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Après avoir rejeté les mss. 6360, 2171 à cause de leur «< incorrection abominable » et le ms. 2784, parce que « le scribe passe des mots, des syllabes, commet de fréquents barbarismes, écrit des non-sens, faute de comprendre son texte, » M. B. s'exprime en ces termes sur notre meilleur ms. qui a appartenu à Antoine Loysel, puis à Claude Joly, est entré dans le fonds Notre-Dame et a reçu enfin la cote 18584:

« On pouvait espérer que le n° 18584, qui est du x° siècle, serait un de nos meilleurs manuscrits. Il n'en est rien. Ce manuscrit présente à peu près les mêmes grandes lacunes que les nos 2170, 6360, 14296, 2784, ce qui permettrait de le classer en tête dans la même famille; mais, de plus, il laisse beaucoup à désirer sous le rapport de la correction. Les barbarismes, les gribouillages même, y sont fréquents (voy. p. 13 ro et vo). Le scribe en était fort ignorant. Il semble ne connaître ni la quantité, ni Virgile... Les noms propres, les termes géographiques l'embarrassent : il s'y perd. Il passe des mots dans une même phrase (p. 17 ro). Pour toutes ces raisons, nous avons écarté le n° 18584, malgré sa respectable antiquité ». - D'après ce raisonnement, on peut juger la valeur de l'édition. Le ms. 18584 est dû à un copiste semblable à tous les autres ; il contient cependant un texte bien précieux. Si quelqu'un est capable de consulter un ms. pareil sans être saisi de respect et ravi de bonheur, il devra renoncer à éditer un texte latin.

Après cette épuration, M. B. conserve cinq mss. le 9551, parce qu'il est complet, les 2781 et 2782 parce qu'ils renferment le tout ou la trèsgrande partie des poésies, le 14490 « malgré ses lacunes bizarres, » et le 2783 qui «< a pour lui le très-grand mérite d'être complet, du moins quant au nombre des lettres. » Enfin il vante le 2781, très-important en vérité, «< parce qu'il est très-clair, très-lisible, a été écrit couramment par un scribe qui possédait l'intelligence de son texte, ... Il n'offre aucune de ces incorrections scandaleuses [qu'on voit dans les autres]. Il va servir de base à notre travail de révision avec le 9551. » En outre, pour les passages difficiles, M. B. aura sous les yeux les 2783, 2782 et 14490.

Mais c'est un peu au hasard que M. B. rapporte les var. de ces mss. La plupart des pages ne portent aucune variante. Quand Sirmond (1652) a inséré une leçon contre tous les mss., soit une correction nécessaire, soit une faute d'impression, M. B. reproduit sans variantes ladite leçon. C'est-à-dire que son texte est à peu près une réimpression de l'édition de 1652. Voici d'ailleurs quelques observations qui suffiront pour faire apprécier cette édition.

P. 229, Epist. II, 10 [13 Sirm.]: Solus iste peculiaris tuus Maximus

1. Ce scribe serait une merveille. Mais il ne mérite pas de tels éloges : il estropie les noms de Virgile et d'Horace (mauro pour maro, Carm., 3, 4; placce pour Flacce, Carm., 4, 9). D'ailleurs le ms. a été écrit par plusieurs copistes et pas du tout couramment. La place me manque pour entrer dans les détails.

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maximo nobis ad ista documento poterit esse. Voici la note de M. B.: « Nobis documento, 2781; ad istud documento, alii. » Je ne connais aucun ms. portant ad istud, on trouve ad isto dans 18584, ad ista dans un ms. de Florence au-dessus de la ligne, etc., mais la plupart ont seulement nobis documento.

P. 278. « Impartiuntur, impartivisti. Sic omnes vulgatæ edit. Scripsere autem libri imprtiuntur, imprtivisti, quæ breviatio nullam affert auctoritatem usurpando verbo impartire. » Les mss. portent en réalité imptiuntur, imptivisti, c'est-à-dire impertiuntur et impertivisti. Si les mss. portaient les abréviations figurées par M. B., il faudrait lire impræærtiuntur, imprærtivisti. Il n'y a que dans les mss. en écriture. saxonne qu'on trouve per exprimé par un p surmonté d'un crochet à droite (mais alors sans r à côté).

