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Paris', et il serait né vers 1652, dix ans plus tôt que ne le fait naître la Biographie universelle. Venu à Paris vers 1666, il fut mis à la Bastille en janvier 1686. Il aurait, vers 1694, quitté Paris pour Angers, ville où il aurait été emprisonné pendant huit années. Ici M. F. n'a-t-il pas imprudemment suivi la Biographie médicale et la Biographie universelle? Le Blégny détenu à Angers n'est-il pas un homonyme du chirurgien, François-Etienne de Blégny, alors âgé de vingt-cinq ans environ, papetier à Paris, rue Saint-André-des-Arts, lequel, ayant été accusé d'être l'auteur de l'Entretien de M. Colbert avec Mahomet, fut mis à la Bastille en février 1688 3 et, en novembre suivant, avoua qu'il avait seulement été le distributeur du libelle 4. E. de Blégny en fut quitte pour une légère amende, une amende de six livres 5; mais il retomba, sept ans plus tard, dans son péché, car, le 21 septembre 1695, le ministre Pontchartrain écrivait au lieutenant général de police : « Le roi envoie au château d'Angers Pélissier et de Blégny, dont la dépense sera payée à 20 sols chacun par jour. Blégny est un homme qui se mêlait de mauvais livres et qui ne doit avoir aucune relation au dehors; Pélissier est un visionnaire rempli de plusieurs extravagances. Il sera bon que ces deux prisonniers n'habitent pas ensemble » 6. Quant au chirurgien, il est probable qu'après ses mésaventures de 1692-1694, il se décida, surtout si le reproche d'escroquerie qui lui a été adressé n'était pas immérité, à chercher un abri sûr en terre papale, à Avignon, où il mourut, assure-t-on, en 1722.

M. F. n'a pas manqué d'énumérer tous les recueils médicaux, plus dignes d'un vil charlatan que d'un sérieux praticien, qui furent publiés par Blégny en 1673, 1676, 1679, 1684, etc. S'il accorde une simple mention à ces trop nombreux ouvrages, il décrit avec soin les Adresses de la ville de Paris qui parurent en 1691, sous le faux nom d'Abraham du Pradel, astrologue lionnois, et dont la seconde édition, fort augmentée, fut publiée, l'année suivante, sous ce titre : Le livre commode contenant les adresses de la ville de Paris et le Trésor des almanachs

1. M. F. n'est pas d'accord sur ce point avec le docteur Barjavel qui (Dictionnaire historique, biographique et bibliographique du département de Vaucluse, t. I, 1841, p. 245) s'exprime ainsi : « Blégny (Nicolas de), qui pratiqua la médecine à Avignon, pendant plusieurs années, était né à Paris, en 1652. » Le Dr Barjavel attribue à Blégny un caractère bizarre, des mœurs dissolues et il déclare qu'il était plus intrigant que savant.

2. M. F. aurait pu ajouter que la détention de Blégny fut de très-courte durée, car M. Fr. Ravaisson (Archives de la Bastille, t. VIII, 1876, p. 371) a reproduit ce mot de M. de Besmaus à M. de La Reynie, écrit le 27 janvier 1686: « J'ai l'ordre de la liberté de Blégny. »

3. Archives de la Bastille déjà citées, t. IX, 1877, p. 105. Lettre de Seignelay à La Reynie.

4. Ibid., p. 108. Procès-verbal de la Chambre de police.

5. Cette condamnation fut prononcée sur l'avis conforme de La Reynie. Ibid., p. 109.

6. Ibid., p. 112.

pour l'année bissextile 1692 avec les scéances et les vacations des Tribunaux, etc., par Abraham DU PRADEL, philosophe et mathématicien. Paris, chez la veuve de Denis-Nion. M. DC. XCII. C'est l'édition reproduite par M. F. qui termine (p. Lx) sa vive et spirituelle Introduction par cette double appréciation contre laquelle aucun de ses lecteurs ne protestera : « Voilà l'homme, vous allez juger à présent de son Essai d'Almanach des adresses. L'auteur est un assez vilain personnage, mais le livre est curieux. >>

