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première rédaction des premiers livres. L'épilogue ou ch. xxxi du 1. X, serait plutôt un épilogue général de ses œuvres que l'épilogue de son histoire. Quand il l'écrivit, celle-ci était encore inachevée et avait encore besoin, dans la pensée de Grégoire, d'une révision générale. L'hypothèse de M. Monod nous paraît rendre compte des faits beaucoup mieux que 'celle de M. de G. L'épilogue où Grégoire parle de ses decem libri Historiarum, prouve que son histoire avait déjà, à ses yeux, la forme qu'elle a aujourd'hui, et ne permet pas d'admettre, avec M. de G., qu'il ait voulu « absichtlich unterdrücken » les quatre derniers livres. Il recommande, au contraire, de n'y rien toucher. Il n'est pas possible non plus qu'il eût déjà soumis les six premiers livres à une révision définitive; sans cela, il aurait mis d'accord les renseignements qu'il y donne sur les évêques de Tours avec ce qu'il dit dans l'épilogue. Enfin, il n'est pas vrai que ce soient les six premiers livres corrigés et revus que Frédégaire et l'auteur des Gesta ont eus entre les mains; ce sont, au contraire, les six livres dans leur premier état de rédaction incomplète, sans les chapitres relatifs à l'histoire religieuse. D'ailleurs, M. de G. est d'accord avec M. Monod pour reconnaître, contrairement à l'opinion de M. Arndt (Hist. Zeitschrift, xxvIII, 421), que les différences qu'on remarque dans les manuscrits de l'Historia Francorum indiquent des états successifs du travail de Grégoire.

La traduction est restée à peu près la même. Comme M. de G. nous avertit qu'elle a été revue par M. Arndt, nous y trouvons la preuve que la nouvelle édition annoncée par les Monumenta n'apportera aucune modification essentielle au texte de l'Histoire des Franks 1. Le fait que les ch. XLII et XLIII du 1. IV et les ch. xvii et xvii du 1. V n'en forment plus qu'un, et que le ch. xi du 1. I en formera deux, n'a qu'un intérêt médiocre. Ce sera évidemment au point de vue des formes orthographiques que le texte des Monumenta, si nous le possédons jamais, sera surtout intéressant; mais M. de G. commet une grosse exagération en disant qu'il nous révélera « die ursprüngliche und eigenthümliche Sprache Gregors. » Rien ne nous prouve que les mss. de Corbie, de Beauvais et de Cambrai, pas plus que les fragments de Leyde et de Rome, nous représentent l'orthographe de Grégoire. D'ailleurs, une partie du texte seulement est conservée par ces manuscrits, et il y aurait bien de la témérité à transporter les particularités, ou, pour mieux dire, les irrégularités orthographiques qui s'y trouvent, aux parties consacrées seulement dans des mss. postérieurs.

Les annotations de M. de G. sont excellentes. Il a su observer une juste mesure éclairer le texte sans tomber dans le commentaire. Il aurait été impossible d'entreprendre, à propos du texte de Grégoire, la critique de toute l'histoire du vie siècle. M. de G. s'est contenté de donner

1. La leçon Hic scriptor Thau, IV, 5, au lieu de Haec scriptio Thau, se trouvera t-elle dans le texte des Monumenta? En tous cas, c'est une heureuse correction.

