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git de la République de Platon, nommée six pages plus haut, au commencement de la préface. Ni le titre général de l'ouvrage, ni les titres de ses six chapitres, ne nous apprennent la nature et l'ordre des questions traitées. Le chapitre jer (p. 1-46), intitulé : La notion de la nature et l'éthique psychologique, et le chapitre 11 (p. 46-102), intitulé : La doctrine des idées et l'éthique spéculative, concernent les doctrines attribuées à Socrate dans la République de Platon. Le chapitre mi (p. 102-129) est intitulé : L'ordre des livres, et il est sous-entendu que ce sont ceux de la République, dans laquelle deux livres du milieu deviennent les derniers par décision de M. K. Le nom de Sommaire (Summarium), donné au chapitre iv, signifie qu'il résume les chapitres précédents. Pour le vo chapitre (p. 139-162), le titre est : Doctrine de l'immortalité; sous-entendez: d'après Platon. Enfin le court chapitre vi (p. 162166), porte le même titre que l'opuscule entier : La question platonique; mais, au lieu d'être un résumé ou une conclusion des 162 pages précédentes, ce dernier chapitre est, en quatre pages, un essai de confirmation d'un point spécial du chapitre 1°r. Ajoutons que ces dix chapitres sont pleins de répétitions et de divagations rebelles à toute analyse, dans lesquelles défilent sans ordre la plupart des grands noms de la philosophie allemande.

Cependant, sur le platonisme antique, nous signalerons dans cet opusculé quelques thèses que l'auteur s'efforce de défendre, mais qui, comme l'indiquent ses plaintes amères, avaient été trouvées trop paradoxales, même en Allemagne. Ne tenant aucun compte de la judicieuse dissertation du Dr Schedle (Innsbruck, 1876, in-4°) Sur l'ordre chronologique des dialogues de Platon, le Phèdre, le Phédon, la République et le Timée, M. K. admet définitivement (p. 165) que la République est antérieure à tous les autres dialogues. En 391 av. J.-C., dans sa comédie de l'Assemblée des femmes, Aristophane s'est moqué de communistes athéniens dont certaines rêveries ont été adoptées par Platon quelques ánnées plus tard, comme elles l'ont été par les saint-simoniens à Paris au XIX° siècle. M. K. prétend que, dans cette pièce, Aristophane a voulu se moquer de Platon et de sa République. Mais Aristophane n'y nomme pas Platon et il n'y désigne la République par aucune allusion directe: ce qu'il aurait certainement fait, si ce dialogue avait été dès lors publié par

Platon, dont le nom est revenu si souvent un peu plus tard dans les vers des poètes de la Comédie moyenne d'Athènes (v. Meinecke, Fragm. comic. gr., t. III, et t. V, pars ir, p. 845). Je dis qu'Aristophane n'aurait pas manqué cette occasion de lancer contre Platon nominativement une raillerie bien méritée ; car, dans les Nuées, le même Aristophane avait bien osé non-seulement nommer Socrate, mais le montrer sur la scène et personnifier en lui, par des accusations fausses, les sophistes ses adver. saires. Ce n'est point l'Assemblée des femmes qui suppose l'existence antérieure de la République ; c'est, au contraire, la République qui paraît supposer l'existence antérieure, soit de cette comédie, soit d'autres