Oui, le livre est curieux, très curieux. On peut dire que tout le Paris d'il y a près de deux cents ans s'y retrouve. Affaires ecclésiastiques, exercices de piété, finances royales, conseils du roi et chancellerie, principaux magistrats, administration des hôpitaux, banquiers, académies et conférences publiques, bibliothèques particulières et publiques, collèges et leçons publiques, médecine ordinaire, médecine empirique, opérations chirurgicales, matières medécinales (sic) simples et composées 1, bains et étuves, impressions et commerce de librairie, liste des livres imprimés pendant le courant de l'année 1691, musique, fameux curieux des ouvrages magnifiques, dames curieuses, commerce de curiosités et de bijouteries, commerce des ouvrages d'or, d'argent, de pierreries, de perles, etc., premières instructions de la jeunesse, nobles exercices pour la belle éducation, armes et bagages de guerre et de chasse, chevaux et équipages, passe-temps et menus-plaisirs, jardinages, tapisseries et meubles ordinaires, chair et poisson, beurre, œufs, fromages, légumes, fruiteries, paneterie et pâtisserie, vins, hôtels garnis et tables d'auberge, etc., voilà quelques-uns seulement des sujets traités dans le tome Ier. Nulle part, comme on le voit par cette énumération, ne sont réunis autant de renseignements sur le Paris de la fin du xvIIe siècle.

Mais, autour de ces renseignements, il fallait beaucoup de notes explicatives et complémentaires. Qui pouvait mieux les rédiger que l'écrivain à l'érudition si variée qui, tout en promenant un peu partout son infatigable activité, semble avoir pourtant fait de l'étude du vieux Paris l'objet de ses préférences? L'auteur de Paris démoli, des Enigmes des rues de Paris, de l'Histoire du Pont-Neuf, de l'Histoire de la butte des Moulins, etc., était le commentateur naturellement désigné du livre de N. de Blégny. Il s'est tiré avec bonheur de cette tâche trop minutieuse pour n'être pas très difficile. Ses notes, presque innombrables, sont gé

1. En ce chapitre (p. 169), Abraham du Pradel, qui s'était déjà fort vanté luimême (p. 123, 152, 154, etc.), ne manque pas de mentionner honorablement un fils qui paraît avoir été bien digne de lui : « M. de Blégny fils Apoticaire ordinaire du Roy sur le quay de Nesle au coin de la rue de Guenegaud, » lequel << tient un assortiment complet de toutes les compositions, extraits, eaux distillées, sels, etc. » Le boniment, qui se prolonge jusqu'à la p. 169, atteint à une hauteur démesurée en ce passage: « C'est le seul artiste à qui les descendants du Signor Hieronimo de Ferranti, inventeur de l'Orvietan, ayent communiqué le secret original. »

néralement excellentes. M. F. y a mis du piquant, de l'agrément, et, soit par des citations bien choisies, extraites le plus souvent de livres rares et même de manuscrits inédits, soit par des rapprochements bien trouvés et par des anecdotes bien contées, il a fait de son commentaire un régal fort appétissant. Les erreurs, qui auraient pu être très abondantes à cause de la multiplicité des indications biographiques et bibliographiques à fournir, sont assez rares, et la plupart proviennent de ces inadvertances dont le meilleur chercheur se gare si mal aisément, quand plusieurs centaines de problèmes sollicitent presque à la fois son attention. Parmi ces excusables erreurs, je signalerai celle-ci (p. 132, note 2, à propos de la Bibliothèque de la Sorbonne) : « Ses principaux bienfaiteurs avoient été Richelieu et l'un de ses secrétaires, l'abbé Des Roches, que l'on connoit par l'épitre que lui dédia Boileau. » L'abbé Des Roches, auquel Despréaux dédia son Epître II, n'est pas le même que le secrétaire du grand cardinal, Michel Le Masle, prieur des Roches, chanoine et chantre de Notre-Dame, etc. Ce dernier, qui était déjà, en 1643, âgé d'environ septante ans (Lettre de Guy Patin du 28 mars de cette même année), mourut à la fin de février 1662 (Lettre du même, 29 février 1662), et, par conséquent, plus de douze ans avant la publication des quatre premières épîtres de Boileau (1674).

1

Quelques autres observations vont être présentées à nos lecteurs par un critique à la fois mon maître et mon ami - auquel je suis heureux de céder la plume, ce qui sera profit pour tout le monde.

