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animaux '; le voyageur, qui visita l'Espagne, l'Italie, la Grèce, la Turquie, l'Egypte, l'Arabie, la Palestine, le Brésil, etc.; l'auteur de tant de travaux imprimés et aussi de tant de travaux manuscrits; ? l'ami du président Bourdin, célèbre à la fois comme jurisconsulte et comme bibliophile; du docte Gilbert Genebrard, qui lui dédia deux poëmes hébraïques; des poètes Jean Antoine de Baïf, Jean Dorat, Joachim du Bellay, Etienne Jodelle, qui tous composèrent en son honneur des odes et des épitres; de Guy Lefevre de la Boderie, ' qui lui offrit un poëme; de Ronsard, le maître du chœur, qui lui prodigua les éloges les plus brillants, éloges que, plus tard, il est vrai, il désavoua et retira en remplaçant le nom de Thevet par celui de Belon; * enfin l'introducteur, en France, du tabac. Comme ce dernier mérite de Thevet est généralement ignoré et que M. Gaffarel le fait valoir avec une aimable verve, le lecteur ne me reprochera certainement pas de reproduire ici la spirituelle péroraison de l'éditeur des Singularitez de la France Antarctique (p. XXXII-XXXIII) :

« Le plus impudent, et, pour Thevet, le plus regrettable de ces plagiats, fut commis par Jean Nicot de Villemain, ambassadeur de France en Portugal. Ce diplomate passe pour avoir introduit le tabac en France. Il reçut, il est vrai, d'un négociant flamand qui revenait d'Amérique, des graines de cette précieuse solanée, et les donna, comme un présent de grande valeur, à la régente Catherine de Médicis, au grand prieur et à plusieurs grands personnages. Mais Thevet, bien avant lui, avait observé et décrit le tabac. Bien avant lui, il en avait apporté des plants en France : nous ne pouvons que renvoyer le lecteur au chapitre xxxi du

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1. Thevet, toujours poursuivi par la fatalité, a été oublié dans un livre spécial : Les collectionneurs de l'ancienne France. Notes d'un amateur, par EDMOND BONNAFFÉ (Paris, in-8', 1877).

2, M. G. signalant (p. xxv) les Vrais portraits et vies des hommes illustres qui parurent en 1584 (Paris, 2 vol. in-fo) et reparurent en 1670-71 (Paris, 8 vol. in-12), dit, au sujet de cette réimpression : « L'éditeur paraît avoir été Guillaume Colletet. » Or, G. Colletet était mort depuis plus de dix ans (11 février 1659).

3. On a imprimé (p. XXVII) Guy Lefevre de la Borderie. A propos de Jodelle, comment M. G., qui cite Sainte-Beuve et Geruzez (p. XLIII), ne cite-t-il pas M. Ch. MartyLaveaux, qui a dit le dernier mot sur ce poète, comme sur Dorat et du Bellay?

4. Après s'être occupé des amis de Thevet, M. G. s'occupe des amis du polygraphe (Jean de Léry, Fumée, François de Belleforest) et des critiques qui le maltraitèrent. Il va loin, ce me semble, quand il assure (p. xxx) que le président de Thou a mis de

charnement dans ses attaques contre un homme auquel il refuse tout talent et toute conscience. J. A. de Thou a pu être un juge sévère; il n'a pas été un juge passionné. Ses appréciations, du reste, ne sont pas plus dures que celles de ses illustres amis, Casaubon et Scaliger, dont M. G. n'a pas parlé. Il n'a pas parlé non plus des violentes tirades de l'historien La Popelinière, de la terrible sentence dont les rédacteurs de la Bibliothèque historique de la France (t. I, p. 56) frappent l'insigne menteur et l'écrivain fort ignorant, des piquantes épigrammes de B. de La Monnoye (Sur La Croix du Maine, t. I, p. 21). En revanche, M. G. n'a pas mentionner deux jugements favorables à Thevet, celui de G. de Lurbe (De illustribus Aquitaniæ viris, 1591) et celui de M. de Ruble (Commentaires de Blaise de Monluc).