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semblables. En effet, dans le Ve livre de la République (p. 452-457), Pla.
ton prend la défense de ceux qui, avant lui, à l'exemple des Crétois et des
Lacédémoniens et malgré les scrupules des anciens Grecs et des barbares,
avaient introduit à Athènes l'habitude de la nudité dans les gymnases :
alors, dit le Socrate du dialogue (p. 452 C D), il était permis aux beaux
esprits de ce temps de tourner cela en comédie (rouw erv), et il soutient
(p. 457) qu'il ne faut pas non plus s'inquiéter des railleries contre le pro-
jet de réunir les deux sexes dans les exercices gymnastiques et d'établir
pour la classe la plus élevée des citoyens la communauté des femmes et
des enfants. M. K. se fait donc illusion en croyant avoir prouvé que la
République est antérieure à 391, date de cette comédie. Mais, de plus,
dans la République, dialogue unique en dix livres, M. K. croit devoir
distinguer plusieurs Socrates mis en scène à diverses époques par plusieurs
Platons successifs, et il veut que le plus ancien de ces Socrates soit iden-
tique à celui de Xénophon. Entre sept chapitres des Mémoires de Xéno-
phon sur Socrate, et les cinq premiers livres de la République excepté la
fin du Ve, M. K. a exagéré la ressemblance, au point de trouver dans ces
livres un Platon psychologue et empirique, puis de montrer dans les li-
vres VIII à X un Platon spéculatif, mais renfermant ses théories dans
les limites de l'univers visible, et enfin de signaler dans la fin du livre V
et dans les livres VI et VII un Platon idéaliste, postérieur aux deux au-
tres, mais malheureux dans ses efforts pour s'élever à la métaphysique
transcendante. La seule concession que, dans un bon moment (chap. iv,
P. 129-130), M. K. ne repousse pas, c'est celle d'après laquelle un seul
Platon aurait continué pendant toute sa vie la rédaction de la Républi-
que, et aurait donné d'abord, dans son adolescence, la première partie de
ce long dialogue, et ensuite, depuis son âge mûr, les deux autres parties,
mais dans l'ordre marqué par M. K., c'est-à-dire la fin avant le milieu.
Seulement il faudrait que, dans cet ensemble ainsi formé par juxtaposi-
tion, Platon eût laissé subsister les contradictions que M. K. (surtout
P.II.16) a cru y voir. Mais il serait bien plus facile qu'il ne croit d'ex-
pliquer ces contradictions prétendues, sans multiplier les Platons et les
Socrates. Du reste, M. K., dans ses derniers chapitres, paraît avoir oublié
non-seulement cette concession passagère, mais sa thèse principale sur
les époques entièrement différentes des trois parties qu'il a distinguées
dans la République ; car sa conclusion, qu'il promet de démontrer un
jour, est que (p. 165) l'ensemble des dialogues de Platon est d'origine
postérieure à la République. L'opuscule sur La question platonique est-il
donc l'ouvre de deux MM. K., de même que, suivant l'un d'eux, la Ré-
publique serait l'æuvre de trois Platons au moins? Quoi qu'il en soit, en
attendant la démonstration promise par le M. Krohn du chapitre vi, les
lecteurs feront bien de ne pas s'effrayer des défis, que l'auteur ou les
auteurs adressent à leurs adversaires, de réfuter les assertions répétées
chacune tant de fois en tant d'endroits de cet incohérent opuscule, dans
lequel nous avons pris ce qui nous a paru offrir quelque intérêt.

Th. H. MARTIN.

81. Geschichte des Levantehandels im Mittelalter', von Di Wilhelm

Heyd. Erster Band. Stuttgart, Verlag der J. G. Cotta'schen Buchhandlung. 1879. XY1-694 pp, in-8°.

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Pour porter un jugement définitif sur cet ouvrage, il faudrait, en bonne critique, attendre le second volume qui nous est promis par l'auteur à brève échéance. Il ne saurait, en effet, jusque-là être question de lacunes, car ce que l'on pourrait regretter de ne pas trouver dans le premier volume a peut être été, à dessein, renvoyé au second. Nous aurions aimé toutefois à être dès maintenant quelque peu éclairés sur ce point. Une dizaine de lignes, dans la préface, sur le plan général de l'@uvre, n'auraient pas été superflues.