P. 294. Plurimis turbis ad te venitur. Ita bonorum contubernio sedit. - « Plurimis turbis, ita bonorum contubernio sedit, ad te venitur. Ex Colvii notis. » Sans doute il est intéressant de noter que le jeune savant de Bruges avait rétabli ainsi, mais il était venu pour cela à Paris collationner les mss. de saint Victor, dont deux se retrouvent aujourd'hui à la Bibliothèque nationale. Il eût été utile d'ajouter que la leçon de Colvius se trouve dans tous les vieux mss. (18584, 2781, etc.) et même dans l'édition de Savaron.

P. 306. « Postulantur. Wouwer. edit. postulabuntur. » La leçon de Wouweren est aussi dans Sirmond (éd. 1614). Quelques var. de mss. n'auraient pas été inutiles pour trancher la question.

P. 270. Voici, je crois, la seule conjecture de M. B. C'est dans la lettre à Evodius (Ep. iv, 8) : « Poposcisti ut epigramma transmitterem duodecim versibus terminatum, quod possit aptari conchæ capaci, quæ per ansarum latus utrumque in extremum gyri a rota fundi senis cavatur striaturis. » Suit la note de M. B. « 2781, 2782, 9551, 3477 habent histriaturis, 2783 bistriaturis, quod disjungendum esse puto et legendum bis striaturis. Oratio autem dura minus si scripsisset Noster a rota fundi bis senis cavatur striaturis 2. » 1o Tous les mss. autorisés, entre autres le 18584, tant dédaigné par M. B., portent en effet histriaturis, mais cette faute n'a rien qui puisse arrêter un critique sérieux; les anciens éditeurs ont rétabli, sans mot dire, striaturis. C'est un fait connu que les mss. et même des inscriptions de la décadence ajoutent parfois un i ou un e devant sc, str, etc. Les plus vieux mss. de Fulgence (De Prisc. Serm. 21) portent Isculponeas trois fois de suite au lieu de Sculponeas (sabots). 2° Il serait étrange que ce ms. 2783, du x siècle, copié sur un des nombreux mss. de cette famille

1. Il faut rétablir posset, d'après les meilleurs mss. Encore ici M. B. ne signale aucune variante.

2. Voir la savante note de Wouweren, qui rapproche à propos la confusion de histriculus et striculus dans Tertul. (de Pallio).

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que nous avons encore, nous eût conservé seul la vraie leçon. 3o Enfin cette correction, fût-elle possible, offrirait-elle un sens raisonnable? Laissons de côté la place étrange du mot bis, il me semble que si le bassin ciselé offert à la reine Ragnahilde avait eu per latus utrumque, bis senas striaturas, le nombre des cannelures aurait été de 24 et il n'en faut que 12.

P. 427 (Ep. vi, 8 Sirm.). Sidoine dit au jeune Syagrius : « Aut si te tantum Cincinnati dictatoris vita delectat, duc ante Erciliam (Raciliam Sirm.) quæ boves jungat. » Voici la note de M. B. « Erciliam. Sic codd. omnes; quam lectionem recte Sav. secutus est. Unde Sirmund. Raciliam admiserit, nescio, nisi forsan in mente Livium habuerit, lib. III. » Il est faux de dire que tous les mss. autorisent duc ante Erciliam; pour moi, je n'en connais aucun. La plupart ont ducant Erciliam ou herciliam, comme le Par. 2170. C'en était assez pour que Sirmond pensât à rétablir duc ante Raciliam, et se justifiât en ces termes: Ita restitui veteris libri vestigia secutus, in quo legebatur ducant Erciliam. Racilia enim nomen uxori L. Cincinnato apud Livium lib. III. »

Or, pour nous, la correction de Sirmond est de toute évidence, et l'excellent ms. 18584 a conservé des traces encore plus convaincantes de la vraie leçon ; il porte ducanter ciliam avec une lettre grattée entre r et c. (En outre, un malheureux correcteur a pointé l'a et rétabli un u, pour faire ducunt). Si M. B. n'avait pas professé un injuste mépris pour le vénérable ms. d'Antoine Loysel, peut-être aurait-il été convaincu. En tout cas, il n'eût pas déclaré à ses lecteurs ignorer d'où Sirmond avait tiré Raciliam. Enfin, comment oser dire que peut-être Sirmond avait dans l'esprit Tite Live, liv. III, quand ce savant nous le dit en propres

termes.