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présent ouvrage, où il trouvera la description très-complete et fort exacte du tabac. Dès 1558, Thevet avait donc fait connaître le tabac à ses ingrats compatriotes : il considérait même comme un point d'honneur pour lui d'avoir introduit cette plante en France, et, dans sa Cosmographie universelle (t. II, p. 926), il eut grand soin de protester contre les prétentions de Jean Nicot. Le passage est curieux :,« Je me puis vanter avoir esté le premier en France, qui a apporté la graine de cette plante, et pareillement semée, et nommé ladite plante, l'herbe Angoumoisine. Depuis un quidam, qui ne feit jamais le voyage, quelque dix ans apres que je fus de retour de ce païs, luy donna son nom. » La légitime revendication de Thevet ne fut jamais écoutée. On ne voulut pas accepter cette dénomination d'herbe angoumoisine qu'il avait pourtant le droit de lui imposer, et l'oublieuse postérité continua et continue à rendre grâces à Nicot d'un bienfait dont elle ne lui est pas redevable. Qu'il nous soit du moins permis de nous inscrire en faux contre cet inique jugement, et de proclamer bien haut que c'est à Thevet, et rien qu'à Thevet, que le trésor public doit le plus magnifique de ses revenus, et la majorité de nos lecteurs une jouissance quotidienne. En souvenir de ce bienfait méconnu, puissent ces mêmes lecteurs fermer les yeux sur les imperfections qui déparent l'oeuvre de Thevet, et ne plus voir dans ce modeste écrivain, trop attaqué de son vivant, trop oublié après sa mort, que

le

premier ou du moins le plus ancien des historiens de l'Amérique.

T. de L.

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71. – Guerre de la succession d'Espagne. Négociations entre la France,

l'Angleterre et la Hollande (en 1705 et 1706) par H. Reynald, ancien élève de l'École normale, professeur d'histoire à la Faculté d'Aix. Paris, E. Thorin. 1878,

199 p. in-8°,

Le présent travail est extrait des Comptes-rendus de l'Académie des sciences morales et politiques, et se compose de deux mémoires lus par l'auteur devant cette compagnie savante. M. Reynald a voulu, dans ces quelques chapitres, nous donner un aperçu des négociations entamées entre la France et les Pays-Bas après la défaite de Ramillies, les efforts tentés par la diplomatie française pour dissoudre la grande alliance et l'échec subi par elle, grâce à l'habileté supérieure de Marlborough et la force même des choses. Pour écrire ces mémoires substantiels, rédigés d'un style sobre et approprié au sujet, M. R. a surtout utilisé les récents travaux de M. de Noorden sur l'histoire du xvme siècle, le grand ouvrage de M. Sirtema de Grovestins sur Louis XIV et Guillaume III, les Mémoires de Marlborough publiés par Coxe et les papiers du grand général anglais, plus récemment mis au jour par M. Vreede 1. Il ne s'est

1. Il aurait pu consulter encore les deux volumes récemment parus de M. Arnold Goedeke, Die Politik Spaniens in der spanischen Erbfolgefrage.

