqué auteur, non pas de la forme actuelle, mais d'une rédaction primitive, des deux ouvrages grecs, étrangement défigurés, qu'on lit sous divers titres dans les manuscrits, et dont l'un, A26ívou IIp6λoyos, était une introduction à la lecture des œuvres de Platon, et l'autre, AX6ívou (hóyog) didacnaλınós, était un résumé de la doctrine de Platon telle qu'Albinus croyait la comprendre; mais les anciens, qui connaissaient bien Albinus, n'avaient jamais connu un platonicien nommé Alcinoüs. Ce qu'on peut reprocher à M. F., ce n'est pas d'avoir conduit peu à peu les lecteurs à son but sans le leur montrer d'avance; mais c'est de ne pas laisser voir assez un fait, qui, en augmentant le mérite de sa découverte, excuse un peu ses devanciers de ne pas l'avoir faite; ce fait, c'est que, des deux opuscules grecs sous leur forme actuelle, le second, beaucoup plus étendu, a surtout l'avantage d'offrir un véritable intérêt pour la connaissance du platonisme au e siècle de l'ère chrétienne, tandis que le premier, plus maltraité, paraît de très-peu d'importance au premier coup d'œil.

Dans sa première partie (p. 241-275), intitulée Le Prologue d'Albinus (Der Prolog des Albinos), c'est en effet à la personne de ce philosophe et à cet opuscule que M. F. s'arrête. Il prouve d'abord par des

Nouvelle série, VII.

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témoignages antiques qu'au milieu du n° siècle de notre ère Albinus, disciple du platonicien Gaïus et éditeur de rédactions de ses leçons, enseignait lui-même avec éclat la philosophie à Smyrne, où le célèbre médecin et philosophe Galien se rendit tout exprès de Pergame pour l'entendre. Puis, abordant le seul ouvrage qui nous reste sous le nom d'Albinus, c'est-à-dire le Prologue tant de fois imprimé, il étudie les six chapitres de cet opuscule dans la meilleure édition, celle d'Hermann (Platonis Op., t. VI, p. 147), en consultant les observations critiques d'Hiller (Hermes, X, p. 333). Il constate aisément que nous n'avons plus la rédaction même de l'auteur, mais un abrégé plein de lacunes, d'interpolations, de contradictions et d'erreurs, ou bien des extraits suivant l'aveu contenu dans le mot ött en tête de l'opuscule et confirmé plus loin par le mot . C'est donc l'œuvre de l'abréviateur grec qu'un éditeur moderne est le plus souvent forcé de reproduire, en y corrigeant les fautes introduites par les copistes de manuscrits, et en remontant, .quand c'est vraiment possible, aux expressions primitives de l'auteur, altérées par l'abréviateur. C'est en procédant ainsi qu'à la fin de sa dissertation M. F. a donné (p. 322-326), avec des variantes et de courtes notes latines, une nouvelle édition critique de l'abrégé du Prologue. Mais surtout, dans sa dissertation allemande (première partie), il a fait, avec une sagacité remarquable, la part d'Albinus, dont il compare certains passages avec des passages analogues du III livre de Diogène de Laërte, consacré à Platon; puis la part des platoniciens Thrasylle et Dercyllidės, qu'Albinus, comme son compatriote et contemporain le platonicien Théon de Smyrne, a connus tous les deux, tandis que Diogène de Laërte, dans son III livre, a puisé à une source postérieure à Thrasylle, mais antérieure à Dercyllidès; et enfin la part de l'abréviateur, qui a gâté le Prologue d'Albinus, non-seulement en le mutilant, mais en y introduisant des choses étrangères. Ayant ainsi, à l'aide des textes anciens, isolé ce qui appartient à Albinus dans les restes défigurés de ses vues sur l'ensemble des œuvres de Platon et sur la marche à suivre en les étudiant, M. F. a montré dans Albinus un philosophe platonicien éclectique comme on l'était de son temps, c'est-à-dire avec les fausses assimilations du syncrétisme, qui mêlait aux doctrines et aux expressions de Platon celles du péripatétisme et celles du Portique, mais sans les doctrines mystiques et extatiques du néoplatonisme et du néopythagorisme, auxquelles seulement le platonisme du n° siècle de notre ère préparait la voie. Ainsi se termine cette première partie, qui a par elle-même sa valeur propre, mais qui en même temps, à l'insu du lecteur, pose les bases de la deuxième partie.