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les explications strictement nécessaires et de signaler les erreurs évidentes. Dans le 1. II, il a eu tort, à notre avis, de discuter quelques points douteux, qui ne pouvaient être élucidés en peu de mots (p. 73, 77, 108, etc.), et de faire un ou deux renvois à Frédégaire et aux Gesta regum Francorum dans des cas où ces textes ne donnent que des renseignements légendaires (p. 77, etc.) Il aurait fallu par contre citer, à la fin du ch. xxvii du 1. II, le passage des Gesta (c. XIV): « In illis diebus dilatavit Chlodovechus amplificans regnum suum usque Sequanam. Sequenti tempore usque Ligere fluvio occupavit, » qui paraît emprunté à des annales anciennes et qui comblent une lacune évidente du texte de Grégoire. Les notes sur les questions relatives aux institutions ont été enrichies grâce à la deuxième édit. du deuxième vol. de la Deutsche Verfassungsgeschichte de M. Waitz et à l'ouvrage de M. Sohm, Fränkische Reichs- und Gerichtsverfassung. Le livre de M. Longnon a paru, à ce qu'il semble, trop tard pour que M. de G. ait pu en profiter complètement. Ce n'est qu'à page 228 du premier vol. qu'il commence à s'en servir, et encore ne le fait-il que d'une manière intermittente et superficielle. Il ne renonce pas à traduire Latta par Ciran la Latte (I, 210); ni Momociacus par Mouzon (II, 141) ni Cisomagus par Chisseaux (II, 244) ni Cracina (et non Gracina) par Ré, (I, 290) ni Brennacus par Braine (I, 296). P. 265, nous trouvons cette note dénuée de sens à propos de Cornutus : « Vielleicht Cornuz; nach anderen saint Aubin le Cormier oder Corps Auds » (lisez Corps Nuds). Mais Cornuz et Corps Nuds sont deux orthographes d'un même nom, et saint Aubin du Cormier n'est point identique à Corps Nuds. Les notes 2 de la p. 112 et 1 de la p. 177 sur les partages du royaume frank sont tout à fait erronées, et, malgré M. Longnon, la note de la p. 90 du t. II sur le partage de la Provence n'est pas exacte. La note sur Columna (I, 117) ne l'est pas davantage, et celle de la p. 103 sur le titre de Consul accordé à Chlodovech nous paraît confuse.

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A la fin du deuxième vol., M. de Giesebrecht a ajouté une note courte et substantielle sur Vasso Galatae (Grég., I, 32). Il se range à l'avis que ces deux mots sont des épithètes de Mercure (secourable et fort ou guerrier). Il aurait dû renvoyer à l'excellente note de M. Havet dans la Revue archéologique (Nouv. série, xXVIII, 332), comme il aurait dû mentionner la Restitution de la basilique de saint Martin de Tours par M. Quicherat à la p. 251 du t. II.

L'Index fait avec beaucoup de soin n'est qu'un Index onomasticus et geographicus, non un Index rerum ou analytique. Cela est parfois gênant pour la rapidité des recherches, mais cela a l'avantage de ne pas préjuger les questions comme le font fatalement les Indices analytiques, et de ne pas encourager les historiens à étudier un sujet d'après l'Index au lieu de l'étudier directement dans le texte.

1. M. de G. écrit aussi t. I, p. 367: Saint-Germain aux Prés.

Г.

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Le village sous l'ancien régime, par Albert BABEAU, deuxième édition revue et augmentée. Paris, Didier. 1 vol. in-12 de 393 p. 1879. Prix : 4 fr.

Ce nouvel ouvrage de M. Babeau est excellent à beaucoup d'égards, et l'on comprend qu'il soit arrivé rapidement à une seconde édition. L'importance et la nouveauté du sujet, l'étendue et la variété des recherches qu'il a exigées, comme aussi le talent d'exposition dont l'auteur a fait preuve justifient pleinement ce succès de bon aloi. Un tableau de la vie rurale avant 1789 manquait à notre histoire nationale; on connaissait très-bien les cours, les salons, les boudoirs même, le village était laissé de côté, et l'on considérait comme n'existant pas ces 35 ou 40,000 communautés ou paroisses dont l'ensemble composait pourtant la vraie France. M. B. s'est proposé de nous montrer ce que c'était au bon vieux temps qu'un village français : il nous mène successivement à « l'assemblée », à l'église, au château, à l'hôpital, à l'école, chez le juge ou chez le bailli; il nous fait voir enfin dans une série de chapitres très-importants comment l'intervention de l'Etat se produisait au village, intervention bienfaisante parfois, vexatoire le plus souvent, car il s'agissait d'assurer, n'importe par quels moyens, la perception de l'impôt, la corvée des chemins et la milice. On voit par ce rapide exposé quel est l'intérêt d'un pareil ouvrage; il serait complet si M. B. y avait joint une peinture animée des mœurs villageoises, et s'il n'avait laissé dans l'ombre les seigneurs ecclésiastiques, les évêques ou abbés à cent mille livres de revenus, et les moines, ces riches propriétaires dont l'avidité proverbiale a tant fait souffrir

nos aïeux.