pas contenté de ces sources déjà connues, mais nous trouvons encore dans son travail quelques pièces inédites empruntées aux archives du ministère des affaires étrangères et des citations d'un Journal inédit du professeur Cuypert, membre des états-généraux des Pays-Bas et délégué par ceux-ci aux armées alliées. Sur le travail en lui-même, nous n'avons que peu de chose à dire; c'est un dépouillement consciencieux des auteurs indiqués plus haut qui ne fait qu'approfondir sur quelques points des données depuis longtemps connues en gros de ceux qui ont étudié de plus près l'histoire de la guerre de succession d'Espagne; on n'a qu'à ou. vrir, par exemple, le dix-septième volume de la grande Histoire nationale de Wagenaar, pour s'en assurer. Néanmoins, c'était une entreprise méritoire de communiquer au public français les résultats de recherches encore peu connues chez nous et l'on doit en être reconnaissant au professeur de la faculté d'Aix. Malheureusement son travail est déparé par de nombreuses fautes d'impression d'abord et surtout par la désinvolture regrettable avec laquelle M. R. traite les noms propres, soit de lieux, soit de personnes. Non-seulement il les travestit de la façon la plus capricieuse, mais encore il nous présente les mêmes noms sous des formes différentes, sans doute au hasard de ses propres lectures. Michel de Chamillard, l'incapable ministre de Louis XIV, voit son nom écrit tour à tour avec un d et un t. L'ambassadeur d'Autriche à Paris, qui appartenait à la famille des comtes de Sintzendorf, est appelé tantôt Zizendorf et tantôt Zinzendorf. Le diplomate hollandais, M. de Geldermalsen, paraît aussi sous le nom de Gueldermarsen; Gotthard van Ginckel, créé comte d'Athlone par Guillaume III, devient le général Althone; le comte de Hompesch se change en Homspech; le général hollandais Wassenaar Obdam est appelé par M. R. Opdam ; l'ambassadeur autrichien aux Pays-Bas, le comte Jean-Pierre de Goes, est nommé tantôt Goëz et tantôt Goez. Un autre commandant hollandais, Slangenburg, est constamment appelé Slagenberg. Le célèbre ingénieur Koehorn, le duc d'Aerschot, M. Vreede deviennent Cohorn, Archot et Wreede. Le général portugais de Prado s'appelle une fois marquis Las Minas, une autre fois das Minas; un même diplomate français s'appelle successivement M. de Caillières, M. de Callières et M. de Callière; Henri de Nassau, comte d'Ouwekerk, est toujours appelé Overkerke. Il y a d'autres noms que nous n'avons pu identifier, mais qui nous inspirent de la défiance, par exemple, p. 89, un général Aubeck et, p. 168, un comte de Bergueick; ces noms sont assurément travestis comme les précédents. Les noms de localités ne sont pas mieux traités. Blenheim au lieu de Blindheim, peut s'expliquer, au besoin, par un usage constant de notre langue, qu'il serait temps de réformer, mais Shallenberg au lieu du Schellenberg, Khel au lieu de Kehl, Brissach au lieu de Brisach,

1. Toutes ne peuvent pas se mettre au compte du compositeur; dès la page 1, M. R. écrit le droit de dissolution pour de dévolution.

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Lautenbourg au lieu de Lauterbourg, Chivy au lieu de Chiny, Bruge au lieu de Bruges, sont des erreurs qui n'ont point à invoquer la même excuse. P. 103, nous voyons paraître un député de Torgau, en Hollande; p. 131, un village de Ricer, en Alsace, qui cachent évidemment quelque erreur pareille. Pourquoi M. Raynald, qui francise d'ordinaire tous ses noms, écrit-il, p. 147, Rousselaer (encore faudrait-il dire Rousselaere) au lieu de la forme française Roulers ? — Nous ne voulons

point nous arrêter plus longtemps à ces détails; ce sont de misérables vétilles, dira-t-on peut-être, et d'absurdes chicanes. Ce n'est point notre avis, et si nous avons insisté sur ce point, ce n'est aucunement dans le but d'être désagréable à l'auteur dont nous estimons les travaux. Mais il est absolument nécessaire de combattre un des travers les plus fâcheux des écrivains français qui s'occupent d'histoire ou de géographie, cette superbe indifférence pour la vraie forme des noms des lieux et des personnages qu'ils font entrer dans leurs récits. C'est un détail du métier, sans doute, mais il n'est pas moins vrai qu'il trahit une précipitation fåcheuse ou bien un laisser-aller blâmable qui met en défiance, dès l'abord, le lecteur plus scrupuleux ou plus instruit. Que de fois des manquements de ce genre n'ont-ils pas permis - et souvent très à tort, d'élever contre des auteurs français le reproche stéréotypé d'être ignorants et superficiels? Il nous semble que l'on devrait avoir à caur, aujourd'hui plus que jamais, de l'écarter une bonne fois par des preuves concluantes.

R.

72. Bibliothèque des Mémoires relutifs à l'Histoire de France

pendant le XVIII° siècle. Nouvelle série, avec introduction, notices et notes par M. de LESCURE. Mémoires sur les Comités de salut public, de súreté générale, et sur les prisons. Paris, Firmin-Didot, i vol. in-18 jésus de XXXI545 p.