Celle-ci est intitulée : Le Traité didactique du prétendu Alcinous (Die Lehrschrift des sogenannten Alkinoos). En ses vingt-sept pages (p. 275-302), elle contient beaucoup de choses, et elle est plus importante, plus neuve, mais non plus difficile que la première partie. M. F. n'a pas de peine à écarter l'opinion de Fabricius, d'après laquelle Alci

nous, auteur du Atòxoxaλixbę λóyog, le serait aussi du IIpóλoyos, et à montrer que jamais aucun auteur ancien n'a appliqué le nom d'Alcinous à un platonicien du r° siècle, et que jamais un témoignage ancien sur un personnage de ce nom n'a pu s'appliquer au nôtre. Mais il était plus difficile de réunir des preuves convaincantes pour motiver l'heureuse conjecture de Ruhnken (De Longino) et de Ch. Hendreich (Pandectæ Brandenburgica, p. 89), d'après laquelle les deux ouvrages appartiennent à Albinus. M. F. cherche d'abord ses preuves dans une comparaison approfondie de l'un et de l'autre point de vue général, opinions particulières, style, époque, tout s'accorde. Dans ce qui n'est pas ajouté par l'abréviateur, le court Prologue ne contient pas une doctrine qui ne se retrouve dans le Traité didactique beaucoup plus étendu; mais c'est dans ce dernier seul qu'il faut, avec M. F., chercher l'ensemble des pensées de l'auteur, pensées profondément morales et religieuses, mais avec sobriété dans l'expression et sans aucune trace des exagérations mystiques du néoplatonisme. L'auteur du Traité didactique est amené par son éclectisme à emprunter volontiers à d'autres écoles ce qui lui paraît pouvoir se concilier avec le platonisme. Par exemple, quand il dit que Dieu n'est ni mobile, ni immobile, c'est la répétition d'une proposition de Xénophane (dans Simplicius, Phys., f. 6 a, l. 7-14, Ald.), comme M. F. aurait bien fait de le dire (p. 287). Mais, en général, M. F. indique très-bien l'origine de chaque doctrine et de chaque expression de son auteur soit chez Aristote, soit chez les Stoïciens, soit dans le platonisme du n° siècle de notre ère. Ainsi, quand on lit dans le Traité (ch. 1x) que les idées existent à la fois en Dieu, qui les pense, et hors de Dieu, comme substances indépendantes, c'est, suivant la remarque de M. F. (p. 288), le platonisme de Philon et d'Atticus, mais ce n'est pas encore le néoplatonisme. Du reste, M. F. montre bien que dans le court Prologue, malgré les altérations qui le défigurent, il y a des expressions qui supposent les doctrines du Traité didactique, et que le style du Prologue a le même caractère que celui du Traité. Il serait incroyable, conclut-il (p. 297), qu'à une même époque, dans une même école, et avec des noms presque identiques, deux écrivains différents se fussent trouvés si semblables entre eux, et surtout que celui dont l'œuvre est le plus remarquable fût le seul des deux que les anciens n'eussent jamais cité. Mais il n'en est pas ainsi, et M. F. le prouve en montrant que toutes les opinions caractéristiques citées par les anciens comme ayant été celles d'Albinus se trouvent textuellement dans le Traité didactique qui porte maintenant le nom d'Alcinoüs, excepté une, dont l'équivalent s'y rencontre. Il ne reste donc plus, pour défendre Alcinoüs, que son nom Axxivécu en tête des manuscrits de ce traité. Mais cet appui est caduc; car, comme M. F. le démontre (note supplémentaire 8, p. 320), tous les manuscrits actuels sont des copies d'un seul archetype, où se trouvait la leçon fautive qu'ils ont reproduite. Or, pour expliquer cette faute, il suffit d'admettre qu'elle a pu consister, de la part de celui qui a écrit

l'archétype, à lire dans un manuscrit antérieur un x au lieu d'un 6, peu lisible sans doute, et par conséquent à lire, au lieu du mot Aivou, le mot Axxivou, qu'on aura cru mis, par une faute d'accentuation, pour Ἀλκινοῦ, contraction d' Αλκινόου. Voilà donc la difficulté résolue en faveur de la thèse de M. Freudenthal.

Il termine sa dissertation par une thèse accessoire, qui aurait pu trouver place plus haut, dans la comparaison entre le Prologue et le Traité didactique, et qui est importante pour les lecteurs et éditeurs du second le Traité didactique lui-même ne nous est parvenu qu'après avoir subi, de la part d'un abréviateur, des mutilations analogues à celles dont, à cette même époque, Galien se plaignait si amèrement pour ses propres œuvres. Il n'est donc pas étonnant que, dans le Traité didactique d'Albinus, M. Freudenthal trouve à signaler, outre des contradictions que le syncrétisme de l'auteur grec explique sans les justifier, d'autres contradictions, des lacunes, des transpositions, des interpolations, qui trahissent la main de l'abréviateur.