II

T. DE L.

Je cède au désir qui m'a été exprimé, à plusieurs reprises, par mon savant collaborateur et ami, et j'ajoute à son article quelques observations que j'avais faites pour mon usage en lisant, l'automne dernier, le travail de M. F. Je goûte beaucoup l'instruction si variée, la lecture si étendue de cet écrivain, mais je regrette que trop souvent il abuse du droit de conjecturer, et qu'il ne revoie pas avec un soin plus scrupuleux les travaux sortis de sa plume facile. La méthode d'investigation de M. F. lui a attiré plus d'une fois le blâme de plusieurs critiques, entre lesquels il suffira de citer Sainte-Beuve 2. On peut lui reprocher aussi de n'être pas assez rigoureux, ni assez réservé dans ses rapprochements et dans ses déductions, de se fier trop souvent à sa mémoire et de ne pas tenir toujours compte de l'ordre des temps, ce qui l'entraîne parfois dans des anachronismes et des confusions de personnes. En un mot, il ne se sert pas assez, pour éclairer sa marche, du flambeau de la chronologie,

1. M. Avenel, qui n'avait pas connu la lettre de Guy Patin, avait deviné juste en disant (Lettres du cardinal de Richelieu, t. I, Préface, p. xx) que Le Masle survécut vingt ans environ au cardinal.

2. Cf. la Revue critique, t. I de 1868, article 45, p. 144; et les Nouveaux lundis, par C. A. Sainte-Beuve, t. X, Paris, 1868, p. 418, 420, 421, etc.

ni de celui de la critique. Enfin, il ne se montre pas assez soigneux dans la révision de ses épreuves. Ces diverses causes d'erreurs ôtent à ses doctes et piquants écrits une partie de l'utilité à laquelle ils ont droit de prétendre. Nous allons justifier par des exemples, tous pris dans ce nouvel ouvrage, les différents reproches que nous venons d'adresser à M. Fournier.

Ce n'est pas en 1707 seulement, comme il est dit (page 27, note 5), que Chamillart, contrôleur général depuis 1699, finit par devenir ministre de la guerre. Il obtint ce dernier poste dès le mois de janvier 1701, en remplacement de Barbezieux. Page 46, note 1, ce qui est dit de Boucherat présente quelques inexactitudes. Au lieu de 1685, date de sa promotion à la dignité de chancelier, on a imprimé 1665. On ne lui donne que quarante-neuf ans à l'époque où « il monta à cette haute fonction, par la protection de Turenne. » Il en avait en réalité soixanteneuf, et Turenne était alors mort depuis plus de dix ans. Page 50, note, ligne 4, Henri Daguesseau, père du chancelier, ne mourut pas le 5 septembre 1699, mais vers le milieu de novembre 1716 1. Page 56, note 4, on attribue à l'ancien premier président au parlement de Paris, Potier de Novion, un passage du texte où il est question de son petit-fils, parmi les présidents à mortier, et seulement au sixième rang. Il s'ensuit que la note se rapporte tout entière au grand-père et non au petit-fils 2, ce qui ne laisse pas que de faire un singulier effet.

Page 62, note 3, il est question de l'aventure du procureur général au grand conseil, Hennequin de Charmont, et du double testament fait par Mme Falentin, femme d'un avocat au conseil, d'abord en faveur de ce magistrat, puis en faveur de M. de Bragelogne, mais en réalité à titre de fideicommis. M. F. fait observer que cette aventure a été le sujet d'un conte en vers attribué à La Fontaine, mais publié avec plus de vraisemblance dans les Euvres de Régnier Desmarets (lisez Desmarais). Il aurait pu ajouter que ce conte se trouve encore, avec un petit préambule

1. Plus exactement le mardi qui suivit la Saint-Martin (11 novembre). Voyez le Discours sur la vie et la mort, le caractère et les mœurs de M. d'Aguesseau, conseiller d'Etat, par M. d'Aguesseau, chancelier de France, son fils; Paris, BrunotLabbe, 1812, in-12, p. 266, 297, 302. Cf. le Chancelier d'Aguesseau, sa conduite et ses idées politiques, etc., par M. Francis Monnier; Paris, Didier, 1860, in-8°, p. 163 et suiv.