M. Heyd a tourné, depuis de longues années, ses études vers le sujet qu'il traite aujourd'hui ex professo. Il s'était occupé tout particulièrement des établissements commerciaux fondés au moyen âge dans le Levant par les Italiens. Ces études, remarquables à plusieurs égards, avaient été publiées dans un recueil périodique. Plus tard, elles furent réunies et traduites en italien par le professeur Joseph Müller, de Pa. doue, sous le titre de : Le colonie commerciali degli Italiani in Oriente nel medio evo '. Le nouvel ouvrage de M. H. peut être considéré en quelque sorte comme une troisième édition de ces études historiques, mais une édition singulièrement augmentée. Le plan a dû être, comme l'on pense bien, élargi et remanié pour recevoir les développements que l'auteur y voulait faire entrer. Peut-être le livre se ressent-il de cette origine, et la question des établissements italiens y est-elle un peu dominante. Mais, après tout, cela se comprend. Le rôle du commerce italien, envisagé dans ses rapports avec le Levant, à l'époque choisie par M. H., a été, en somme, prépondérant dans l'histoire, et l'historien doit être tenté de traduire cette prépondérance dans les faits par une plus grande surface dans le tableau où il entreprend de nous peindre l'image de ces faits.

Après avoir brièvement indiqué ses principales sources, M. H. passe assez rapidement en revue ce qu'il appelle la première période, s'étendant de Justinien à la première croisade, ou plutôt de Mahomet aux croisades, car les vingt-neuf pages consacrées à Justinien et à ses successeurs ne comptent guère.

A propos de l'industrie de la soie et du développement qu'elle avait pris en Syrie à l'époque byzantine, je signalerai à M. H. une inscription grecque de Beyrouth ? mentionnant un certain Samouel ouvrier en soie. Il m'a semblé en général que M. H., qui connaît bien les sources historiques, avait un peu négligé les documents épigraphiques, fort instructifs cependant, surtout pour cette première période. Ainsi il n'eût pas été

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1. Venezia e Torino 1866-1868. Fait partie de la Nuova collezione di opere storiche publiées sous la direction de l'historien vénitien Rinaldo Fulin.

2. Waddington, Inscr. gr. et lat. de la Syrie, n° 1854, C.

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inutile de nous montrer, par exemple, que les grandes voies commerciales reliant l'Euphrate à la Méditerranée, avaient déjà été tracées par les importantes caravanes mentionnées à plusieurs reprises dans les inscriptions palmyréennes ?

A partir de la fondation de l’Islamisme, l'auteur examine successivement à son point de vue spécial qui l'occupe : les Arabes et les routes commerciales traversant leur territoire ; les Grecs; la Russie et la Scandinavie dans leurs relations avec les Arabes d'une part, avec Byzance de l'autre; l'Allemagne ; la Grande-Bretagne; la France; l'Italie. Quatre pages sont données aux Juifs. C'est peu. On aurait désiré plus de détails sur l'organisation et les principaux objets du trafic juif, qui tient une si grande place au moyen-âge, notamment sur la traite des esclaves, eunuques, femmes et jeunes garçons, qui en était une des branches les plus lucratives, sinon les plus honorables.

M. H. arrive ensuite à la seconde période et s'occupe de la fondation des établissements commerciaux dans le Levant, à l'époque des croisades. Après une esquisse générale des principautés franques de Syrie au premier siècle de leur existence, il étudie l'état des colonies commerciales dans ces principautés ; puis à Byzance : sous les Comnènes et les Anges; sous les empereurs latins. Il reprend ensuite les principautés franques de Syrie au second siècle de leur existence et consacre des chapitres spé. ciaux à Chypre, à la petite Arménie, à la Syrie musulmane et à l'Egypte.

M. Heyd comprend dans cette même période, en se contentant de la distinguer par une sous-division, l'histoire commerciale du Levant, comprise entre la fin du xmo et celle du xive siècle, empire grec sous les Paléologues, et principautés franques contemporaines en Grèce jusqu'au traité de Turin; Bulgarie; Asie-Mineure, Turquie. Il semble cependant qu'il y ait là en réalité une coupure historique plus profonde.

Nous nous contentons pour aujourd'hui de cette analyse sommaire, nous réservant de revenir sur certains points lors de la publication du deuxième et dernier volume.