Enfin nous ne devons pas omettre de mentionner neuf notes supplémentaires, qui terminent le cahier (p. 302-321), et où sont traitées trèsutilement des questions accessoires, savoir: 1o Sur les cahiers de classe dans l'antiquité; 2° Sur la critique et l'exégèse du Prologue; 3° Diogène de Laërte et les Prolégomènes d'Olympiodore; 4° Sur les sour· ces de Diogène de Laërte; 5° Notes critiques sur les Prolégomènes d'Olympiodore; 6° Travaux critiques des néoplatoniciens; 7° Notes relatives à la critique et à l'exégèse du Traité didactique; 8° Manuscrits du Traité didactique; 9° Manuscrits (des dissertations, de Proclus (sur la République de Platon). Parmi ces notes, toutes intéressantes, la plus étendue et la plus importante est la quatrième (p. 305-315), qui prouve, contre F. Nietzsche, Uberweg, Heinze et autres, que l'épicurien Dioclès de Magnésie, au lieu d'être la source unique ou principale de la compilation de Diogène de Laërte, n'est qu'une des moins importantes parmi les nombreuses sources dont Diogène a fait usage tour à tour sans s'attacher à en suivre aucune habituelle

ment.

I

Th.-H. MARTIN.

1. Sans avoir le droit d'être puriste en allemand, je regrette que, dans son excellente dissertation, M. F. ait employé deux fois (p. 265, note, l. 1, et p. 308, 1. 29), pour désigner cette compilation, le mot bizarre Sammelsurium. Quant à des mots tels que unverbreitet, employé à contre-sens pour unvorbereitet (p. 274, l. 19), voraufgeschickt pour vorausgeschickt (p. 306, 1. 11), voraufgehend pour vorausgehend (p. 312, troisième 1. en remontant, et p. 314, 1. 22), ce sont évidemment des fautes d'impression.

96.

Die Quellen Plutarchs in den Lebensbeschreibungen des Eumenes, Demetrius und Pyrrhus von R. SCHUBERT. Besond. Abdruck aus dem neunten Supplementbande der Jahrbücher für classische Philologie. Leipzig, Teubner. 1878, in-8°, 647-836 pages. - Prix : 5 mark (6 fr. 25).

Ce livre contient un exposé des sources auxquelles a puisé l'auteur des biographies d'Eumène, de Démétrius et de Pyrrhus. M. Schubert analyse les biographies chapitre par chapitre, montre où Plutarque passe d'une source à une autre et recherche les noms des auteurs de ces sources. Il cite, à ce propos, un grand nombre d'écrivains de l'antiquité; il réunit dans un index alphabétique tout ce qu'il sait sur chacun de ces écrivains, et ajoute à cet index une sorte de tableau généalogique qui nous montre plus clairement comment s'est formée l'œuvre de Plutarque.

En général, pour ce qui concerne les sources originales de Plutarque, M. S. est d'accord avec les historiens qui ont déjà traité cette question; mais il s'écarte, dans le détail, des opinions reçues et précise plusieurs points avec plus d'exactitude qu'on ne l'avait fait jusqu'ici. Il est impossible d'exposer ici tout ce qu'il y a de neuf dans le travail de M. Schubert. Disons seulement que deux écrivains surtout ont servi à Plutarque dans sa biographie d'Eumène: Hiéronyme de Cardia, qui s'est fait le défenseur de son compatriote, et Duris, très-hostile à Eumène; Hiéronyme a vu de ses propres yeux les événements qu'il raconte; Duris a consulté des témoins oculaires. C'est encore le récit de Hiéronyme et de Duris qui fait le fond de la biographie de Démétrius; Hiéronyme est favorable au fils d'Antigone; Duris, au contraire, le traite assez mal; sa narration fourmille d'anecdotes et, selon M. S., il a emprunté les détails sur les événements d'Athènes à Philochore et à un témoin oculaire, également athénien, qui serait, toujours d'après M. S., le poète Philippide. - Dans la biographie de Pyrrhus, M. S. reconnaît une source épirote (Proxène) et Hiéronyme, l'autorité principale pour les dernières années de Démétrius. Quant à la campagne de Pyrrhus en Italie, il y a beaucoup de ressemblances sur ce chapitre entre Plutarque et Denys d'Halicarnasse, que Plutarque a certainement consulté. En ce qui concerne Tarente, il y a là une source tarentine, mais Denys a consulté, en outre, Claudius Quadrigarius et Valérius d'Antium, et, pour la Sicile, Timée qui puisait lui-même à une source sicilienne. M. S. cherche ensuite à démontrer que Plutarque n'a connu aucun des écrivains originaux, mais qu'il a presque tout emprunté à une « source intermédiaire » (Mittelquelle, p. 687), à un seul écrivain qui lui semble être Agatharchide (p. 807). Selon M. S., les trois biographies d'Eumène, de Démétrius et de Pyrrhus reposent sur un seul ouvrage historique, celui d'Agatharchide (p. 807).

M. S., non content d'éclaircir la critique des sources de Plutarque, a voulu être utile à l'histoire elle-même, et cela : 1o en déterminant d'une façon plus exacte et plus précise quelques événements; et 2° en éclairant

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