2. Ce dernier devint président à mortier par suite de la retraité forcée de son aïeul, comme premier président. On peut voir à ce propos Pierre Clément, Portraits historiques, Paris, Didier, 1855, in-12, p. 143. Il faut seulement observer que la note de Saint-Simon sur Dangeau, citée par P. Clément d'après Lemontey, se trouve dans l'ouvrage de celui-ci à la page 53 et non à la page 63, et que le savant historien de Colbert a eu tort d'ajouter entre parenthèses les mots : son petit-fils, après le nom de M. de Croissy, supposant contre toute vérité que M. de Croissy était le petit-fils de Novion, et l'acquéreur de la charge, tandis qu'il en était le vendeur. Enfin, on a imprimé inexactement dans la même citation 174,000 livres pour 374,000 livres. Voir encore un passage du Journal de Dangeau, dans les Lettres de M de Sévigné, édition Mon merqué-Régnier, t. 1X, p. 226, n.

28.

en prose, dans le recueil intitulé: Poésies héroïques, morales et satyriques, par M. de Sanlec (sic), avec quelques Epigrammes, Sonnets, Madrigaux, etc., du même autheur, à Amsterdam, Henry Desbordes, 1700, in-8° (p. 73, suivantes) 1. Dans le sommaire du conte on lit bien Falentin et non Valentin, comme a écrit M. F., et l'on donne à M. de Bragelogne ou Bragelonne le titre de Président aux Requêtes du Palais de Bretagne, et non celui de conseiller des aides comme fait M. F. 2. P. 27, note 4, c'est sans doute par une faute d'impression que Pontchartrain est indiqué comme ayant été chancelier de 1699 à 1704. La vraie date de sa retraite est 1714. Autre faute d'impression, p. 136, note : Prumier, en place de Plumier. Il s'agit du religieux de l'ordre des Minimes, si fameux comme botaniste. Page 131, note 7, le titre exact du catalogue de la bibliothèque de Bulteau est Bibliotheca Bultelliana et non Bulteriana. Page 217, note, au lieu de Baudelot de Dairval, on a imprimé Bourdelot d'Airval, et p. 221, note 3, 223, note 5, 225, note 1, Baudelot d'Airval.

I

Page 129, il est fait mention de la bibliothèque de Mer l'archevêque de Reims. Une note (no 4) fait observer qu'il s'agit de Maurice Le Tellier. Mais elle ajoute que ce prélat, étant directeur de la bibliothèque du roi, s'était laissé gagner par l'amour des livres. On pourrait inférer des paroles de M. F. que Maurice Le Tellier eut le titre de directeur de la bibliothèque du roi, mais la conclusion ne serait point parfaitement exacte. Ce titre, ou, plus exactement, ceux de maître de la librairie et de garde de la bibliothèque du roi, appartinrent, dès l'âge de reuf ans, au neveu de Maurice Le Tellier, Camille Le Tellier, plus connu sous le nom d'abbé de Louvois. Quant à l'archevêque de Reims, il servit de conseiller et de guide à son frère Louvois et, après lui, à son jeune neveu, jusqu'à ce que celui-ci fût en âge de s'occuper par luimème des fonctions qui lui avaient été si prématurément conférées 3. En second lieu, nous savons que l'amour des livres se déclara de trèsbonne heure chez Maurice Le Tellier, puisqu'il profita des voyages qu'il it dans sa jeunesse, après avoir pris ses grades en Sorbonne, pour rapporter d'Italie, de Hollande et d'Angleterre un grand nombre d'ouvrages précieux par leur rareté, ou par la correction et la beauté des éditions +.

1. Cette pièce ne se retrouve pas dans une édition plus connue et plus soignée: Poesies du père Santecque, chanoine de l'ordre de Sainte-Geneviève, nouvelle édition rerie, corrigée et augmentée, à Harlem (Lyon), 1726, in-12.

2 Cf. une intéressante note de M. Gustave Servois sur la Bruyère, Œuvres, etition de la collection Hachette, t. II, p. 406.

3. Cf. l'ouvrage de M. Léopold Delisle cité dans une des notes suivantes, t. I,

1.200.

+ Voyez la Biographie universelle, t. XXIV, p. 338; et Cf. Le Roux de Lincy, Recherches sur Jean Grolier, sur sa vie et sa bibliothèque, etc., Paris, L. Potier, 1866, gr. in-8, p. 154.

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