P. 430 (Ep. vi, 11, Sirm.). Alcæo potior lyristes ipso. - M. B. note simplement «2783, 3477, 18584, melior, » ce qui ferait croire que tous les autres mss. ont potior. Or, les iss. 2781, 2170, celui de Clermont et d'autres, ont melior, leçon qui paraît seule autorisée et que Savaron avait adoptée.

P. 475 (Ep. ix, 16). Schema si chartis phalerasque jungam. — M. B. Sav. et Sirm. Schema sic artis, quod vix intelligas. » Sirmond avait déjà rétabli si chartis dans son édition de 1614.

Les notes que M. B. met au bas des Poésies sont trop peu nombreuses pour laisser beaucoup de prise à la critique. La plupart sont tirées des éditions de Savaron et de Sirmond 2. Les variantes de mss. sont de plus en plus rares, c'est d'autant plus regrettable que le texte des poé

1. Notons encore que M. B. renvoie au livre III, sans préciser, comme il aurait dû: III, 26,9. Souvent les renvois sont ainsi indiqués, d'après Savaron ou Sirmond,

sans aucune addition.

2. M. B. indique ordinairement l'auteur des notes qu'il transcrit. Cependant, p. 595, il oublie de dire que la note sur Genséric est de Sirmond.

sies, reposant sur un petit nombre de mss., contient plus de passages altérés. Ainsi, Carm., IV [VII, Sirm.], 31, une note aurait été instructive. La plupart des mss. ont cibele ou cibeles (faute facile à expliquer, puisque le vers suivant commence par une s); les éditions, y compris celle de M. B., ont Cybele, avec une faute de quantité, mais le ms. 2781 porte cybebes, c'est-à-dire Cybebe, la leçon authentique.

Cependant il faut savoir gré à M. B. d'avoir reconnu (p. 501) que le passage, Carm., IV (VII, Sirm.), 238, est corrompu : « Cui flesse perisse est. Impedita oratio, quam valde non illustrat librorum varietas ».

En résumé, si M. B. s'était borné à donner une réimpression de Sirmond, accompagnée, s'il voulait, de son Introduction sur Sidoine, il aurait rendu un service important. Mais du moment qu'il a prétendu publier une édition critique, revue sur les mss., j'ai dû examiner sa publication comme telle et démontrer que le but n'était pas atteint.

Les manuscrits réservent leurs secrets et leurs faveurs à ceux qui leur font les plus grands sacrifices, et les fréquentent avec un amour exclusif et un respect profond; mais à ceux qui leur font des visites passagères et les interrogent d'un regard distrait, ils cachent leurs trésors inépuisables et réservent de graves déceptions 1.

Emile CHATELAIN.

66.

Ant. REZEK. Geschichte der Regierung Ferdinands I in Boh. men. I: Ferdinands I Wahl und Regierungsantritt, in-8° 174 PP. Prague, Otto, 1878. Prix 4 mark (5 francs).

Zvoleni a Kornnovani Ferdinanda I, in-8° 128 pp. ib. ib.