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M. B. a mis à contribution une infinité de documents imprimés ou manuscrits; mais ses principales sources d'informations sont en Champagne, à Troyes surtout, et il résulte de là un inconvénient assez grave: M. B. a fait son village à l'image des anciennes paroisses de la Champa. gne, et les villages bretons ou limousins étaient bien différents. Lui. même avoue (p. 6) que, « sauf certains points de détail, le tableau qu'il a essayé de tracer peut s'appliquer d'une manière assez précise à la partie << de la France située au nord et au nord-est de la Loire. >> Un autre inconvénient de cette synthèse quelque peu forcée, c'est que, les docu ments cités par M. B. se rapportant les uns au XIIIe siècle et les autres au XVIIIe, il semblerait que l'organisation des communautés soit restée absolument la même durant plus de 500 ans. Peut-être eût-il mieux valu montrer ce qu'était cette organisation d'abord au xe siècle, puis au xvr", puis à la veille de la Révolution, sous les règnes de saint Louis, de François Ier et de Louis XVI; l'ouvrage eût gagné beaucoup à l'emploi de cette méthode : il ne serait pas moins savant, il serait plus accessible au commun des lecteurs que fatigue bientôt ce perpétuel passage d'une citation de Voltaire ou de Turgot à un texte en vieux français de l'an 1220. M. B. s'est attaché certainement à imiter M. Taine, et son livre est un commentaire très-bien fait des derniers chapitres de l'Ancien régime; que

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n'a-t-il dérobé à M. Taine la vigueur et l'éclat de son style, de manière à éviter la sécheresse qui est l'écueil de ce genre de travaux ! Quand il s'agit d'institutions qui ont peu changé depuis le xш° siècle, M. B. présente des tableaux très-vivants, et ses chapitres sur l'église, les marguilliers, le curé et sur les droits seigneuriaux sont des plus intéressants; les exemples sont très-bien choisis et les anecdotes caractéristiques abondent; l'histoire des cloches fouettées par la main du bourreau (p. 112) et celle du goupillon monstre qui répand sur la perruque du seigneur une véritable pluie d'eau bénite (p. 198) égaient le sujet avec un très-grand à-propos.

Les conclusions de M. B. me paraissent d'un optimisme exagéré à bien des égards; il est, sur plusieurs points, en contradiction complète avec M. Taine, qui représente comme très à plaindre les paysans de l'ancien régime. M. B. juge de la France entière par la région du nord-est, la plus favorisée de beaucoup, et la plus heureuse. Il dit notamment, (p. 284) qu'il y avait de nombreuses écoles dans les campagnes; c'est vrai dans l'est, c'est faux presque partout ailleurs, et l'on en pourrait donner des exemples multipliés. «< Chaque village est-il pourvu de maîtres et de maîtresses d'école ? » demandait l'abbé Grégoire en 1790, et les réponses qu'on lui adressait de tous les points de la France sont désolantes. Dans l'Agénais, il n'y a pas un laboureur sur douze qui sache lire; dans le Bordelais, il n'y a que les gros bourgs qui soient pourvus; on y paie de quinze à quarante sous par an, et les maîtres n'enseignent pas même à écrire. - Quelles écoles, et quels maitres! s'écrie un habitant des Landes. De vingt villages d'Auvergne, un seul possède un instituteur qui sait à peine épeler. Point de maîtres dans nos villages, si ce n'est dans les gros bourgs, répondent les Bourguignons, etc. Il s'en faut donc bien que la majorité des campagnes aient eu ce que devait leur donner le régime issu de la Révolution, un enseignement primaire à la portée de

tous.