C. C. G.

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82. Maret, duc de Bassono, par le baron Ernout. I vol. in-8• de 111-691 p. Paris, Charpentier, 1878.

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Hugues Maret, duc de Bassano, a été fort maltraité par les historiens modernes, surtout par M. Thiers qui va jusqu'à lui reprocher son « fétichisme » pour Napoléon, qui l'appelle même « le plus dangereux des ministres ?, » et par M. Lanfrey qui l'accuse « d'avoir été à genoux devant l'infaillibilité du maître, bien qu'il fût très-infatué de ses propres

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1. De Vogüé, Syrie Centrale, Inscr. sémitiques, no 4, 5, 6, 7. 2. Histoire du Consulat et de l'Empire. (Avril 1811.)

mérites !, » M. le baron Ernouf, dont les remarquables travaux sur notre histoire diplomatique jouissent d'une réputation méritée, s'inscrit en faux contre ces jugements sévères ; il serait heureux de pouvoir réhabiliter Maret. « En France, dit-il avec Maret lui-même, l'honneur, « le désintéressement, le dévouement et la fidélité sont des titres à une « popularité durable, » et, partant de ce principe 2, il voudrait assurer à son client l'estime de la postérité, puisque celle des contemporains n'a pas été la récompense de ses mérites. On accuse Maret d'avoir été pendant quinze ans le plus servile de tous les flatteurs; M. E. se propose de montrer qu'il fut, au contraire, un ministre courageux dont le plus grand défaut a été d'être beaucoup trop modeste.

Il y a bien du talent dans ce nouvel ouvrage, et, lors même que l'auteur n'aurait pas atteint son but, on peut dire qu'il aura rendu un véritable service aux études historiques. Il a mis en æuvre, avec un rare bonheur, les documents inédits qu'il possédait, et surtout les Mémoires malheureusement incomplets de Maret ; il a fait preuve d'une connaissance profonde de l'histoire de France, et l'on voit que M. E. a été le collaborateur et le digne continuateur de Bignon.

Souvent M. E. a raison contre M. Thiers, et ces discussions de détail, toujours intéressantes quand elles ne sont pas trop longues, ont parfois une véritable importance. (V. notamment pages 285, 366, 383, 431, 444, 457, 461, 542, 550, 558, 593, 619, etc.). L'illustre historien de la Révolution et de l'Empire négligeait volontiers les petits faits ; les documents eux-mêmes n'avaient pas toujours à ses yeux une grande valeur, et ses jugements les plus célèbres ne sont pas exempts de partialité. Il est donc nécessaire que des critiques minutieux s'attachent à ses pas, contrôlent ses assertions, relèvent ses erreurs et mettent la vérité dans tout son jour ; M. E. excelle dans ce genre de travail, et son étude sur Maret contient un assez grand nombre de rectifications importantes. Il démontre victorieusement que Napoléon, tout en se tenant prêt à faire la campagne de Russie, aurait volontiers, au dernier moment, abandonné cette entreprise insensée (p. 364 et sq.); il prouve que le czar Alexandre, un prince si doux, au dire de M. Thiers, avait ordonné l'incendie de Moscou (p. 431), et que Napoléon avait résolu d'évacuer définitivement cette ville, non pas le 20 octobre, mais bien le 16 (p. 443), etc.

Mais voici qui est d'un intérêt plus général. M. E. accuse M. Thiers de s'être, pour ainsi dire, laissé enjôler par les adversaires de Napoléon, par Talleyrand, par Jomini, et surtout par le prince de Metternich; il lui reproche d'être beaucoup trop autrichien, dans la dernière partie de son Histoire. Il est difficile de savoir qui a raison ou du grand historien ou du critique très-sagace; si le premier est partial, le second ne l'est pas

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1. Histoire de Napoléon, tome V, p. 443. 2. Cette phrase de Maret sert d'épigraphe au volume.

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