Palacky n'a poussé son histoire de Bohême que jusqu'à la bataille de Mohacz. Un jeune historien de Prague, M. Rezek, semble vouloir continuer l'œuvre interrompue. Comme Palacky, M. R. écrit tour à tour dans les deux langues du royaume; son travail a d'abord paru dans la Revue (tchèque) du Musée de Prague. Il en a publié ensuite un tirage à part. L'édition allemande remaniée et complétée en plusieurs endroits doit être considérée comme définitive. Une courte introduction met le lecteur au courant des documents imprimés ou inédits que l'auteur a eus à sa disposition. Après avoir rappelé brièvement la situation de la Bohême

1. L'impression du volume est superbe, et les fautes typographiques y sont assez rares. Cependant M. B. termine les poésies (p. 620) par ce vers : « His in versibus anchoram levabo, » alors que les mss. et les éditions portent correctement levato. Je ne vois là qu'une faute d'impression, qui se trouve déjà dans le texte mis en face de la traduction Grégoire et Collombet. En outre, à l'Errata M. B. a oublié de restituer le titre à la lettre de la p. 325 : « Sidonius Thaumasto suo S. » Il faudrait encore lire plerisque au lieu de plurisque (p. 594, note 1); et (p. 600, n. 2) : Milesiusque Thales au lieu de Milesiusque Thale, ainsi que ἐγγύην au lieu de εγγύην. La dernière ligne de la note de Savaron a le tort d'être imprimée comme un vers.

+

en 1526, M. R. entre immédiatement en matière; il expose successive

ment la situation de la Bohême depuis la journée de Mohacz jusqu'à la
réunion de la diète chargée d'élire le nouveau souverain (p. 8-37);
les débats de la diète et les intrigues des divers candidats et l'élection de
Ferdinand d'Autriche (p. 37-72); - la reconnaissance du nouveau sou-
verain dans les annexes du royaume, c'est-à-dire en Moravie, en Silésie
et en Lusace (p. 72-82); les négociations des envoyés tchèques à
Vienne (83-118); les manœuvres des adversaires de Ferdinand
(p. 118-126); — enfin le voyage de ce prince en Bohême et son couron-
nement (p. 126-148). Un certain nombre de documents inédits terminent
le volume.

C'est de l'avénement de la maison d'Autriche aux trônes de Bohême et de Hongrie que date la véritable grandeur de cette maison et le point de départ de la monarchie actuelle. L'épisode auquel M. Rezek s'est attaché est donc d'un haut intérêt pour l'histoire générale. Il est raconté avec un esprit d'impartialité vraiment scientifique. L'auteur occupe dès maintenant une place honorable parmi les jeunes historiens qui ont entrepris de continuer ou de compléter l'œuvre de Palacky.

L. LEGER.

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67. — Lettres Intimes de Mademoiselle de Condé à M. de la Gervaisais 1786-1787, avec une préface de Ballanche, une introduction et des notes par Paul VIOLLET. 3° édition, ornée de deux portraits et accompagnée d'un facsimile. Paris, Didier. 1878, in-12 de xcix-259 p. Prix 3 fr. 50.

:

Tout est à louer dans la nouvelle édition des Lettres intimes de mademoiselle de Condé, et cet éloge sans restrictions n'étonnera aucun de ceux qui connaissent les précédents travaux de M. P. Viollet et qui savent quel soin infini cet érudit apporte à toutes choses. On a souvent abusé des mots édition définitive. Je ne crois pas que, cette fois, la formule ait rien d'exagéré, car je cherche vainement l'amélioration qui pourrait être introduite dans le volume que j'ai sous les yeux.

Parfait quant au texte, le recueil est complet quant aux accessoires. Indiquons tout ce que l'on y trouve : un beau portrait de la princesse Louise de Condé (sœur Marie Joseph de la Miséricorde); la préface de la première édition (p. v-1x), écrite par M. Ballanche « avec une rare élévation de pensée et de style, comme s'exprime l'éditeur; une lettre (p. x-xmi) de la comtesse d'Hautefeuille adressée au marquis de la Gervaisais, lettre à laquelle Ballanche ne craint pas d'attribuer «< la perfection; » l'Introduction de M. V., qui est très-étendue, sans l'être trop P. XV-XCIX) et qui fait aussi bien connaître Mile de Condé que son ami Louis de La Gervaisais; le portrait du marquis, reproduction d'une miniature communiquée par un de ses petits-fils; les lettres intimes écrites

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