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M. B. dit également (p. 143) que la portion congrue portée à 700 livres en 1786, était à peine suffisante; ceci n'est pas exact, les congruistes étaient vraiment à l'aumône, et si M. B. avait rencontré les brochures très-curieuses que la fin du xvII° siècle vit éclore sur ces questions économiques, il eût été convaincu de cette vérité. L'une de ces brochures, intitulée Les besoins d'un curé de campagne, par l'abbé Boyer, est fort amusante; elle est, en outre, très-instructive et montre clairement quel était, en 1789, le prix des objets de première nécessité. Quatre chemises en Rouen ordinaire, coûtaient 28 livres; une soutane, 45; trois culottes, 27; quatre paires de bas, 20 livres; le salaire d'une domestique, 65 livres par an, et il fallait bien au curé, pour le préserver contre « les odeurs des

1. La collection de ces réponses, imprimées dans la Revue des langues romanes de Montpellier (Lettres à Grégoire sur les patois de France), fournit beaucoup de renseignements sur l'état des paysans en 1789.

malades et l'haleine forte et puante de quelques pénitents au confessionnal», six liards de tabac par jour, soit 27 1. par an, etc., etc. Le rôle des curés de campagne est d'ailleurs très-bien indiqué par M. B.; en 1789, ils étaient respectés et aimés des paysans; leur influence sur les masses était considérable, et l'un des grands torts de la Révolution a été de per· sécuter ces auxiliaires si utiles et alors si dévoués.

Bornons ici ces critiques de détail; il suffit de les énoncer pour qu'un érudit aussi distingué que M. Babeau s'attache à rendre parfait un ouvrage excellent dont les éditions ne peuvent manquer de se succéder : il répond à un besoin de la science moderne, et il comble véritablement une lacune.

A. GAZIER.

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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692 par Abra. ham du Pradel (Nicolas de Blégny) suivi d'appendices, précédé d'une introduction, et annoté par Edouard FOURNIER. T. I. Paris, P. Daffis. 1878, in-18 de LX-321 p. Prix : 6 fr.

M. Edouard Fournier, se souvenant du Vieux Neuf, a voulu, dans son Introduction au Livre commode des adresses de Paris, nous faire connaître tous les antécédents de la question. Remontant jusqu'à l'histoire ancienne, il parle d'abord des guides d'Athènes et de Corinthe, puis de ceux de Rome. Traversant ensuite le moyen âge, non sans donner un regard aux bureaux des nourrices établis à Paris dès le xive siècle, et à quelques autres agences, il s'arrête devant un chapitre des Essais (le XXXIV du er livre) où Michel de Montaigne exposa, en 1580, les idées qu'avait son père sur la création d'un office de publicité, idées que reprit l'homme à projets du règne de Henri IV, Barthélemy de Laffemas,

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auquel l'industrie et le commerce de son temps durent tant de progrès », et qui furent réalisées en partie par Théophraste Renaudot, médecin du roi, le créateur du Bureau d'adresse (1629). M. F. rapproche de Renaudot quelques journalistes qui, comme l'ennemi de Guy Patin, cultivèrent plus ou moins lucrativement l'art des annonces, l'auteur de la Muse historique, J. Loret, Du Laurens qui, sous le pseudonyme de Robinet, lui succéda, François Colletet, le poète crotté de Boileau, le fondateur (juin 1676) d'une Gazette d'affaires et d'adresses intitulée : Journal de la ville de Paris contenant ce qui se passe de plus mémorable pour la curiosité et avantage du public, Devizé qui, dirigeant déjà le Mercure galant, voulut diriger encore (1681) le Journal du bureau de rencontre, etc.

Après avoir ainsi passé en revue les précurseurs de Nicolas Blégny ou de Blégny, M. F. résume le peu de renseignements que l'on a sur la vie de ce singulier personnage. On ignore le lieu aussi bien que la date de la naissance du chirurgien apothicaire. D'après M. F., il n'était pas de

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