Le sixième volume des Mémoires sur la Révolution française publiés par M. de Lescure est relatif aux comités de salut public, de sûreté générale et aux prisons. Il est précédé d'une introduction de trente et une pages, et l'on pourrait, en cherchant bien, compter en tout six ou sept notes dont voici la plus longue : « Nous supprimons une digression sans intérêt (p. 416). » C'est à peu près tout ce qu'on peut dire de cette nouvelle publication.

M. de Lescure, dans son introduction, commence par reconnaître que « l'histoire du Comité de sûreté générale et du Comité de salut public est encore à faire, » et, au lieu de publier en tout ou en partie les moires de Barère et les Mémoires sur Carnot, qu'il déclare fort intéressants, il choisit les Mémoires de Sénart, lesquels contiennent a bien des erreurs, bien des exagérations, et tiennent plus du pamphlet que de l'histoire (p. xxvi). » Ces erreurs, ces exagérations, il eût sans doute fallu

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les relever au passage; l'éditeur ne l'a pas fait une seule fois, il n'est intervenu, à de très-rares intervalles, que pour expliquer la signification des initiales M. S. F. et J. (Méhée, Soulavie, Fellemé, Jullien, p. 36, 133, 147, 149)

Les documents relatifs aux comités faisaient défaut; on n'en saurait dire autant au sujet des prisons, car il serait facile de rassembler la matière de dix volumes. Comme il n'avait que l'embarras du choix, le nouvel éditeur s'est réduit à prendre les Prisons en 1793, par la comtesse de Bohm, née de Girardin, et les Consolations de ma captivité, ou Correspondance de Roucher..., « le Silvio Pellico de la Révolution française. » C'est bien peu de chose, et la correspondance du poète de Montpellier, assurément très-intéressante, a beaucoup plus d'importance pour la littérature que pour l'histoire proprement dite. On promettait (p. xxvii) de donner la relation en vers de Ségur « si la place ne manque pas; » mais il paraît que la place a manqué.

Tout cela est fâcheux, et si la collection Didot, arrivée aujourd'hui à son XXXIVe volume, se continuait ainsi, elle semblerait plutôt un recueil de récits fait pour les cabinets de lecture qu'une bibliothèque de mémoires vraiment digne de ce nom.

A. G.

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Séance du 18 avril 1879. M. Geffroy, directeur de l'école française de Rome, annonce par lettre à l'académie plusieurs découvertes récentes :

1° On a trouvé sur l'Esquilin, en démolissant un mur, cinq ou six statues antiques, brisées chacune en cinquante à soixante morceaux.

2. Des travaux entrepris sur la rive droite du Tibre, en avant de la Farnésine, ont amené la découverte de plusieurs chambres antiques aadmirablement peintes » par des artistes d'un talent évidemment trés-supérieur à celui des peintres qui ont décoré Pompéi. Ces chambres étaient pleines d'eau, il a fallu employer des pompes pour les mettre à sec. Les morceaux de peinture les plus remarquables sont des médaillons occupés par des scènes de genre exécutées avec beaucoup de fini. On a immédiatement enlevé plusieurs de ces médaillons pour les placer dans un musée, afin qu'ils soient à l'abri de toutes chances de destruction.

3. Un peu en aval de ce point, on a trouvé plusieurs dolia du collegium vinario-
rum consucré à Mercure, dont une inscription trouvée l'an passé avait fait connaître
l'existence.

49 A la Cucumella, près de Vulci, on a découvert une tombe antique où le cada-
vre a été entièrement recouvert par des incrustations provenant des infiltrations des
caux de la Fiora. On espère pouvoir obtenir à l'aide de ces incrustations un
lage du corps, comme on a fait à Pompći pour plusieurs corps moulés par la cendre.
M. le prince Torlonia, auquel appartient le terrain, se propose de faire tenter cette
opération.

M. Delisle, administrateur général de la Bibliothèque nationale, lit un mémoire inti-
tulé : Anne de Polignac et les origines de l'imprimerie à Angoulême. Le point de dé-
part de ce travail a été la vente publique faite le mois dernier d'une collection de ma-
nuscrits qui ont appartenu à la bibliothèque d'Anne de Polignac, veuve de François II,
comie de La Rochefoucauld. Le mariage de François de La Rochefoucauld et d’Anné

mou

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